[ID00001]
ESBATEMENT MO-
RAL, DES ANIMAVX.Louez le Seigneur vous qui eſtes de la terre, dragons & tous abyſmes. Beſtes, &
tous troupeaux, ſerpens, & oyſeaux qui ont ailes. Pſal. 148. 7. 10.A ANVERS.Chez Philippe Galle.
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A TRESNOBLE SEIGNEVR CHARLES,
de Croy, Prince de Chimay, Baron de Rotſe-
laer, de Quieurain &c.
COnſiderant, treſilluſtre & genereux Prince, que Philippe Galle
auoit intention de menuoyer vers voſtre Excellence, pour mexpo-
ſer en lumıere ſouz les ailes & garant de voſtre Seigneurie, vne hontè
craintiue ſe vint mettre au deuant de moy, me ſuadant de ne marcher
plus outre: tant pour neſtre entierement nouueau, à cauſe que iay deſia
eſté veu en partie des Flamengs, comme außi pource qua voſtre Excel.
(eſtant Prince Chreſtıen) il ſemble eſtre plus co
̅
uenable deſtudier en LE-
uangile, quen moy: Mais ledit Galle apperceuant ma vergoigne fuytiue,
me dit que ie marchaſſe hardiment, & ſans aucune douve, comme eſtant
tout nouueau en la langue Françoiſe, & que ie nauoy pas encore eſté veu
en telle ſorte: Meſme que ie ſuis de beaucop de tiltres excellens, de plu-
ſieurs nouuelles Figures (auec amendement & embellıſſement des prece-
dentes) & diuers paſſages de lEſcriture ſainte, accommodés au??? Figures
& Sonets, ſi bien changè & orné, que le luſtre que iay à preſent, ſurpaſſ???
de beaucoup celuy que iauoy au parauant. Voire que la viue veri-
té meſme vſe de moy, par tout ſon Euangile, en ſaintes ſimilitudes, & gra-
ues paraboles: & que pourtant ie ne deuoy, dıt il, craindre ny eſtre hon-
teux de m`addreſſer à voſtre Exce. eſtant ledit Philippe bi??? ſeur (com-
me il me deſoit auſſi) que pour lhonneſte et louable plaiſir que voſtre Ex.
prend en toutes bonnes ſciences, ie ſeroye aggreable aux yeux dicelle.Maſſeurant donc ſur ſes parolles iay pris humhle har dieſſe de me venir
preſenter deuant voſtre Excel. A la bonne grace de laquelle, Galle mon
nourricier, auſsi bıen que moy, auec toute deué Recommandation ſoffre
entierement. Eſperant que ſa grandeur ne meſpriſera point ma petit eſſe,
ains la receura, ſelon ſa beneuolence accouſtumée, en bonne part, me tenant
à touſıours ſouz ſa protection fauorable. Ce que nous prions bien humble-
ment. DAnuers ce 20. de Septembre. 1578.Voſtre treſhumble.Eſbatement moral.
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Pierre Heyns au Spectateur & Lecteur.
VIen voir icy Chreſtien, animal raiſonnable, Et des beſtes appren, leſtat du monde vain: Quelle vie eſt la vraye & quelle abominable: Que ceſt de la vertu & du vice vilain: Dimiter leur conſeil naye honte, ou deſdain, Ains pluſtoſt te rougis, de viure ainſi en beſte, Quvn ſimple homme payen te monſtre tout à plain, Que tu nas que le nom de ſon eſtre en la teſte.
Ces fables, il eſt vray, ſont vieilles & communes, Mais pleines de bon ſens & dvn ſçauoir expert. Qui te preſeruera de maintes infortunes, Si tu reçois le bien deſſouz leſcorce offert. Cil aduient quelque fois que ton mal y appert, Nentre en cholere adonc, meilleure vie mene: Bien que la veritè ſans picquer ne ſe part, Tu ny trouueras fiel qui du miel netamene.
Vien???, ò Peintre auſsi, & Tailleur de figures, En ce bois & forreſt à ton aiſe verras Des animaux au vif leurs formes & ſtatures, Voire ſi proprement que faute ny auras, Meſme d???vn gay parler, quen voyant tu orras. Soit donques guerdonné, de pris & de louange, Cil qui laentrepris, Le vice excuſeras: Sans Dieunul neſt parfait, & fuſt ce meſme vn Ange.
Et toy Poéte François, vray amateur des Muſes, Tu y verras auſsi des Heroiques vers En Sonets bien trouſſez: qui par deux cornemuſes (A Londres entonnez & finiz en Anuers) Font ſauter, à lennuy, Oyſeaux beſtes, & vers. Mais ſi leur Harmoni e aucunement differe, Donne la coulpe au temps, qui eſt bien ſi diuers Que lhomme ne fait tout cela quil eſpere.
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sonet.
MAis queſt il de beſoin de raconter ſi bien Et de ſi bien grauer: & de ſi bien eſcrire? Pour des fables ſans plus, qui ſont faictes pour rire, A quoy ſert tant de peine, & napporter nul bien? La Muſe, le pinceau, & la plume, combien Trauaillent ils, en vain, pour follement deduire. Ie ne ſçay quoy, dict on, quon baille au mo ̅ de á lire Pour y perdre ſon temps, puis quil ne ſert de rien? Ie reſpon, voirement, que ce ne ſont que fables: Mais qui nenſeignent rien que propos veritables Qui nous pendent à loeil, et en tout lieux encor. Il ſeroit donc beſoin, en choſe ſi bien faincte Que tout y fut graué, & la doctrine peincte Comme on fit chez Creſus en lettres toutes dor.
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sonet.
VN Cheual deſcharné dun chartier tout cholere Fu???s en vn tel lieu quil ne ſen peuſt tirer: Dont le maiſtre irrité ſe mect à le bourrer, Et lenfondrer de coups en ſa grande miſere, Lors le cheual luy dict, ne ſe pouuant deffaire De ce lieu tout fangeux, tu dois conſiderer Que ma peau ſe deſrompt à force de tirer, Et tu nes point content de ce que ie puis faire. Non ce dict le Chartier, qui tiroit, qui preſsoit Le cheual tout recreu, il faut, quoy quil en ſoit, Que tu paſſes plus outre, ou bien que ie taccable. Lexacteur faict tirer le poure tout ainſi Qui na rien que les os, toutefois ſans mercy Il y cerche à manger, tant eſt inſatiable.
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Sanſues extraordinaires. 1Allez donc, & beſoignez, baille ne vous ſera baillee, & ſi rendras le nom-
bre des briques accouſtumé. Exo. 5. 18.
|| [ID00008]
sonet.
LE Lion, comme Roy, par mandement exprez, Faignant deſtre mallade, à toutes autres beſtes Commanda de venir pour oüir leur requeſtes Pour naduenant ſa mort, eſtre en paix puis aprez, Pourtant toutes y vont Mais le Regnard deprez Regardant à la poudre, entre en grandes enqueſtes En ſon coeur, pour leurs pas: diſant, ha que vous eſtes A voſtre grand malheur, animaux indiſcrets! Poures beſtes vrayment: Et vous plus les dernieres Deüiez bien regarder aux pieds de ces premieres Quvn ſeul neſt retourné de ces lieux perilleux. O quil eſt aduiſé qui neſt de compagnie Attrapé finement deſſous la tyrannie, Couuerte de douceur, dun prince cauteleux.
|| [ID00009]
Eſtre ſage au perıl dautruy. 2Lhomme fin voyant le mal ſeſt caché: Les ſimples paſſans outre, ont ſou-
ſtenu lesdommages. Pro. 27. 12.
|| [ID00010]
sonet.
AV Cheſne ordonné Roy lOrme malin remonſtre Que pour mieux ſeſtablir, il falloit mettre hors Les arbres lentourans: & par mille rapports Animoit meſchamment ce bon prince à lencontre. Mais le Cheſne loyant plain de courroux ſe mo ̅ ſtre, Luy repliquant ainſi: Et que fairay ie alors Que ie ſeray battu des horribles effors Des vens impetueux, & contre leur rencontre? Pourtant luy defendit ſur peine dencourir Son indignation, & de bien toſt mourir, De napprocher iamais de nul qui lenuironne. Tel doit eſtre vn bon prince auecque ſes vaſſaux: Il doit participer à leurs biens, & leurs maux: Et reietter bien loin le blame quon leur donne.
|| [ID00011]
Leſalut des ſubiects eſt le pouuoir des Princes. 3La dignité du Roy eſt en la multitude du peuple, & la honté du Prince eſt
au petit nombre du peuple. Pro. 14. 28.
|| [ID00012]
sonet.
ENvn champ, le Lıon oyant le Coq chanter (Et ceſt cela ſans plus, dict on, qui lepouuente) Prit auſsi toſt la fuitte, & lors vn Aſne attente, De courrir aprez luy & de prez le haſter. Le Baudet eſtimoit, que pour le redouter Le Lion detraquaſt: Mais puis il ſe preſente, Quand la voix de ce Coq eſtoit bien loin abſente, Vis à vis de ſon Aſne, & vient laccrauanter. Ha (diſoit le Lion) la grand, faute à qui penſe Quun Lion craingne vn Aſne, & fuit pour ſa preſence? Non, non, ceſt pour ce Coq, qui mennuye & deſplaiſt. Apre ̅ do ̅ c au iourdhuy ſoubs ma patte, à cognoiſtre Quil ne faut point jamais ſattaquer á ſon maiſtre, Ny vers les gra ̅ s ſe faire, autre ou plus gra ̅ d quon neſt.
|| [ID00013]
Nirriter ſon plus fort. 4Neſtriue point auec lhomme puiſſant, de peur que tu ne tombes en ſes
mains. Eccle. 8. 1.Ne veuille point reſiſter contre laface du puiſſant, & ne te force point
contre le coup de foudre. Eccle. 4. 32.
|| [ID00014]
sonet.
CE vieil homme eſt chargé dune telle miſere, Quil tombe ſoubs vn faix quil ne peut ſouſtenir, Dont il seſcrie ainſi, ô mort vueille venir A ce poure vieillart pour ſon heure derniere. A ce cry tout piteux voyci la mort meurtriere, Tenant à ſa main dextre vn dard preſt à brandir: Quoy voiant le poure homme, & ſon bras haut roidir Pour leſlancer ſur luy, parle en ceſte maniere. O mort ie tappelois, non pour mettre vne fin A ma vie, nenny: mais bien à celle fin De mayder à charger, pour mon chemin pourſuiure. Ainſi ſe paſſe vn mal, quand vn autre ſe void Aduenir plus peſant: ainſi tant vieil quon ſoit, Et tant de mal quon ait, on ne cerche qua viure.
|| [ID00015]
Tel appelle la mort qui point ne la deſire. 5Mieux vaut la mort que vie amere: & repos eternel, que longue malaedie.
Eccle. 30. 17.Le chien viuant vault mieux que le Lion mort. Eccle. 9. 4
|| [ID00016]
sonet.
DVn Antre fort couuert vn long Serpent ſortoit Par fois en vn iardin, poury penſer ſupprendre Vn ieune Beletteau qui venoit là ſe rendre Tous les iours pour manger, & ſans fin ly guettoit, La Belette tandis ne ſen eſpouuentoit, Mais icelle au contraire oſoit bien entreprendre, Au pas de ſon grand trou de ſe mettre, & lattendre, Voire que dans ſon fort bien ſouuent larreſtoit. Car touſjours elle auoit vne branche de Rue (On dict aſſeurement quvne telle herbe tue Tout ſerpent venimeux) pour en couurir ſon corps. Ainſi doit le petit pouruoir en ſon affaire En ſarmant prudemment contre vn grand aduerſaire Et par vn bon moien rompre tous ſes effors.
|| [ID00017]
Se deffendre de conſeil & force, 6Reſiſtez au Diable, & il sen fuir a de vous. Iacob. 4. 7.Prenans ſur tout le bouclier de foy, par iequel vous puiſſez eſtaindre
tous les dards enflammez du malin. Epheſ. 16.
|| [ID00018]
sonet
Vn Singe eut deux ſingeots quil print à gra ̅ d amour, Au moins lvn: Car de lautre il neſtoit exercice A quoy il saddonnaſt quil ne luy ſemblaſt vice, Ne luy ſoufrant chez luy de faire aucun ſeiour. Quant à lautre Singeot il eſtoit tout le iour A ſe donner plaiſir, à ſaire vne malice, Il ſaute, il vire, il tourne, il ſe rompt vne cuiſſe, Puis le pere ſuruient qui ſe lamente autour. Il le tient en ſes bras, & ſi fort il lembraſſe Quil rend tout roide mort ſon Singeot en la place, Et plus quau parauant ceſt lors à ſe douloir. Tels ſont les fols parens, leſquels ainſi aſſottent Leurs malheureux enfans, & tant les amignottent, Quilz les perdent du tout pour plaire à leur vouloir.
|| [ID00019]
Amour folle aux Enfans. 7Qui eſpargne la verge, il hait ſon fils: mais celuy qui layme, il linſtruit
ſans ceſſe, Pro. 13. 24.La confuſion du pere vient du fils ſans diſcipline, & la ſille folle ſera anne-
antie, Eccle. 22. 3.
|| [ID00020]
sonet
VN Cheual bien adroit emmy les champs reclame Le ſecours dun Lion quil voyoit affamé Faiſant le medecin expert, & eſtimé Et neſtant, diſoit il, ſans vn ſouuerain baſme. Donc le Cheual loyant, luy dict, ha ie me paſme, Ayant vn de mes pieds de derriere entamé, Tu ſois donc bien venu medecin bien aymé, Ie te ſupply bien fort de quelque cataplaſme. Lors le Lion faingnant le voir par grande pitié, Le Cheual luy deſſerre vn vilain coup de pied, Laiſſant ce medecin eſtourdi ſur la place. Celuy qui cerche à nuire & cauteleuſement Taſche de paruenir à ſon fol penſement, Bien ſouuent eſt deceu ſoubs vne autre fallace.
|| [ID00021]
Sageſſe contre aſtuce. 8Myeux vallent les playes de ſon amy, que les baiſers frauduleux de len-
nemy. Pro. 27. 6.Lennemy larmoye de ſes yeux: & sil trouue le tems, il ne ſera point ſaou-
lé de ſang. Eccle. 12. 16.
|| [ID00022]
sonet,
VN Renard auoit faict dens vne platte eſcuelle Du papin pour la gruë, ayant la à traicter: Or elle ne pouuant pour ſon bec en taſter Le Regnard mange tout, & puis ſe moque delle. Or elle luy en baille au ſoupper dvne telle, Faiſant dens vne courge vn tel mects apporter Et lors prie au Regnard quil en vueille gouſter, Et quil eſtoit fort bon pour guarir ſa ratelle. Lors y mettant ſon bec elle en prend bonne part Car elle aualle tout, puis demande au Regnard Sil neſt pas bien traicté, le priant quil reſponde. Qui ſe met à tromper, reſpond il trouuera, Vn auſsi fin que luy lequel le trompera, Car aſſez il y a des trompeurs par le monde.
|| [ID00023]
Frauder le fraudeur. 9Il trompera les trompeurs, & donnera grace aux debonnaires, Pro. 3. 34,
Lequel prend les ſages en leur fineſſe, Iob. 5. 13.
|| [ID00024]
sonet,
LE Paon ſe contriſtoit oyant le doux ramage Du gentil Roſsignol, et ſe plaingnoit pourtant A Nature en grand dueil quil nen auoit autant, Et quil conuiendroit mieux à ſon noble plumage, Nature luy reſpond quil auoit en partage Vn don qui luy eſtoit au lieu de ce doux chant. Et que le Roſsignol nalloit point recerchant Ce que le Paon auoit deſſus luy dauantage. Luy dict en plus auant quon nauroit iamais faict Selle auoit derechef à rhabiller ſon faict Selon laduis de tous, & que luy le propoſe. Que chacun y penſant ſe doit bien contenter Du bien quil a receu, ſans vouloir diſputer A quelle occaſion vn autre a quelque choſe.
|| [ID00025]
Se Contenter de ſa grace. 10Que voz moeurs ſoyent ſans auarice, eſtans contens de ce que vous auez
preſentement, Hebre. 13. 5.Sois content de ta gloire & ſois aſſis en ta maiſon. 4. Reg. 24. 10.
|| [ID00026]
sonet.
LEs Brebis auoient guerre a lencontre des Loups, Et force bons gra ̅ s Chie ̅ s eſtoie ̅ t pour les deffendre: Les Loups demandent paix, & pour mieux les ſuppre ̅ - Promettent leurs petis, ſans quun reſte de tous. (dre Eux demandent les Chiens: & ſes propos ſi doux Ainſi quelles penſoient, les y font condeſcendre: Ceſt la paix, diſoit on, quon ne vienne entreprendre A lenfraindre, ou jamais quon ne penſe eſtre abſous. Lors les Loups ſur les Chiens, & deſſus les ouailles Les louueteaux harpez leur ouurent les entrailles, Où toute cruauté leur ſert de paſſetems. Donc contre lennemy que touſjours on sefforce Deſtre caut & prudent, & de garder ſa force Co ̅ tre ceux qui ſont faicts pour mal faire en tout te ̅ ps.
|| [ID00027]
Les ſimples aiſément deceuz. 11Ne crois jamais à ton ennemy, car ſa malice senro uille comme le metal
Et combie
̅
queen shumiliant il chemine courbé, retire ton courage &
garde toy de luy. Eccle. 12. 10. 11.
|| [ID00028]
sonet.
COmme vn Lion eut faict à vn Rat quelque bien, Eſtant à ce pouſſé de nature gentille, Tombe dens vn filé: ou, bien quil ſoit habille, Si ne peut il que faire, & ſi trauaille bien. Car ce poure Lion deſſous vn tel lien Eſt la qui ſe tempeſte, eſt la qui sentortille, Rugiſſant, & mettant, & la force & le ſtille Pour sen mettre dehors, non, il ny gaigne rien. Le Rat oyant ſon cry accourt viſte à la trappe, Il ronge les cordeaux, & le Lion eſchappe: Et puis promet au Rat tout plaiſir en tous lieux. Les petis quelque-fois encor pourront bien eſtre En quelque endroit ou ceſt quils ſcauro ̅ t recognoiſtre Vers les grans, le bien faict quils auront receu deux.
|| [ID00029]
Chaſcun peut faire recompenſe. 12Si tu fais bien, ſache a qui tu le feras, & gra
̅
de grace ſera en tes biens, fais
bien au iuſte, & tu trouueras grande retribution Eccle. 12. 1. 2.
|| [ID00030]
sonet.
Aquilon & Phebus debatoient de leur force: Lvn la vantoit bien grande, & lautre encore plus: Dont ſur vn Voiager tous deux ſont reſolus, Pour oſter ſon ſayon, de la monſtrer à force. Aquilon ſur ſe poinct tout le premier sefforce De ſoufler, & plouuoir horriblement deſſus, Mais tant sen faut que lhomme alors le mette ius, Quil ſe cloſt tant plus fort que le vent ſe renforce. Or apres, le Soleil va monſtrer ſa valeur, Iettant deſſus cet homme vne grande chaleur: Tellement, qua ſon ray il iette bas ſon ſaye. Ainſi doit on priſer dauantage celuy, Quand à ſon entrepriſe il gaigne & vainc autruy, Plus par vn bon moien, que par coups & par plaie.
|| [ID00031]
Plus peut douceur que rigeur, 13Non point que nous ayons domination ſur voſtre foy, 2. Cor. 1. 24.Ie me ſuis fait toutes choſes à tous, a fin de ſauuer tous. 1. Cor. 9. 22.
|| [ID00032]
sonet.
AVſſi toſt que lhyuer aux champs euſt faict venir Ses glaçons & frimas, le Sautereau saddreſſe Au Fourmy, le priant qua ſa grande detreſſe Dun peu de ſon amas luy plaiſe ſubuenir. Le Fourmy luy reſpond quil peut ſe ſouuenir Du beau temps de leſte, ou lon oyoyt ſans ceſſe Dens les bleds le grand bruyt de ſa voix chantereſſe, Au lieu de bien penſer à vn temps aduenir. Penſe bien, ce dict il, quores qui ne labeure Ma is ſe do ̅ ne bon temps, quil faut que poure il meure, Et que ſon beau plaiſir luy ſoit bien cher vendu. Scache donc ceſtuy-la qui penſe touſjours rire, Quun temps pourra venir quil faudra quil ſoupire, Recognoiſſant trop tard le temps quil a perdu.
|| [ID00033]
Vıgilance a aſſez, pareſſe defaut. 14Pour la froidure le Pareſſeux na point voulu labourer, il mendira dom
en Eſté, & ne luy ſera rıen donné. Pro. 20. 4.
|| [ID00034]
sonet.
LE Loup qui promettoit vn threſor indicible, Son luy oſtoit vn os dedens ſon goſier mis, Vit la Gruë, & luy dict, ô lheur de mes amys, Oſte moy, ie te pry, ce mal sil eſt poſſible. Lors elle met ſon col dens ſa gorge terrible. Et tire los ainſi quon luy auoit commis: Puis luy dict, donne moy ce que tu mas promis Et lors dauecque toy ie men iray paiſible. As tu bien, dict le Loup, vn eſprit ſi groſsier De ne penſer, quayant ton col dens mon goſier Ie teuſſe peu tuer? va ten donc, & y penſe. La Gruë adonc partit, diſant que ceſt le gain Quon peut touſiours attendre, auecque tout deſdain, Du bien faict a lingrat pour toute recompenſe.
|| [ID00035]
Le mal vilein dingratitude. 15Leſperance de lingrat seſuanouira co
̅
me la glace de lhyuer, & ſe perdrae
comme leau qui nc ſoit de rien. Sap. 16. 29.
|| [ID00036]
sonet.
LE Freſne & le Roſeau ſont a ſcauoir combien Lvn eſtoit plus que lautre, & le Freſne sarreſte A ſe priſer ainſi, que contre la tempeſte Il demeure conſtant ſans vaciller en rien. Mais toy poure Roſeau vrayment tu montres bien Quel tu es (diſoit il) lors que ta foible teſte Au moindre vent du monde, auſſi toſt sen va preſte De sencliner tout bas, o quel eſt ton maintien. Sur cela ſourd en lair, Typhon qui vient grand erre Prendre ce Freſne au corps, & le iette par terre, Le Roſeau le voyant qui dict, eſtant debout, De ceder quelque fois eſt grande fortereſſe: Mais celuy qui tient fort ſans aucune ſageſſe, Il faut (& tu le vois) quil ſe rompe du tout.
|| [ID00037]
Le ſuperbe abatu. 16Il a dißipé les orgueilleux en la pe
̅
ſée de leur coeur. Il a mis bas les puiſſans
de leur ſieges: & a eſleué les humbles. Luc. 1. 51. 52.
|| [ID00038]
sonet.
VN Gardeur de Brebis, ne faiſant rien qui vaille, Crioyt aux villageois: hau bonnes gens, voila Le Loup dens mon pasquis, & venez toſt, il a Vn de mes bons moutons, ô combien ie trauaille? Mais chaſcun voyant bien que ce ruſtre ce raille Aprez deux & trois fois quilz eſtoyent venus la, Le loup en rauit vn, lors le berger, Haula (Dict il) ceſt a ce coup que le loup tient mon ouaille. Et venez (eſtoit il criant à pleine voix) Ie vous dy que le Loup eſt icy ceſte fois, Mais on laiſſe ce fol senrouer de crierie. Ainſi voila que gagne vn menteur effronté, Que meſmes en loyànt dire la verité, On penſera touſiours que ceſoit menterie.
|| [ID00039]
Le menteur perd le credit. 17Le pain de menſonge eſt ſoeuf à lhomme, & apres ſa bouche ſera remplie
de ſablon. Pro. 2. 17.
|| [ID00040]
sonet.
VN Loup voyoyt de loin vne Truye pleine Qui vouloit cochonner, la coche laduiſant Rauire ſes croçeaux contre ce Loup nuiſant, Qui luy dict quil vient la pour layder en ſa peine. Oy, ie ſuis bon amy, dict le Loup, & ſans hayne, Ie vien pour te garder diligent, ſuffiſant, Et pour ne faire rien qui te ſoit deſplaiſant, En tout cela ie ſuis la beſte ſouueraine. Non, la coche reſpond, qui que tu ſois, ie voy Que tu ſembles vn loup par trop eſpouuentable A mes petis cochons, va donc bien loin de moy. Que ce repouſſement eſt grandement notable: Daccorder au meſchant deſtre ſon gardien, Helas, & que peut il en aduenir de bien?
|| [ID00041]
Ne ſe fier point au faint amy. 18Lhomme qui en douces & ſainctes paroles parle à ſon amy, il eſtend les
rets deuant ſes pas. Pro. 29. 5.
|| [ID00042]
sonet.
VNe Femme, vn temps fut, auoit vne Geline Qui fut de fa maiſon lunique & ſeul ſecours, Dautant quelle donnoit vn oeuf dor tout les jours: Dont elle euſt par ſa mort vne entiere ruine. Donc la Femme penſant quau fond de la poitrine De ceſte poulle, fut vn treſor pour touſiours: La malheureuſe adonc ſans faire long diſcours, Par vn coup de couſteau ceſte poulle extermine. Ne trouuant rien dedens allors elle seſcrie: O combien lauarice eſt plaine de folie? Par là de mon vaillant ie ſuis venue à bout. Donc lhomme conuoiteux, le plus ſouue ̅ t, qui penſe Saduancer en grans biens, par la folle deſpenſe Quil faict ſans iugement, ſon bien sen va du tout
|| [ID00043]
Perdre par trop deſirer. 19Lauaricieux ne ſera raſſaſié dargent: & celuy qni ayme les richeſſes ne
prendra poînt aucun fruict dicelles. Eccle. 5. 9.
|| [ID00044]
sonet.
VN jour fut quune Mule ayant touſjours bo ̅ temps, La paille iuſque au ventre, à ſon aiſe, bien graſſe, Vantoit à cor & cry ſon ancienne race De genets, de courſiers, & dun bien fort long temps. S il faut courir, bondir, ceſt à quoy ia mentens, Diſoit elle, & ſi fay le tout de bonne grace. Ainſi pour leſſayer elle eſt menée en place, Ou lon donnoit carriere aux cheuaux excellens. Mais à la Mule eſtant toute courſe incognue, Ie me cognoy, dict elle, & dou ie ſuis venue Dun vieil aſne aſſauoir, qui ma faicte en ce point. Ainſi void on touſiours que ceſt que de leſpreuue, Car à ceſte heure là tel quon eſt on ſe treuue Ou ceſt qua ſon repos on ne le ſcauoit point.
|| [ID00045]
On cognoit à loeuure louurier. 20Qui dict quil cognoit Dieu, & ne garde point ſes commandemens, il eſt
menteur & verité neſt point en iceluy. 1. Ioan. 2. 4.
|| [ID00046]
sonet.
VN bon Mouton oyant vn Loup malicieux Soubs vne peau dagneau dire que ſa preſence Luy vient à grand plaiſir: & à ce quil le penſe, Quil luy offre à ſon gré ſon bois delicieux. Si tu fuſſes vn loup ie taymaſſe bien mieux, Dict le Mouton, pourtant que iaurois grand deffence: Mais eſtans tout ſeullets, ſi quelquun nous offence, Et qui nous gardera en ſes dangereux lieux? Lors le Loup tout raui dune telle parolle, Dict au mouton: vois tu auſſi ie ſuis vn Loup, Vien mon bon compagnon, afin que ie taccolle. Ouy, dict le Mouton, vrayment ceſt à ce coup Que ie ſcay qui tu es, pluſieurs portent des teſtes Dvne bonne Brebis, qui ſont mauuaiſes beſtes.
|| [ID00047]
Ne regarder à lapparence. 21Donnez vous garde des faux Prophetes, qui viénnent à vous en veſte-
mens de Brebis, mais par dedans ſont Loups rauiſſans. Matt. 7. 15.
|| [ID00048]
sonet.
EN Calicut eſtoit vn Bouuier idolatre Qui prioit ſans ceſſer vn Image de bois De luy faire du bien, mais noyant point ſa voix, Le Bouuier dict, & quoy? tant prier, tant rebattre? Ainſi il ſe faſcha, & ſe mit à labbatre (Or y auoit on mis vn treſor autre fois) Qui venant à tomber ſe rompit par le foix, Et lors vn monceau dor cheut aux pieds de ce paſtre. Miſerable es tu bien qui ne profittes point Dict allors le Bouuier, ſinon à coups de poing, Quand par ta mauuaiſtié te voila mis en pieces. Pourtant à telles gens qui ſont ainſi mauuais Si lon ne rompt le col ils ne ſeruent jamais, Bien eſt vray quon ne trouue à tous de telles pieces.
|| [ID00049]
Nattendre à faire bien à force. 22Que ſi nous mourons auec luy, nous viurous außi auec luy. Si nous ſouf-
frons, nous regnerons außı auec luy: ſi nous le renions il nous reniera außi.
2. Timot. 2. 11.
|| [ID00050]
sonet.
VN Regnard cheminoit auecqu es certains cha???s, Qui seſleuoit ſur eux pour ſa ruſe & viſteſſe, Diſant quils neſtoyent rien, hors vn peu dallegreſſe. Pour bien les exalter, que des mangeurs de rats. Les chats ſur ce propos voyent tout à leurs pas Des chiens flairans leur trace: adonc par leur ſoupleſſe Sont bien toſt ſus vn arbre: ou ceſt que la fineſſe De ce gentil vanteur eſt ſuppriſe au pourchas. Alors dict le Regnard, que ceulx la mal ſe priſent Qui ſe vantent de vent, combien mal ils deſpriſent, Ceux qui les ſont voyans en leur gloire trompez. Tel ſe moque dautruy qui meurt en fin de honte: Et tel blame ceux là deſquels il faict grand conte, Quand il ſe void aux laqs, dont ils ſont eſchappez.
|| [ID00051]
Faire plus & ne dire tant. 23Ne permets point que jamais orgueil domine en ton ſens ny en ta parolle,
car en iceluy toute perdition a prins ſon commencement. Tob. 4. 14.
|| [ID00052]
sonet.
LE Serpent qui vouloit vne Lime manger, Tant plus qua lendroit delle il mo ̅ ſtre de puiſsa ̅ ce, Penſant à belles dens en la fin la ronger, Tant plus par ce moyen ſe faict il de nuiſance. Car le poure animal na point de cognoiſſance, Quil ſe gaſte les dens par faute de iuger, Quil ſe va prendre à tel, qui prend de luy vengeance, Soubs vn pouuoir ferré ſans nullement bouger. Auſſi luy dict la Lime, ô fol quand tes dens meſme Seroyent de fort airain, iay vne force extréme Contre laquelle, helas! que pourois tu auoir? Ainſi donc void on bien que ceſt grande folie Daſſaillir la perſonne en ton foible pouuoir, Qui ne craint deſtre en rien des plus forts aſſaillie.
|| [ID00053]
Ne ſe prendre pas à ſon maiſtre. 24Ie ſuis Ieſus, lequel tu perſecutes: il teſt dur de regimber contre laiguillon
Actor. 9. 5.
|| [ID00054]
sonet.
LEſcreuiſſe enſeignoit ſon petit eſcreuiſſe De nager autrement, cela conſiderant, Qualler à reculons ceſtoyt vn blame grand, Et plus grand de vouloir ſe nourrir en ce vice. Surquoy dict le petit: ceſt en tel exercice Que tu mas eſleué, mais ſi doreſnauant, Ainſi que tu me dis, tu chemines deuant: Il ne faut point douter que ie ne tobeiſſe. Tu menſeignes aſſez comment ie doy marcher, Mais quant à ce chemin, il me le faut cercher Ailleurs quauecque toy, qui vas tout au contraire. Communeme ̅ t on veoit chaſcun eſtre fort prompt, De reprendre aigrement ce que les autres font, Et ceſt le plus ſouuent cela quon leur void faire.
|| [ID00055]
Meſme faire & enſeigner. 25Toy donc qui enſeıgnes autruy, tu ne tenſeignes point toy meſme: quipre-
ſches quon ne doit point deſrober, tu deſrobes. Rom. 2. 21.
|| [ID00056]
sonet.
VN Lieure ſe vantoit de la dexterité Quil auoit à courir, & blamoit la Tortuë, De ceſte peſanteur dont elle eſt reueſtue, Pourtant il demandoit ſur elle authorité: Elle dict quelle eſt preſte à ſa legerete De donner le combat. Soit vne ſource eſleuë Pour le terme arreſté; quelle eſt bien reſoluë Que la honte jamais nira de ſon coſté. Ce faict: la ou le Lieure eſt content dune courſe Nuict & jour la Tortue eſt apres ceſte ſource, Quelle attaint la premiere ingenie uſement. Que ceſt la voirement vne belle ſcience, En trauaillant touſjours, que dauoir patience, Sçachant comment il faut ſe haſter lentement!
|| [ID00057]
Exercice aſſidu vainc tout. 29Ne Jçais tu pas que quand on court à la lice tous courent, mais vn ſeul
prend le pris. Courez tellement que vous le prennez. 1. Cor. 9. 24
|| [ID00058]
sonet.
VN deuorant Corbeau, seſtant mis ſur le dos Dune poure Brebis, luy arachoit la leine, Et luy donnoit encor auecque toute peine, De ſon gros vilain bec, iuſques au ſuc des os. Ceſte Brebis voyant que ceſt ſans nul repos, Que ce hardi meurtrir ſur elle ſe demeine, Et ſentant que vers luy ſa complainte eſtoit vaine, Ne pouuant autre cas, luy tient ce brief propos. Bien que tu ſois bien fort, tu noſerois te prendre A ce chien que voila, & le taſter ainſi: Il reſpond, ie ſçay bien ce que ie fais auſſi. Que ſert de ſe vouloir ou complaindre ou defendre Enuers quelque moqueur, ou celuy, qui ſe plaiſt A mal faire touſiours & de la ſe repaiſt?
|| [ID00059]
Naffliger aucun ſans defence. 27Vous nafligerez nulle vefue ne nul orphelin. Que ſi vous les afligez, & ils
crie
̅
t à moy, jorray leur cri, & ie me courrouceray, & vous tueray de glai
ue & vos femmes ſeront vefues, & voz enfans orphelins. Ephe. 22. ???
|| [ID00060]
sonet.
VN Regnard dens ce piege eſt icy qui ſupporte, Des mouches le ſucceant, les plus poignans effors, Tellement quil en eſt tout ſanglant au dehors, Et ne ſcait quil doit faire au grand mal quil en porte. Vn ſien voiſin le voit qui le prie, & lexhorte De vouloir dechaſser ces mouches de ſon corps: Il reſpond quil craingnoit, quand elles ſeroyent hors, Que dautres y viendroyent le manger en la ſorte. Celles cy, diſoit il, ont le ventre tout plain, Et les autres mourans de malle mort de fain, Me pourroyent pour certain de beaucoup plus nuire. Par ainſi peut on voir, quil vaut bie ̅ mieux soffrir Au moindre de deux maux, sil en faut vn ſouffrir, Et par grande prudence en rejetter le pire.
|| [ID00061]
Des maulx faut choiſir le moindre. 28Mais il me vaut micux tomber en vos mains ſans loeuure, que de pechor
en la preſence du Seigneur. Dan. 13. 23.
|| [ID00062]
sonet.
LA regnarde voyant vne Aigle rauiſſante, Embler haſtiuement ſes petis Regnardeaux, Et les porter bien haut, à ſes petis aigleaux, Elle eſt à remplir lair dune voix menaceante. En la fin elle mect vne torche bruſlante En larbre ou ceſt queſtoyent ſes volans animaux, Et le feu sembraſant aux endroits les plus hauts, Bruſle de ſes petis la race deuorante. LAigle oyant ſes Aigleaux piteuſement crier, A tire daiſle vient deſſus eux tournoyer, Et ne ſçait point que faire au mal qui luy ſuccede. Bien ſouuent le petit ſe vange dun plus fort Quil neſt pas de beaucoup, quand on luy a faict tort, Sans quil puiſſe en aprez y trouuer de remede.
|| [ID00063]
Flne faut contemner perſonne. 29Quifaict iniure receura ce quil aura faict iniuſtement.
Coloſ. 3. 25.
|| [ID00064]
sonet.
AInſi que cheminoyent deux amys ſans ſoucy Vn Ours vint au deuant: & ceſte beſte eſtonne, Dun grand eſtonnement, lvne & lautre perſonne, Dont lune monte à mont ſur vn arbre obſcurcy. Lautre ſe couche à dens ſans bouger, & voicy Lours pe ̅ ſant quil fuſt mort, qui paſſe, & labando ̅ ne (Car ils ne touche aux morts) dont lautre ho ̅ me arrai- Deſcendant, ceſtuy-cy: & linterrogue ainſi. (ſonne, Amy que te diſoit ceſt Ours en ceſte voye, Et comment as tu faict pour ne luy eſtre en proie? Il ſembloit bien à voir quil eut de toy grand ſoin. Il ma dict, reſpond il, quune autre fois ie fuië, Telles gens comme toy, ni quonques ie my fie, Et quon cognoit vrayment les amys au beſoin.
|| [ID00065]
Amitie feinte delaiſſe au beſoing. 30Tout amy dira: iay auſsi conioinct amitié: mais aucun amy eſt ſeulement
amy de nom. Eccle. 37. 1.
|| [ID00066]
sonet.
LAſne voyant ſon maiſtre vn Chienot carreſſant Quy ſautoit, qui danſſoit, diſoit, làs ce follaſtre Eſt aymé pour ſes ſauts, ou ceſt quon me vient battre Quand ie vien, quand ie vay, & meſme en bien faiſant. Il me plaiſt de changer, ie feray le plaiſant: Et lors deuant ſon maiſtre il faict laccariatre, Il brait: & pour ſa peine on le bat comme platre, Puis on le recommande à quelque lourd paiſant. En leſtable entraué cet Aſne plain de crainte, A demy mort couché compoſoit vne plainte Deſſus les peſſans coups eſtans cheus deſus luy: Quil eſt ſage, dict il, qui taſche de bien faire Ce quil doit ſans vouloir ainſi ſe contre faire, Pour faire le flatteur, ie lappren auiourdhuy.
|| [ID00067]
Demourer en ſa vocation. 31Et lhomme auquel eſtoit le mauuais eſprit ſe iettant ſur eux & eſtant
maiſtre deux, vſa de force contre eux, en ſorte quils senfuirent nuds &
bleſſez. Act. 19. 16. Act. 8. 19.
|| [ID00068]
sonet.
DEſſous vn beau courant, vn Loup ſe mit à boire, Ou de meſme y beuuoit plus bas vn poure Aigneau, Auquel dict ce vieil Loup: tu troubles donc mon eau, Babouin, tellement quelle en eſt toute noire! Ha, pour certain jamais ie ne leuſſe peu croire Quand bien ie teuſſe veu quelque cornu taureau: Mais lAigneau tout trembla ̅ t voula ̅ t parler: tout beau (Ce cria haut le loup) encor en fais tu gloire? Voire encor deuant moy, miſerable chetif, Reſſemblant a ton pere, es tu bien ſi haſtif De vouloir ſonner mot? non, tu mourras en ſomme. Tels void on les meſchans eſtre en toutes façons, Touſiours aſſez garnis de ſemblables raiſons, Quand ils veulent pour fin deuorer vn poure homme.
|| [ID00069]
Touſiours le meſchant cherche à nuire. 32De quoy les Princes & les Preuoſts cerchoyent occaſion pour trouuer
quelque choſe contre Daniel. Dan. 6. 4.
|| [ID00070]
sonet.
VN Larron pertuiſoit vne maiſon de nuict, Et pour venir à fin de ſa belle entrepriſe, Il donne vn pain au Chien, afin quen la ſuppriſe. Il ſe contienne coy, ſans vouloir faire bruit. Mais le Chien au contraire à grans cris le pourſuit, Abboyant, tempeſtant, abandonne & mépriſe Le preſent que luy faict ce Larron qui le priſe, Pour le gaigner tant mieux au poinct quil eſt reduit. O Larron dict le Chien, à quoy veux tu pretendre Auec ton beau preſent? penſes tu me ſupprendre, Penſant que ie le prenne à mon grand deshonneur? Le ſeruiteur meſchant, qui ſe laiſſe corrompre Par les dons quon luy offre, eſt en danger de rompre La foy meſme quil doit à ſon propre Seigneur.
|| [ID00071]
Vraye fidelité cherche le profit de ſon maiſtre,
non le ſien. 33Si tu as vn ſeruiteur fidelle, quil te ſoit comme ton ame, traicte le comme
ton frere. Eccle. 33. 30.
|| [ID00072]
sonet.
DEns vn pre ſus vn foin, vn mátin de village Eſtoit à ſe veautrer, à gronder, à nager, Quand il veoid arriuer ce bon Beuf vſager, Auquel veut empeſcher la moiſſon de lherbage. Lors le Beuf le ſupplie auec vn doux langage, Quil ſe gardaſt tresbien, quil vint à loutrager, Luy diſant quauſſi bien nen pouuoit il manger: Meſme & quil nauoit rien en tout cet heritage. Mais quoy que le Beuf die, il nen eſt mieux pourta ̅ t: Car le Chien heriſſé arreſte nonobſtant, Que ceſt pour ſon plaiſir que le foin il reſerue. Combien void on de gens maiſtriſer en ce point, Degaſtans tant de biens qui ne leur ſeruent point, Et ne veullent ſouffrir que nul autre sen ſerue?
|| [ID00073]
Lenuieux ne cerche quà nuire. 34Iay conſideré tous les labeurs des hommes, & ay cogneu les induſtries eſtre
ſubiectes à lenuie du prochain. Eccle. 4. 4.
|| [ID00074]
sonet.
VNn Cheual regardoit vn poure Aſne baſté Qui portoit ſon manger, ſupportant ſes brauades, Et les gaudiſſemens ſur ſes membres mallades, Qui le prioyent en vain pour leur debilité. Le poure Aſne y mourut: adonc lhomme irrité, Prend tresbien ce Cheual, qui faiſoit ſes gambades, Quil charge de ce faix, de coups, de baſtonnades, Et de tout lattirail quil auoit merité. Lors(dict il) te voila, qui brauois en ton aiſe, Et qui neſtois eſmeu du faix ny du malaiſe, Que ce poure chargé portoit deuant tes yeux. Ceux la meritent bien quon ne tienne aucun conte Du gra ̅ d fardeau quils ont, quand ils ont bie ̅ eu honte De ſoulager le dos qui trauailloit pour eux.
|| [ID00075]
Juſte loyer de limpiteux. 35Lame du meſchant deſire le mal, il naura point pitie de ſon prochain.
Pro. 21. 10.Portez les charges les vns des autres, & ainſi vous accomplirez la loy de
Chriſt. Gal. 6. 4.
|| [ID00076]
sonet.
CE Regnard, qui voyoit au bec de ce Corbeau Vne bien bonne part de quelque gras formage, Ie voy bien maintenant, dict il, que ton plumage, Contre le bruict commun, eſt excellamment beau. La raiſon requiert bien, amy, que tout oiſeau, Si, dy-ie, à ta blancheur reſpondoit ton ramage, Pour ton merite grand, te vienne faire hommage, Et quon teſliſe Roy ſur eux tout de nouueau. Alors ce blanc Corbeau en tremouſſant crouaſſe, Et le fourmage chet, que le Regnard amaſſe, Et lai ſſe là chanter ſon Corbeau tout honteux. Tel eſt lamadouement de tout flatteur, qui mange Le bien de ces dorez, & frians de louange, Et lors que cen eſt fa ict, il ſe plaiſante deux.
|| [ID00077]
Flatterie deçoit le mal aduiſé. 36Lhomme qui en douces & ſainctes parolles parle à ſon amy, il eſtend le
retz deuant ſes pas. Pro. 29. 5
|| [ID00078]
sonet.
DE cet aſpre conflict des Raines & des Rats, Qui dura ſi long temps(dont Homere na honte En ſes chants les plus doux den recitter le conte) Il en vint en la paix meſme de grans combats. Comme vne Raine aprez voulant par ces appas Tirer (pour ſe vanger) vne Souri, fort promte De luypromettre aſſez, luy dict quelle ſe conte De luy faire en ſon lieu vn magnific repas. Mais la Raine noia la Souri miſerable, Et flottant ſur les eaux, vn vaultour effroiable. La rauit, & ſon hoſte, à ſes iambes lié. Lhomme meſchant qui taſche à nuire ainſi ſus terre (Die tant quil voudra, quon luy auoit faict guerre) En la fin perira, ſans aucune pitié.
|| [ID00079]
Diſſentio
̅
des Amisles faict proyeauxeſtra
̅
gers.Tout Royaume diuiſè contre ſoy meſme, ſera deſolè, & maiſon cherraſur
maiſon. Luc 11. 17.
|| [ID00080]
sonet.
LA Grenou ̅ ille voyant, dedans vne prairie, Vn Beuf gras paſturer, auſſi toſt ellaſſaut, Aſſauoir, seſleuant contre luy dungrand ſaut, Et ſon ſang qui luy bout la mect en grandfurie. Et des la plus auant entre en forcenerie, Quelle peut eſtre telle, eſtimant quil ne faut Pour legaler, ſinon leuer le nez plus haut: Quoy faiſant, & senflant, elle eſt ſoudain perie. Pourette, dict le Beuf, dequoy te fuſt il mieux Eſtant ainſi que moy? las combien plus daffaire Euſt trauaillé ton corps, dont tu nauois que faire. Celuy qui ſe contente eſt vrayment bien heureux, Le petit plus quun autre, eſtant certain quil nentre Dedens vn petit corps autant quen vn grand ventre.
|| [ID00081]
Arrogance renuerſée. 38Orgueil eſt deuant la depreſſion, & deuant la ruiné ſera leſprit exalté.
Pro. 16. 16Tu as humilié lorgueilleux comme le nauré. Pſal. 88. 11.
|| [ID00082]
sonet.
VN Cerf blamoit ſes pieds, & ſa corne tortue Loüoit iuſques au Ciel, ſe mirant dans les eaux: Mais venant a paſſer deſſous des arbriſſeaux, Sa corne adonc ſy lie, & pourtant on ly tue, Or aux derniers abbois ceſte beſte abbatue (Comme les Chiens courans la mettoye ̅ t à morceaux) Se liſant hors du ſens, en ſes horribles maux, Atenir ces propos allors el ſeſuertue. Las! ie blamoy mes pieds qui mo ̅ t touſiours ſauué: Et ce gemeau branchage, ah! par trop eſleué, Eſt la cauſe par moy, que ma vie eſt rauie. Ainſi rejectons nous la choſe qui nous ſert: Ainſi aduou ̅ ons nous la choſe qui nous perd: Ainſi lorgueil deffaict le ſouſtien de la vie.
|| [ID00083]
Ceſt Sottiſe priſer & deſpriſer. 39Ton arrogance & lorgueil de ton coeur la deceu. Iere. 49. 16Malediction ſur vous qui dictes le mal eſtre bien, & le bien eſtre mal.
Eſai. 5. 20.
|| [ID00084]
sonet.
LE milan guerroioit contre les Collombelles Sans treues ny repos: & celles-cy jamais Ne pouuoyent tenir lair, que cet oiſeau mauuais Nallaſt les deſmenbrant des ſes ſerres cruelles. Les pourettes adonc, prennent aduis entre elles, Que ceſt quil eſt de faire, & pour rachetter paix Sen vont à lEſpreuier le prier deſormais, Quil vueille eſtre le Roy de leurs trouppes fidelles. Cet affamé laccepte, & tout ſoudain aprez Tous ces poures coulons sen vont tous maſſacrez, Deſſous la cruauté de lEſpreuier ramage. On ne doit sesbahir de voir vn cruel Roy, Commettre lachement, quand il manque de foy, Sur ces poures ſubiects toutes ſortes doutrage.
|| [ID00085]
Ne requerir aide aux Tyrans. 40Voicy tu te confies ſur ce baſton icy de Roſeau rompu, ſur Egypte, ſur le-
quel ſi lho
̅
me sappuye, il entrera en ſa main, & la percera: ainſi eſt Pharao
le Roy dEgypte, a tous ceux qui ſe fient en luy. Iſai. 36. 6.
|| [ID00086]
sonet.
VN glorieux Cheual taſchant de ruiner Vn Cerf des mieux courans, vient à prier vn ho ̅ me De laider à deffaire, & quil eſt preſt en ſomme, Sous luy, daller où ceſt quil le voudra mener. Or lhomme eſtant deſſus le vient eſperonner, Tellement quil arriue à ce Cerf, & laſſomme: Quoy voyant le Cheual, grandement le renomme, Le priant de vouloir ailleurs ſacheminer. Mais lho ̅ me nen faict rien: ains ſi bie ̅ le maiſtriſe, Quil en faict ce quil veut & puis il le deſpriſe, Luy chargeant tant le dos quil en meurt ſous le faix. Tels merite ̅ t donc bien (qui faiſoye ̅ t tant des braues, Et pour nuire à autruy ſe ſont rendu eſclaues) Par ceulx là quils portoyent, deſtre du tout deffaicts.
|| [ID00087]
Celuy qui chaſſe vn autre, neſt meſme à repos. 41Il a ouuert vn puits, & la fouy: & eſt cheu en la foſſe quil a faicte. Sa
douleur ſera conuertie ſur ſa teſte: & ſon iniquité deſcendra ſur le ſom-
met de ſon chef. Pſal. 7. 16. 17.
|| [ID00088]
sonet.
LE Bouc & le Regnard allans en vn vojage Eurent ſoif, & pour boire entrerent en vn puis. Mais peu aprez le Bouc dict au Regnard, je ſuis En grand perplexité deſtre icy pris en cage. Le Regnard reſpondit, non non, pren bon corage, Ie te mettray bien toſt hors de tous ces ennuys: Seulement leue toy, baiſſant la teſte, & puis Ie ſortiray dehors pour te faire paſſage. Ce fait, le Regnard dict: que nas tu, compagnon, Autant dentendement, que de poil au menton, Tul tefuſſes vrayment de la priſe aperceüe. Ainſi lhomme aduiſé ne fera jamais rien, Que deuant toute choſe, il ne regarde bien Avant à propoſer, quelle en ſera liſſue.
|| [ID00089]
Croire de leger deçoit. 42Celuy qui croit de leger, il eſt leger de coeur, & amoindrira. Eccle. 19. 4.Car tout trompeur eſt en abomination vers le Seigneur. Pro. 3. 32.
|| [ID00090]
sonet.
AInſi que le Lion eut faict commandement Aux ſiens, de ſappreſter à la guerre ordinaire, Vn Ours luy demanda de lAſne, en quel affaire Elle pourroit ſeruir en ſon lourd portement, Dauantage, le Lieure auoit inceſſament Le coeur glace de peur, que pourroit il donc faire? Le Lion reſpondit, quà grand force de braire LAſne eſpouuenteroit les oyſeaux grandement. Et puis, de lennemy, ayant eu la victoire, Le Lieure à point viendra pour la faire notoire Par ſa grande viſteſſe à tous, & vn chaſcun. Ainſi lhomme aduiſé de toute choſe ordonne Si bien, quil faict ſeruir la plus ville perſonne, Par ſa bonne conduicte au profict du commun.
|| [ID00091]
Tous peuuent ſeruir au beſoin. 43Les membres du corps qui ſemblent eſtre| plus debiles, ſont beaucoup plus
neceſſaires. 1. Cor. 12. 22.
|| [ID00092]
sonet.
VNe Souri de ville, ayant eſté traictée Dvne Souri des champs, auec vn peu de pois, Requiſt à ceſte cy de venir quelque fois En ſa maiſon la voir, comme ella viſitée: Elle y vient, & voyant force viande appreſtée De bled, de chair, de ſuif, de marrons, & de noix: Et dautre part oyant, vn vallet tant de fois Empeſcher leur repas, elle en eſt deſgouſtée. Si dict la vilagoiſe, ô combien iayme mieux Sans peur deſtre chez moy, que non pas en ces lieux Bien quon y voie encor que tout bien y abonde! Il eſt donc bien-heureux qui vit petitement, En ſa maiſon, en paix, hors de leſtonnement Du ſoin, & du trauail où les grans ſont au monde.
|| [ID00093]
Doubteuſe delice & ſeure neceſſité. 44Il la ſuyt comme le beuf qui eſt mené au ſacrifice, & comme l Aaignean
ſautelant & ignorant comme fol quon le tire aux lyens. Pro. 7. 22
|| [ID00094]
sonet.
AV temps de la moiſſon vn gra ̅ d preneur doiſeaux, Sous des Roſeaux caché tendoit à là pipée: Et penſant bien toſt voir vne Tourte happée, Il ſent ſa jambe priſe autour de ſes Cordeaux. Car vn bien long Serpe ̅ t ſort demmy ces Roſeaux Qui vient à ſe ramper ſur ſa plante attrappée Et le mord à la mort, dont la Tourte eſchapée Laiſſe cet oiſeleur ſe plaindre ſur ſes maux. Et puis elle luy dict: poure homme qui ne ceſſes Daguetter noſtre vie auec tant de fineſſes, Que ton meſchant deſſain te vient bien à rebours. Qui faict mal à autruy ne doit trouuer eſtrange, Quil rencontre du mal, pour du mal en eſchange, Et quil ſoit delaiſſé quelque fois ſans ſecours.
|| [ID00095]
Le guetteur ſurprins. 45Le Seigneur ne trauaillera point de faim lame du Iuſte: & renuerſera
lembuche des meſchans. Pro. 10. 3.
|| [ID00096]
sonet.
AInſi quune montagne eſtoit vn jour mouuante, Et comme eſtràngement on la viſt varier, Tout le monde y accourt, qui loit tantoſt crier Oſtez vous, car pour vray me voila que jenfante. A ce bruiſſement la terre ſeſpouuante: Elle craint quelque Monſtre: & lors de ſon goſier Derechefen loyant groſſement abboyer, Voicy dun trou ſortir vne Souri courante. Tous ceux qui vindrent la auec eſtonnement, Si toſt quils eurent veu ce bel enfantement, Deſſous vn grand ha-ha ſe mirent fort a rire. Ainſi eſt il pour vray dun gloirieux vanteur: Commeil eſt arrogant & dautruy contempteur, Auſſi ne faict on cas de ce quil ſçauroit dire.
|| [ID00097]
Tout ce qui reluit neſt pas or. 46Iay veu le meſchant haut exalté & eſleué co
̅
me les cedres du Liban: & iay
paſſé outré, & voyci il neſtoit plus, & ie lay cerché, & ſon lieu na point
ıſté trouué. Pſal. 36. 35. 36.
|| [ID00098]
sonet.
LEs Oiſeaux du Conſeil, pour faire election Dvn Roy qui les regiſt, en vn jour ſaſſembleręnt, Et par vn beau matin ils en delibererent, Sans beaucoup aduiſer à ſa condition. Soudain le Paon leur vient en admiration, Pour ſa grande beauté: pourtant ils lentourerent Auecque reuerence, & puis le proclamerent Souuerain deſſus eux, à ceſte occaſion. Mais la Pie leur dict, ſi quelquun nous outrage, Qui nous aſsiſtera, puis que ce beau plumage Eſt denué du tout de force, & de vigueur? La beaute en vn prince eſt certes peu de choſe Au prix de la vertu, qui doit eſtre rencloſe Dune grande prudence, au milieu de ſon coeur.
|| [ID00099]
Le Royſert à defendre les bons & punir les
mauuais. 47Malheur eſt ſur toy terre, de laquelle le Roy eſt vn enfant. Eccle. 10. 16.Bien-heureuſe eſt la terre, de laquelle le Roy eſt noble. Ecc. 10. 17.
|| [ID00100]
sonet.
CHez vn riche fermier comme vn Boeuf ſecourable Reuenoit du labeur tout mouillé, tout fangeux, De porter le courroux dun gros air nuageux, Selon quà ſon bon maiſtre il eſtoit redeuable: Vne graſſe Geniſſe eſt tandis en leſtable, A ſon aiſe à couuert, qui ne ſçait faire mieux Que dappeller ce Boeuf vn poure malhereux, Pour ſa condition ſur toutes miſerable. Mais le Boeuf la voyant peu aprez laſſommer, Il ſe mect auſſi toſt à cet aiſe blamer, Seſtimant bien-heureux en ſa penible vie. Ainſi donc quand on void que chaſcun ſe deçoit Au iugement des biens, aucun pourtant ne doit, Aucunement porter aux riches nulle enuie.
|| [ID00101]
Felıcité ou lon ſe perd. 48Qui labeure ſa terre il ſera raſſaſiè de pains: mais qui ſuit oyſiueté ſerae
remply de diſette. Pro. 28. 18.
|| [ID00102]
sonet.
COmme au bord de la mer vn Buzart eut trouué Vne huitre, & luy voyant vne forte cloſture Il ſe donne grand peine, & faſche outre meſure Ayant pour la tirer tout moien eſprouué. Sur ce point au Buzart eſtant fort enreué Vne corneille dict: Pour en veoir louuerture Il la faut laiſſer cheoir ſur vne pierre dure, Ouy quand tu te ſeras haut bien haut eſleué. Ainſi fit le Buzart: & lhuiſtre ainſi caſſée, De la fauſſe Corneille eſt ſoudain redreſſée: puis ſe rit du Buzart qui penſa enrager. (pance: Tels ſont ces beaux conſeils qui ſont faicts pour la Tels les ont auiourdhuy ces bailleurs daſſeurance: Et tel eſt le lourdaut, qui croit tant de leger.
|| [ID00103]
Conſeil fraudulent. 49Les conſeilz des meſchans ſont pleines de fraude. Pro. 12. 5.Leur coeur penſe aux rapines, & leur leures parlent fraudes. Pro. 24. 2.
|| [ID00104]
sonet.
IL eſtoit ſur les fins des garennes de Gorte De beaux & gras Mouto ̅ s, vn gra ̅ d troppeau paiſſant, Sur lequel vient à fondre vn Aigle rauiſſant, Qui choiſit vn Aigneau de la trouppe, & lemporte. Vn Corbeau qui le voit en veut faire en la ſorte, Et ſans bien ſe ſonder, ſ eſtime aſſez puiſſant Denleuer le plus gros, qui faict quen ſefforceant Demporter vn Mouton à la mort il ſe porte. Car volant ſur ſon dos, les pieds mal aſſeurez, De cet outrecuidé demeurent enſerrez, Et lors ſort vn Berger, qui le vient à ſupprendre. Ainſi eſt il dun ſot qui ne ſe cognoit point: Il ſembrouille ſi bien, quil ſe perd de tout point A ſe haſter par trop, & par trop entreprendre.
|| [ID00105]
De ſe meſurer à ſon aulne. 50Ne cerche point les choſes plus hautes que toy, & ne cerche point choſes
plus fortes que toy. Eccle. 3. 22.
|| [ID00106]
sonet.
COmme vn Coq de paroiſſe eſtoit en quelque part, A gratter à deux pieds & deuant & derriere, Pour trouuer à manger dedens vne pouſsiere, Quon auoit la iectée en vn champ à leſcart. Voicy deſſous ſes pieds, ſur le poinct quil leſpard Dvn & dautre coſté, vne grande lumiere Dun Dıamant brillant, comme lauant courriere Qui vient ſoudainement à toucher ſon regard. Lors ce Coq le becquette, il le laiſſe, il lenterre: Si dict en le couurant: he! que ſert ceſte pierre? Combien vn grain de bled, eſt bien de plus grand prix. Par cecy peut on voir que ceſt de lignorance LHomme dedens lequel elle faict demourance Hait touſiours la ſcience, & la mect à meſpris.
|| [ID00107]
Neſçauoir vſer de richeſſe. 51Quelle choſe profite il au fol dauoir richeſſes, veu quil nen peut acheter
ſapience? Pro. 17. 16.
|| [ID00108]
sonet.
VN Sanglier reprochoit à lAſne ſa ſimpleſſe, Quil ſembloit quil fut faict pour eſtre entre les Tant eſtoit il deffaict, tant auoit il le corps (morts, Fetart, lourd & peſant, & chargé de pareſſe. Et mettant en auant vne gentille addreſſe, Quil auoit entre tous, comme des plus accords, Et quil tenoit ſon lieu au nombre des plus forts, LAſne à linſtant ainſi ſa reſponſe luy dreſſe. Il neſt point de beſoin à lAſne de courrir Quand elle na point peur quon la face mourir, Comme toy, duquel lame eſt touſiours pourſuiuie. Pluſieurs blaſment ainſi, ſans aucunne raiſon, Les poures ſimples gens, mais ſans comparaiſon Qui ſont bien plus heureux quils ne ſonten leur vie.
|| [ID00109]
Folle preſomtion. 52Que nous a profité lorgueil? ou que nous a apporté la vanterie des richeſ-
ſes. Sap. 5. 8.
|| [ID00110]
sonet.
AYans tous les Oiſeaux par enſemble arreſté De donner la bataille aux beſtes de la terre, Ceſte Chauue-ſouri craingnant en ceſte guerre La perte des Oiſeaux, fut de lautre coſté. Mais loſt leger volant, par ſa dexterité, Deſſus les animaux & de bec & de ſerre Les choquant, les preſſant, les faict fuir grand erre, Et la Chauue-ſouri pour ſa deſloiauté. La miſerable donc, depuis ceſte rencontre Iuſquà ceſte heure cy de jour plus ne ſe monſtre, Ny noſeroit plus eſtre où nul des autres ſont. A cet exemple cy, au moins que tous ces maiſtres De toute iniquité (ie parle de ces traiſtres) Ne ſe monſtraſſent point tant hardiment quils font:
|| [ID00111]
Deſloyauté encourt infamie. 53Qui neſt point auec moy, il eſt contre moy: & qui naſſemble auec moy, il
eſpard. Matt. 12. 30.Quicunque faict choſes meſchantes, hait la lumiere. Ioan. 3. 20.
|| [ID00112]
sonet.
LEs Grenoüilles prioye ̅ t quo ̅ pourueuſt leur co ̅ trée Dvn prince debonnaire: à linſtant, à leur voix, On leur iette en leur mare, vne piece de bois, Qui faict dedens leur bourbe vne royalle entrée: Les Grenoüilles voyant la face ainſi veautrée De ce beau nouueau Roy (bien humain toutefois) Non, nous voulons point, dıſent elles, des Roys Ayant auecque nous vne ame ainſi poutrée. On leur baille pourtant vn cicogneau, qui vient En gober tout autant que la mare en contient, Depeuplant ce Royaume, au parauant paiſiblé: Tout ainſi quil neſt rien au mo ̅ de plus plain dheur, Que dauoir vn bon Roy: aınfi dun Roy tueur On peut dire pour vray, quil neſt rien tant horrible.
|| [ID00113]
Qui rejette vn bon Prince, en reçoit vn mau-
uais. 554Lequel faict regner lhomme hypocrite, à cauſe des pechez du peuple.
Ioh. 34. 30.
|| [ID00114]
sonet.
VNe Cheure diſoit par vn petit pertuis A ſon ieune Cheureau, elle ſen allant paiſtre, Quil nouurit point à dautre: or vn gra ̅ d vilain traiſtre De Loup lentendit lors, qui vient frapper à lhuis. Ouurez (ce diſoit il) voſtre mere ie ſuis: Ma mere (reſpond il) me donnoit à cognoiſtre Vn certain mot de guet, quon ne me faict paroiſtre: Mon enfant dict le Loup, ſouuenir ne men puis. Auſsi ay ie oublié ores douurir la porte (Ce reſpond le Cheureau) à qui parle en la ſorte Car çen eſt là la clef, & de tous noz ſecrets. Ainſi qui nentreprend de faire dauantage Quil na de mandement, ne peult auoir dommage, Dont il ſe puiſſe au moins repentir puis aprez.
|| [ID00115]
Lobeiſſance aulx bo
̅
s pare
̅
s preſerue de mort. 55Honnore ton Pere & ta Mere (en les obeiſſant) à fin que tes jours ſoyent
prolongez ſur la terre. Exod. 29. 12.Et ne ſuiuront point vn eſtranger, mais ſen fuiront de luy, car elles ne
cognoiſſent point la voix des eſtrangers. Ioan. 10. 5.
|| [ID00116]
sonet.
VN Chien alloit courant deuers vne riuiere: Or aduenant ainſi, quiceluy trauerſoit Son cours haſtiuement ſur vn pont fort eſtroit, Tenant vn bon lopin ſous ſa dent macheliere, Le Soleil rayonnoit vne grande lumiere Qui faiſoit groſſir lombre en ceſte eau quil paſſoit, Qui faict quauſſi ſoudain que ce Chien lapperçoit, Il ſe jecte dans leau, mettant ſon bien arriere, Voulaut donc engouler ceſte ombre, il laiſſe choir Son gros morceau de chair: & puis il eſt à voir De leaue à ſon fin ſaoul, & du vent qui luy reſte. Ainſi le peu vaut mieux, & tenir ſeurement Le bien quon peut auoır touſiours pour fondement, Que dembraſſer beaucoup & perdre tout au reſte.
|| [ID00117]
Ne delaiſſer le ſeur pour lıncertain. 56Lauaricieux ne ſera raſſaſié dargent: & celuy qui aime les richeſſes ne
prendra point aucun fruit dicelles. Eccle. 5. 9.
|| [ID00118]
sonet.
VN mauuais villageois trouuant deſſous ſes pas Vne hache ſans manche, auſsi toſt delibere Daller à la foreſt luy faire vne priere, De luy en donner vn, & layder en ce cas. Ouy (dict la Foreſt) que nous ne voudrions pas Tayder dun peu de bois, qui ſerue à ton affaire, Ceſt le moindre plaiſir que nous te voudrions faire: Accommode toy donc, comme bien tu verras. Ceſtuy ci donc ayant emmanché ſa coignée, Il a ceſte Foreſt auſsi toſt dedaignée, Rendant en peu de temps tout ſon plant abbatu. Ceſt vrayment grand folie à cet homme, qui baille Au meurtrier le baſton, duquel il faut quil faille, Que ſon dos porte coups en ſoit vn jour battu.
|| [ID00119]
Aider autruy à ſon dommage. 57Fai bien a lhumble, & ne donne rien au meſchant. Defen de luy donner
du pain, quen iceluy il ne ſoit plus puiſſant que toy. Car tu trouueras
doubles maux en tous les biens que tu luy aur as faict. Eccle. 13. 5.
|| [ID00120]
sonet.
VN Geay auoit trouué des plumes eſgarées Dune trouppe de Paons, à lentour dun buiſſon, Dont il penſe auſſi toſt à ſe donner leur nom, Aprez auoir diceux ſes plumes reparées. Or les Paons qui voioyent ſous leurs treſſes dorées, Que ce gallant de Geay faiſoit du compagnon, Ils le chaſſent adonc, pour ſon mauuais renom, Ayant vn chaſcun deux ſes plumes retirées. Ce poure ainſi plumé, eſtant de là chaſſé, Sen vient entre les Geays, dont il eſt delaiſſé, Et non plus que les Paons nen tiennent aucun conte. Donc qui tranche du braue, & qui ſe va fourrant Au milieu des milors pour faire là du grand, En tout lieu nen aura que blame & toute honte.
|| [ID00121]
Neſtre bragueur du bien dautruy, 58Qu eſt ce que tu as, que tu nayes receu? & ſi tu las receu, pourquoy ten
glorifies tu, comme ſi tu ne lauois point receu?. 2. Cor. 4. 7.
|| [ID00122]
sonet.
VNCerf mis aux abboys par quelques chie ̅ s coura ̅ s, Entre dans vne eſtable, en laquelle il ſupplie Des Boeufs attachez là de luy ſauuer la vie, Le gardant de la dent de ces chiens deuorans. Las! tu viens (dict vn Beuf) à de poures garans Liez comme tu vois: que ſi tu as enuie Toutefois de te mettre en ce foin, ie taffie Que nous ſerons icy deuant toy demourans: Ce diſant vient entrer le maiſtre dans leſtable, Et cerchant tout par tout ce poure miſerable, Il le tue de coups, quand il la peu trouuer. Ainſi eſt il quen vain le poure infirme implore Layde de laffligé: ainſi eſt il encore, Quen vain le malheureux cerche de ſe ſauuer.
|| [ID00123]
Confidence mal fondée. 59Et ont dit. Le Seigneur ne le verra point, Pſal. 93. 7.
Vous qui eſtes ſans ſapience entendez. celuy qui a formé loeıl ne conſide-
rera ilpoint?
|| [ID00124]
sonet.
CE Lion affamé ſen allant à la chaſſe Auec vn fort Limier, vn Loup, & vn Regnart, Prit vn Cerf à la courſe, & puis il le depart, Ce quayant faict en quatre, il parle ainſi daudace. Vn chaſcun de vous trois ſçait bien de quelle race Ie ſuis pardeſſus vous, dont jauray ceſte part: Puis ce quartier plus grand, que voila mis à part, Meſt deu, ayant eſté le premier à la trace: La tierce, auray ie encor pour eſtre le plus fort: Et lautre, pour auoir mis aprez plus deffort: Et quand au demourant, ceſt pour voſtre ſalaire. Pourtant qui veut ſe joindre auec les grans Seigneurs, Fiers, cruels, ou nuiſans, quils ſupportent leurs meurs, Et tout ce quils voudront ou mal dire, ou mal faire.
|| [ID00125]
Se tenir auec ſes pareils. 60Celuy pre
̅
d charge ſur ſoy, qui communique auec plus grand que luy'. Ne
ſois compagno
̅
de plus riche que toy. En quoy communiquera le chauderon
auec le pot de terre? Eccle. 13. 2. 3.
|| [ID00126]
sonet.
AVx plaids des animaux, pour vn trop long ſejour Dune debte, vn gros Loup faiſoit vne pourſuitte Encontre vne Brebis, qui dict, à loppoſitte, Quelle ne luy doit rien, repliquant à ſon tour. Le Loup produit le Chien, lEſcoufle & le Vautour Qui diſent quil eſt vray: pourtant quelle merite Deſtre à jam ais infame, & pour cercher la fuitte De perdre tous ſes biens, & mourrir a ce jour. Sur cecy, la Brebis taſche de ſe deffendre: Mais tous dans ce parquet ne la veulent entendre, Ains elle & ſes raiſons ils reiettent bien loin. Ainſi eſt il quon void le bien, lhonneur, la vie Expoſez en peril, ſe perdre, eſtre rauie, Par le mortel rapport du meſchant faux teſmoin.
|| [ID00127]
Linnocent opprimé en droit. 61Tune feras point diniquité: & ne jugeras point iniuſtement, & n accepte-
ras la perſonne du pauure, & nhonoreras la perſonne du grand, luge juſte-
ment ton prochain. Leuit. 19. 15.
|| [ID00128]
sonet.
VNe groſſe Foreſt, de grans vens tempeſtée, Donnoit vne gra ̅ de peur aux Lieures de ces lieux: Leſquels, en ſenfuyant, trouuent deuant leurs yeux Vne mare, laquelle a leur courſe arreſtée. Or y voyans tout coy, & la riue hantée De Reines, ſe plongeans dedens ſon fond fangeux, Penſans eſtre grand cas quon fuye deuant eux, Ils ont ſoudainement leur craincte rejectée: Courage (diſent ils) aprenons à ſçauoir Sans nous troubler ainſi, quel eſt noſtre pouuoir, Quand nous voyo ̅ s, quicy nous ſommes redoutables. Lhomme laſche & poltron en la guerre pre ̅ d coeur, Quand il ſçait deuant luy quun autre fuit de peur O quon void en tous lieux de gendarmes ſemblables.
|| [ID00129]
Hardieſſe pleine de honte. 62Ne craignez point ceux qui tuent le corps, & ne peuuent tuer lame: mais
plutoſt craignez celuy qui peut perdre lame & le corps en la gehenne.
Matt. 10. 28.
|| [ID00130]
sonet.
VN Regnard qui voyoit en vne belle traille, Sous vn pampre tout vert vn bo ̅ raiſin tout meuı, Que voicy (diſoit il) vn lieu plain de grand heur, Abondant en tout bien, & fertil à merueille. Mais faiſant ce deuis, & comme il ſappareille De trouuer les moiens den prendre dumeilleur, Il ſent quils ſont trop hauts: lors ſous ceſte couleur Quils neſtoient encor bons, ainſi il ſe conſeille: De prendre tant de peine en ces lieux tous deſers Que gaigne-ie? auſſi bien ces raiſins ſont trop vers: Meury donc, o verjus, qua grand tort ie deſire. Ceſt ordinairement quon voıd de meſmes gens: Sils ſont fruſtrez du bien quils cerchoie ̅ t de long te ̅ ps, Ils y trouuent touſiours quelque choſe à redire.
|| [ID00131]
Feindre ne vouloir ce quon ne peut auoir. 63Le fol monſtre incontinent ſon ire: mais celuy qui diſsimule liniurs, il eſt
fin. Pro. 12. 17.
|| [ID00132]
sonet.
VN tout fantaſque Singe euſt vn fort grand deſir De ma ̅ ger des marro ̅ s, quon mettoit dans la ce ̅ dre: Là eſtoit vn Chatton duquel il alla prendre La patte de deuant, puis les tire à loiſir. Le petit Chat qui ſent la chaleur le ſaiſir Dict, Eſcoute vn peu Marmot, tu deburois bie ̅ ente ̅ dre Que jay ma foeble peau, pour le moins, auſsi tendre Que la tienne, & pourtant ne me fay deſplaiſir. Mais ce dıct le Marmot, nul ne vit ſans rien faire: Dequoy donc te plains tu, qua ̅ d meſme en cet affaire Il ne ſe peut trouuer de trauail plus leger. Tel donc employe autruy iuſques à ſa perſonne, Lequel ce temps pendant au peril labandonne En ſe gardant treſ bien dapprocher du danger.
|| [ID00133]
Ne nuire autruy pour ſon profit. 64Ceux ci font taches en leurs banquets, banquetans ſans crainte, ſe repaiſ-
ſans eux meſmes: nues ſans eau emportées des vents ça & là: Epiſt. Iude.
|| [ID00134]
sonet.
VN fort ieune Cheual ſe dolentoit ſans ceſſe, Pour vn peſant fardeau quil auoit tous les jours A trainer, auec ayde, à tours & à retours, Toutefois ſous vn maiſtre eſlongné de rudeſſe. Mais rencontrant vn Aſne en ſa longue vieilleſſe Tirant vn char chargé, ſans auoir nul ſecours, Et lhomme encor deſſus, qui le frappoit touſjours, Il ſe conſolle ainſi, en ſa grande deſtreſſe. Helas quen mon labeur heureux encor ie ſuis, Si tant ſoit peu ie penſe aux eſtranges ennuis Bien| plus gra ̅ s que les miens que ce poure Aſne traine! Ceſt encor quelque choſe, en ſon affliction, De veoir vn autre auoir pire condition Pour porter en ſes maux plus aiſément ſa peine.
|| [ID00135]
Poure & piteux ſoulagement. 65Veu auſſy que Chriſt a ſouffert pour nous, vous laiſſant vn patron, à fin
que vous enſuiuiez ſes pas. 1. Pet. 2. 21.
|| [ID00136]
sonet.
VN Mareſchal ſuant ſous les coups de marteau, Pour gaigner pourement ſa groſſe nourriture, Lors que pour empeſcher le defaut de nature Il faiſoit ſon repas & de pain bis, & deau. Son Chie ̅ venoit touſiours demander ſon morceau, Mais ſon maiſtre luy dict: Ie pene outre meſure Pour ayder à ma vie, & du mal que iendure Tu te fais gros & gras, & je nay que la peau, Sur quoy le Chien diſoit: que veux tu que ie face, Puis quen viuant ainſi, ainſi le temps ie paſſe, Et que ſans travailler ie me trouue fort bien? Ainſi void on aſſez de ſemblable canaille, A laquelle il faut bien que tous les iours on baille A manger graſſement, & ne fait du tout rien.
|| [ID00137]
Qui ne trauaille, ne mange auſſy. 66Car auſſy quand nous eſtions auec vous, nous vous denoncions, que ſi quel-
quun ne veut beſoingner, il ne menge point auſſy. 2 Theſ. 3. 10.
|| [ID00138]
sonet.
VN Regnard eſchappé dune eſtable champeſtre, Oû il perdit ſa queu ̅ e, en vn jour rencontra Bon nombre de Regnars, auſquels il remonſtra (eſtre. Quau temps qui couroit lors ſans queüe on debuoit Vrayment (dıct vn Regnard) ony pour vous noſtre Si la voſtre reuient, vn chacun cognoiſtra (maiſtre: Que voſtre beau derriere ainſi ne ſe verra, Pour encore en ce te ̅ ps ſil vous plaiſt vous ſubmettre. Et bien, reſpondit lors, le Regnard eſcoüé Mais quand vn ſeul de vous ne ſeroit point quoüé La terre pour cela nen ſera pas deſerte. Ainſi void on touſjours ces poures malheureux: Qui voudroyent quun chaſcun fut en la ſorte queux, Sils ſont tombez en faute, ou bien en quelque perte.
|| [ID00139]
Conſeiller autruy pour ſon bien. 67Le iuſte nous eſt grief auſsi à le regarder: pource que ſa vie eſt differente
à celle des autres. Sap. 2. 15.
|| [ID00140]
sonet.
Aux meilleurs Oiſelets lAubereau fit ſçauoir, Quil vouloit celebrer le jour de ſa naiſſance: Pour tant il les prioit quen ayant cognoiſſance Ils y vinſſent tantoſt pour les bien receuoir. On ne leur a donc pas au plutoſt faict ſçauoir, Que ces poures Folets en grande eſiouiſſance Ne viennent deuers luy, cercher la iouiſſance Des banquets & des jeux quil penſoient bien y veoir. Mais eſtans arriuez ce Haubereau les happe Les deſpece & meurtrit & pas vn ſeul neſchappe Qui ne ſoit pour ſeruir à ſon cruel deſir. Puis quon ſe laiſſe auoir par ces belles paroles De nopces, de feſtins, de ſauts & de caroles Ou lon trouue la mort pour la fin du plaiſir.
|| [ID00141]
Poiſon dedens le ſucre. 68Leur goſier eſt vn ſepulchre ouuert, ilz faiſoyent fraudel euſement de leurs
langues. Pſal. 13. 4.Deſquelz la bouche eſt pleine demalediction & damertume: leur pieds ſont
legiers à reſpandre ſang. Pſal. 13. 5.
|| [ID00142]
sonet.
VN Lion fit beaucoup de mal en ſon jeune aage, Mais quand il deuint vieil, le poure langoureux, Nayant plus de pouuoir, trouua force hayneux, Qui ſe plaiſoyent ſans peur de luy faire dommage. Il neſt plus queſtion ny dhonneur ny dhommage, Quand encor on voioit vn Pourceau tout fangeux, Vn Aſne tout pelé, vn Taureau courageux Luy faiſans à lenuy toute ſorte doutrage. Las! diſoit le Lion, que mal ie me ſuis mis A faire, vn temps qui fut, tant & tant dennemis, Et que ceſt par trop tard que ie vien à men plaindre. Les grans doiue ̅ t ſçauoir que le temps doit changer, Quil ny a point pourtant de plus certain danger, Que de haïr autruy, & de ſe faire craindre.
|| [ID00143]
Ceſt tout que de ſe faire aimer. 69Ceux qui te verront ſe tourneront vers toy & te regarderont: Neſt ce pas
cet homme ıcy qui troubloit la terre? lequel a oppreſſé les Royaumes?
Iſai. 14. 16.
|| [ID00144]
sonet.
VN Bouc & vn Aigneau ſeſtans donnez la ſoy, Trouuent vn meſchant Loup dedens vne prairie, Venant ſous vn parler, tout plain de piperie, Dire ainſi à lAigneau qui trembloit tout deffroy. Mon fils quitte ce Bouc, & ten vien auec moy: Vn Bouc puant ne faict que toute faſcherie: Vois tu quil eſt cornu, que ſil entre en furie, Comme il faict tous les jours: pouret, ceſt faict de toy Mais le Bouc tout gaillart marchant dun braue pas Dict ainſi à ce Loup, paſſe outre, ou tu ſcauras Qe ce neſt pas en vain quun furieux menace. Qui ſaccompagne donc de toutes gens de bien, Nepeut eſtre en danger: ny ſe trouuer en place Qua rencontre quil ait tout ne luy tourne à bien.
|| [ID00145]
Voy bien auec qui tu te mects. 70Mon filz, ſi les pecheurs te vueillent attraire, ne leur conſens point.
Pro. 1. 10.Sois continuel auec lhomme ſainct, quel quil ſoit, que tu cognoiſtras
garder la craincte de Dieu, duquel lame eſt ſelon ton ame. Eccle. 37. 15.
|| [ID00146]
sonet.
LA Mouche ſe vantant de ſa belle demeure, Et diſant au Fourmy, que meſme tout le bien, Iuſquau manger des Roys, à ſon vueil, eſtoit ſien, Lautre reſpond ſans plus, que pour viure il labeure. Ceſt vie de Cheual (ce dict la mouche à lheure) De trauailler touſiours: & de ne faire rien (Reſpondit le Fourmy) ceſt la vie dun Chien, Ou dun vilain Pourceau: & laquelle eſt meilleure? Aprez tous ces debats, lHyuer vient, tout griſon, Soubs lequel meurt la Mouche, allors quen ſa maiſon Le Fourmy mangeoittoit ſon petit ordinaire. Il eſt donc plus heureux qui faict vn petit train, Et par ce moien gaigne honneſtement ſon pain, Que de cercher ſon aiſe & ne vouloir rien faire.
|| [ID00147]
Preferer profit à plaiſir. 71O pareſſeux, va au formy & aduiſe ſes voyes, & apren ſàpience. Laquelle
combien qnelle nait ne docteur, ne maiſtre, ne prince, elle appareille en eſté
ſaprouiſion, & aſſemble en la moiſſon ce quelle doibt manger. Pro. 6. 6
|| [ID00148]
sonet.
LE Dragon cauteleux, dvne nuiſante enuie, Aborde lElephant, quil taſche à oppreſſer: Et pour plus aiſement contre luy ſe dreſſer, Les jambes (de ſa queüe) à l inſtant il luy lie. Tandis que lElephant de ſon groin ſe deſlie, Le Dragon ſur ſon col eſt promt à ſeſſancer, A fin quil puiſſe mieux tout le ſang luy ſucer: Duquel eſtant rempli, en affame ſa vie. Or auſſy lElephant ſaffoiblic chancellant, Tellement, que des pieds le Dragon va foulant, Plus de mal luy faiſant quıl nen reçoit luy meſme. Les ſangui naires font aux innocens ainſy, Leur ſuceans chair & ſang ſans pitié ny mercy: Mais ils en ont en fin angoiſſe plus extreſme.E. VV.
|| [ID00149]
Le Tyran neſt exempt de peine. 72Mais toy Dieu tu les meneras au puitz de perdition. Les ho
̅
mes eſpandans
ſang, & pleins de tromperie, ne paruiendront point à la moitié de leurs
jours. Pſal. 54. 24.
|| [ID00150]
sonet.
VN Ours ayant mangé du miel, quil appetoit, Des Abeilles il fut piqué deſtrange ſorte: De quoy fort irrité, les ruches il tranſporte, Tout ce deſſus deſſoubs, pour le mal quil ſentoit. Les Abeillettes lors, voyans quainſi eſtoit Renuerſé leur manoir, dune rigueur plus forte Le viennent aſſaillir, dont il ſe deſconforte: Mais pour ſa dure peau laſſaut mieux il portoit. Or ſa teſte, ſes yeux, ſon muſeau, ſes oreilles Furent ſi bien traitez de ces fieres Abeilles, Quen amer fut changé le doux de ſon manger. Mieux meuſt valu (dict il) porter vne pointure, Que pour meſtre vangé ſouffrir peine ſi dure: Qui peut ſouffrir vn peu, fait mieux que ſe vanger.E. VV.
|| [ID00151]
Ne chercher ſon malheur. 73Qui recommencera à raconter ſa miſeric orde?
Eccle. 18. 3.
|| [ID00152]
sonet.
CE Corbeau, qui auoit du Scorpion ſenti Le dangereux venin, à ſen vanger il taſche, Et prend le Scorpion, qui tellement ſe faſche, Quapres ſen eſt trop tard le Corbeau repenti: Car il eſt de douleur ſi fort appeſanti, Pour le mortel venin, qui à ſon corps ſattache, Et deuient peu à peu ſi debile & ſi laſche, Quil ſe trouue à la fin confus & amorti. Sil ſe fuſt appaiſé à ſa peine premiere, Pas il neut enduré ceſte angoiſſe derniere: Il fait mauuais ſe prendre à plus mauuais que luy. Tel ſe penſe vanger, quautre de luy ſe vange: Qui taſche à faire mal reçoit mal, en eſchange, Et ſouuent eſt vaincu, qui penſe vaincre autruy.E. VV.
|| [ID00153]
Qui ſe vange il endure. 74Ne dis point, ie luy feray ainſi quil ma faict, & ie rendray à vn chaſcun
ſelon ſon oeuure. Pro. 24. 29.
|| [ID00154]
sonet.
EN habit de Brebis vn Loup ſalla veſtir, Tant eſtoit cauteleux, & remply de malice: Puis en ce point ſen va (contrefaiſant le nice) Mettre auec les Brebis, ſans delles ſe partir. Il les accompagnoit à entrer & ſortir, Et tandis les meurtrir, eſtoit ſon exercice. Si toſt que le Berger conneut ſon malefice, Le va prendre à vn arbre ainſi, ſans deueſtir. Autres Bergers iugeoyent que ceſtoit vne oüaille, Mais le conoiſſans Loup deſſous ſon veſtement, Dirent, que ſelon loeuure on a ſon payment. Tel ſemble eſtre bien bon, que ce neſt rien qui vaille, Bien que de ſaincteté il ſemble eſtre veſtu: Souuent limpieté ſe couure de vertu.E. VV.
|| [ID00155]
On conoit larbre au fruit. 75Or donnez vous garde des faux Prophetes, qui viennent à vousen veſte-
mens des Brebis, mais pardedans ſont Loups rauiſſans. Mat. 7. 15.
|| [ID00156]
sonet.
VN Loup tout affamé vint contre vn Heriſſon, Le penſant deuorer, mais approcher nen oſe, Le voyant bien armé: & pourtant il propoſe De parler auec luy dune douce facon. Eſcoute ami (dit il) & enten ma leçon: Il eſt paix, & la faut garder, ſur toute choſe. Mets donc les armes bas, & ſeurement repoſe, Car ie nay pour te nuire aucune mariſſon. Non, non (dit lHeriſſon) ie veux garder mes armes, Contre ceux qui viendront me faire aucuns alarmes: Lvne eſpée retient lautre dans le fourreau. Il eſt fort & prudent, qui à ſoy bien regarde, Ne croyant les trompeurs, & qui eſt ſur ſa garde Lors que ſon ennemy, ſe faignant, parle beau.E. VV.
|| [ID00157]
Ne ſe fier à lennemy. 76Soyez ſobres, & veillez: dautant que vótre aduerſaire le diable chemine
comme vn Lion bruya
̅
t à lentour de vous, chercha
̅
t qui il pourra engloutir.
.Pet. 5. 8.
|| [ID00158]
sonet.
VN Heriſſon ſadreſſe au ſerpent, & luy prie Quil le laiſſe auec luy (lhiuer) en paix loger, Laccord fait, il y va: mais par trop ſe bouger, En virant & roullant, au Serpent il ennuye. Tu ne deurois (dit il) me faire faſcherie, En me piquant ainſi, ceſt par trop moutrager. Ce lieu eſt fort eſtroit, veuilles donc deſloger: Iayme mieux eſtre ſeul, quà telle compagnie. Mais puis que tu ne peux ma preſence endurer, Dit lHeriſſon, va ten, ſans icy demeurer. Le Serpent, pour ſon bien, va chercher autre place. Tel penſe eſtre ſeigneur, qui neſt que ſeruiteur. Ainſi aduient à ceux qui font à maints faueur, Pour les voir gens de bien ſeulement à la face.E. VV.
|| [ID00159]
Flvaut mieux ſeul quà mauuaiſe co
̅
pagnie. 77Nintroduits point tout homme en ta maiſon: car les trahiſons du caute-
leux ſont diuerſes. Eccle. 11. 31.
|| [ID00160]
sonet.
LE Chameleon prend de lair ſa nourriture, Ouure touſiours ſes yeux, ſes griffes aſpres ſont, En toute autre couleur à ſe changer eſt promt, Mais il ne prend jamais rouge ou blanche tainture. Les flatteurs ont auſſy vne telle nature, Preſque ils viuent de rien, comme ſemblant ils font: Mais chez les grands Seigneurs journellement ils vont Faire mille rapports, pour y auoir paſture. Plus ſouuent de propos changent ces battelleurs, Que le Chameleon ne change de couleurs: Et pourtant vn chacun nen deuroit tenir conte. Comme ils ne changent pas en rouge ny en blanc Iaçoit quen tous leurs dicts il ny ait rien de franc, Auſſy nont ils jamais ny pureté ny honte.E. VV.
|| [ID00161]
LHomme double de coeur eſt inconſtant en
ſes voyes. 78Cenx qui diſent au meſchant, tu es Iuſte: les peuples le maudiront, & les
lignées les auront en deteſtation. Pro. 24. 24.
|| [ID00162]
sonet.
Vn Belier mieux cornu que les autres neſtoyent, De tous ſes compagnons vouloit eſtre le maiſtre, Les tenans ſi ſubiects, que nul deux noſoit paiſtre Sans luy porter honneur, telle crainte en auoient. Voyant donc que ceux cy tellement lhonnoroient, Tant accreut ſon orgueil, quil ſoſa bien promettre, Que dautres animaux ſe viendroient auſſy mettre En ſa ſubiection, & luy obeyroient. Or il void vn Taureau, lequel il veut combattre: Et luy donnant le choc, le penſoit bien abbatre: Mais tout à coup il fut (luy meſme) rué bas. Aucuns de bas eſtat, tant ſeulement ne greuent Leurs pareils, mais auſſy contre les grands ſeſleuent: Et de lorgueil quils ont ne ſe conoiſſent pas.E. VV.
|| [ID00163]
Se conoiſtre ſoy meſme. 79Ton arroga
̅
ce & lorgueil de to
̅
coeur ta deceu: toy qui demeures és cauer-
nes de la pierre, & tefforces de prendre la hauteſſe de la petite mo
̅
taingne.
Iere. 49. 16.
|| [ID00164]
sonet.
Ces trois Oiſeaux de proye auiſans vne cage Et vne Poule aupres, qui ſes poulſins gardoit, Voletoyent à lentour, car chaſcun pertendoit Les rauir, mais la Poule empeſcha ceſte rage. Contre ſes affamez elle print tel courage, Et ſi ſoigneuſement la cage enuironnoit, Quen voulans approcher elle les eſtonnoit, Se deffendant ſi bien, quelle neut nul dommage. Elle auance le bec contre ces ennemis Et ſe met au haſard, pour garder ſes petits, Qui par elle ſont mis en plus grande aſſeurance. Il faut deffendre ainſi contre tous rauiſſeurs, Les pauures innocens, & les rendre plus ſeurs: Qui ſe ſent oppreſſé, ſouhaite deliurance.E. VV.
|| [ID00165]
Defendre les innocens. 80Aprenez à bien faire. Querez iugement, aidez celuy qui eſt oppreſſé, faites
iugement pour lorphelın, Defendez la vefue. Iſa. 1. 17.
|| [ID00166]
sonet.
VN Laboureur plaiſant, qui volontiers buuoit, De ſa Natiuité faiſoit tous les ans feſte: Et lors deuant ſa Ferme, ayant le boire en teſte, Faiſoit faire vn grand feu, voila comme il viuoit. Le vent,, de grand mechef, vn coup ſi fort ſo ffloit, Que ſa maiſon brula, & nen eſchappa beſte: Le Laboureur voyant vne Souri ia preſte A ſeſchapper, la iette,, au feu, que tout bruloit. Beſte ingrate, dit il, moy viuant en delices, Tu receuois chez moy beaucoup de benefices, Veux tu mabandonner en ma neceſſité? Faiſant grand chere, on a beaucoup damis de table: Mais ſi fortune tourne, ô choſe bien notable! Ils delaiſſent lamy en ſon aduerſité.E. VV.
|| [ID00167]
On conoit lamy au beſoin. 81Aucun eſt amy ſelon ſon temps, & ne demeurera point au iour de la tribu-
lation. Eccle. 6. 8.Aucun auſſi eſt amy, compagnon de la table: mais il ne demeurera pas au
iour de neceſſité. Eccle. 6. 10.
|| [ID00168]
sonet.
VN auide Oiſeleur allant ſes filez tendre, Pour prendre des Oiſeaux en grande quantité, Tout ſoudain ſon amorce en la place à ietté, Puis apres il ſaſſied, pour tant mieux les attendre. Il en vient par raiſon, mais il ne les veut prendre, Eſperant den auoir à plus grande planté. Et pour les attirer mieux à ſa volonté, Il ſeme pluſieurs fois de ſon amorce tendre. Paſſant ainſi le iour, le ſoir vint, tellement, Quen ſa ret ne retint quvn Pinſon ſeulement, Ayant laiſſé voler le meilleur de ſa priſe. Les auaricieux, qui traffiquent ainſi, Et veulent trop auoir, nayans du peu ſoucy, Sont bien ſouuent deceuz par leur chiche entrepriſe.E. VV.
|| [ID00169]
Qui refuſe, apres muſe. 82Il te ſouuienne de ton createur és jours de ta jeuneſſe, deua
̅
t que le temps
de ton afliction vienne, & que les ans approchent, deſquelz tu dies: ilz ne
me plaiſent point. Eccle. 12. 1.
|| [ID00170]
sonet.
VN Payſan trouuant vn Satyre en vn bois, Qui de froid tremblotoit, à ſa maiſon le meine. Y eſtans arriuez, le Payſan met peine A ſouffler en ſes mains, pour reſchauffer ſes doigts. La femme à chacun deux, ainſi commetu vois, Donne de papin chault vne eſcueille pleine. Le pauure Payſan, de volonté ſoudaine, Pour plus toſt eſtre froid, le ſouffle pluſieurs fois. Le Satyre eſbahy, trouue cela eſtrange, Que la chaleur en froid dvne bouche ſe change: Parquoy il commença à ſoupçonner, diſant: Tel a le feu en main, qui leau en lautre porte: Garder ſe faut de ceux, qui font en telle ſorte: Tel monſtre beau ſemblant, qui taſche eſtre nuiſant.E. VV.
|| [ID00171]
Ne croire legerement. 83Vne fontaine iette elle dun meſme pertuis eau douce & amere? Mes freres,
vnfiguier peut il produire des raiſins? ou vne vigne des figes? ainſi nulle
fontaine ne peut faire eau ſalec & douce. Iacob. 3. 11.
|| [ID00172]
sonet.
Quelque Rat de maiſon, touſiours à ſes repas, Pour ſe ſaouler, auoit mainte viande exquiſe: Tellement quil viuoit en toute friandiſe, Et ſi auec cela ne ſe contentoit pas. Car en penſant trouuer dautres meilleurs appas Il ſen va en la mer, ou vne Ouytre il auiſe Bien graſſe, à ſon aeuis: lors meu de conuoitiſe, Pour la prendre & manger il auance le pas. Or lOuytre eſtant touchée à ſe fermer fut preſte, Si bien quau pauure Rat elle enſerra la teſte: Penſant prendre il fut pris, & ſe trouua domté. Pluſieurs neſtans contens deſtre bien à leur aiſe, Cherchent (ſans y penſer) auenture mauuaiſe, Pour enſuyure par trop leur folle volonté.E. VV.
|| [ID00173]
Qui eſt bien, ne ſe bouge. 84Et la Chair eſtoit encore entre leurs dents, deuant que telle viande fut fail-
lie. Et voicy la fureur du Seigneur eſmeuë contre le peuple, & le frappa
dune tres groſſe playe. Num. 12. 23.
|| [ID00174]
sonet.
VN Limaçon promet vne Gemme excellente AlAigle, & quen lair, haut, le porte ſeurement: Car de ramper ainſy continuellement Sur la terre (dıt il) ce neſt plus mon entente. LAigle le porte haut, ſans faire longue attente: Ou il eut du plaiſir, mais gueres longuement, Car elle demanda bien toſt ſon payement, Mais le pauuret neut pas pour la rendre contente: Dont pleine de courroux tellement leſtraignit, Qe de fort lamenter elle le contraignit: Qui na rien pour donner, il ne doit rien promettre. Si pluſieurs demeuroient en leur eſtat contens, Sans ſeſleuer trop haut, ils auroyent meilleur temps, Quà la merci dautruy leur vie en danger mettre.E. VV.
|| [ID00175]
Qui promet, doit. 86Ne veuille point en moult de manieres enquerir choſes ſuperflues.
Eccle. 3. 24.
|| [ID00176]
sonet.
DVn Coucou ſe moquoit vn Eſcoufle, diſant, Quil noſoit rien manger que vers, per couardiſe. Il aduint peu apres, que lEſcoufle ſauiſe De rauir des pigeons, où il eſt ſamuſant: Tandis vn villageois, qui ne fut trop muſant, Lattrape dans ſa ret: puis ayant ceſte priſe, Au plus haut dune Tour honteuſement la miſe, Pour eſtonner tout autre ainſi que luy faiſant. Voire (dit le Coucou) le voiant ainſi pendre, Si tu euſſes voulu (comme jay fait) apprendre A ne manger que vers, on ne teuſt pas là mis. Il vaut mieux ſeurement en ſobrieté viure, Que hazarder ſa vie, & ſon appetit ſuyure: Touſiours en mal faiſant on a des ennemis.E. VV.
|| [ID00177]
Les moqueurs ſont moquez. 86Pluſieurs ſont morts en gourmandiſe: mais celuy qui ſabſtient alongera
ſa vie. Eccle. 37. 34.
|| [ID00178]
sonet.
VN Milan fameilleux, preſt à faire dommage, Rauit vn Roſsignol, qui le prie humblement De le prendre à mercy, & que ſoigneuſement Il fera ſon deuoir de luy porter hommage. A quoy me pourrois tu faire quelque auantage, Demande le Milan, dy le moy promtement? A chanter deuant toy melodieuſement, (Rſpond le Roſsignol) ie ne ſçay auttre ouurage. Non, non, dit le Milan, cela ne me duit pas, Ton chant ne me ſauroit contenter de repas: A vn ventre affamé le chant neſt delectable. Vn chacun peut aſſez conoiſtre par cecy, Quil faut premier auoir du principal ſoucy, Laiſſant, pour ſon profit, ce qui neſt profitable.E. VV.
|| [ID00179]
La faim fait meſpriſer la ioye. 87Mais il leur dit: Naues vous point leu ce que fit Dauid, ayant faim, &
ceux qui eſtoyent auec luy? Mat. 12. 3.
|| [ID00180]
sonet.
EN hyuer, ſur la neige, vn Payſan trouua Vne Couleuure, eſtant (de froid) à demi morte. De pitié quil en eut à ſa maiſon lapporte, Où en la reſchauffant la vie luy ſauua. Ayant ſenti le chaut, ſoudain elle ſen va Toute emplir la maiſon du venin quelle porte. Suis ie recompenſe de toy en telle ſorte, Ce dit le Payſan? que fort elle greua. Lors prend vne coignee, & frappe de grandforce: Mais la Couleuure auſſi à le tuer ſefforce, Dvne fiere rigueur luy iettant ſon venin. Ceſt grande ingratitude, & trop dangereux vice, Faire mal à celuy qui luy a fait ſeruice: Ilva bien quand on eſt lun à lautre benin.E. VV.
|| [ID00181]
Ne rendre mal pour bien. 88Celuy qui rend maux pour biens, le mal ne ſe partira point de ſa maiſon.
Pro. 17. 13.
|| [ID00182]
sonet.
VN homme & vn Lion, enſemble deuiſans Deleur force & vertu, en vn lieu arriuerent, Où vn Lion taillé dans vn Pilier trouuerent, Quun homme auoit occis, ce quils ſont auiſans. Lhomme de lhomme alors loua les faicts cuiſans, Monſtrant, quà ce Lion ſes forces trop greuerent. Or en fin, peu à peu, ſi fort ils eſtriuerent. Que lhomme du Lion ſentit les coups nuiſans. Or ſus, dit le Lion, puis quainſy tu te vantes, La force tu ſauras de celuy que tu hantes: Et layant abbatu, lui fit ſouffrir la mort. Vn glorieux vanteur, qui ne ceſſe de dire A vn chacun ſes faits, & louange en deſire, Sent ſouuent laiguillon dun autre, qui le mord.E. VV.
|| [ID00183]
Tel ſe vante qui ſe trompe. 89Il a beſongnè puiſſamment par ſon bras, il a diſſipé les| orgueilleus en la
penſee de leur coeur. Luc. 1. 51.
|| [ID00184]
sonet.
LE Lion, le Renard, & lAſne alloient chaſſer, Pour auoir quelque proye enſemble, & laya ̅ t priſe, LAſne de la partir entreux fit entrepriſe, Dont le Lion faſché va lAſne deſpeſcer. Puis il dit au Renard, ſans plus outre paſſer, Quen deux parties fuſt, par luy, la proye miſe. Le fin Renard faiſant la charge à luy commiſe, Voulut la plus grandpart au Lion compaſſer. Vien ça (dit le Lion) mais qui ta fait ſi ſage? Le mal dautruy (dit il) men a eſté preſage: Craingnant deſtre traité comme cet Aſne là. Auec plus grand que luy jamais ne ſe faut mettre, Y penſant eſtre franc, ny courroucer ſon maiſtre: Sage eſt qui ſe ſçait bien gouuerner en cela.E. VV.
|| [ID00185]
Faire bien par le mal dautruy 90En quoy communiquera le Chauderon auec le pot de terre, car quand
ils ſentrehurteront, le pot ſerarompu. Eccle. 33.
|| [ID00186]
sonet.
LE Renard vid de loin vn fier Lion venir, De quoy tout fremiſſant, dvne peur qui le preſſe, Il ſe prit à fuir de ſi roid e viteſſe, Quà grandpeine on leuſt ſceu dvn fort lien tenir. Autre fois le trouuant, ſe ſceut mieux retenir, Entremeſlant ſa crainte auec ſa hardieſſe. Mais à la tierce fois ſans crainte à lui ſadreſſe, Dautant quil le voyoit ſi doux ſe maintenir. Lors, depuis en auant frequenterent enſemble: Ainſy aux Eſtrangers peu à peu on ſaſſemble, Mais il eſt mallaiſé de le faire en vn iour. Vſer diſcretement de bonne accouſtumance, Fait acquerir des grans priuee conoiſſance. Car (ainſy comme on dit) hantiſe fait lamour.E. VV.
|| [ID00187]
Sappriuoiſer prudentement. 91Conuerſez en crainte, durant le temps de voſtre pelerinage temporel.
1. pet. 1. 17.Amis, ie vous ſupplie comme eſtrangers & voyagers, abſtenez vous de
deſirs charnels, qui bataillent contre lame, ayant voſtre conuerſation hon
neſte entre les gentils. 1. Pier. 2. 11. 12.
|| [ID00188]
sonet.
VN Lion recontrant vn Sanglier en ſa voye, Se prit à laiſſaillir bien ſurieuſement. Le Sanglier courageux, reſiſte vaillament, Et combat le Lion, pour ne lui eſtre en proye. Vn Vaultour les voyant, ia tout raui de ioye, Eſperoit quvn diceux mouroit ſubitement, Et quil ſen repaiſtroit à ſon commandement, Mais à les regarder pour neant il ſemploie. Car les deux champions, eſtans fort contre fort, Tous laſſez de combattre, ayans fait leur effort, Ceſſent, et le Vaultour triſte auec faim demeure. Ceſtui là qui attend quelque bien incertain, Souuent il eſt deceu dvn eſpoir trop ſoudain: Sage eſt, qui (bien faiſant) ſur tout en Dieu ſaſſeure.E. VV.
|| [ID00189]
Ne ſeſiouyr trop toſt. 92Leſperance de lhypocrite perira. Iob. 8. 13.Les y???ux des meſchans defaudront, et ne pourront eſchapper, & leſperance
diceux ſera abomination à l Ame. Iob. 11. 20.
|| [ID00190]
sonet.
VN Loup gras, plein de biens, en ſon terrier eſtoit: Le Renard le va voir, mais ceſt pour ſa viande: Et en parlant à luy, auec fineſſe grande, Lui demanda, pourquoi les champs il ne hantoit. Or voiant bien quau Loup ce propos deſpitoit, Au Berger il ſen va, et le lui recommande: Monſtrant ou il eſtoit, ſans quil en fiſt demande Dont le Loup fut occis, qui pas ne ſen doutoit Le Renard ſen va lors manger tout à ſon aiſe Tout le bien de ce Loup, et ſon deſir appaiſe: Mais comme il ſen alloit, fut des chiens deuoré. Ainſi fut il repeu, aux deſpens de ſa vie: Ainſy ſur lenuieux tombera ſon enuie: Et diffamant autruy, ſera deshonnoré.E. VV.
|| [ID00191]
Neſtre enuiex du bien dautrui. 93Lhomme qui a haſte deſtre riche, & a enuie ſur les autres, il ignore que
diſette luy ſuruiendra. Pro. 20. 22.
|| [ID00192]
sonet.
VN Maſtin de ſi pres vn Regnard auiſoit, Quil neuſt ſceu eſchapper, parquoi il ſe vint rendre A lui, le ſuppliant de ne le vouloir prendre, Et que pour lui manger ſa chair pas ne duiſoit. Mais lui mo ̅ ſtrant vn Lieure, humbleme ̅ t lui diſoit: Que la chair il auoit bien plus friande & tendre. Or le lieure eſchappé, vint le Renard reprendre, Lui demandant, pourquoy à tort il laccuſoit. Non fay, dit le Renard, mais plus toſt ie te priſe: Car ie dy que tu es dvne nature exquiſe, Et que ta chair beaucop plus que la mienne vaut. Aucuns, pour ſe garder, autres à tort accuſent Puis feignans deſtre amis finement ils ſexcuſent: Et pourueu quils ſoient bien, des autres ne leur chaut.E. VV.
|| [ID00193]
Faux rapport eſt à craindre. 94Celuy qui parle ce quil ſcait eſt iuge de Iuſtice, mais celuy qui ment il eſt
teſmoing plein defraude. Pro. 1. 12.
|| [ID00194]
sonet.
DE tel orgueil eſtoit enflé cefier Taureau, Quen force il neſtimoit vn autre à luy ſemblable, Et lui ſembloit auſsi quil eſtoit indomtable, Dont il en monſtroit bien le ſigne à ſon muſeau. Tandis quil diſtilloit cecy en ſon cerueau Vne Souri ſen vient (à lui non comparable) Et mord bien fort au pied ce Taureau redoutable, Puis ſen court en ſon trou, qui lui ſert de Chaſteau. Ce cornu ſautelant, de courroux & de rage, Court pour la deuorer, dvn furieux courage, Mais il ne peut entrer au lieu ou elle eſtoit. Pourtant ne faut il pas foible eſtimer la force De quelconque ennemi, quand à nuire il ſefforce: Le petit peut ſouuent nuire au grand, quel quil ſoit.E. VV.
|| [ID00195]
Neſtimer lennemy trop foıble 95Vien àmoy & ie donneray tes chairs aux volailles du ciel & aux beſtse
de la terroe. Reg. 17. 44.
|| [ID00196]
sonet.
LE Singe au Renard vint, lui faire humble priere, Quil lui veuille donner de ſa queüe vne part, Diſant, quen ayant moins il ſeroit plus gaillard: Auſſy, quil lui feroit amitié ſinguliere. Pour le mieux eſmouuoir, lui monſtroit ſon de???- Tout nud, tout deſcouuert, faiſant le papelard, (rie???e Afin quil fuſt couuert, mais le vilain Renard Met, en le mefpriſant, ſa requeſte en arriere: Luy diſant que ſa queüe en rien ne luy nuiſoit Et nen vouloit oſter, car toute luy duiſoit: Voila comme vn vilain pour naffıſter ſexcuſe. Semblables au Renard (certes) trop de gens ſont: Car ayans bien de quoy, aux pauures bien ne font, Tant auare deſir les retient & abuſé.E. VV.
|| [ID00197]
On doit veſtir les nuds. 96Maintenant voſtre abundance ſubvienne à leur indigence, à fin quauſsi
leur abondance ſoit pour voſtre indigence, à ce quil ait equalité.
2. Cor. 8. 14.
|| [ID00198]
sonet.
VN Loup eſtant vn iour chez vn tailleur dImages, Vid vne teſte dhomme ouurée exquiſement: Et apres lauoir pris & tenu longuement, Il en fut eſ bahy ſur tous autres ouurages, Tu paſſes en beauté (dit il) maints perſonnages, Mais le principal poinct te defaut voirement: Ceſt, quil ny a en toy ſens ny entendement, Dont faire tu ne peux profitables vſages. Pas neſt tant à priſer la beauté dhumain corps, Quapparoiſtre lon void ſeulement au dehors, Que lEſprit bien orné de ſageſſe & prudence, Combien que lhomme ſoit dexellente beauté, Ne doit eſtre eſtimé, ſi prudence et bonté, Ne font auecque lui conſtante reſidence.E. VV.
|| [ID00199]
Beauté ſans ſens eſt peu. 97Mais tous hommes ſont vains, eſquels neſt point la ſcience de Dieu &
qui nont peu enten dre celuy qui eſt par les choſes qui ſont veues eſtre
bonnes, & en conſiderant les oeuures nont pas cogneu celuy qui eſtoit
louurier. Sapien. 13. 1.
|| [ID00200]
sonet.
LE Cerf fit la Brebis deuant le Loup venir, Et veut que promteme ̅ t vn muy de bled luy paye, Quelle me doit, dit il: dont la Brebis ſeſmaye, Diſant: que de la dette elle na ſouuenir. Le Loup dit, quil falloit pour de frais ſabſtenir, Que la Brebis payaſt. La paurette ſeffraye, Promet de ſatisfaire, & le Cerf ſen eſgaye, Penſant quelle deuoit ſa promeſſe tenir. Au iour pris le Cerf vint, cuidant auoir recette: Mais la Brebis dit lors, en lui niant la dette, Que promeſſe na lieu eſtant forcée ainſy. Ainſi beaucop de gens font tort, par leur puiſſance, Aux foibles, pour auoir de leurs biens iouiſſance: Mais le foible peut bıen tromper le fort auſſy.E. VV.
|| [ID00201]
Neſtre ſuiet à promeſſe forcee. 98Menſonge eſt mauuais blaſme en lhomme, & ſera continuellement en la
bouche de ceux qui ſont en diſcipline. Eccl. 20. 25.
|| [ID00202]
sonet.
VNe Cheure ſortant de leſtable, ſen va Seule au champ, où vn Loup tout ieune vint à elle, Qui ſe prit à ſucer le laict de ſa mammelle: Auquel vne ſaueur aggreable il trouua. Ainſy, par vn long temps, dicellui ſabbreuua: Nonobſtant toutefois, ne cherchoit que cautelle, pour la Cheure tromper: qui eſtoit ſi fidelle, Quonques (le nouriſſant) elle ne le greua. Qua ̅ d le Loup deuint gra ̅ d, la Cheure lors comme ̅ ce A craindre, & ſe garder: car au vray elle penſe, Quelle nourrit cellui, qui ſa ruine veut. Ceſt vne vertu grande, & auſsy ſalutaire, Deſtre à ſon ennemy au beſoin volontaire: Mais il ſe faut garder de lui, le plus quon peut.E. VV.
|| [ID00203]
Faire bien á ſon ennemy. 99Pource auſsy le Souuerain a les pecheurs en haine, & rendra
vengeance aux meſchans. Eccl. 12. 6.
|| [ID00204]
sonet.
AVn Poulet ſen vint vn Chat malicieux, Et le grippe treſbien, diſant, que par droiture Il auoit merité de ſouffrir la mort dure, Pour la punition de ſon faict vicieux. Car tu iuches, dit il, ie lay veu de mes yeux, Sur ta mere & ta ſoeur: ô grande forfaiture! Puis tu cries ſi haut durant la nuit obſcure, Que pluſieurs en toyant deuiennent ennuyeux. Le poulet ſexcuſant, dit quà mal il ne penſe, Ains ſuit ſon naturel: mais, ſans plus daudience, Le Chat le feit mourir, & delui ſe repeut. Le meſchant, qui dautruy veut la mort ou do ̅ mage, Sil na par droit ſur lui pour le nuire auantage, Parforce & à grand tort il le fera, ſil peut.E. VV.
|| [ID00205]
Ne chercher occaſion de mal faire. 100Les parolles des meſchans ſont embuches au ſang: mais la bouche des Iu-
ſtes les deliuerera. Pro. 12. 6.
|| [ID00206]
sonet.
CE Chat, pour ſon vieil aage, eſta ̅ t plein de foibleſſe, Ne ſauoit plus courir, pour auoir promtement Les Rats & les Souris à ſon commandement: Qui auoient deſia pris fort grande hardieſſe. Parquoy, en ſauiſant de nouuelle fineſſe, Dans vne May ſen va mettre tout coyement, Pour viure deſormais vn peu plus aiſément, Laiſant Rats & Souris ſabuſer en lieſſe. Ah! dit il, les voyant, bien ie vous tromperay, Puis quapprochez ſi pres, ie vous attraperay, Ainſy lvn appres lautre eſtoient pris en la place. Neceſsité contraint, quand la force defaut, De chercher le moye n comme aider il ſe faut: Car ſouuent, comme on dit, Science Force paſſe.E. VV.
|| [ID00207]
Subtilité fait plus que force. 101Lhomme fin voiant le mal ſeſt caché, les ſimples paſſans outre, ont ſau-
ſtenu les dommages. Pro. 27. 12.
|| [ID00208]
sonet.
VN Chien eſtant venu à laage de vieilleſſe, De ſon maiſtre ſouue ̅ t des grands coups receuoit: Pource que deſormais plus chaſſer ne ſçauoit Ainſi quıl auoit fait le temps de ſa ieuneſſe. Le Chien ſe voiant faire vne telle rudeſſe, Dauoir quelque ſupport ſon Seigneur il prioit: Mais ceſtoit bien en vain quabboiant il crioit, Car on neut pas pourtant eſgard à ſa foibleſſe. Ie voy bien dit alors, le miſerable Chien, Que ceſt pour ton profit, ſi tu mas fait du bien, Mais ien ay maintenant bien pauure recompenſe. A pluſieurs ſeruiteurs, tout ainſi en aduient, Quant ils ne font plus rien, deux plus conte on ne tie ̅ t: Le ſeruice des grands neſt pas tel bien quon penſe.E. VV.
|| [ID00209]
Amour faulſe. 102Et le Roy Ioas nauoit aucune ſouuenance de la miſericorde, que Ioadae
pere de ceſtui auoit fait auecq lui. Paralip. 24. 22.
|| [ID00210]
sonet.
LHyuer, vn Laboureur, ayant neceſsité, Ses beſtes, pour manger, lvne apres lautre il tue: Voire meſme à la fin les boeufs de ſa charrue, Oubliant quil deuoit par eux eſtre aſsiſté. Ses Chiens tous eſtonnez de telle auſterité, Diſoient: Si noſtre maiſtre á tuer ſeſuertue Ceux dont il a beſoin, à craindre eſt quil ne rue De ſemblable façon ſur nous ſa cruauté. Gardons nous donc en te ̅ ps de ſa main dangereuſe, Pour ne mourir ainſy dvne mort malheureuſe: Souuent le bon ſeruice eſt mal recompenſé. Bien mal aux eſtrangers peut il eſtre amiable, Qui meſme vers les ſiens ſe monſtre impitoyable: Pourtant, il fault fuir vn tel homme incenſé.E. VV.
|| [ID00211]
Eſtre debonnaire aux ſiens. 103Lhomme miſericordieux fait bien à ſon ame, mais celuy qui eſt cruel, de-
boute auſsy les prochains. Pro. 11. 17.
|| [ID00212]
sonet.
Comme vn pauure Aſne eſtoit ſeruant vn Iardinier, Qui le battoit, dit il, à Iupiter ſupplie. Pour vn maiſtre nouueau, & que point il noublie A lui en bailler vn, qui ſoit plus familier. Iupiter auſſy toſt luy bailla vn Tuillier, Qui ſous peſants fardeaux de plus grands coups le lie. Il prie de rechef, quà vn autre il lallie: Lors Iupiter lui baille vn Conroyeur groſsier. Ceſtui là ne faiſoit que de coups le repaiſtre, Dont lAſne bien dolent dauoir changé de Maiſtre, Dit, que chez le premier tout le mieux il ſaimoit. Qui eſt bien, par raiſon, & change à lauenture, Puis apres ſil endure vne peine plus dure, Lorsil priſe cela que deuantil blamoit.E. VV.
|| [ID00213]
Tel cherche mieux quil trouue pire. 104Mais chemine ainſi que Dieu lui à departi chaſcun di ie comme le Sei-
gneur lappelle. Et ainſi iordonne en toutes les Egliſes. Cor. 7. 17.
|| [ID00214]
sonet.
LAſne, le Boeuf, La Mule, & auſſy le Chameau Enſemble ſe plaignoient deſtre eſclaue de lho ̅ me: Et meſme, quen ouurant de coups on les aſſomme: Dont lAſne ſeſt faché dendurer tel fardeau. Ie veux eſtre (dit il) pour vn plaiſir nouueau. De la Mule porté, ſans plus trauailler comme Iay fait iuſques icy. Or le Chameau, en ſomme, Et le Boeuf, pour manger, endurent ce fleau. Qui eſt mis pour ouurer, oiſif il ne doit eſtre, Ains pour gaigner la vie à louurage ſe mettre: Dont lAſne ne fait conte, & ſi veut bien manger. Aucuns ſont tant groſsiers, quil ne ſçauent rie ̅ faire, Fors laboureur la terre, & ne ſy veulent plaire, Aimans mieux eſtre oiſifs quà loeuure ſe ranger.E. VV.
|| [ID00215]
Trauailler pour manger. 105Tous ceux icy (manouuriers) ont eu eſperance en leurs mains, & vn chaſ-
cun eſt ſage en ſon art. Eccl. 38. 95.Il ne ſeſerront point ſur le ſiege du Iuge Eccle. 38. 37.
|| [ID00216]
sonet.
POur attraper argent, ce Iongleur, aſſez ſage, Vn Singe & vn Marmot ſi bien apris auoit A danſer & ſauter, comme faire il ſauoit, Quon prenoit grand plaiſir à voir leur baſtelage. Vne femme enuiron eſtoit, daſſez ieune aage, Ayant en ſon giron des noix, quelle caſſoit: Le Singe la voyant, ainſi comme il danſoit, Droit à elle ſen va, pour y auoir partage. Il prend le deuanteau, & cherche, le leuant, Dont la femme eut plus peur, que de ioye deuant: Mais croiez, quil y eut de tous belle riſee. Quand la perſonne auſſy laiſſe ſon bon ſcauoir, Et ſuit ſon naturel, pour ſon plaiſir auoir, Merueille ce neſt pas, ſelle en eſt meſpriſee.E. VV.
|| [ID00217]
Nature va deuant ſcience. 106Si lEthiopien peut muer ſa peau, ou le Leopard ſes diu erſes couleurs,
auſsy pourrez vous bien faire, quand vous aurez aprins le mal.
Ierem. 13. 23.
|| [ID00218]
sonet.
VN ieune filz ayant tout ſon bien deſpendu, Nauoit plus quvn habit, qui eſtoit ſa veſture, Voyant vne Arondelle avoler dauenture, Iuſques à ſa chemiſe à le reſte vendu. LEſté vient, penſoit il, ainſi lay ientendu: Mais contre ſon eſpoir reuint grande froidure, Qui martela ſon corps dvne force ſi dure, Que dangoiſſe il en fut tranſi & morfondu. Et regardant lAronde à demi (de froid) morte, Ah! dit il, Ceſt par toy quauons doleur ſi forte: Ta venue ma fait croire trop toſt lEſté. Celui qui en effect veut mettre quelque affaire, Ily doi??? bien penſer premier que de le faire: On eſt ſouuent deceu par ſa haſtiueté.E. VV.
|| [ID00219]
Neſaſſeurer ſur choſe variable. 107Celuy qui rend maux pour biens, le malne ſe partira point de ſa maiſon.
Prouer. 17. 13.
|| [ID00220]
sonet.
ICi notable exemple, ô yvrongnes prenez Ace Cerf, qui ſautan tapres ſa beuuerie, La iambe ſe rompit, par ſon yurongn erie, Tombant parmy vn tronc: cecy bien retenez. Il faiſoit les goblets remplis de vin tous nets, Quand ſon maiſtre appelloit aucune compagnie, Mais il prit ſon malheur en telle vilainie, Quonc depuis ne beut queau, ainſi vous abſtenez. Ce Bacchus (deſormais) ne veuillez plus enſuyure: Car doux ſemble le boire auec quoi il enyure, Mais le gouſt en deuient à la fin trop amer. Certes yurognerie eſt vilaine & infame, Elle gaſte le corps, & ſi fait perdre lame: Qui bien y penſeroit, ne la deuroit aimer.E. VV.
|| [ID00221]
DIuro
̅
gnerievie
̅
t peché, do
̅
mage et honte. 108Lafureur dIurognerie eſt loffenſe de limprude
̅
t, amoindriſſant la force,
& cauſant playes. Eccle. 31. 38.
|| [ID00222]
sonet.
VNe perdrix eſtant par vn Oiſeleur priſe, Prioit deſtre laſchee, & quelle ameneroit De ſes ſemblables tant en ſa Ret, quil ſeroit Content, & fort ioyeux dauoir creu ſa deuiſe. Non, reſpond lOiſeleur, hors tu ne ſeras miſe, Qui veut faire à autrui cela quil ne voudroit Quà lui meſme fuſt fait, il merite (à bon droit) Deſtre pris au filez de ſa meſme entrepriſe. puis donc que ie te tien maintenant en ma main, Et ſachant ton vouloir, ſans attendre à demain, La mort tu receuras, pour ton iuſte ſalaire. Son puniſſoit ainſy, en chacune ſaiſon, Celui qui entreprend de faire trahiſon, Au traiſtres ce ſeroit vn exemple vulgaire.E. VV.
|| [ID00223]
Qui trahit il ſe nuit. 109Si tu poſſedes vn Ami, poſſede le en tentation, & ne te ſie pas en lui de
leger. Eccle. 6. 7.
|| [ID00224]
sonet.
QVelque bon Laboureur vne Perdrix achette, La porte à ſon maiſon, au poulalier la met Aupres des Coqs, & là, vn murmurant cacquet Auecq grands coups de becs lui tombent ſur la teſte. Cela ne lui pleut pas, ny la place mal nette: Mais peu de tempsapres, de coſtume, il eſchet, Que les Coqs ſe battoient, dont ſur le coeur lui chet, Quelle ſe p ouuoit bien de ſouffrir tenir preſte. Si ces Coqs (diſoit elle) eſtans dvn naturel, Souuent lvn contre lautre ont debat ſi cruel, Ie puis bien prendre en gre la peine que iendure. Ainſi faut il apprendre à porter doucement La haine des peruers, qui couſtumierement Chargent autrui (á tort) de qu erelle & diniure.E. VV.
|| [ID00225]
Endurer, quand on ne peut mieux. 110Quand tu ſeras aſsis pour manger auec le Prince, conſidere diligemment
les choſes qui ſont miſes deuant toy. Pro. 23. 1.
|| [ID00226]
sonet.
VN Ruſtaut pratiqueur, pour pre ̅ dre Oyes & Grues, Va tendre ſes filets finement à couuert, Pource quelles venoient manger ſon bled en verd: It fit tant, quà la fin elles furent tenues. Tandis quil attendoit des autres les venues, Vne Cigoigne vint dans le filet ouuert, Qui fut priſe: & alors de priere ſe ſert, Pour pouuoir librement ſenuoler vers les nues. Ie ne te fis (dit elle) onques dommage en rien, Laiſſe moy donc aller. Tu mourras, auſsy bien, Reſpond le Laboureur, puis quicy ie te trouue. On doit ſoigneuſement des meſchans ſeſtranger, Craignant deſtre ſurpris auec eux au danger De la punition, que Vengeanceleur couue.E. VV.
|| [ID00227]
Les bons punis par les mauuais 111Que miſericorde & veritėne te delaiſſent point, environne les antour de
ton col & les eſcripsés tables de ton coeur. Pro. 3. 3.
|| [ID00228]
sonet.
CEſte pauure Brebis eſtant du Loup chaſſee, Fait tout ce quelle peut pour de lui eſchapper. Elle court ſi long temps, ſe gardant de chapper, Que dans vne Chapelle ouuerte ſeſt lancee. Puis dedans vn autre huis elle ſeſt auancee, Et le Loup pas, à pas qui la penſe happer, Lui meſme au meſme lieu ſeſt venu attraper, Animant contre lui ſa pourſuyte incenſee. Car de grande roideur ſi auant ſe fourra, Quen tournant ferma lhuis, & dedans ſenſerra, Don plus à la Brebis de nuire il neut enuie. Ces engouleurs auſsy, qui touſiours voudroie ̅ t bien Deuorer lInnocent, & ne lui laiſſer rien, Sont à la fin ſurpris de leur rage allouuie.E. VV.
|| [ID00229]
Les plus fins ſont ſouuent rompetz. 112Et cet homme là contemploit, ſans ſonner mot, pour ſçauoir ſi le Seigneur
auoit donné bonheur à ſon voyage, ou non. Geneſ. 24. 21.
|| [ID00230]
sonet.
IVppiter celebrant vn conuiue excellent, Y prie tous les Dieux, pour faire plus grandfeſte: Meſme de chacun genre y arriue vne beſte, Pour faire à ce grand Dieu quelque honneſte preſent. Vne Roſe vermeille y porte le Serpent, Et lui va preſenter: mais Iuppiter reiette Le donneur & le don, & des autres accepte Tous les preſents, deſquels, il ſe tient fort content. Apres il dit tout haut (faiſant à tous entendre) Que des mauuais ne faut iamais aucun don prendre: Tel donne aucunefois, que ceſt pour deceuoir. Ainſy celui qui dreſſe au Seigneur ſa priere, Eſtant plein de malice, il eſt mis en arriere: Ce neſt pas tel preſent que Dieu veut receuoir.E. VV.
|| [ID00231]
Neprendre les dons des mauuais. 113Donne au Souuerain, ſelonce quil ta donné: & fay en bon oeil linuention
de tes mains. Ne veuille point offrer mauuaıs dons: car ilne les
receura point. Et ne tadonne à faireſacrifice inıuſte.
Eccl. 35. 10. 12. 13.
|| [ID00232]
sonet.
LA Mouche fit preſent de ſon miel amiable Au puiſſant Iuppiter, lui priant humblement, Que quiconque en viendroit prendre furtiuement, Eſtant delle piqué, quil mouruſt miſerable. Iaçoit quà Iuppiter ce don fuſt aggreable, Voyant ſon mauuais coeur, Ie veux tout autrement (Dit il) que tu ne fais: car le meſme tourment Quà autrui faire veux, te ſera dommageable. Quand de ton aguillon quelquun piqué auras, Sil demeure en ſa chair, ſans doute tu mourras: Car en ton aguillon conſiſtera ta vie. Priere à Dieu ne plait, faite dvn mauuais coeur: Et qui à ſon prochain porte haine ou rancueur, Le mal tombe ſur lui, quil a de faire enuie,E. VV.
|| [ID00233]
Requerir Dieu pour choſe bonne. 114Et quand ſes diſciples, à ſcauoir Iaques & Iean virent cela, ils dirent:
Seigneur veux tu que nous diſions que le feu deſcende du Ciel & les con-
ſume. Luc. 9. 52.
|| [ID00234]
sonet.
BIen orné de plumart, deſtriers, de bride, & ſelle, Seul alloit à la guere vn Cheual courageux. Vne Truye voyant que fort auantageux Et hardy ſe monſtroit, comme il paſſoit, lappelle. Helas, pauure Cheual, tu ten va (ce dit elle) Metre en hazard de mort au combat outrageux. Et toy, dit le Cheual, dans ce bourbier fangeux, Penſes tu là trouuer vne vie immortelle? Tu ne vis que bien peu, puis on te met à mort Sans gloire ny renom, & moy, par mon effort, Moura ̅ t pour mon Seigneur, iobtien loz perdurable. Beaucoup ne faiſans rien, viuent co ̅ me pourceaux, Et mangent nonobſtant les plus friands morceaux: Et pluſieurs, par leur faicts, cherche ̅ t gloire ho ̅ norable.E. VV.
|| [ID00235]
Mourir auec honneur pour ne viure auec
honte. 115Adone ioui vne voix du Ciel, me diſant: Bienheureux ſont les morts qui
meurent au Seigneur. Deſormais (dit lEſprit) quils ſe repoſent de leurs
Labeurs, car leurs oeuures les ſuiuent. Apoc. 14. 13.
|| [ID00236]
sonet.
LE pauure Aſne eſtimoit vn Cheual bien heureux, Dautant quon le tenoit en eſtat magnifique: Et lui, queſtant chargé, ſans repos on le pique, Dontil ſe reputoit beaucoup plus malheureux. Or aduint quon mena ce Cheual vigoreux, Bien armé de tout poinct, à quelque guerre inique. LAſne à conſiderer diligemment ſapplique, Voyant domté cellui, qui meſme eſt rigoreux: Ah! dit il, iayme mieux eſtre humble Aſne à lou- Que Cheual à la guerre, auec vn fier courage, (urage Où il ne faut quvn coup pour y eſtre abbatu. Lheur ne giſt pas touſiours en richeſſe ou puiſſance: Le pauure eſt plus heureux, quand il a ſuffiſance, Eſtant bien reueſtu de conſtante vertu.E. VV.
|| [ID00237]
Ne ſeſtimer heureux ſelon le monde. 116Mieux vaut le patient que lhome fort, & celuy qui domine ſur ſon cou-
rage, vaut mieux que celuy qui conqueſte les villes. Pro. 26. 32.
|| [ID00238]
sonet.
VN ſuperbe Cheual ſe promenant, ſans guide, Trouua ſoubz vn grand faiz vn pauure Aſne baſté. Qui ne ſeſt du chemin pour le Cheual haſté, Iaçoit quil fuſt orné deſtriers, de ſelle, & bride. Pour peu, dit le Cheual à cet Aſne ſtupide, Te fouleroy-iaux pieds: lAſne alors de coſté Soudain (de peur) ſe mit. Apres, fut deputé Ce Cheual (eſtant vieil) pour mener fange humide. Son maiſtre auoit repris toutſon braue ornement: Dont lAſne le voyant traité ſi pauurement, Et bien amy, dit il, dou vient ceſte meſchance? Ainſi à lorgueilleux communement aduient, Qui ayant eſté riche en fin pauure deuient, Et par ſon arrogance eſt mis à non-chalance.E. VV.
|| [ID00239]
Neſtre orgueilleux pour ſa proſperité. 117Il a fait puiſſance par ſon bras: il a deſconfit les orgueilleux en la penſer
de leur coeur. Luc. 1. 15.
|| [ID00240]
sonet.
EN Flandres fut vn Coq ſuperbe, & fort ialoux, Qui en ſe promenant, & brauant au poſsible, Rencontra vn Coq dInde, amiable & paiſible, Dont il fut tout eſmeu, & troublé de courroux. Aux poules & poulets le Coq dInde eſtoit doux, Et conuerſoit auec ſans leur eſtre nuiſible, Mais le Flandrois lui fit vn combat ſi terrible, Que les poules noſoient approcher pour les coups. Le Coq dInde voyant que ̅ paix neuſt ſceu là eſtre, Va chercher autre lieu, pour en repos ſe mettre, Eſtimant bien heureux, qui eſt en ſa maiſon. Aucuns ſont ſi peruers, & ſi chargez denuie, Quvn Eſtranger ne peut chez eux gaigner ſa vie, Tant ils ſont eſtrangez dequitable raiſon.E. VV.
|| [ID00241]
Ne fouler leſtranger.Si aucun eſtranger habite en voſtre terre & demeure entre vous, vous ne
luy reprocherez point. Leuit. 19. 33.
|| [ID00242]
sonet.
COmme vn Milan eſtoit au lict tout languiſſant, Pour le mal quil ſentoit, il appelle ſa mere: A laquelle il a dit, auec douleur amere, Quelle priaſt pour luy au Seigneur tout puiſſant. Iay beſoin de ſanté, dit il en gemiſſant. Mais ſa mere, reſpond dvne voix bien ſeuere, Dieu (dıt elle) punit cil qui ne le reuere, Et qui neſt à ſa Loy fidele obeiſant. Or tu las contemné, & commis grande offenſe, Les Temples violant: pourtant donques ne penſe Que Dieu face mercy, quand on loffenſe ainſy. Qui Dieu ne reconoit, en toute reuerence, Des bien-faicts quil reçoit en ſa conualeſcence, Dieu le delaiſſe auſſy en ſon triſte ſoucy.E. VV.
|| [ID00243]
Jlfault loüer Dieu en tout temps. 119Siiay regardé iniquité en mon coeur, le Seigneur ne mexaucera point.
Pſal. 95. 18.
|| [ID00244]
sonet.
LAuſtruche ſe vantoit de ſon braue plumage, Et le Roſſignolet de ſon chant gringoteux. Enſemble debatans, vouloient auoir tous deux Sur tous autres Oiſeaux de l honneur lauantage. Mes plumes (dit lAuſtruche) apporte ̅ t gra ̅ d gaignage Pour ſeruir dornement aux hommes genereux. Et (dit le Roſſignol) par mon chant doucereux, Aux Amans langoureux ieſueille le courage. Ton plumage (dit il) neſt quamorce dorgueil. LAuſtruche, à ce propos, engendrant quelque dueil, Se teut: Lors, en chautant, le Roſsignol ſen vole. Aucuns eſtans doüez defaconde ou, beauté, Seſtiment les premiers dune Communauté, Par eſtre trop enflez dune arrogancefole.E. VV.
|| [ID00245]
Vn chacun priſe ſa marchaudiſe.Car qui eſt ce quite met en reputation? & queſt ce que tu as que tu nayes
receu? pour quoy ten glorifiés tu, co
̅
me ſi tu ne lauois point receu? Cor. 4. 7.
|| [ID00246]
sonet.
AV monde neſt Oiſeau qui ait vn tel ſouci Deſleuer ſes petits, dvn amour fauorable, Que la Cigoigne fait, tant elle eſt pitoiable, Comme en les nourriſſant bien elle monſtre auſsi. Car ſi ſoigneux deuoir elle fait en ceci, Quà ſes ieunes en laiſſe exemple memorable, Pour bien ſe ſouuenir à faire le ſemblable, Et quon doit au beſoin ſaider lvn lautre ainſi, Les ieunes retenans lamiable nature De leur pere & leur mere, ils prenent auſsi cure A les entretenir, quand en vieilleſſe ils ſont. La perſonne doit bien faire toute aſsiſtence A pere & mere, alors quils en ont indigence, Veu que des Oiſeaux (meſme) à leurs parens le font.E. VV.
|| [ID00247]
On doit aider à pere & mere. 121Le pere du iuſte ſe reſiouit de ioye: & celuy quia engendré le ſage ſe re-
ſıouira en ıceluy. Pro. 23. 24.
|| [ID00248]
sonet.
CE pauure Aſne chargé de bonne nourriture, Tant boire que manger, ſe crauante à porter Pour en nourrir autruy: mais pour ſe ſuſtenter, De chardons & deau paiſt ſa ſeruile nature. Vn Pinſe maille auſſy, qui prend peine ſi dure, Sans aiſe ne repos, pour ſes biens augmenter, En quel plaiſir luy peut ſon deuoir proufiter, Ven quauec ſes grands biens pauureté il endure? On void communement quil en aduient ainſi, Quun tel eſt ſi chagrin, & ſi plein de ſouci, Que de ſon propre bien na plaiſir ne ſeruice. Et peut eſtre vn Prodigue à la fin jouyra De ce quà grand trauail amaſſé il aura: Voila le plaiſant fruit de la ſerue Auarice.E. VV.
|| [ID00249]
Jlfaut ſaider du ſien. 122Lhomme à qui Dieu a donné richeſſes & cheuance & honneur, & nya rien
qui defaille à ſon ame de toutes les choſes quelle deſire: & toutefois Dieune
luy a pas donné puiſſance de
̅
pouuoir manger: mais vn ho
̅
me eſtrange le de-
uorera: ceſte choſe eſt vanité, & treſgrande miſere. Eccle. 6. 2.
|| [ID00250]
sonet.
QVand le Cygne ſe void approcher de ſa mort, Il ſe met à chanter dvne vois non-pareille: Dont la Cigoigne eſtant eſ bahie à merueille, Lui demande pour quoi il ſeſioüit ſi fort. Ce neſt (dit il) en vain que ie pren reconfort, Et ne faut ia pourtant que nul ſen eſmerveille, Car ie ſen mon repos qui prochain ſappareille, Pour me tirer dvn lieu comblé de deſconfort. Iay eſté en peril tout le temps de ma vie, Laquelle na eſté qua trauail aſſeruie, Et maintenant la mort finira mes trauaux. Ainſi ſe doit touſiours preparer la perſonne A volontiers mourir, quand le Seigneur lordonne: Car tant plus elle vit, plus elle fait de maux.E. VV.
|| [ID00251]
Mourir volontiers. 123Lemeſchant ſera debouté pour ſa malice: mais le iuſte a eſpoir en ſa mort.
Pro. 14. 32.
|| [ID00252]
sonet.
Le ſeul Oiſeau Phoenix, à la fin de ſa vie, Apres auoir veſcu ſix cens & ſoixante ans, Vn arbre va choiſir, quand il ſait quıl eſt tans, Aupres dvne fontaine, à fin quil y deſuie. Où pour faire ſon nid, tel quil en a enuie, Caſſe branches dencens, & rameaux bien ſentans, Et autres odeurs prend, à luy ſe preſentans, Dedans ſon beau pays de lheureuſe Arabie. De ſes aeſles apres ſon nid il bat ſi fort Au Soleil, quil ſe brule: puis de ſes cendres ſort Vn Ver, qui en Phoenix apres ſe renouuelle. Cecy peut demonſtrer, que Ieſus ſeſt offert A ſon Pere, en ſon temps: puis ayant mort ſouffert, Sa Reſurrection nous rend vie nouuelle.E. VV.
|| [ID00253]
Qua
̅
dJeuneſſe defaut plus aua
̅
t pe
̅
ſer faut. 124Aſçauoir que vous oſtiez le vieil homme, quant à la conuerſation prece-
dente, lequel ſe corompt par les concupiſcences qui ſeduiſent. Eph. 4. 22.
|| [ID00254]
sonet.
AImez Iuſtice, vous, qui la terre iugez Et ſi vous abondez en richeſſe mondaine, Ny mettez voſtre coeur: mais fuyant choſe vaine, Faites droit deuant Dieu, aidant les affligez. Et imitant le bien, du mal vous eſtrangez: Car, ainſi comme dit la bonté ſouueraine, Le iuſte fleurira (ſa parole eſt certaine) Comme la Palme fait: en ce vous ſoulagez. Exercez donc iuſtice, & ce quelle commande, Rendant à vn chaſcun le droit quil vous demande, Et vous ſerez de Dieu & des hommes amis. Pour exemple ſuiuez la Cigoigne amiable, Qui dvn droit naturel, certes bien admirable, De ſon nidtous les ans diſme vn de ſes petis.E. VV.
|| [ID00255]
Faire droit à chaſcun. 125Crain Dieu, & garde ſes commandemens: car ceſt le tout de
lhomme. Eccle. 12. d.
|| [ID00256]
A.
- ABeilles et Ours. 73.
- Adoleſcent et Arondelle 107.
- Aigle et Limaçon 85.
- Aigle et Corbeau 50.
- Aigle et Regnarde 29.
- Aigneau et Loup 32.
- Aigneau, Loup et Bouc 70.
- Amis et Ours 30.
- Aquilon et Phoebus 13.
- Arondelle et Adoleſcent 107.
- Aſne, Boeuf, Mule et Chameau 105.
- Aſne chargé de bois 116.
- Aſne chargé de viande 122
- Aſne et Cheual 35. 65. 117.
- Aſne et Chien. 31.
- Aſne et Lion 4.
- Aſne et ſes trois maiſtres 104
- Aſne, Regnard et Lion 90
- Aſne et Sanglier 52.
- Aubereau et autres oyſeaux 68.
- Auſtruche et Roſsignol 120.
B.
- Baſilique et Belette 6.
- Belier et Taureau 79.
- Berger et Loup. 17.
- Beſtes et Lion 60.
- Beſtes et Oyſeaux 53.
- Boeuf et Chien 34
- Boeufs et Cerf 59.
- Boeuf et Geniſſe 48.
- Boeuf et Grenoüille 38.
- Boeuf, Mule, Chameau et Aſne 105.
- Bouc Aigneau et Loup 70.
- Bouc et Regnard. 42.
- Brebis et Cerf 98
- Brebis et Corbeau 27.
- Brebis et Loup 61. 112.
- Brebis et Loups 11.
- Buzart et corneille 49
C.
- Chameleon 78.
- Chameau, Mule, Boeuf et Aſne 105.
- Chartier et Cheual 1.
- Chat et Poulet 100.
- Chat et Singe 64.
- Chat et vieille Soury 101
- Chats et Regnard 23
- Cheſne et Orme 3.
- Cheual et Chartier 1.
- Cheual et Aſne 35. 65. 117.
- Cheual et Cerf 41.
- Cheual et Lion. 8.
- Cheual et Truye 115.
- Cheureau et Loup 55.
- Cheure et ieune Loup 99.
- Chien et Aſne 31.
- Chien et Boeuf 34
- Chien et Larron 33
- Chien vieil et ſon Maiſtre 102.
- Chien et Mareſchal 66.
- Chien et vmbre. 56.
- Chiens et Laboureur 103.
- Cigale et Fourmy 14.
- Cigne et Gigoigne 123
- Cigoigne enuieilly 121
- Cigoigne et Laboureur 111.
- Cigoigne qui diſme ſes petits 125
- Cocq et Diamant 51.
- Cocq de flandre et dInde 118.
- Cocqs et Perdrix 110.
- Colombes et Eſpreuier 40.
- Corbeau et Aigle 50.
- Corbeau et Brebis 27.
- Corbeau et Regnard 36.
- Corbeau et Scorpion 74.
- Corneille et Buzart 49.
- Coucou et Eſcoufle 86.
- Couleuure et ruſtique 88.
E.
- Elephant et dragon 72
- Eſcoufle et Coucon 86.
|| [ID00257]
- Eſcreuiſſes marines 25.
- Eſpreuieret colombes 40.
F.
- Femme et Geline 19.
- Foreſt et Paiſant 57.
- Fourmy et Cigale 14.
- Fourmy et Mouſche 71.
- Freſne et Roſeau 16.
G.
- Gay deſguiſè 58.
- Geline et femme 19
- Geniſſe et Boeuf 48.
- Grenoüille et Boeuf 38.
- Grenoüilles et leur Roy 54.
- Grenoüille et Soury 37.
- Grué et Loup 15.
- Gruë et Regnard 9.
H.
- Heriſſon et Loup. 76.
- Heriſſon et Serpent 77.
- Homme et Idole 22.
- Homme et Lion 89.
- Homme et mort 5.
I.
- Iongleur, Singe et Marmot 106
- Iuppiter et Grenoüilles 54
- Iuppiter et Mouſche à miel 114.
- Iuppiter et Serpent 113.
L.
- Laboureur et ſes Chiens 103.
- Laboureur et Cigoigne 111.
- Laboureur et Soury. 81.
- Larron et Chien 33.
- Lieures craignants 62.
- Lieure et Regnard 94.
- Lieure et Tortué 26.
- Limaçon et Aigle 85.
- Lime et Serpent 24.
- Lion et aſne 4.
- Lion et Beſtes 60.
- Lion et Cheual. 8.
- Lion enuieilly. 69.
- Lion et homme 89.
- Lion et Ours 43.
- Lion et Rat 12.
- Lion et Regnard. 2. 91.
- Lion, Regnard et Aſne. 90.
- Lion, Sanglier et Vaultour 92.
- Loup et Aigneau 32.
- Loup, Aigneau et Bouc 70.
- Loup et Berger 17.
- Loup et Brebis. 61. 112.
- Loup en habit de Brebis 75.
- Loup et Cheureau 55.
- Loup ieune et Cheure 99
- Loup et Gruë 15.
- Loup et Heriſſon 76.
- Loup et Mouton 21.
- Loup et Regnard 93
- Loup et Teſte dhomme 97.
- Loup et Truye 18.
- Loups et Brebis 11.
M.
- Maiſtres et Aſne 104.
- Maiſtre et Chien 102.
- Mareſchal et Chien 66.
- Marmot, Iongleur et Singe 106.
- Milan malade 119.
- Milan et Roſsignol 87.
- Montaigne et Soury 46.
- Mort et homme 5.
- Mouſche et Fourmy 71.
- Mouſche à miel et Iuppiter 114.
- Mouſches et Regnard 28.
- Mouton et Loup 21.
- Mule ſuperbe. 20.
- Mule, Chameau, Boeuf et Aſne 105.
O.
- Oiſeaux et Beſtes 53.
- Oiſeaux et Haubereau 98.
- Oiſeaux et Paon, 47.
- Oiſeleur et Perdrix 109.
- Oiſeleur et Tourte 45.
- Oiſeleur et Pinſon 82.
- Orme et Cheſne 3.
- Ours et Amis 30.
- Ours et Abeilles 70
- Ours et Lion, 43.
- Ouytre et Rat 84,
P.
- Paiſant et Foreſt 57.
- Paiſant et Satyre. 83.
- Paon et Oyſeaux 47.
- Paon et Roſsignol 10.
|| [ID00258]
- Perdrix & Oiſeleur 109.
- Perdrix & Cocqs 100
- Phaebus & Aquilon 13.
- Phoenix vnique 124.
- Pinſon & Oiſeleur 82.
- Poule & Chat 110.
- Poule & ſes Poulſins 80.
R.
- Rat et Lion 12.
- Rat & Ouytre 84.
- Regnard, Aſne et Lion 90
- Regnard et Bouc 42.
- Regnard & Chats 23.
- Regnard et Corbeau 36.
- Regnard eſqueüè 67.
- Regnard et Grué 9.
- Regnard et Lieure 94.
- Regnard et Lion 2. 91.
- Regnard et Loup. 93.
- Regnard et Mouſches 28.
- Regnard et Raiſins 63.
- Regnard et Singe 96.
- Regnarde et Aigle 29.
- Roſeau et Freſne 16.
- Roſsignol et Auſtruche 120.
- Roſsignol et Milan 87.
- Roſsignol et Paon 10.
- Ruſtique et Couleuure 88.
- Sanglier et Aſne 52.
- Sanglier, Vaultour, & Lion 92.
- Satyre et Paiſant 83,
- Scorpion et Corbeau 74
- Serpent et Heriſſon 77.
- Serpent et Iuppiter 113.
- Serpent et Lime 24.
- Singe et Chat 64.
- Singe et ſes Enfans 7.
- Singe, Marmot et Iongleur 106.
- Singe et Regnard 96.
- Souri & Grenouille 37.
- Soury et Laboureur. 81.
- Soury et Montaigne 46.
- Soury et Taureau 95.
- Souris citadine et villageoiſe. 44.
- Souris et vieil chat 101.
T.
- Taureau et Belier 79.
- Taureau et Soury 95.
- Teſte dhomme et Loup 97.
- Tortue et Lieure 26.
- Tourte et Oiſeleur 45.
- Truye et Cheual 115.
- Truye et Loup. 18.
A
- Amitiè feinte delaiſſe au beſoing. 30.
- Amour faulſe 102.
- Amour folle aux enfans. 7.
- Arrogance renuerſée 38.
- Ay der autruy à ſon dommage 57.
C.
- Celuy qui chaſſe vn autre neſt meſme à repos 41.
- Ceſt ſottiſe priſer & deſpriſer 39.
- Ceſt tout que de ſe faire aymer 69.
- Chaſcun peıt faire recompenſe 12.
- Confidence mal fondèe| 59.
- Conſeılfraudulent 49.
- Conſeiller autruy pour ſon bien 67.
- Croire de leger deçoit 42.
D.
- Deffendre les innocens 80.
- Demourer en ſa vocation 31.
- De ſe meſurer à ſon aune 50.
- Deſtoyautè encourt infamie 53.
- Des maux faut choiſir le moindre 28.
- Diſſention des amis les fait proye aux eſtrangers 37.
- Doubteuſe delice & ſeure neceſsitè 44.
- Dyurognerie vient pechè, dommage & honte 108.
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E.
- Endurer quand on ne peut mieux 110.
- Eſtre debonnaire aux ſiens 103.
- Eſtre ſage au peril dautruy 2.
- Exercıce aßidu vainc iout 26.
F.
- Faire bien à ſon ennemy 99.
- Faire bien par le mal dautruy 90.
- Faire droit à chacun 125.
- Faire plus & ne dire tant 23.
- Faux rapport eſt à craindre. 94.
- Feindrè ne vouloir ce quo ̅ ne peut auoir 63
- Felicitè ou on ſe perd 48.
- Flatterie deçoıt le mal aduiſè 36.
- Frauder le Fraudeur 9.
- Folle preſomption. 52.
I.
- Il faut louer Dieu en tout temps 119.
- Il faut ſaider du ſien. 122.
- Il ne fault contemner perſonne 29.
- Il vaut mieux ſeul qua mauuaiſe compaignie 77.
- Iuſte loyer de limpiteux 35.
L
- La faim fait meſpriſer la Ioye 88.
- Le guetteur ſurprıns 45
- Le mal vılain dıngratitude 15.
- Le menteur perd le credit 17.
- Lenuieux ne cerche qua nuire 34
- Le Roy ſert à defendre les bons & punir les mauuais 47.
- Le ſalut des ſubiects èſt le pouuoir des Princes 3.
- Le ſuperbe abatu. 16.
- Le tiran neſt exempt de peine 72.
- Les bons punis par les mauuais 111.
- Les moqueurs ſont mocquez 86.
- Les plus fins ſont ſouuent trompez 112.
- Les fimples aiſement deceuz 11.
- Lhomme double de coeur eſt inconſtant en ſes voyes 78.
- Linnocent opprimè en droit 61.
- Lobeiſſa ̅ ce aux bo ̅ s pare ̅ s preſerue de mort 55
M.
- Meſme faire & enſeigner 25,
- Mourir auec honneur pour ne viure auec honte 115.
- Mourir voluntiers 123.
N.
- Naffliger aucun ſans deffence. 27
- Nattendre à faire bien à force 22.
- Nature paſſe ſcience 106
- Ne cercher occaſion de mal faire 100,
- Ne cercher ſon malheur 73.
- Ne croire legerement 83.
- Ne delaiſſer le ſeur pour lincertain 56.
- Ne fouler leſtranger 118.
- Ne nuire autruy pour ſon proffit 64.
- Ne prendre les dons des mauuais 113
- Ne regarder à lapparence 21.
- Ne rendre mal pour bien 88.
- Ne requerir ayde aux Tyrans 40.
- Ne ſçauoir vſer de richeſſe 51.
- Ne ſaſſeurer ſur choſe variable 107.
- Ne ſe fier à lennemy 76.
- Ne ſe fier point au feint amy 18.
- Ne ſeſiouir trop toſt 92.
- Ne ſe prendre pas à ſon maiſtre 24
- Ne ſeſtimer heureux ſelon de monde 116,
- Neſtimer lennemy tropfoible 95.
- Neſtre bragueur du bien dautruy 58.
- Neſtre enuieux du bien dautruy 93.
- Neſtre orgueilleux pour ſa proſperitè 117.
- Neſtre ſubiect à promeſſe forcèe 98.
- Nirriter ſon plus fort 4.
O.
- On cognoit à loeuure louurier 20.
- On cognoit lamy au beſoin 81.
- On cognoit larbre au fruit 75.
- On doit ayder à Pere & Mere 121.
- On doit veſtir les nuds 96.
P.
- Perdre par trop deſirer 19.
- Plus peut douceur que rigueur 13.
- Poiſon dedans le ſucre 68.
- Poure et piteux ſoulagement 65.
- Preferer profit à plaiſir 71.
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Q.
- Quand ieuneſſe defaut plus auant pen- ſer faut 124.
- Qui eſt bien ne ſe bouge 84.
- Qui ne trauaille ne mange außi. 66.
- Qui promet doit 85.
- Qui refuſe apres muſe 82.
- Qui reiette vn bon Prince en reçoit vn mauuais 54.
- Qui ſe vange il endure 54
- Qui trahit ıl ſe nuict 109.
S.
- Sageſſe contre aſtuce 8.
- Sappriuoiſer prudentement 91.
- Se cognoıſtre ſoy meſme 79.
- Se contenter de ſa grace 10.
- Se deffendre de conſeil & force 6.
- Se tenir auec ſes pareils 60.
- Subtilitè faıt plus que force 101.
T.
- Tel appelle la mort qui point ne la deſire 5
- Tel cerche mieux, qui trouue pire 104.
- Tel ſe vante qui ſe trompe 89.
- Touſiours le meſchant cerche à nuire 32.
- Tous peuuent ſeruir au beſoin 43.
- Tout ce qui reluit neſt pasor 46.
- Trauailler pour manger 105
V.
- Vigilance à aſſez & paraſſe def- faut 14.
- Vn chaſcun priſe ſa marchandiſe 120.
- Vraye fidelite cerche le proffit de ſon mai- ſtre 33.
- Voy bien auec qui tu te mets 70.
Le premier nombre denote le feüillet, & le
ſecond la ligne.
Au ſecond huytain, au vers 5. pour Cil, lis Sil. au 3. huytain vers. 1. pour viens lis
viença. au dernier, vers 5. pour lennuy lis lenuy. vers 8. pour fait tout, lis fait pas tout
7. 9. pour grande, lis. grand. 8. 2. pour la à lis à la. 17. 7. pour Truye pleine lis
Truye fort pleyne. 18. 2. pour fa, lis ſa. 19. 5. pour ia, lis ie. 26. au Tiltre, pour du Brebis,
lis de la Brebis. 27. 11. pour plus nuire, lis bien plus nuire. 41. 5. pour corage, lis cou-
rage. 53. 7. pour nous voulons, lis, nous ne voulons 53. 11. pour paiſiblè, lis paiſible.
80. 5. pour ſoffloit, lis ſouffloit. 82. 6. pour eſcuelle pleyne, lis, eſcuelle aſſez pley-
ne. 82. 8. pour que, lis qui. 86. au Tiltre pour pomet, lis promet, 90. 11. pour mallaıſe, lıs
malaiſe. 93. au Tiltre pour enuiex, lis enuieux. 100. 8. pour laiſant, lıs laiſſant. 109. 2.
pour ſon maiſon, lis ſa maiſon. 110. 4. pour It fit, lis Et fit. 211, 11. pour don, lis dont,
112. au Tiltre pour rompets, lis trompez. 119. 11. pour chautant, lis chantant.A. ANVERS.
Chez Gerard Smits, pour Philippe
Galle.
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