Transkription

La Chymie Charitable Et Facile, En faveur des Dames / Par Damoiselle M. M. [i.e. Marie Meurdrac]
Meurdrac, Marie
[Inhaltsverzeichnis]
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LA CHYMIE CHARITABLE ET FACILE, En faveur des Dames. Par Damoiſelle M. M. SECONDE EDITION.
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A PARIS, Chez Jean d’Hoüry, à l’Image S. Jean, ſur le Quay des Auguſtins.
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M. DC. LXXIV. Avec Privilege & Approbation.
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A MADAME LA COMTESSE DE GVICHE.
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MADAME, Auſſi-toſt que je me ſuis re- ſoluë à laiſſer ſortir ce Livre de mes mains, j’ay eſté inspirée de vous en faire un ſacrifice. Mon cœur tout transporté, ſans faire reflexion ſur la grandeur de vo [ID00008] ſtre merite, & ſur les défauts de mon Ouvrage, y a conſenti avec ioye: la raiſon m’a voulu faire connoiſtre ma temerité; elle m’a fait un Portrait de vos perfe- ctions ſi éclatant, que ie n’ay pû conſiderer voſtre illuſtre Naiſſan- ce, voſtre grande Vertu, & voſtre rare Beauté, qu’avec un reſpect meſlé de crainte & de ve- neration. Elle m’a repreſenté les ſervices que vos Anceſtres ont rendu à la France, la conduite du Conneſtable de Leſdiguieres, & la ſage adminiſtration du Duc de Sully, que le plus grand de tous les Monarques ne ſe con- tenta pas de gratifier de la charge de Premier Miniſtre, & de celle [ID00009] de Grand Maiſtre de l’Artille- rie, mais voulut encore honorer de ſon alliance par le mariage de Mademoiſelle de Courtenay. Elle m’a fait voir que Vous eſtes petite- Fille d’un Chancelier le plus ac- comply qui ait iamais poſſedé cet- te charge; fille d’un Duc & Pair, belle-fille d’un Mareſchal de France, & femme d’un des plus vaillans Capitaines de l’V- nivers. Toutes ces conſiderations Madame, m’euſſent obligé de garder le ſilence, ſans une puiſſan- ce ſuperieure, qui m’a donné l’aſſeurance que la Grandeur eſtoit genereuſe, la Nobleſſe obligeante, la Beauté douce & affable; & que voſtre Bonté conſidereroit [ID00010] plutoſt mon intention respectueuſe que ma preſomption. Appuyée ſur ces fondemens ie prens la liberté, Madame, de vous preſenter ce petit fruict de mes veilles: il s’intereſſe à la conſervation de voſtre ſanté, puis qu’il vous don- nera quantité de remedes pour y contribuer. S’il a l’honneur de vous plaire, ie vous puis aſſeurer qu’il eſt veritable & fidelle; & que ma plus grande paßion eſt de vous témoigner avec quelle ſou- mißion ie ſuis,

MADAME,
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A MADEMOISELLE MEVRDRAC, Sur ſon Livre de Chymie, dedié à Madame la Comteſſe de Guiche.
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SONNET.
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Dv Pelletier.
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A MADEMOISELLE MEVRDRAC, Sur la dedicace de ſon Livre.
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SIXAIN.
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Angeliqve Salerne.
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A MADEMOISELLE MEVRDRAC, Sur ſa Chymie Charitable & facile.
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SONNET.
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P. D. L.
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PROSOPOPEE D’APOLLON, Sur l’Ouvrage de Mademoiſelle Mevrdrac.
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SONNET.
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I. D. S. N.
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A MADEMOISELLE MEVRDRAC, Sur ſon Livre de Chymie.
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SONNET.
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Dv Pelletier,
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SONNET.
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M. lle D. I.
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TABLE DES CHAPITRES.
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PREMIERE PARTIE.
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Avant-propos.
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Des diſtillations.
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SECONDE PARTIE.
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TROISIESME PARTIE.
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QVATRIESME PARTIE.
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CIN QVIESME PARTIE.
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SIXIESME PARTIE.
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Extrait du Privilege du Roy.
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PAr grace & Privilege du Roy, il eſt per- mis à Damoiſelle Marie Meurdrac de faire imprimer un Livre qu’elle a compoſé, intitulé La Chymie Charitable & facile, &c. pendant l’eſpace de dix années: avec defenſes à tous autres d’en imprimer, vendre ou debi- ter pendant ledit temps, ſans le conſentement de ladite Expoſante ou de ceux qui auront droit d’elle, ſous les peines portées plus amplement par ledit Privilege. Donné à Paris le 20. De- cembre 1665. Signé, De Quigy. Et ladite Damoiſelle Marie Meurdrac a cedé & tranſporté ſon droit de Privilege pour le temps & aux clauſes qu’il contient, à Jean d’Hoüry, Marchand Libraire, ſuivant l’accord fait entr’eux. Regiſtré ſur le Livre de la Communauté le 5. Ian- vier 1666. Signé, PIGET.

Approbation des Docteurs en Medecine.
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NOus ſouſſignez Docteurs Regens en la Faculté de Medecine à Paris, certifions avoir veu & leu un Livre intitulé La Chymic Charitable & facile: Compoſé par Damoiſelle Marie Meudrac dans lequel nous ne trou- vons rien qui ne puiſſe eſtre utile au Public. En foy dequoy nous avons ſouſcrit. Fait ce 10. Decembre 1665.Signez, Le Vignon Doyen. De Caen. De Bourges.
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AV ANTPROPOS.
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QVand j’ay co̅mencé ce petit Traité, ç’a eſté pour ma ſeule ſatisfaction, & pour ne pas perdre la memoire des con- noiſſances que je me ſuis acquiſes par un long travail, & par diverſes expe- riences pluſieurs fois reïterées. Ie ne puis celer que le voyant achevé mieux que je n'euſſe oſé eſperer, j’ay eſté ten- tée de le publier: mais ſi j’avois des raiſons pour le mettre en lumiere, j’en avois pour le tenir caché, & ne le pas expoſer à la cenſure generale. Dans ce combat je ſuis demeurée prés de deux ans irreſoluë: je m’objectois à moy- meſme que ce n’eſtoit pas la profeſſion d’une femme d’enſeigner; qu’elle doit demeurer dans le ſilence, écouter & apprendre, ſans teſmoigner qu’elle ſçait: qu’il eſt au deſſus d’elle de don- ner un Ouvrage au public, & que cette [ID00037] reputation n’eſt pas d’ordinaire avan- tageuſe, puiſque les hommes mépriſent & blaſment touſiours les productions qui partent de l’eſprit d’une femme. D’ailleurs, que les ſecrets ne ſe veulent pas divulguer; & qu’enfin il ſe trouve- roit, peut-eſtre, dans ma maniere d’é- crire bien des choſes à reprendre. Ie me flattois d’un autre coſté de ce que je ne ſuis pas la premiere qui ait mis quelque choſe ſous la Preſſe; que les Eſprits n’ont point de ſexe, & que ſi ceux des femmes eſtoient cultivez comme ceux des hommes, & que l’on employaſt autant de temps & de dépenſe à les in- ſtruire, ils pourroient les égaler: que noſtre ſiecle a veu naiſtre des femmes qui pour la Proſe, la Poëſie, les Lan- gues, la Philoſophie, & le gouverne- ment meſme de l’Eſtat, ne cedent en rien à la ſuffiſance, & à la capacité des hommes. De plus, que cet Ouvrage eſt utile, qu’il contient quantité de reme- des infaillibles pour la gueriſon des maladies, pour la conſervation de la ſanté, & pluſieurs rares ſecrets en fa- veur des Dames; non ſeulement pour [ID00038] conſerver, mais auſſi pour augmenter les avantages qu’elles ont receus de la Nature; qu’il eſt curieux, qu’il enſei- gne fidellement & familierement à les pratiquer avec facilité; & que ſe ſeroit pecher contre la Charité de cacher les connoiſſances que Dieu m’a données, qui peuvent profiter à tout le monde. C’eſt le ſeul motif qui m’a fait reſoudre à laiſſer ſortir ce Livre de mes mains: j’eſpere du public qu’il m’en ſçaura gré, & qu’il ne s’arreſtera pas tant à gloſer ſur la politeſſe de mon ſtile, que le ſujet que je traite ne pourroit ſouffrir, qu’à profiter de mes preceptes, pour bien reüſſir, & ſe rendre exact dans les ope- rations qu’il ſe donnera la peine de pratiquer. Ie demande encore cette grace à ceux qui les voudront entre- prendre, qu’ils diſtribuent liberalement aux pauvres les remedes comme j’ay fait juſques à preſent, puiſque je leur apprens le moyen de les faire preſque ſans dépenſe; & puis qu’il eſt iuſte en- fin que je profite de mes veilles, je les conjure pour toute reconnoiſſance, de ſe ſouvenir de moy dans les charitez [ID00039] qu’ils feront, & de me faire partici- pante du merite de leurs bonnes œu- vres; impetrant pour moy du Ciel par leurs prieres, & par celles des pauvres qu’ils ſoulageront, de nouvelles lu- mieres, & des connoiſſances encore plus utiles que ie puiſſe derechef leur communiquer. Pour ce qui eſt des Da- mes qui ſe contenteront de ſçavoir ſim- plement, ſans vouloir prendre la peine de faire les operations qu’elles iugeront leur eſtre neceſſaires, à cauſe du temps qu’il y faut employer, & des differen- tes ſortes de vaiſſeaux, & autres uſtan- cilles dont on a beſoin, ou qui crain- dront de ne pas reuſſir, ie m’explique- ray de vive voix quand on me fera l’honneur de m’en communiquer, & prendray ſoin de faire moy-meſme ce que l’on pourra ſouhaiter de ce que j’enſeigne. I’ay diviſé ce Livre en ſix Parties: dans la premiere, ie traite des principes & operations, vaiſſcaux, luts, fourneaux, feux, caracteres & poids: dans la ſeconde, ie parle de la vertu des Simples, de leurs prepara- tions, & de la maniere d’en extraire les [ID00040] ſels, les teintures, les eaux & les eſſen- ces: la troiſieſme eſt des Animaux; la quatrieſme des Metaux; la cinquieſme la maniere de faire les medecines com- poſées, avec pluſieurs remedes tous experimentez: la ſixieſme eſt en faveur des Dames; où il eſt parlé de toutes les choſes qui peuvent conſerver & aug- menter la beauté. I’ay fait ce que j’ay pû pour me bien expliquer, & faciliter les operations: je n’ay point voulu paſſer mes connoiſſances, & puis aſſeu- rer que tout ce que j enſeigne eſt veri- table, & que tous mes remedes ſont experimentez; dont ie louë & glorifie Dieu.
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PREMIERE PARTIE.
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Chapitre premier.
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Du Sel.
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LA Chymie a pour object les Corps mixtes entant que di- viſibles & reſolubles, ſur leſ- quels elle travaille, pour en extraire les trois Principes, qui ſont Sel, Soufre & Mercure; ce qui ſe fait par deux operations generales, ſçavoir Solution, & Congelation. Premiere- ment nous parlerons du Sel comme du pere de la generation, puis qu’il ſemble [ID00042] que c’eſt luy qui contribuë le plus à la production. Il s’en trouve de trois ſor- tes dans chaque corps, Le Fixe, le Nitre, et l’Armoniac, leſ- quels ne procedent que d’un, & ſont diverſifiez par le mélange des deux au- tres principes. Le Sel Fixe eſt celuy qui eſt rendu viſible par l’Art, & qui contient en ſoy une vertu balſamique. Il ſe diſſout dans l’eau, il ſe condenſe au chaud; & aprés pluſieurs diſſolutions & purifications il eſt rendu fuſible comme metal, & comme baume; & en- fin, il a la vertu de conſerver toutes les choſes où il domine, il les purifie, & diſ- ſipe leur humidité ſuperfluë; c’eſt pour- quoy ſelon le mixte duquel il eſt ex- trait, il fait des operations admirables.Le Sel Nitre tient le milieu entre le Fixe & l’Armoniac: il s’attache au Sou- fre, il eſt en petite quantité, il n’eſt point viſible, & conſerve la vertu de ſon ſuject. S’il eſt extraict d’un Purgatif, il purgera; d’un Diuretique, il fera uri- ner, & ainſi du reſte. C’eſt luy qui don- ne le gouſt & l’odeur au Soufre.L’Armoniac eſt celuy qui paſſe avec [ID00043] l’eſprit & l’eau és diſtillations. Sans luy les eaux diſtillées ne ſe pourroient con- ſerver ſans ſe corrompre; & ſi les vaiſ- ſeaux dans leſquels ont les met ne ſont bien bouchez, il ſe perd & diſſipe, & elles ſe putrifient.

Chapitre II.
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Du Soufre.
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LE Soufre, ſecond principe fait l’u- nion de l’eſprit & du corps, c’eſt pourquoy il eſt appellé par quelques autheurs Ame. Il en eſt de trois ſor- tes, groſſier, moyen, & ſubtil. Le groſſier ſe joint au Sel Fixe, le moyen au Sel Nitre, & le ſubtil à l’A???moniac. Le groſſier eſt en petite quantité, & c’eſt luy neantmoins qui donne la ver- tu balſamique au Sel Fixe.Le Soufre moyen eſt compoſé de parties graſſes, chaudes, & huileuſes; il brûle facilement, il eſt viſible par ſes effects, il domine le Sel Nitre, & ſe joint avec luy.
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Le Soufre ſubtil s’unit au Sel Ar- moniac; c’eſt luy qui facilite ſon eleva- tion, & qui fait que les Eſprits s’en- flamment.Les parties huileuſes & graſſes, que nous appellons Soufre, ne ſe tirent pas d’une meſme partie du mixte, & ne ſont pas en tous également. Aux uns, elles ſont aux racines & eſcorces; aux autres, aux fleurs, fueilles ou fruits; à quelques-uns, aux ſemences. Ce Sou- fre eſt de facile corruption, dautant qu il domine le Sel Nitre: cela ſe void dans les huiles tirées par expreſſion, leſquelles s’engraiſſent, & ſe purrifient; ce qui n’arrive pas aux eſſences diſtil- lées, dautant qu’elles ſont aidées & corrigées par le feu.

Chapitre III.
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Du Mercure.
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TOvtes les choſes qui ſont au monde proviennent d’un, & cet un en produit trois: ce qui nous peut [ID00045] do̅ner une idée du myſtere adorable de la tres ſainte Trinité. La Chymie nous en preſente un crayon, puis qu’elle trouve une trinitè non ſeulement dans chaque ſujet, mais dans chaque prin- cipe. Nous avons veu dans les Cha- pitres precedens, de trois ſortes de Sel, & de trois conditions de Soufre; il eſt auſſi aſſeurément de trois diffe- rens Mercures, leſquels, comme j’ay dit au Chapitre des Sels, ne procedent que d’un, & ne ſont diverſifiez que par le mélange des deux autres prin- cipes.Il ſe trouve dans le Sel Fixe joint au Soufre groſſier un Mercure peſant, re- belle, & de difficile élevation, qui ne quitre qu’à force de feu. Nous voyons cela dans la diſtillation du Sel des Sim- ples, duquel le Mercure ne ſe tire que par un long & preſſant feu. L’eſprit de Sel n’eſt donc autre choſe qu’un Mer- cure peſant uni au Sel Fixe, qui con- tient en ſoy un Soufre groſſier, où le Soufre & le Mercure ſont dominez par le Sel Fixe.Le ſecond Mercure, le Sel Nitre, & [ID00046] le Soufre moyen s’uniſſent & ſe joi- gnent enſemble, comme eſtans d’une meſme nature.Le tres-ſubtil Mercure, le Soufre ſubtil, & l’Armoniac ou Volatil paſſent enſemble dans les diſtillations, ainſi nous voyons dans chaque principe une Trinité tres-unie, leſquels trois prin- cipes ſont produits par un, & chacun en produit trois.Vn nombre infini de Philoſophes ont écrit du Mercure ſelon leur ſenti- ment, & chacun en particulier a plû- toſt ſuivi ſon inclination que la rai- ſon. Quelques-uns veulent que le Mer- cure des ſimples & des animaux ſoit coulant & lucide comme celuy des me- taux; ce qui ne peut eſtre, y ayant une difference tres-grande entre les trois regnes. D’autres veulent qu’il ſoit ſubtil, diaphane, tranſparent & inſi- pide; ce qui n’a aucune apparence. Ie demeure d’accord qu’il doit eſtre tres- clair, tres-ſubtil, & détaché de toute acrimonie, mais non pas inſipide, puiſ- que c’eſt cet eſprit de vie, qui eſt d’au- tant plus penetrant qu’il eſt plus déta [ID00047] ché de la partie terreſtre, & dont la pu- reté augmente la force. Nous experi- mentons cette verité dans la depuration de l’Eſprit de vin, qui devient ſi ſub- til, qu’à peine le peut-on conſerver dans quelque vaiſſeau que ce ſoit. Le Mer- cure n’eſt donc autre choſe que l’Eſprit de vie, ſeparé des parties groſſieres, & rendu par la main de l’Artiſte tres-ſpi- rituel, & qui eſt en plus grande ou plus petite quantité ſelon le mixte. Ce n’eſt pas que l’on le puiſſe reduire à ſon pre- mier principe; car il eſt impoſſible de diviſer une choſe qu’elle ne participe des trois; la nature eſtant ſi ſage ou- vriere, & faiſant ſi parfaitement ſon mélange, qu’il n’eſt pas en noſtre pou- voir de diviſer entierement ce qu’elle a conjoint, mais ſeulement d’aſſembler les ſpirituelles avec les ſpirituelles, les moyennes aux moyennes, & les groſ- ſieres avec les groſſieres, non toutefois ſans quelque ſpiritualité dans chacu- ne, puis qu’autrement il ſe trouveroit deux principes dénuez de puiſſance.Les trois principes ſont plus diffici- les à tirer des Animaux que des Vege [ID00048] taux, & des Mineraux & Metaux en- core dauantage. Ceux qui ont écrit de ces matieres ſe ſont moins attachez à la demonſtration qu’à la ſpeculation, en quoy bien ſouvent l’on eſt trompé; car la Theorie & la pratique ſont pour l’ordinaire differentes, & l’action nous inſtruit bien davantage que la contem- plation.

Chapitre IV.
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Des Operations de Chymie.
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IL eſt neceſſaire qu’un Artiſan ſçache parler en termes de ſon Art, & qu’il connoiſſe les outils, & les uſtancilles dont il ſe doit ſervir. Nous parlerons premierement des Operations, & par- ticulierement des Diſtillations.Les Chymiſtes font de trois ſortes de Diſtillations, qu’ils appellent, Per aſcenſum, Per medium cornutum, Per deſcenſum. Per aſcenſum eſt une Diſtil- lation qui éleve les eſprits en forme de fumée, où ne trouvant point de ſor [ID00049] tie, ils ſe condenſent en eau, & tom- bent par le canal du chapiteau. Per me- dium cornutum eſt un moyen ou milieu pour les choſes qui ne peuvent pas s’é- lever facilement. Per deſcenſum pour les choſes peſantes. Mais parlons de chacune de ces Diſtillations en parti- culier.

Diſtillation per aſcenſum.
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LA Diſtillation per aſcenſum ſe fait en pluſieurs manieres, ſelon la cho- ſe que l’on veut diſtiller. Si c’eſt Eſprit de vin, elle ſe doit faire au Bain. Si ce ſont des Eſſences aromatiques, com- me Roſmarin, Sauge, Hyſope, Fenoüil, Anis, & autres de pareille nature, cet- te diſtillation ne ſe peut faire que dans un Alambic de cuivre, dautant qu’il faut un feu violent, quantité d’herbes pour tirer une once d’Eſſence, & l’on ne trouve point de vaiſſeaux de ver- re aſſez grands, & qui ayent de tuyau refrigeratoire, bien qu’il ſoit neceſſai- re de rafraîchir pour empeſcher la per- te des eſprits. C’eſt pourquoy ceux qui ont dit qu’il ne falloit point abſo [ID00050] lument ſe ſervir de cuivre ont eu tort, dautant qu’il eſt impoſſible de le pou- voir faire autrement. De plus, chaque diſtillation eſt ſi peu à ſe faire dans ces vaiſſeaux, que les ſimples n’en peuvent recevoir aucune mauvaiſe qualité, puiſ- que trois heures ſuffiſent pour cet ef- fect. Le raiſonnement feroit croire, com- me les Aromats ſont de nature chau- de, que la chaleur du Bain boüillant ſeroit ſuffiſante pour élever leurs Eſ- ſences, veu que toutes choſes ſe portent devers leur centre; mais l’experience nous apprend qu’il ne s’éleve que fort peu d’Eſſence dans le Bain.Pour obſerver l’ordre que je me ſuis preſcrit, je continueray, & diray que pour faire cette operation, il faut pren- dre les fueilles & les fleurs de l’Aro- matique, que l’on voudra diſtiller, & remplir l’Alembic juſqu’à quatre doigts prés de l’embouchure, ſi elles ſont vertes; ſi elles ſont ſeiches, il faut laiſ- ſer ſix doigts; Verſez de l’eau par deſſus ſur les ſeches, parties égales; & ſur les vertes, deux doigts au deſſous deſdites herbes, autrement le tout ſe brûleroit, [ID00051] & ſentiroit l’empyreume, & meſme toute l’humidité qui en ſortiroit ſeroit conſommée par la force du feu. Voſtre vaiſſeau eſtant remply de la ſorte, vous le mettrez ſur un tripied, ou fourneau, & luy adapterez ſon chapiteau, auquel vous joindrez un tuyau refrigeratoire, lequel paſſera au travers d’un tonneau rempli d’eau, le petit bout penchant pour faciliter la ſortie des eſprits, au- quel vous mettrez un Recipient, & bou- cherez bien les jointures, & donnerez un feu de flamme juſqu’à ce que vous voyez diſtiller dans voſtre Recipient. Alors il faudra moderer voſtre feu, de peur que le tout ne gonfle. Si voſtre Alembic tient deux ſeaux ou environ, quand vous aurez diſtillé cinq pintes, ceſſez, & vous aurez l’eau & l’eſſence de voſtre ſimple méleés enſemble. Vous les ſeparerez par le vaiſſeau ſeparatoi- re, qui eſt un Entonnoir de verre que vous emplirez, & boucherez le bout d’en bas de voſtre doigt, toute l’Eſſen- ce s’élevera au deſſus, & lors qu’il n’en montera plus, faites ouverture de vo- ſtre doigt, & laiſſez paſſer toute l’eau [ID00052] doucement, & rebouchez quand vous verrez l’Eſſence. Vous la mettrez dans un autre vaiſſeau que vous boucherez avec un bouchon de verre; au deffaut vous y mettrez de la veſſie de porc moüillée. Si vous voulez que voſtre eau ſoit ſpirituelle, vous la rectifirez trois ou quatre fois au Bain. Pour le re- ſidu quiſe trouve dans l’Alembic, vous l’exprimerez, & filtrerez pour en faire l’Extrait, ou Teinture, & mettrez la maſſe ſecher, de laquelle vous pourrez extraire le Sel.

Diſtillation au ſable, limailles & cendres.
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CEtte maniere de diſtiller eſt pour les choſes qu’il faut pouſſer par le feu. Vous mettrez un doigt de ſable, limailles de fer, ou cendres dans une terrine, & mettrez voſtre pot d’Alembic de verre deſſus, dans lequel ſeront les ſucs des herbes que vous vou- drez diſtiller, ou les herbes meſmes avec leur menſtruë, & le couvrirez de ſon Chapiteau à bec, auquel vous [ID00053] joindrez un Recipient; le tout eſtant bouché, vous poſerez la terrine ſur un tripied, fourneau, ou rechaud. Vous mettrez la hauteur de trois ou quatre doigts de ſable au tour de vo- ſtre pot d’Alembic, & ferez feu par de- grez. La limaille de fer eſt le feu le plus chaud; le ſable ſuit, celuy de cen- dres eſt le moindre.

Diſtillation au Bain Marie.
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CEtte Diſtillation eſt appellée du nom de celle qui l’a inventée, qui eſtoit la ſœur de Moyſe, Marie ſur- nommée la Propheteſſe, laquelle a fait le Livre intitulé des trois Paroles. El- le ſe fait en cette ſorte. Vous prendrez un Chaudron, au fond duquel vous mettrez un Cercle ou petit Tripied de la hauteur de deux doigts pour empeſ- cher que voſtre vaiſſeau ne touche con- tre le fond du Chaudron; vous poſe- rez deſſus voſtre pot d’Alembic rem- ply juſques aux deux tiers de la liqueur que vous voulez diſtiller, & mettrez ſon Chapiteau deſſus, au haut duquel vous attacherez une ficelle que vous ferez [ID00054] tenir aux deux ances du Chaudron, de peur que le pot d’Alembic ne nage ſur l’eau; vous mettrez un Recipient, boucherez bien toutes les jointures, & ferez le feu ſelon la choſe que vous vou- drez diſtiller. Si c’eſt de l’Eſprit de vin, que l’eau du Bain ſoit tiede; de l’eau Roſe, qu’elle ſoit chaude; du Vinaigre, qu’elle ſoit boüillante. Le jugement de celuy qui travaille fait ces diſcerne- mens. Il y a des Chaudrons faits ex- prés pour cet uſage appellez Bains Ma- rie, dans leſquels l’on peut faire plu- ſieurs diſtillations tout à la fois. Il eſt à obſerver que l’eau du Bain ſoit bord à bord de la matiere contenuë dans le vaiſſeau: & lors qu’elle diminüera, il en faut mettre de chaude, de peur de caſſer les vaiſſeaux.

Du Bain Vaporeux.
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LE Bain Vaporeux eſt pour humecter les matieres calcinées, & celles qui font trop ſeches, deſquelles l’on veut faire expreſſion. Il ſe fait en cette ſor- te. Prenez les choſes, ſoit calcinées, ou ſeches, aprés avoir eſté pilées, & [ID00055] les mettez dans de petits ſachets; ſuſ- pendez les ſur la vapeur d’un Chaudron plein d’eau boüillante pour humecter leſdites choſes, & les tournez juſques à ce qu’elles ſoient tout à fait imbi- bées. Vous mettrez les calcinées en lieu froid ſuſpenduës, un vaiſſeau deſſous pour recevoir ce qui en fortira: cecy s’appelle par defailla̅ce. L’huile de Tar- tre calc inéſe fait en cette matiere. Pour les matieres que vous voulez tirer par expreſſion, vous les mettrez ſous la preſſe; c’eſt ainſi que l’on tire l’huile de Noix, celle des Amandes, & celle des quatre ſemences froides.

Diſtillation per medium cornutum.
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CEtte Operation tient le milieu entre les deux extremitez. Elle eſt pour les choſes extremément rebelles & condenſées: l’on ſe ſert de pluſieurs manieres pour faire le feu. Le feu ou- vert eſt le plus laborieux, dautant qu’il eſt pour les Mineraux & Metaux qu’il faut calciner auparavant que de les di [ID00056] ſtiller. L’humidité ſuperfluë eſtant diſ- ſipée, il ne reſte plus que l’humidi té ra- dicale, qui n’en ſort qu’avec difficulté: c’eſt pourquoy il faut un grand feu, & violent, qui neantmoins ſoit par de- grez, de peur de caſſer les vaiſſeaux.Vous prendrez deux Cornuës ou Re- tortes, dans l’une deſquelles vous met- trez ce que vous voudrez diſtiller, ſoit Sel decrepité, Vitriol calciné, Salpetre, Alun, ou autre choſe. Vous la rempli- rez juſques à la moitié, ou pour le plus juſques aux deux tiers, & y adapterez une autre Cornuë, en ſorte que celle qui contient la matiere entre dans cel- le qui ſert de Recipient; il faut que celle qui reçoit ſoit de beaucoup plus grande que celle qui contient, afin que les eſprits ayent le moyen de circuler. Pour la diſtillation des Eaux fortes, on ſe ſert pour Recipient d’un grand Ma- tras à col court, autrement appellé Bal- lon. Il faut bien luter les deux vaiſ- ſeaux enſemble, & donner le feu par degrez, tant & ſi fort que requiert la matiere que l’on veut diſtiller. Au dé- faut d’un Fourneau, l’on peut faire le [ID00057] feu à la Cheminée avec des briques, & approcher le feu de temps en temps. Ce feu s’appelle de Roüe. L’on peut auſſi diſtiller par la Retorte au ſable, limailles & cendres, le Vinaigre, la Canelle, le Clou de girofle, la Tere- bentine, & autres; obſervant l’ordre comme il a eſté dit aux diſtillations precedentes.

Diſtillation per deſcenſum.
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CEtte Operation eſt fort peu uſi- tée, celle n’eſt que pour les Gom- mes Raiſineuſes & peſantes, deſquelles l’on tire la liqueur en cette maniere. Il faut avoir un pot de terre verniſſé, large de cul, & percé fort prés à prés de petits trous, comme pour paſſer un grain de bled; vous le remplirez à moi- tié de la Gomme que vous voudrez di- ſtiller, & le couvrirez d’un couvercle que vous luterez, & mettrez une ter- rine ſous ledit pot. Entourez voſtre terrine de terre, mettez des charbons allumez ſur le couvercle, augmentez le feu juſques à ce que le tour du pot qui ſera vuide ſoit entouré; & lors que vous [ID00058] n’entendrez plus d’ebullition l’opera- tion ſera faite. Il faut laiſſer refroidir le vaiſſeau dans ſon feu; & quand il ſe- ra froid, il faut prendre ce qui ſera di- ſtillé dans la terrine, & le rectifier par la Cornuë. L’on peut diſt???ller des Ro- ſes de cette ſorte par un feu doux.

Sublimation.
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PLvsievrs ont confondu la Di- ſtillation avec la Sublimation; il eſt bien vray qu’en toutes les deux il ſe fait élevation en l’une des parties fluides & liquides, c’eſt pourquoy elle eſt ap- pellée diſtillation, dautant que les fu- mées qui s’élevent, tombent en eau: il n’en eſt pas de meſme de la Sublima- tion, car ce ſont les parties les plus ſpi- rituelles, legeres, & ſeches qui s’é- levent & adherent au col du vaiſ- ſeau. Il eſt à remarquer que quand on ſublime choſes minerales ou metalli- ques, les parties les plus élevées com- me folle farine ſont veneneuſes, & que la Medecine defend abſolument de s’en ſervir.La Sublimation ſe fait ſimple, ou par [ID00059] addition. La ſimple eſt lors que la ma- tiere ſe ſublime ſeule, l’autre quand il faut adjoûter de la limaille de fer, Sel preparé, ou des Cailloux calcinez pour arreſter les parties les plus terreſtres & groſſieres. Le vaiſſeau de Sublimation eſt un Matras ou haute Cucurbite, avec un Alembic aveugle percé à la cime, ou un vaiſſeau de verre appellé Aludel: le feu doit eſtre de ſable, limailles ou cen- dres dans une Terrine, comme il a eſté dit. Souvenez-vous qu’il eſt neceſſaire en toutes Operations de garder les de- grez du feu.

Rectification.
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CEtte Operation eſt fort neceſſai- re pour rendre les eſprits plus purs & plus ſpirituels, & pour les détacher de ce qu’ils pourroie̅t avoir encore d’im- pur & de terreſtre, apres avoir eſté di- ſtillez ſoit par la Retorte ou par l’A- lembic. Vous rectifirez au Bain Marie à feu doux ou boüillant, ſelon la nature de la choſe. Plus vous rectifirez, plus il faudra diminuer le feu; car les parties qui s’éleveront ſeront plus ſpirituelles.
|| [ID00060]

Calcination.
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IL eſt de deux ſortes de Calcination; l’une ſimple, l’autre corroſive; & toutes les deux ne ſont que pour les Mi- neraux & Metaux. La ſimple ſe fait en mettant voſtre metail ou mineral dans un Creuſet, & luy donnant un feu fort juſques à ce que vous ayez reduit ledit Metail, ou Mineral en poudre impal- pable. La corroſive ſe fait par les eaux fortes, laquelle reduit les Metaux en chaux. Le nom de Calcination eſt fort mal donné à cette Operation, dautant que Calcination eſt deſtruction; & l’or & l’argent ne ſont point détruits par les eaux fortes, mais ſeulement corrodez & alterez; puiſqu’ils reprennent corps à feu violent, ce n’eſt point Calcination, mais ſeulement diſſolution imparfaire.

Cohobation.
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COhober n’eſt autre choſe que mettre ce qui ſera diſtillé ſur ce qui reſte au fond du vaiſſeau diſtillatoire, afin que la partie ſpirituelle penetre plus facilement la maſſe, & qu’elle s’au [ID00061] gmente en vertu. Cette Operation ſe fait plus au Bain qu’autrement. Celle qui ſe fait à la Cornuë, le feu doit eſtre doux, de peur de rendre les choſes di- ſtillées de mauvaiſe odeut.

Coagulation.
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COagvler eſt rendre une choſe liquide, en conſiſtence ferme: elle ſe fait en deux façons, l’une par le feu, l’autre par le froid: celle du feu eſt lors que vous aurez extrait quelque teintu- re; vous en ferez evaporer l’humidité dans une Terrine ou vaiſſeau de verre juſques à conſiſtence de Miel ou Ex- traict, ſelo̅ l’uſage auquel vous voudrez vous en ſervir. Celle qui ſe fait au froid eſt des Sels diſſouds, lors que vous au- rez fait evaporer les deux tiers de l’eau, & qu’il ſe fait au deſſus une petite pelli- cule, vous mettrez voſtre vaiſſeau au froid à la cave, & une partie ſe coagu- lera en Criſtaux, leſquels vous acheve- rez de ſecher dans un Creuſet, & gar- derez dans un vaiſſeau bien bouché: faites evaporer comme deſſus, & met- tez au froid juſques à ce qu’il ne ſe faſſe plus de criſtaux.
|| [ID00062]

Filtration.
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FIltrer en termes vulgaires, c’eſt paſſer, ou couler une choſe pour la rendre plus claire & plus nette. Elle ſe fait par le papier gris, ou la chauſſe d’Hypocras, ou par la languette, tant de fois que celuy qui opere ſoit ſatisfait. Cette Operation eſt fort neceſſaire pour l’extraction des Teintures & des Sels.

Deßication.
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CAlcination & Deſſication ſo nt preſque une meſme choſe, à la reſerve du plus ou du moins. Deſſica- tion eſt pour deſſecher & rendre la ma- tiere capable d’impregner la liqueur qui luy ſera appoſée, ou s’impregner de la- dite liqueur pour eſtre plus facile à broyer & piler.

Dulcoration.
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DVlcorer eſt laver la Chaux des Metaux pour en oſter la corro- ſion que les eaux fortes leur pourroient avoir co̅muniquées. Elle ſert auſſi pour dulcorer le Soufre des Metaux & Mi [ID00063] neraux qui pourroient eſtre corroſifs par l’addition qui auroit eſté faite pour avancer leur calcination. Les Pomades & choſes molles, meſme la Terebenti- ne ſe peuvent dulcorer.

Inclination.
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L’Inclination ſe fait lors que la choſe eſt lavée & dulcorée, & qu’elle eſt raſſiſe au fond du vaiſſeau, on verſe par inclination l’eau de deſſus, la- quelle ſe ſepare de la matiere facile- ment.

Amalgamation.
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SAns chercher l’origine de ce mot, lequelſelon quelques Auteurs, n’eſt que pour le mélange de l’argent vif avec la Chaux des Metaux; je dis qu’amal- gamer eſt méler, incorporer, & broyer une maſſe avec une liqueur tellement qu’elles ne ſe puiſſent ſeparer.

Digeſtion.
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LA Digeſtion s’explique d’elle-meſ- me. Elle n’eſt autre choſe qu’une chaleur douce & penetrante & dige [ID00064] rente, quiſe fait en cette façon. Prene la choſe que vous voudrez digerer, ſoit Vegetal ou Animal, & luy donnez un Menſtruë s’il eſt neceſſaire, & le mettez dans un Matras, ou Cucurbite bien bou- chée avec un Alambic aveugle; vous le mettrez au fumier de Cheval, ou Bain Marie, tant & ſi peu que le requerera la matiere que vous voulez digerer. Cette Operation ne ſe fait que pour dé- tacher plus facilement les parties pures d’avec les impures, & les ſubtiles d’a- vec les groſſieres.

Putrefaction.
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PVtrefaction, & Digeſtion ne ſont qu’une meſme choſe, à la re- ſerve que l’une eſt plus longue que l’au- tre, & qu’elles ont deux fins. La Di- geſtion eſt une coction, & la Putrefa- ction une pourriture, afin que la matie- re change de gouſt, d’odeur, & de cou- leur pour produire une choſe plus par- faite, & dépoüillée de toutes ſes mauvai- ſes qualitez; & cette Putrefaction eſt une diſpoſition à une nouvelle generation. Elle ſe fait dans le fumier ou au Bain, y [ID00065] adjoûtant un Menſtruë, s’il eſt neceſ- ſaire pour la corrompre.

Menſtruë.
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MEnstrve eſt une liqueur qui ſert pour aider à tirer, & extraire toutes ſortes d’eſprits, eſſences, tein- tures, ſels; digerer, & corrompre tou- tes les choſes qui ont beſoin d’humidi- té. Il en eſt de pluſieurs ſortes; ſelon la nature de la choſe que l’on veut extrai- re ou corrompre, on ſe ſert d’eſprit de vin, eſprit de roſée, d’eaux fortes, ſucs de limon, vinaigte diſtillé, eau commune ou eau diſtillée, ſelon que l’Artiſte le juge à propos.

Fermentation.
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PRenez les choſes que vous vou- drez fermenter, & les pilez ſi elles ſont vertes; & ſi elles ſont ſeches, il les faut arrouſer, & les mettre dans un vaiſ- ſeau de verre que vous boucherez, & mettrez à la cave dans du ſable; vous l’y laiſſerez juſques à ce qu’elles com- mencent à s’aigrir, puis qu’elles ſeront alors aſſez fermentées pour les diſtiller. [ID00066] Cette operation ſe fait pour rendre les eſprits faciles à s’élever, & à ſe déta- cher des parties plus groſſieres.

Circulation.
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CIrcvlation eſt proprement monter, & deſcendre. Cette ope- ration ne ſert qu’à rendre les choſes ſpirituelles plus parfaites. Prenez deux Matrats de grandeur convenable, qui aye̅t le col court, dans l’un deſquelsvous mettrez les choſes que vous voulez fai- re circuler: lutez bien les deux vaiſ- ſeaux enſemble, & les mettez dans le fumier de cheval, on au Bain Marie. Il faut qu’il n’y ait que le Matras dans le- quel eſt la matiere, qui ſoit entouré de fumier, ou d’eau; le reſte eſtant décou- vert, afin que les eſprits puiſſent cir- culer, & par la fraicheur de l’air ſe con- denſer en eau, & retomber en bas. Le Pelican eſt un vaiſſeau fort propre à cette operation, & s’appelle commu- nément vaiſſeau circulatoire; au defaut duquel on ſe ſert de Matras, comme j’ay dit.
|| [ID00067]

Defaillance.
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I’Ay parlé cy-devant de la Defail- lance en l’article du Bain Vaporeux, c’eſt pour les choſes calcinées, & hu- mectées, qui ſe diſſolvent au froid; leſquelles tombent par defaillance, & pour celles qui s’exprime̅t ſous la preſſe.

Reverberation.
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LA reverberation eſt comme la cal- cination, excepté que la reverbe- ration ſe fait dans un vaiſſeau clos, la calcination à feu découvert. L’on ſe ſert de cette operation à deux fins; l’une, afin que les eſprits ſe calci- nent avec les corps; & l’autre, afin que la choſe que l’on veut calciner ait plus de force, & ſoit plus par- faite.

Precipitation.
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PRecipitation eſt une opera- tion, de laquelle on uſe aprés que l’on afait diſſolution de quelque metal par l’eau forte, & qu’il eſt reduit en chaux. On ſeſert d’eau marinée, pour [ID00068] affoiblir la force de ladite eau, & pre- cipiter le metal en bas, pour l’adoucir aprés pa???dulcorations d’eau ſimple.

Eau marinée.
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L’Eav marinée n’eſt autre choſe que de l’eau commune dans laquelle on à mis diſſoudre du ſel commun autant qu’elle en aura pû prendre. Elle ſert à precipiter la chaux des metaux, comme il a eſté dit cy-deſſus.

Stratification.
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STratifier, eſt mettre une cho- ſe en forme de lict dans un vaiſſeau, & mettre une autre choſe deſſus, & recommencer lict ſur lict juſques à ce que toutes vos matieres ſoient miſes. Elle ſe fait dans deux differens vaiſ- ſeaux, ſçavoir creuſet & cucurbite. Le creuſet eſt pour les choſes minerales; la cucurbite pour celles que l’on veut di- ſtiller ou mettre en digeſtion. Les Chy- miſtes appellent cette operation, Stra- tum ſuper ſtratum.
|| [ID00069]

Torrification.
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IOrs qu’il faut torrifier un mixte, c’eſt qu’il a de l’impureté que l’on veut corriger, en diſſipant l’humidité ſuperfluë ou dangereuſe, dont il abon- de. On fait ainſi. Reduiſez les matieres que vous voulez torrifier, ou pluſtoſt purifier & deſſecher en poudre ſi elles fe peuvent piller, ou coupez-les par tranches, & les mettez dans un vaiſ- ſeau propre, c’eſt à dire d’eſtain, parce qu’il ne peut reſiſter à une chaleur vio- lente, & qu’il en faut une tres-douce; vous le mettrez ſur un rechaud, & re- murez toûjours juſques à ce que vos matieres ne rendent plus de fumée: donnez-vous de garde de cette fumée, car elle eſt dangereuſe. Pour l’Opion, l’Ellebore, la Scamonée, l’Antimoine, & quelques autres, ils ſe preparent de differentes manieres. L’on ſe ſert à quel- ques-uns de la flâme du Soufre pour torrifier, en mettant les drogues dans de petits quarrez de papier que l’on paſ- ſe par deſſus juſques à ce qu’ils ne fu- ment plus: quelques-uns les portent [ID00070] ſur eux dans de petits ſachets, & par long-temps les deſechent.

Decrepitation.
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CEtte operation n’a qu’un ſeul object, qui eſt le Sel, & ne ſe pra- tique que pour le purifier. Dans toutes ſortes de Sel, il ſe trouve des eſprits fougueux, leſquels ne peuvent s’aſſu- jetir, ils s’emportent, & font un bruit tres-grand, lors qu’ils ſont enfermez, & caſſent tout ce qui s’oppoſe à leur vio- lence; mais la Chymie evite tous ces accidens, en purifiant les Sels de leurs méchantes qualitez. Cette operation ſe fait dans un vaiſſeau de terre qui re- ſiſte au feu, dans lequel vous mettrez le Sel que vous voudrez decrepiter, & poſerez ſur des charbons ardans le pot couvert avec quelque choſe de ſi pe- ſant, qu’il puiſſe reſiſter, il ſe fera un grand bruit: lors qu’il ſera appaiſé, laiſ- ſez refroidir voſtre Sel, & il ſera decre- pité & preparé.

Feces.
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L’On appelle Feces ce qui reſte au fond des vaiſſeaux aprés les diſtil [ID00071] lations, & qu’elles ſont demeurées ſe- ches: l’on peut les brûler pour en ex- traire les Sels.

Teſte morte.
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LA teſte morte eſt une choſe qui n’eſt propre à rien, inſipide, ſans gouſt & ſans ſaveur, de laquelle l’on ne peut rien extraire; c’eſt pourquoy elle eſt appellée teſte morte, terre damnée ou condamnée.

Chapitre V.
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Des vaiſſeaux.
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LEs vaiſſeaux propres pour les diſtil- lations per aſcenſum, ſont l’Alembic de cuivre avec ſa cape & tuyau refrige- ratoire, le Recipient s’appelle Mattas.Pour diſtiller au Bain-Marie, & aux feux de cendre, ſable, limaille & fu- mier, il faut une courge ou cucurbite de verre avec ſon chapiteau à bec, & ſon Recipient qui eſt un Matras à col long.Pour diſtiller per medium cornutum, [ID00072] il faut deux cornuës, ou bien une cor- nuë, & un grand Recipient appellé Balon.Pour ſublimer, il faut un Matras ou cucurbite avec ſon chapiteau troüé en haut, ou un Aludel.Pour circuler, il faut deux Matras, ou un Pelican, au defaut une petite courge avec un Alembic aveugle.Pour la digeſtion & putrefaction il faut des courges avec leurs chapiteaux aveugles; & lors que la putrefaction ou digeſtion eſt faite, ſi l’on veut diſtiller, l’on n’a qu’à changer le chapiteau aveu- gle, & mettre celuy à bec avec ſon Re- cipient.Pour calciner, il faut un creuſet ou un pot qui reſiſte au feu.Pour reverberer, il faut deux creu- ſets, ou deux pots bien lutez les uns ſur les autres.Pour decrepiter, il faut un pot cou- vert.Pour torrifier un vaiſſeau d’eſtain.Il eſt encore neceſſaire d’avoir des ter- rines, des cruches, & des fioles. La quantité des vaiſſeaux ne fait pas l’ha [ID00073] bile Artiſte, & ne contribuë que peu à la perfection des remedes: plus un ouvrier eſt ſçavant, plus il trouve de fa- cilité à faire ſon ouvrage, & eſt moins embaraſſé; c’eſt pourquoy ces grands laboratoires, & ces nouvelles inven- tions de verre & de fourneaux, ne ſer- vent que de montre & de parade.

Chapitre VI.
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Du Lut des vaiſſeaux.
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PLvsievrs ont eſcrit des Luts des vaiſſeaux, & les ont compoſé de tant de drogues, que huit jours ne ſuffi- roient pas pour les faire; pour moy, ſui- vant ma ſimplicité ordinaire, voicy ce que je vous conſeille.Prenez de la terre à potier ſeche, & reduite en poudre ſubtile, que vous de- layerez avec des blancs d’œufs bien bat- tus, un peu de bourre ouverte, de la li- maille de fer bien deliée, ou du ſable, & un peu d’urine, petriſſez le tout en- ſemble en conſiſtence de paſte molle, [ID00074] & en lutez vos cornuës & matras, ou autres vaiſſeaux que vous laiſſerez ſe- cher doucement à l’air ſans feu, ny So- leil. Ce Lut reſiſte au feu.Pour refaire les vaiſſeaux caſſez, vous reduirez la chaux vive en poudre, & de- layerez avec du blanc d’œuf; vous trem- perez un linge bien delié dedans, & l’appliquerez promptement ſur les caſ- ſures.Pour lurer les Recipiens & les Cour- ges avec leurs chapiteaux, il ne faut que de l’empois & du papier.Ayant enſeigné à luter les vaiſſeaux, il eſt juſte de donner la maniere de les rogner, & de les percer.Pour les percer, faites fondre du Sou- fre dans un creuſet, trempez une ficelle dedans, & la roulez de la grandeur que vous voudrez percer le vaiſſeau, met- tez-y le feu, & lors que la ficelle ſera preſque brûlée, jettez un peu d’eau deſ- ſus, le morceau de verre tombera.Pour caſſer le col des vaiſſeaux, ex- poſez-les ſur la flâme de la chandelle, tournez juſques à ce qu’ils ſoient bien chauds, & les trempez dans l’eau par [ID00075] l’endroit chaufé ils caſſeront; on peut les unir avec les dents d’une clef.

Chapitre VII.
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Des Feux.
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IL eſt de pluſieurs ſortes de feux; il en eſt de naturels & d’artificiels. Le premier eſtLe feu du Soleil, auquel on expoſe les choſes faciles à diſſoudre ou reſoudre. Il faut obſerver en ce feu, que les vaiſ- ſeaux ne ſoient jamais pleins, parce qu’ils caſſent.Le feu de fumier de pigeon, qui ſert pour les digeſtions & putrefactions, doit eſtre excité par le fumier de cheval.Le feu de fumier de cheval ſert pour les meſmes choſes: il veut eſtre renou- vellé tous les trois jours.Le feu de lampe eſt le feu égal.Le feu de charbon, pour les diſtilla- tions par la cornuë, & le feu de bois pour l’Alembic refrigeratoire.Il eſt abſolument neceſſaire de ſça [ID00076] voir conduire ſon feu, d’en garder les degrez, & de l’augmenter ou dimi- nuer ſelon le beſoin, puiſque de la con- duite du feu dependent la perfection de l’ouvrage, & la conſervation des vaiſſeaux.

Chapitre VIII.
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Des fourneaux.
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L’Vſage des fourneaux n’eſt pas per- mis à toute ſorte de perſonnes, pour quelques conſiderations particulieres, ce qui eſt cauſe que pluſieurs ſont pri- vez de faire les operatio̅s Chymiques, ſe perſuadans que l’on ne peut pas travail- ler ſans fourneaux: pour les deſabuſer de cette erreur, & leur donner de la faci- lité, je dis que les fourneaux ne ſont point abſolument neceſſaires, puiſque l’on peut faire toutes les operations ſur un tripied entouré de brique, ou ſur un rechaut, ou au coin de la cheminée; il eſt bien vray que l’on dépenſe un peu plus de bois & de charbon. Ceux qui [ID00077] ſeront ménagers, & qui auront pouvoir d’avoir des fourneaux, les pourront bâ- tir ſelon leur deſir; la ſymmetrie n’e- ſtant point reglée, un chacun les fait à ſa volonté.Les matieres pour faire les fourneaux, ſont de la terre à potier, & du ſable; il faut couper la terre par petits morceaux, puis l’arrouſer d’eau, & la laiſſer imbi- ber peu à peu; lors qu’elle ſera en conſi- ſtence de paſte molle, il faut méler avec, en diverſes fois, les trois parts de ſable qui aura eſté ſacé; il faut peſtrir le tout enſemble juſques à ce que le ſable ne paroiſſe plus, & que la paſte ne s’atta- che point aux mains, à lors l’on pourra faire leſdits fourneaux: quand ils ſont faits, il les faut laiſſer ſecher doucement à l’ombre, & les mettre cuire au four de potier, s’il ſe peut, au defaut les cou- vrir de braiſe, ou les entourer de mot- tes à Tanneur, auſquelles on mettra le feu.Quelsques-uns au lieu de ſable ſe ſervent de pots à beure reduits en pou- dre; il y a de la peine à la faire, auſſi eſt- elle meilleure que le ſable. Il faut meſler [ID00078] bien peu de terre avec, dautant qu’il y en a desja une part.

Chapitre IX.
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Des Caracteres Chymiques.
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LEs Philoſophes ont fait tout ce qu’ils ont pû pour ne pas rendre leurs operations co̅munes Ils ont caché ſous de certains caracteres le nom de la matiere des operations, & des vaiſ- ſeaux, ce qui a eſté cauſe que pluſieurs ſecrets n’ont pas eſté pratiquez. C’eſt pourquoy j’ay voulu les expliquer en faveur de ceux qui liront ce Livre, pour leur faciliter toutes ſortes d’operations, & pour les exempter de chercher ail- leurs leurs explications.
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SECONDE PARTIE.
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Avant-propos.
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Des Vegetaux.
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SI je voulois eſcrire tous les avantages du Vegetal, & toutes ſes prerogatives, j’au- rois une ample matiere, & je ferois connoiſtre qu’il doit eſtre pre- feré & à l’animal & au mineral. La Ge- neſe nous apprend que le Vegetal fut le premier creé pour les delices, & le ſer- vice de l’homme dans ſon eſtat de Gra- ce. Il contribua à ſes plaiſirs par l’em- belliſſement du Paradis terreſtre, dont il eſtoit tout l’ornement; & depuis ſa diſgrace, il en eut beſoin comme de me dicament: ce qui au precedent ſem- bloit n’avoir eſté fait que pour ſon plai- ſir, devint par ſa faute tellement neceſ [ID00085] ſaire, qu’il a eſté depuis impoſſible de s’en pouvoir paſſer. Auſſi n’eſt-’il pas vray, que dans le Vegetal il ſe trouve dequoy ſatisfaire le gouſt des plus deli- cats. Il nous fournit dequoy faire de di- verſes ſortes de pains. Les boiſſons les plus delicieuſes en proviennent. Il nous donne un nombre infini de differens fruits & en diverſes ſaiſons. C’eſt luy qui produit les huiles, le ſucre, les eſpi- ceries, le bois, le charbon, & quanti- té de choſes utiles & neceſſaires pour l’entretien de la vie. Les animaux meſ- me ne peuvent ſubſiſter que par luy, & ne vivent que de luy. Nous remarquons encore que dans ſon uſage, il ſe trouve moins de corruption que dans celuy des animaux. Nos premiers Peres, qui n’a- voient pour nourriture que les Simples, l’ont experimenté; la longueur de leur vie, la vigueur & force de leur corps auſſi bien que la vivacité de leur eſprit nous le font connoiſtre. La ſaincte Eſcri- ture nous donne encore un puiſſant té- moignage de leur avantage, quand Dieu voulut purifier la terre de ſes crimes par unc inondation univerſelle, le Vegetal [ID00086] ne participa point à cette punition, puiſ- que tous les ſimples parurent aprés ce deſaſtre plus verds qu’ils n’eſtoient au- paravant. Le rameau d’olive que la Co- lombe apporta témoigne leur victoire ſur les autres regnes, & la neceſſité que les hommes en devoient avoir. Mais il paroiſt dans tous ces rencontres quelle eſt leur utilité pour la conſervation de la vie & de la ſanté. Il eſt pareillement veritable qu’ils ne le ſont pas moins pour la rétablir, quand elle eſt alterée. L’on eſt aſſeuré d’y trouver un prompt & veritable ſecours dans toutes ſortes de maladies. David nous le confirme, lors qu’il dit, Seigneur lavez-moy d’hy- ſope, & je ſeray nettoyé; deſirant que ſon corps, qui avoit contribué à ſon pe- ché, fuſt renouvellé en force auſſi bien que ſon ame en Grace. Iſaye guerit le Prophete Ezechias par un cataplaſme de figuier. Le Samaritain qui deſce̅doit de Hierico compoſa ſon remede de deux ſimples pour guerir le bleſſé qu’il trouva à ſon chemin. Il ſemble meſme que Salomon n’auroit pas eu avec ju- ſtice le nom de Sage, s’il n’avoit poſſedé [ID00087] parfaitement la connoiſſance des ſim- ples. L’Eſcriture ſaincte nous en aſſeure, en mettant entre ſes éloges l’avantage d’avoir connu depuis le Cedre du Li- ban juſques à l’hyſope. Si les hommes s’eſtoient appliquez avec ſoin à leur connoiſſance, leur vie en ſeroit plus lon- gue & moins languiſſante. Les deſerts de la Paleſtine ont veu un nombre infi- ny de ſaincts Hermites paſſer le terme que le Prophete do̅ne à la vie de l’hom- me, & vivre des cent & ſix vingt ans ſans prendre autre nourriture que celle des ſimples. Nous voyons encore tous les jours des Religieux & Religieuſes mourir tous chenus de vieilleſſe, qui n’ont veſcu que de legumes. Concluons donc, que l’on doit preferer avec ju- ſtice le Vegetal, & à l’Animal, & au Mineral pour les remedes, comme auſſi il le peut diſputer à l’Animal pour la nourriture. Mais comme toutes les cho- ſes qui ſont an monde ont participé à la punition de l’homme; elles ont beſoin de preparation, afin d’en retrancher les mauvaiſes qualitez pour reünir les prin- cipes purs & nets de toute corruption, [ID00088] pour porter la ſanté à la partie malade. C’eſt ce que fait la Chymie, en faiſant la diviſion des ſubſtances, & rendant les medicamens purs, & ouverts, & ca- pables de penetrer juſques à la plus cachée & interieure partie de noſtre corps. Voicy pluſieurs manieres de les preparer avec leurs proprietez & vertus.

Chapitre I.
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De la Vigne.
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IE commence par le Vegetal le plus parfait & le plus neceſſaire à la vie de l’homme, qui eſt la vigne. La diſtil- lation de ſon vin doit eſtre abſolument faite au Bain-Marie, dans des vaiſſeaux de verre, dautant que le vin a beaucoup d’eſprits, & qu’il abonde en Vitriol; il ne peut eſtre mis en aucun vaiſſeau de metal, ou terre plombée, ſans alterer le vaiſſeau, ou eſtre alteré luy-meſme, tant il a de ſympathie avec les metaux. Ce qu’a bien remarqué un Philoſophe, [ID00089] lequel defend meſme de faire le Sel de Tartre dans aucun vaiſſeau plombé, ny de metal; il faut donc ſe ſervir de vaiſſeaux de verre. Vous prendrez ſix pintes d’excellent vin, & les mettrez dans la cucurbite, & la couvrirez de ſon chapiteau avec ſon Recipient, le tout bien luté; & diſtillez au Bain à feu doux, & lors que vous aurez une pinte de diſtillée, changez de Recipient, & y en mettez un autre pour tirer le phle- gme qui reſtera dans voſtre vaiſſeau, & lors que vous verrez qu’il commencera à monter de l’aigreur, oſtez ce qui ſe- ra dans voſtre Recipient & le remettez; faites boüillir voſtre Bain, il diſtillera un vinaigre, qui ſera parfaitement bon, lequel vous pourrez rectifier pour le rendre plus fort; les feces reſtantes aprés la diſtillation du vinaigre ne ſont pro- pres à rien, quoy que pluſieurs Autheurs ayent écrit, qu’il falloit tirer le Sel des feces; ſans ſe donner cette peine, le Sel & creſme de Tartre ont plus de force, & il s’en tire plus grande quantité; c’eſt pourquoy je n’approuve point cette operation eſtant penible, longue, & [ID00090] inutile. Pour l’huile elle n’eſt point ne- ceſſaire a la Medecine, & je n’ay point trouvé d’Autheur qui traite de ſes ver- tus. Pour perfectionner l’Eſprit de vin que vous avez cy-devant diſtillé, met- tez-le ſur deux pintes de bon vin dans voſtre vaiſſeau, & diſtillez à feu doux, comme a eſté dit cy devant, & lors que vous aurez retiré voſtre pinte, ceſſez; reïterez cette operation ſix ou ſept fois, en adjoûtant touſiours de nouveau vin, & vous aurez un Eſprit de vin animé tres-parfait. Vous pourrez à chaque fois tirer voſtre vinaigre, ſi vous n’ai- mez mieux mettre tous les reſidus en- ſemble, & les dephlegmer & diſtiller tout à la fois. Pour rendre voſtre Eſprit de vin plus ſpirituel, vous le mettrez circuler au fumier, ou au Bain, dans des vaiſſeaux propres à cet effet, comme il a eſté dit à l’article de la Circulation.Les vertus de cet Eſprit ſont incom- parables, tous ceux qui en ont écrit luy attribuent des effects prodigieux. Ru- peciſſa l’éleve juſques au Ciel, & en fait ſon or potable. Il eſt à croire que c’eſtoit de cet Eſprit que les Poëtes entendoient [ID00091] parler par le nectar, qui ſe beuvoit à la table de leurs fauſſes divinitez. Remond Lulle le fait paſſer pour un Specifique à toutes ſortes de maladies, & luy donne des eloges ſur leſquels on ne peut en- cherir. Il eſt vray, qu’il eſt fort neceſſai- re à la Medecine, quoy que la médiſan- ce puiſſe dire contre luy, tant pour cor- riger, cuire, & extraire les vertus des ſimples, animaux, mineraux & metaux, que pour fortifier les membres affoiblis, pris en petite quantité dans un vehicu- le propre au mal: Il réjoüit le cœur, for- tifie les eſprits vitaux, réveille la me- moire, aiguiſe l’entendement, aide à la digeſtion, guerit l’hydropiſie, & fait pluſieurs autres effects; c’eſt avec cet Eſ- prit que ſe pratique l’eau de Bellegar- de, & c’eſt avec ce meſme Eſprit que ce fait celle de la Reine de Hongrie, qui a eu la force de rajeunir cette venerable Princeſſe, & qui ſert aujourd’huy à conſerver la ſanté à pluſieurs perſonnes, & contribuë àl’embeliſſement des Da- mes. Les vertus de cet Eſprit merite- roient un Volume entier, mais com- me pluſieurs Autheurs en ont écrit, [ID00092] le Lecteur y peut avoir recours.

De l’Eſprit de Tartre.
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LE vin produit un Tartre, ou Sel qui s’attache aux paroiſts des vaiſſeaux dans leſquels on met le vin. Le Tartre du vin blanc eſt le meilleur. Ceux qui ont traité des vertus & perfections de la vigne, diſent que le vin blanc eſt le maſle, & que le rouge eſt la femelle. Ie ne ſçay ſi c’eſt pour cette raiſon que le Tartre blanc eſt preferé. Prenez du Tar- tre blanc de Montpellier, que vous pil- lerez tres-delié, & mettrez dans une cornuë, que vous remplirez pour le plus à moitié. Vous y adapterez un grand Recipient: diſtillez à feu de roüe, & gardez les degrez du feu, l’Eſprit ſortira le premier, aprés une huile; & lors qu’il ne diſtillera plus rien, laiſſez refroidir vos vaiſſeaux, & ſeparez l’hui- le d’avec l’Eſprit par le vaiſſeau ſepara- toire, vous cohoberez l’Eſprit deux ou trois fois ſur les feces à feu de cendres.Cet Eſprit eſt fort penetrant, il inci- ſe les humeurs & les deterge, il eſt a- peritif & diuretique; la doze eſt d’une [ID00093] Drachme juſqu’à deux, priſe dans quel- que eau convenable au mal: il eſt ne- ceſſaire auparavant que de s’en ſervir de ſe purger avec de la Caſſe, ou de la Rheubarbe.L’huile ne s’applique que par dehors pour mondifier, & deſecher les playes.

Creſme ou Criſtal de Tartre.
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PRenez du Tartre, comme il a eſté dit, & le mettez en poudre ſubtile, ſur laquelle vous verſerez de l’eau dans un vaiſſeau de verre de la hauteur de ſix doigts. Faites boüillit ladite eau demie- heure, & la verſez par inclination dans un autre vaiſſeau de verre; remettez d’autre eau ſur le Tartre reſtant au fond du vaiſſeau, faites boüillir, & rever- ſez comme il a eſté dit. Reïterez juſ- ques à ce que voſtre Tartre ſoit tout diſſout; prenez toutes ces eaux, & les faites boüillir juſques à diminution des trois quarts. La partie reſtante, vous la mettrez dans un lieu froid, en douze heures de temps ſe formeront des cri- ſtaux ſur la ſuperficie que vous leverez avec une cuillier d’argent, & les deſſe- [ID00094] cherez dans un creuſet, puis les garde- rez dans un vaſe de verre que vous bou- cherez. Faites reboüillir ladite eau, & la mettez au froid, & prenez les cri- ſtaux & deſechez, comme il a eſté dit, continuez juſques à ce qu’il ne ſe forme plus de criſtaux. Cette operation s’ap- pelle Criſtal de Tartre, dautant qu’il eſt blanc, clair & diaphane comme le Criſtal, on le doit appeller avec plus de raiſon Sel fixe du vin.Les Chymiques appellent ce medica- ment par excellence Medecine benite, & luy donnent laperfection d’eſtre pro- pre à toutes ſortes de maladies. La do- ze eſt d’une Drachme priſe dans un boüillon, ou autre liqueur. Il ſe fait un magiſtere du Tartre, lequel je paſſe ſous ſilence, trouvant les deux opera- tions cy-deſſus preferables.

Huile de Tartre par defaillance.
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PRenez du Tartre, pillez, & le mettez dans un creuſet ſur des char- bons ardans, remuez de temps en temps, & continuez un feu fort, juſques à ce que le Tartre devienne blanc. Cette [ID00095] operation eſt longue, vous pourrez met- tre une partie de Soufre pillé avec- que, pour aider à faire brûler le Tartre; quand le Soufre ſera conſommé, vous en remettrez d’autre, & continurez juſ- ques à ce que le Tartre ſoit en cendre blanche, ou griſe, alors vous le mettrez dans un ſachet que vous ſuſpendrez à la cave, & mettrez deſſous un vaiſſeau pour recevoir la liqueur qui tombera par defaillance. Cette huile ſert pour mondifier les playes: Elle guerit les brulures; il la faut appliquer avec un plumaceau: elle ſert auſſi à faire preci- piter les diſſolutions des magiſteres, comme il ſera dit en quelques articles cy-apres.

Du Vinaigre & de ſes vertus.
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LE vinaigre ſe diſtille à la façon qu’il a eſté dit au commencement de ce Chapitre, ou bien vous prendrez du vinaigre blanc ou rouge, & le diſtille- rez au Bain-Marie, ou à la cornuë, en laiſſant la troiſiéme partie des vaiſſeaux vuides de peur que les Eſprits ne mon- tent avec le phlegme, dephlegmez à feu [ID00096] doux, & augmentez le feu lors qu’il montera de l’aigreur, & diſtillez juſ- ques à ce qu’il ne vienne plus rien. Vous pourrez rectifier tant de fois qu’il vous plaira, & dephlegmez à chaque fois. Il eſt à remarquer, que toutes choſes aci- des ſont froides, & qu’elles ont un phle- gme inſipide, qui vient le premier. L’on peut auſſi tirer du vinaigre une huile, & un ſel, leſquels j’obmets pour n’en connoiſtre point les vertus.Le vinaigre diſtillé ſert pour extraire les teintures, il diſſout les perles, & les coraux. Le vinaigre blanc & diſtillé eſt pour decraſſer les teints gras & huil- leux.

Des fueilles, pepins & cendres de la vigne.
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LA vigne nous fournit encore des fueilles & des tendrons utiles à la Medecine, pillez enſemble gueriſſent les douleurs de la teſte appliquez ſur le front, & les temples; mis en cataplaſme ſur l’eſtomac le rafraichiſse̅t; l’eau diſtil- lée deſdites fueilles, & tendrons arreſte les dyſenteries & crachements de ſang, [ID00097] en beuvant un verre le matin; les larmes de la vigne, quand on la coupe au Prin- temps nettoye le cuir, éclaircit la veuë au matin; priſe avec partie égale de vin blanc fait ſortir le gravier de la veſſie.Les pepins des raiſins reduits en pou- dre, meſlez avec les trois parts de cen- dres de ſerment dilayées avec vinaigre & huile roſat en conſiſtence de boüillie diſſipe̅t les tumeurs & duretez qui vien- nent au fondement, appliquées dans un ſachet; mis à la teſte appaiſent les dou- leurs de la Migraine.

Chapitre II.
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Des Aromats & de leurs vertus.
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Du Roſmarin.
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CE n’eſt pas ſans raiſon que les Phi- loſophes ont donné au Roſmarin l’avantage ſur tous les autres vegetaux; il s’accommode aux infirmitez des hom- mes, il échauffe les froids, tempere les chauds, & tient en eſtat les moderez, [ID00098] Rupeciſſa le met au rang des choſes temperées: Avicenne, Mathiole, Dio- ſcoride, Dalechamps & autres, luy don- nent des puiſſances & des facultez capa- bles de regenerer l’homme, & de luy donner des forces nouvelles. La pluſ- part de ces Autheurs ont ignoré les pre- parations des ſimples, & les ont ordo̅nez tous crus, ou en decoctions groſſieres; mais s’ils en diſent tant de merveilles eſtant mal apreſtez, qu’en pouvons nous eſcrire & aſſurer, eſtant bien preparez, purifiez, & détachez de leurs mauvaiſes qualitez.Vn Philoſophe moderne a eu raiſon de dire, que tout homme qui aimoit la vie devoit avoir de l’eſſence de Roſma- rin en ſa maiſon, comme un Antidote univerſel à toutes ſortes de maux. Ie m’en ſuis ſervie heureuſement, & en ay fait des cures admirables. L’on peut prendre de ſon eſſence depuis ſix goutes juſque à dix dans du vin, ouda̅s une cuil- lerée d’eau ſucrée le matin à jeun. Elle preſerve de tout air infecté, guerit la jauniſſe, inciſe les humeurs craſſes, ré- jouït le cœur, chaſſe la melancholie [ID00099] deſopile la rate, guerit de l’Apoplexie, Eſquinancie, Litargie ſur le champ; rend l’haleine douce, & fait le teint vermeil, conforte l’eſtomac, aide à la digeſtion, priſe comme deſſus.

De l’eau de Roſmarin.
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CEtte eau a preſque les meſmes vertus que l’eſſence; mais il en faut prendre en plus grande quantité: la do- ze eſt de cinq à ſix cuillerées. Les bains faits d’eau de Roſmarin, co̅tinuez quin- ze jours aprés avoir eſté purgé gueriſ- ſent la Paraly ſie pour vieille & invete- rée qu’elle ſoit, ralonge les nerfs ra- courcis, oſte l’engourdiſſement des membres, & les fortifie, en baſſinant les parties affligées de ladite eau tiede, & les enveloppant d’vn linge trempé dedans, il faut renouveller trois ou qua- tre fois le jour.

Teinture ou extraict de Roſmarin.
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ELle ſe prend en pillules le poids d’une Drachme pour faire mourir les vers; eſtenduë en forme d’onguent ſur un morceau de cuir guerit les doulours [ID00100] qui proviennent de cauſe froide. Cet emplaſtre ne ſe doit point lever, il faut le laiſſer tomber de luy-meſme; eſtant aiguiſé de trois ou quatre goutes de ſon eſſence il eſt meilleur, & eſt bon pour les Rheumatiſmes, appliqué ſur les par- ties douloureuſes.

Du Sel de Roſmarin.
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SOn uſage eſt pour les eſtomacs foi- bles, & debiles, s’en ſervant pour aſſaiſonner les viandes au lieu de ſel commun; il provoque l’vrine, tuë les vers, excite les ſueurs, & purifie le ſang.

De la Sauge.
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LA Sauge eſt un ſimple qui a telle ſympathie avec toutes les parties de noſtre corps, qu’elle les peut renouvel- ler & rendre vigoureuſes: ce qui a fait dire aux Docteurs de Salerne avec aſſu- rance, qu’ils s’eſtonnoient qu’un hom- me fuſt mortel qui avoit de la Sauge à fon jardin. Dioſcoride luy attribuë une vertu univerſelle, voicy ce que mon experience m’en a appris.
|| [ID00101]

De l’Eſſence de la Sauge.
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ELle eſt un ſpecifique pour toutes les maladies du cerveau; elle arre- ſte, & detourne toutes ſortes de flu- xions; elle fait ſortir le fruit mort, & aide la nature à le pouſſer dehors; la doſe eſt de ſix goutes juſqu’à dix dans une cuillerèe d’eau de vie, ou eau ſu- crée; elle fait concevoir la femme ſte- rile en prenant huict matins de ſuite, comme il a eſté dit, & s’abſtenant pen- dant ce temps de la compagnie de ſon mary.

De l’eau de Sauge.
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CEtte eau mondifie les playes, ſi on les en lave; elle noircit les che- veux, en faiſant leſſive, fortifie le cer- veau & les membres, arreſte le ſang ti- rée par le nez, guerit les picqueures, ſoulage le mal des dents, reſerre les genſives, en lavant tout ce que deſſus de ladite eau un peu chau de.
|| [ID00102]

De la Teinture ou extraict de Sauge.
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CEtte Teinture eſt bonne contre les douleurs froides jettée ſur des charbons ardans. La fumée priſe par bas arreſte les pertes de ſang des femmes. Le poids d’un eſcu pris en pillules arre- ſte le vomiſſement. La meſme doſe di- layée dans demy verre de vin blanc, büe par trois matins à jeun, guerit la fievre quarte.

Le Sel de Sauge.
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CE Sel doit eſtre appellé Benit pour les biens qu’il produit; il eſt uni- verſel pour toutes ſortes de maladies pris dans un vehicule convenable au mal. La doſe eſt d’un ſcrupule juſques à deux: il a les meſmes vertus que l’eſ- ſence, l eau & la teinture; reüniſſez tou- tes les quatre parties enſemble, & adjoû- tez un peu de moüelle de cerf, mettez le tout dans un vaſe de verre, duquel le tiers ſera vuide, & bien bouchè; expo- ſez-le un mois au Soleil, & vous aurez un Baume pour toutes ſortes de playes & de douleurs.
|| [ID00103]

De l’Hyſope.
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LE Vegetal eſt un des plus neceſſai- res à la Medecine, particuliere- ment pour les maladies des femmes, neantmoins il s’en trouve peu de pre- paré comme il faut.

De l’Eſſence.
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L’Eſſence eſt ſouveraine pour les ma- ladies du poulmon provenantes de cauſes froides; elle guerit les paſles cou- leurs des filles, & leur fait venir leurs purgations; elle fait vuider l’arrierefaix, qui reſte aprés l’accouchement; elle ai- de à la reſpiration, & donne des forces; la doſe eſt de huict à dix goutes priſe dans ſon eau, ou vin blanc.

De l’eau d’Hyſope.
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CEtte eau ſert de vehicule à ſon Eſſence; elle eſt propre pour toutes les maladies ſufdites. La doſe eſt d’un demy verre juſques à vn verre.
|| [ID00104]

De la Teinture ou extraict de l’Hyſope.
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IL ſe fait des pillules de cette Teintu- re aiguiſée de dix ou douze goutes de ſon Eſſence. Vne Drachme de ſel de Mars, une demie-Drachme de pithyme, une goute d’Eſſence de clou de girofle, deux de canelle, quatre grains de tein- ture de Safran, le tout incorporé dans trois Drachmes de teinture, deſquelles l’on fera quatre priſes. Elles font reve- nir les purgations de long-temps arre- ſtées en les prenant le matin, il faut con- tinuer juſqu’à gueriſon.

Du Sel d’Hyſope.
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IL a les meſmes vertus que ſon Eſſen- ce, l’eau & la teinture.

De la Taneſie.
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LA Taneſie eſt preſque inconnuë en France, quoy qu’elle ait des quali- tez tres-particulieres. Les Alemans & les Griſons s’en ſervent comme de The- riaque contre toutes ſortes de maladies; je l’ay experimenté à toutes les maladies ſuivantes.
|| [ID00105]

De l’Eſſence de Taneſie.
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ELle facilite les accouchemens des femmes, priſe de dix à douze goutes dans deux cuillerées d’eau de canelle; quatre goutes priſes dans deux cuille- rées de ſon eau fait mourir & ſortir les vers. La meſme doſe priſe en eau de per- ſil fait vriner facilement, diſſout & rompt la pierre.

De l’eau de Taneſie.
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CEtte eau n’eſt point deſagreable, quand on a mis du miel de Narbon- ne dedans; elle fait ſortir les vers des petits enfans, leur en donnant à boire le matin quatre ou cinq cuillerées, trois ou quatre jours de ſuite dans le decours de la Lune. Au défaut de l’Eſſence l’on peut donner un verre de cette eau à la femme en travail d’enfant; elle facilite- ra ſon accouchement; & ſi l’on prend huict matins de ſuite un verre de cette cau, avant que d’accoucher, & que l’on ſe promene une heure dans la chambre, l’on accouchera heureuſement & faci- lement.
|| [ID00106]

Teinture de Taneſie.
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CEtte Teinture eſtenduë ſur un morceau de cuir appliqué ſur le ventre des enfans, fait mourir & ſortir les vers.

Du Sel de Taneſie.
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LE Sel a les meſmes vertus que deſ- ſus, pris dans un œuf ou boüillon le poids d’un demy-Scrupule, juſques à un Scrupule.

Du Thim.
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GAllien donne des propriete z à la ſeule decoction du Thim tres- grandes, à plus forte raiſon le pur eſtant ſeparé de l’impur, on en doit eſperer d’heur eux effects. Prenez une Drach- me d’eſſence, deux livres d’eau, deux Drachmes de Teinture, une Drachme de Sel, meſlez le tout dans une livre de vinaigre diſtillé, faites diſſoudre de- dans du miel blanc à diſcretion. Ce re- mede eſt pour les Aſmatiques, & pour ceux qui ne peuvent reſpirer; il aide à cracher la pourriture qui eſt dans la poi [ID00107] trine, il fait reſoudre les tumeurs & en- flures froides. Il reſout le ſang caillé, il eſt bon aux toües inveterées, il guerit du haut mal en continuant d’en pren- dre un mois entier le matin à jeun. La doſe eſt d’un demy verre. L’Eſſence ſeu- le eſt bonne appliquée au dehors pour les ſciatiques, & goutes froides.

Du Fenoüil.
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L’Essence du Fenoüil, priſe cinq ou ſix goutes dans un demyverre de ſon eau fortifie la veuë, & fait ſortir les vents.L’eau eſt bonne pour laver les yeux malades, & pour faire les infuſions de Rheubarbe, & de Sené.La Teintur??? priſe en pillules ſait ſor- tir les vents, & fortifie l’eſtomach, de- layez la groſſeur d’une noiſette dans une chopine de ſon eau, & un Scrupu- le de ſon Sel, ce ſera un lavement ad- mirable pour les coliques venteuſes.Son Sel eſt excellent pour aſſaiſonner les viandes de ceux qui ont des vents.
|| [ID00108]

De la Menthe ou Baume.
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IL eſt de pluſieurs ſortes de Baumes ou Menthes, de rouges, blanches, cultivées & ſauvages; mais ſans faire leurs diſcernemens, je diray de quelque façon qu’elles ſoient, que l’Eſſence en eſt chaude, qu’elle rend l’haleine dou- ce & agreable, priſe cinq ou ſix goutes le matin à jeun dans une cuillerée d’eau de Canelle; deux ou trois goutes tirées par le nez font revenir l’odorat perdu; ſon eau chaude fortifie les membres re- froidis & affoiblis, les en eſtuvant un peu trois ou quatre fois le jour l’eſpace de quinze jours.Le Sel, l’eau, l’Eſſence & la Teinture reünis enſemble, mis dans une phiole, expoſez un mois au Soleil, deviennent un vray Baume pour toutes les playes, particulierement pour celles de la teſte.

De la Ruë.
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L’Essence de la Ruë eſt un ſpecifique pourſe garantir de la peſte, en pre- nant dans le temps de peſte, tous les ma- tins cinq ou ſix goutes dans une cuille [ID00109] rée d’eau de vie; elle chaſſe les vents; elle deſſeche & inciſe les groſſes hu- meurs, priſe dans un boüillon cinq à ſix goutes.Son eau appaiſe les douleurs de la poi- trine, conforte la veuë, en beuvant un demy verre le matin à jeun. Vn demy verre de ſon eau, & ſept ou huict gou- tes de ſon Eſſence purgent doucement le phlegme.S??? Teinture appliquée en forme de cataplaſme ſur les cuiſſes appaiſe les douleurs qui proviennent de laſſitude.

De la Marjolaine.
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L’Essence de la Marjolaine eſt ex- cellente pour appaiſer les douleurs de teſte, priſe huict à dix goutes dans une cuillerée d’eau roſe; deux ou trois goutes tirées par le nez fait le meſme effet.Son eau un peu chaude conforte la te- ſte, & guerit les douleurs des aureilles, lavant leſdites parties d’icelle.De ſa Teinture meſlée avec eſprit de Therebentine & cire neufve, il s’en fait un amplaſtre pour les douleurs des han [ID00110] ches, & des reins, il s’applique ſur du cuir.Ses feüilles ſechées à l’ombre redui- tes en poudre, priſes par le nez font eternüer doucement, & dechargent le cerveau.

Chapitre III.
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Maniere de diſtiller toutes ſortes de Simples Aromatiques, & tendres.
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I’Ay reſolu pour le ſoulagement du Lecteur de reïterer la methode de di- ſtiller les Simples Aromatiques, & Sim- ples tendres, & la maniere d’en extrai- re les Teintures & Sels. Pour diſtiller les Aromatiques, il eſt neceſſaire de leur donner un Menſtruë, dautant que dans leur bois il ſe trouve de l’Eſſence, & les bois ne ſe peuvent piller, de plus ils n’ont pas tant d’humidité que les Sim- ples tendres. Vous les diſtillerez dans l’Alembic de cuivre par le Refrigera- toire, comme il eſt dit au premier ar- ticle de la diſtillation.
|| [ID00111]
Pour les herbes tendres, ſi elles ſont vertes, vous les pillerez dans un mor- tier de marbre, ou de pierre, & les met- trez fermenter trois ou quatre jours à la cave dans un vaiſſeau de verre, ou à ſon deffaut dans des vaiſſeaux de terre verniſez, vous en exprimerez le ſuc par la preſſe que vous filtrerez, & diſtille- rez au Bain, faiſant le feu ſelon que l’eau aura de la facilité à s’élever, lors qu’il ne montera plus d’eau, ceſſez, ce qui reftera au fond du vaiſſeau s’appelle Teinture ou Extraict, lequel vous ferez evaporer juſques à conſiſtence de vin cuit, ou miel, ou bien vous y adjoûterez du ſucre pour en faire du Syrop, co̅me il ſe fait de Bugloſſe, Bourrache, Dendive, & autres, leſquels ont tous leurs pro- prietez particulieres des Extraicts ou Teintures. Vous vous en pourrez ſervir à former des pillules, & faire des lave- mens. Vous prendrez gros comme une noiſette de chacun de ceux quiſont pro- pres pour cet effect, que vous delairez dans quelque eau convenable, & l’ai- guiſerez des Sels deſdits ſimples, & vous verrez que cette diſſolution aura [ID00112] des effects tous autres que les decoctio̅s ordinaires deſquelles on fait les lave- mens.Pour les herbes ſeches, il les faut ar- rouſer, ſoit pour les diſtiller, ou pour en extraire la Teinture. L’eau de pluye diſtillée eſt la meilleure au deffaut de l’eau co̅mune de riviere, la quantité doit eſtre égale aux herbes, vous n’en tirerez que la ſixiéme partie de l’eau que vous y aurez miſe: toutes les Teintures ne ſe tirent pas avec de l’eau, il faut un Men- ſtruë, ſelon leurs facultez; aux Aſtrin- gentes il faut du vinaigre diſtillé, aux diuretiques du vin blanc, aux laxatifs de l’eau de Bourrache, Bugloſſe, ou Ci- chorée; aux ſudorifiques du Chardon Benit. Il ſe trouve des corps rebelles, & qui ont des qualitez veneneuſes qu’il faut penetrer & corriger par l’Eſprit de vin, ou des eaux aromatiques.

Des Sels.
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POvr faire du Sel, il faut avoir des cendres; c’eſt pourquoy Frere Ba- ſile Valentin a dit dans ſon Traité des douze Clefs, ſi tu n’as point de cen [ID00113] dres, tu n’auras point de Sel: il faut brûler les ſimples, & les rendre en cen- dres blanches, & en tirer le Sel par leſ- ſive que vous ferez en cette ſorte. Vous ferez chaufer de l’eau plus que tiede, & la verſerez ſur vos cendres, qu’elle ſurnage de ſix doigts, & laiſſerez re- froidir, puis filtrerez & ferez evaporer juſques à conſiſtence de Sel. Si voſtre Sel n’eſt aſſez blanc, faites-le decrepi- ter dans un creuſet, & rediſſoudre dans ſon cau, ou cau commune; filtrez, & deſſechez, comme il a eſté dit tant de fois, que vous ſoyez ſatisfait, à la ſept ou huictiéme fois il ſera fuſible.

Chapitre IV.
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Des ſimples tendtes, & leurs vertus.
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Betoine.
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L’Eav diſtillée de la Betoine tous les matins büe à jeun le poids de quatre onces fortifie la veuë, conforte l’eſtomac, fait vuider le ſang meurtry & caillé, & les eaux des Hydropiques, [ID00114] mondifie la poitrine, adoucit les dou- leurs de la ratte, purge les ſeroſitez de la teſte, & fortifie les membres. Elle oſte la rougeur des yeux ſi on les en la- ve, nettoye les dents, & appaiſe la dou- leur, reſſerre les genſives, s’en garga- riſant la bouche eſtant un peu tiede.La Teinture meſlée avec un peu de cire pour luy donner corps, eſt mer- veilleuſe pour les playes de la teſte: elle fait ſortir les eſchilles, & diſſout le ſang meurtry.Ses racines infuſées dans du vin blanc du ſoir au matin font vomir; c’eſt pour- quoy il faut oſter les racines des tiges lors que l’on veut diſtiller, autrement l’eau ſeroit vomitive.

Chelidoine.
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CEtte eau a la vertu de faire vui- der les humiditez ſuperfluës, qui ſont entre le cuir & la chair. Elle deſen- fle les membres büe un mois tous les matins un demy verre avec partie égale de vin blanc. Elle mange les tayes des yeux, mais il la faut corriger avec une part d’eau de plantain ou lait de femme, [ID00115] & en mettre trois ou quatre fois le jour ſur la taye.Sa Teinture leve les chairs mortes, & mondifie les vlceres, incorporée avec de la cire en forme d’emplaſtre.

Morelle.
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GEtte eau eſt rafraichiſſante & aſtringente; elle arreſte toutes ſor- tes de cours de ventre, les fleurs blan- ches, les pertes de ſang des femmes büe ſoir & matin quatre onces à chaque pri- ſe; ilfaut continuer juſqu’à gueriſon. Ses fueilles pillées & meſlées avec cendres de ſerment en conſiſtence de boüillie en faire fronteau entre deux linges, ap- paiſe la douleur de teſte qui provient de chaleur, provoque doucement le dormir.Sa Teinture aiguiſée de ſon Sel, ap- pliquée ſur les excroiſſances de chair, diſſipe & guerit.

Meliſſ???.
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CEtte cau a des proprietez uni- verſelles, & eſt utile en toutes ſor- tes de maladies; particulierement elle [ID00116] réjoüit le cœur, diſſipe la melancholie, purifie le ſang, arreſte le battement de cœur, aide à la digeſtion, affermit le cer- veau, tient le ventre libre, priſe tous les matins le poids de trois à quatre onces.Sa Teinture priſe en pillules arreſte le devoiment: meſlée avec ſon ſel, & de la charpie, guerit les écrouelles; il faut mettre par deſſus une emplaſtre de dia- palma, & changer ſoir & matin de char- pie: fonduë en forme d’onguent, ap- paiſe les douleurs de la goutte, en fro- tant doucement la partie malade.

Aluine, ou Abſinthe.
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L’Eau titée de cette herbe, conforte l’eſtomac, rend l’haleine agreable, excite l’appetit, provoque l’vrine, fait venir les purgations aux filles, ſoulage les Hydropiques, deſopile la ratte. La doſe eſt de deux onces juſqu’à trois, dans un demy verre de vin blanc büe le matin, il faut continuer un mois.Sa Teinture a les meſmes vertus que l’eau, priſe en pillules le matin, & une heure devant ſouper le poids d’une Drachme à chaque fois.
|| [ID00117]
Son Sel guerit de la peſte, priſe en eau de rüe; il fait vuider les eaux des Hydropiques, diſſout dans du vin blanc. La doſe eſt de vingt à trente grains.

Mille-pertuis.
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L’Eau qui ſe tire des fleurs & des fueilles de Mille-pertuis, guerit les abcés qui viennent dans le corps, em- péche la corruption, fait ſortir, & mou- rir les vers, & empeſche qu’il ne s’en forme pour l’advenir, ſi l’on en boit ſoir & matin deux onces deux fois la ſemaine; elle guerit du haut mal en bu- vant un an de temps tous les matins quatre onces de ladite eau, & ſe pur- geant d’agaric toutes les ſemaines une fois. Elle fortifie les Paralytiques, s’ils en uſent long-temps, & s’ils frotent les parties paralytiques d’Eſſence de Roſ- marin, ou de l’eau de la Reine de Hon- grie; elle arreſte le crachement de ſang, meſlée partie égale d’eau d’hyſope avec du miel blanc.Sa Teinture dans laquelle on aura di- layé de la poudre de chaux vive, arreſte la gangrene, & ſepare la chair morte [ID00118] d’avec la vive, meſlée avec emplaſtre, dont on panſe les playes, les preſerve de gangrene: de ſes fleurs avec huile d’Olive & eſprit de Terebentine ſe fait un Baume, qui guerit les coupures & meurtriſſeures.Son Sel a meſmes vertus que l’eau & reinture: diſſout dans ſon eau le poids d’une Drachme, le meſme poids diſ- ſout dans un verre de vin d’Eſpagne guerit ſoudain la pleureſie.

Violette.
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L’Eau de fueilles, & racines de Vio- lette tempere les ardeurs de la cole- re; elle rafraichit, fait dormir, appaiſe les douleurs de teſte, adoucit les ardeurs de la poitrine, deſaltere, & deſopile le foye, guerit la jauniſſe en buvant matin & ſoir un grand verre, dans lequel on diſſoudra un peu de ſucre.Ses racines, infuſées une nuict dans un verre de vin blanc, exprimé & bu le matin, purgent doucement.Sa graine reduite en poudre le poids d’une demie-once, priſe dans un verre de ſon eau fait faire trois ou quatre ſel- les ſans tranchées.
|| [ID00119]
Sa Teinture eſt bonne pour allier les poudres, deſquelles on veut former des pillules, & pour delayer dans des lavements rafraichiſſants. L’on la peut auſſi appliquer ſur les parties où il y aura inflammation, meſlée auec les quatre farines, & en faire cataplaſme.

Pourpier.
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CEtte eau eſt fort rafraichiſſan- te; elle deſaltere ceux qui ſont travaillez de la ſoif; dans les fiéures ar- dantes, elle fait dormir. Son uſage doit eſtre moderé; car elle eſt nuiſible à l’eſtomac. La doze eſt de deux à trois cueillerées dans un verre d’eau com- mune.

Laictuë.
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IL faut ſe ſervir de cette eau avec grande circonſpection, & corriger ſa froideur par le ſucre, ou par quelque aromatique. Elle eſt dangereuſe, priſe en trop grande quantité. Elle rafrai- chit beaucoup, & fait dormir.
|| [ID00120]

Cichorée.
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CEtte eau a de grandes avantages; elle rafraichit & fortifie l’eſto- mach, excite le ſommeil doucement, réjoüit le cœur, purge la ratte, tient le ventre libre. Elle eſt excellente à faire les infuſions de Sené & de Reubarbe, meſlée avec partie égale de Fenoüil.

Fraiſier.
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L’Eav de fucilles & racines de Fraiſier eſt cordiale & rafraichiſ- ſante, & peut eſtre beüe en tout temps, & en toutes maladies où il y a ardeur du foye. Elle n’a aucune mauvaiſe qualité, conſerve l’embon-point, for- tifie & tient le teint frais.

Bourrache & Bugloſſe.
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CEs deux herbes ont beaucoup de rapport entre-elles: Elles ont les meſmes vertus, & ſont miſes au nom- bre des cordiales. Elles rafraichiſſent ſans accident, fortifient & purgent doucement. La doſe eſt de trois à qua- tre onces, beüe le matin.
|| [ID00121]

Ozeille
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L’Vsage de cette eau a la vertu de guerir les Catarres de quelque na- ture qu’ils ſoient: il en faut prendre le matin quatre onces, & continuer un mois de temps. Il faut la faire chauffer, & diſſoudre dans chaque priſe une cuillerée de miel blanc: Il faut viure de regime pendant ledit temps, & ſe purger deux ou trois fois, ſelon le lieu, ou la partie malade.

Chardon benit.
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CE n’eſt pas ſans ſujet que cette Herbe porte la benediction avec elle. Son eau eſt confortative; elle pouſſe les mauvaiſes humeurs au de- hors par les ſueurs, renouvelle les for- ces. L’on en peut prendre depuis qua- tre iuſques à ſix onces. Il eſt bon d’en donner à ceux qui ont la fiéure, & qui ont peine à ſuer à la fin de leur accés.Son Sel eſt ſudorifique; une drachme diſſout dans un verre de ſon eau, fait fuer abondamment.
|| [ID00122]

Mauves.
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CEtte eau eſt bonne pour des per- ſonnes enroüées, qui ont peine à parler. Il en faut boire le matin un ver- re avec du ſucre; & le ſoir, deux heures apres le repas autant. Elle aide les fem- mes dans leurs accouchemens, ſi elles en prennent quatre onces avec une on- ce d’huile d’amande douce. Elle appa ſe la douleur des aureilles, & guerit de la ſourdité nouvellement arrivée, ſi l’on la meſſe avec jus d’oignon, & eau de Morelle, partie égale. Il la faut chauf- fer, & mettre trois ou quatre gouttes dans l’aureille, & tremper un morceau de coton, & le mettre deſſus le ſoir en ſe couchant. Il ne ſe faut pas coucher ſur le coſté où l’on a mis le remede. En cas que toutes les deux aureilles fuſſent malades, l’on mettra le ſoir à l’une, & le ſoir ſuivant à l’autre. Il ſe fait une emplaſtre de ſa Teinture, de celle de bois de Sault, therebentine de Veniſe, partie égale, avec un peu de cire: pour les playes où il y a inflammation, il faut delayer gros comme une noiſette [ID00123] de ſa Teinture dans la decoction des lavemens.

Guimauves.
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L’Eav des fueilles & des racines de cette herbe, le poids d’une once, avec une once d’huile d’amande douce, beue le matin un mois de temps, appai- ſe les ardeurs de l’urine, & fait ſortir le ſable qui ſe trouve dans la Veſſie. Ses fueilles cuites dans du gros vin, avec une once de miel en conſiſtence, un peu époiſſe, étenduë ſur de la filaſſe rouſſie, appliquée ſur les mammelles enflées & dures, les amollit & reſout les apoſtemes. Il en faut appliquer trois ou quatre fois le jour, & conti- nuer.

Parietaire.
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L’Eav de Parietaire eſt rafraichiſ- ſante, büe le poids de deux à trois onces; laſche l’urine ſupprimée, guerit les échauffures qui viennent en la bou- che, appaiſe la douleur des dents, ſi on la tient dans la bouche vn peu chaude.
|| [ID00124]
Sa Teinture meſlée avec graiſſe de chappon guerit les bruſlures. Il en faut appliquer trois ou quatre fois le jour avec une plume. Elle reſout les apo- ſtemes des mammelles, diſſipe les in- flammations, arreſte les douleurs de la colique, appliquée ſur les mammelles & ventre, comme deſſus.Son Sel pris le poids d’une drachme dans un boüillon, provoque les ſueurs.

Fume-terre.
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L’Eav de Fume-terre eſt laxative, purge la bile, fortifie le foye, & le deſopile; guerit les fiéures bilieuſes, diſſipe les humeurs coleriques & adu- ſtes; conforte les membres, & les affer- mit, priſe le poids de quatre onces le matin dans un bouillon. Elle nettoye le cuir de toute galle & rougeur, éclaircit les yeux ſi on les en lave.Sa Teinture en conſiſtence de pillu- les, priſe le poids de deux drachmes, purge la bile.Son Sel diſſout dans un boüillon, le poids d’une drachme, fait le meſme effect.
|| [ID00125]

Plantain.
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L’Eav de Plantain guerit les opi- lations de foye, & de la ratte. Elle rafraichit le ſang échauffé, reſerre le ventre, preſerve des hemorroïdes, guerit les ulceres du poulmon, arreſte le crachement de ſang, chaſſe les fié- ures tierces, en beuvant trois ou quatre matin, depuis quatre iuſques à ſix on- ces. Elle guerit & deſſeiche les playes nouvelles, en les lavant trois fois le jour de ladite eau; appaiſe les douleurs de la bruſlure, mettant un linge trem- pé dedans ſur la partie bruſlée, qu’il faudra ſouvent renouveller.Sa Teinture en conſiſtence d’extraict, animée de ſon Sel, app???iquée ſur une playe nouvelle, pourveu qu’elle ne ſoit profonde que d’un demy-doigt, les guerit en cinq jours.

Cerfeuil.
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CEtte eau purifie le ſang, fait vui- der les eaux des hydropiques, ap- paiſe les douleurs de coſté, fait ſortir la pourriture de dedans le corps, tuë [ID00126] les vers, fortifie l’eſtomac, büe le matin un grand verre. Il eſt neceſſaire de ſe promener moderément apres l’avoir büe.

Perſil.
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L’Eav de Perſil eſt admirable pour décharger les reins, & faire vui- der le ſable: Il en faut boire un verre le matin, dans lequel on mettra deux gouttes d’eſprit de vitriol. Elle nettoye & conforte l’eſtomac, & tient le ventre libre.

Ioubarbe.
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CEtte eau eſt fort froide: elle amortit les ardeurs de la fiéure chaude, guerit les ulceres des boyaux, appaiſe la douleur de teſte, arreſte rou- te ſorte de flux, priſe le poids de qua- tre à cinq onces.Sa teinture repercute les apoſtemes chaudes, appaiſe les douleurs de la goutte provenante de chaleur; meſlée avec huile roſat, guerit les bruſlures.
|| [ID00127]

Chapitre V.
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Maniere de diſtiller les Fleurs des Simples.
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Des Roſes.
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IL eſt de pluſieurs ſortes de Roſes, de rouges, d’incarnates, de blanches, de ſauvages, appellées Roſes de chien; leſquelles ont toutes leurs proprietez particulieres. La façon de les diſtiller eſt commune: chacun en uſe comme il luy plaiſt; pour moy voicy ma methode.Prenez des Roſes à diſcretion, & les nettoyez de toutes ſortes d’ordures, que vous pillerez dans un mortier de marbre, ou de pierre; & les mettrez dans un vaſe de verre bien bouché fermenter huit ou dix jours dans la ca- ve, juſqu’à ce qu’elles commencent à s’aigrit. Alors exprimez leſdites Roſes ſous la preſſe, dans un ſac de toile bien forte: filtrez ladite expreſſion, & la diſtillez au bain, & luttez toutes les [ID00128] jointures de vos vaiſſeaux, & faites un petit feu au commencement; car la pre- miere eau qui mo̅te n’eſt que phlegme, & n’eſt pas odoriferante, mais bien celle qui tient le milieu. Mettez la pre- miere, ſeconde, & troiſiéme à part, & vous verrez que la ſeconde a plus de force & d’odeur. Pour ce qui reſte au fond de voſtre vaiſſeau, en conſiſtence de ſyrop, eſt une Teinture, qui a les meſmes facultez que le ſyrop de Roſes. Il ſe garde pluſieurs années ſans ſe gâ- ter, bien qu il ſoit ſans ſucre. I’ay ex- perimenté pluſieurs fois qu’il eſtoit plus purgatif que le ſyrop vulgaire. Pour voſtre Eau-roſe, vous la pourrez rectifier ſur de nouveau ſuc de Roſes, & la faire circuler, comme l’eſprit de vin, pour la rendre plus ſpirituelle.Prenez le marc des ſuſdites Roſes, & le remettez dans le vaiſſeau de verre; & verſez par deſſus de l’eau commune, qu’elle ſurnage de deux doigts, & bou- cherez & mettrez fermenter à la cave quinze jours: puis exprimez, filtrez & diſtillez comme au precedent, & vous aurez encore de meilleure Eau-roſe que [ID00129] celle qui ſe vend communément. Faites ſecher voſtre marc, & le bruſlez, pour en tirer le Sel par leſſive, & ranimerez voſtre Eau dudit Sel. Elle ſe gardera & conſervera pluſieurs années.Cette Eau a des qualitez tres-utiles: Il ſe fait peu de médicaments dans leſ- quels elle n’entre en compoſition: ſon uſage frequent fait connoiſtre ſes vertus.

De la Teinture de Roſes.
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CE qui eſt reſté au fond de vo- ſtre vaiſſeau apres vos diſtillations, eſt une Teinture, laquelle eſt purga- tive. Il eſt une autre ſorte de Tein- ture de Roſes, laquelle eſt fort commu- ne. Elle ſe fait en cette façon. Prenez une once de Roſes rouges ſeches; ver- ſez deſſus deux liures d’eau dans un vaiſſeau de verre, ou de grais: adjoûtez- y une demy drachme d’eſprit de ſou- fre, ou de vitriol; couurez voſtre vaiſ- ſeau, & le mettez infuſer ſur des cen- dres chaudes, dans quatre heures vous aurez une Teinture fort rouge, que vous filtrerez par le papier broüillart, [ID00130] ou chauſſe d’hypocras, & diſſoudrez du ſucre à diſcretion.Cette Teinture eſt bonne pour tou- tes les maladies du foye, aux fiéures ardantes, aux exceſſives chaleurs; aide à la digeſtion, conſerve l’embon-point, purifie le ſang, en beuvant deux ou trois verres par jour.

Conſerve de Roſes.
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PRenez des Roſes de Provins, les boutons à demy ouverts: couppez les ongles avec des ciſeaux, & les pilez dans un mortier de marbre, tant qu’ils deviennent comme de la pâte: Par cha- que livre mettez deux livres de ſucre, ou caſſonade en poudre; incorporez bien le tout enſemble; & puis les met- tez dans une Cucurbite de verre, que vous couvrirez d’un Alembic aveugle: lutterez bien les jointures, que vous laiſſerez ſecher; puis mettrez vos vaiſ- ſeaux dans du ſable en la cave, & les y laiſſerez quarante jours: apres leſquels vous retirerez vos vaiſſeaux, & met- trez voſtre Conſerve dans des vaſes propres pour la garder.
|| [ID00131]
Sa vertu eſt un remede pour toutes les maladies du poulmon: Elle confor- te l’eſtomac, aide à la digeſtion, pro- voque doucement le dormir. Il en faut prendre ſoir & matin gros comme une noix.

De l’huile de Roſes.
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VOvs prendrez des Roſes paſles, que vous ferez ſecher à demy en- tre deux ſachets; puis les mettrez infu- ſer au ſoleil dans une phiole de verre, avec de l’huile d’oliue qui ſoit claire, & ſans odeur, qu’elle ſurnage la hau- teur de quatre doigts; & les laiſſez in- fuſer quinze jours: puis tirez voſtre- dite huile, & Roſes, & les exprimez, & remettez de nouvelles Roſes dans voſtre phiole auſoleil, le plus que vous pourrez; & verſez voſtre ſuſdite huile deſſus, & remettez au ſoleil: reïterez cette operation juſques à trois fois, & laiſſez voſtre phiole au ſoleil, le plus que vous pourrez. Il faut qu’il y ait l’eſpace de quatre doigts de vuide à voſtre phiole, & que le bouchon ſoit de parchemin, percé de trous d’épin [ID00132] gle, afin que les phlegmes ſe diſſipent.Ses vertus ſont aſſez connuës, c’eſt pourquoy je les paſſe ſous ſilence.Le Miel-roſat ſe fait comme le vio- lat; dont il ſera parlé cy-apres.

De la Violette.
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PRenez vos fleurs de Violettes, & les épluchez, comme pour faire ſyrop; que vous pilerez, ferme̅terez, exprime- rez, & filtrerez co̅me les roſes; & diſtil- lerez au bain juſques à ce qu’il ne mon- te plus rien. Deux cueillerées de cette eau, miſe dans un verre d’eau d’orge, rafraichiſſent plus que deux onces de ſyrop violat. Elle fortifie l’eſtomac, engraiſſe, fait dormir. Elle eſt bonne à toutes ſortes d’âges, & de perſonnes. L’on peut changer de vehicule. On la peut prendre dans un boüillon, ou dans du vin; ſelon la diſpoſition & tempe- rament de la perſonne. Vous pour- rez remettre de l’eau ſur voſtre mare, que vous mettrez fermenter cinq ou ſix jours; puis diſtillerez comme au pre- cedent. Cette eau n’a pas tant de force que la premiere: auſſi elle ſe prend [ID00133] ſeule avec un peu de ſucre. Il en faut boire le matin un verre.Sa Teinture, reſtée au fond du vaiſ- ſeau, eſt une maniere de ſyrop; auquel on peut adjouſter du ſucre pour le ren- dre plus agreable. Deux cueillerées purgent doucement.Il eſt de pluſieurs ſortes de ſyrops violats, que je ſupprime: je me conten- te d’écrire la maniere de le faire ſans feu. Vous prendrez des Violettes bien épluchées, que vous pillerez dans un mortier de marbre, avec partie égale de ſucre fin. Lors que tout ſera bien incorporé enſemble, vous le mettrez dans un Matras, auquel vous en join- drez un autre, de ſorte que celuy dans lequel ſont vos Violettes entre dans ce- luy qui doit ſervir de recipient. Lut- tez-les bien enſemble, avec du papier & de la colle, & les laiſſez ſecher. Vous les mettrez trois jours fermenter dans la cave; & puis les expoſerez au ſoleil, en lieu où il ſoit la plus grande partie du jour; & placez vos vaiſſeaux de fa- çon qu’ils ſoient en penchant, afin que le ſirop puiſſe tomber dans celuy de [ID00134] deſſous. Le ſucre & le ſuc des fleurs diſtilleront enſemble doucement, & le ſyrop ſe cuira au ſoleil dans quinze jours. L’operation ſera faite; le marc reſtant au fond, eſt propre pour faire du miel.

Miel Violat.
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VOvs prendrez voſtre maſſe, ou les éplucheures de vos Violettes, que vous mettrez dans telle quantité de miel qu’il vous plaira, que vous aurez premierement fait boüillir, & écumé. Vous les ferez boüillir enſemble envi- ron un quart d’heure; puis les paſſerez tous chauds dans un linge, & l’expri- merez ſous la preſſe, & l’expoſerez quinze jours au ſoleil. Vous vous en ſervirez à ſon uſage.Il s’extraict auſſi une Teinture des Violettes par l’eſprit de ſoufre, ou de vitriol, de la meſme façon que celle des roſes.L’huile Violat ſe fait comme l’huile Roſat.
|| [ID00135]

Eau clairette de Violette.
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PRenez de l’eſprit de vin, dans le- quel vous mettrez infuſer des fleurs de Violettes bien épluchées, & nettes, dans un vaiſſeau de verre; que l’eſprit de vin ſurnage de quatre doigts les fleurs: faites infuſer au Bain juſques à ce que les fleurs déviennent blanches; voſtre eſprit ſera rouge, que vous fil- trerez par la chauſſe d’hypocras, & le remettrez ſur de nouvelles fleurs, com- me deſſus. Vous adjouſterez un ſachet de linge, dans lequel il y aura de la ca- nelle concaſſée. A cette ſeconde infu- ſion, voſtre eſprit deviendra violet, que vous filtrerez comme au prece- dent. Vous diſſoudrez du ſucre à diſ- cretion dans de l’eau-roſe; puis le met- trez avec voſtre eſprit, que vous expo- ſerez au ſoleil le plus long-temps que faire ſe pourra. Cette eau a la vertu de conforter l’eſtomac, d’aider à faire cra- cher les phlegmes, & d’appaiſer la toux. Sa doſe eſt d’une cueillerée.
|| [ID00136]

Fleurs de Nenuphar.
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L’Eav de fleurs de Nenuphar ra- fraichit; elle fait dormir; elle eſt bonne aux ardeurs de la fiévre; deux cueillerées meſlées dans un verre de ptiſanne. Elle arreſte la diſſenterie, & les fleurs blanches, buë le poids de quatre onces, trois matins de ſuite. Elle appaiſe les gouttes qui proviennent des cauſes chaudes, & ſoulage la douleur de teſte.Sa Teinture, en conſiſtence d’extrait, avec de la cire, fait une emplaſtre pour les inflammations, rafraichit les par- ties, & repercute les humeurs.L’on fait du miel de ſes fleurs, pour les lavemens rafraichiſſans, qui ſe fait comme le violat.

Fleurs de Bourrache, & de Bugloſſe.
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LEs eaux des fleurs ont quelque choſe de plus ſpirituel, & de deli- cat, que celles qui ſe tirent des fueilles, tiges & racines: Celles des fleurs de Bourrache & Bugloſſe ſont meilleures [ID00137] que celles de leurs fueilles. Elles ſont cordiales, ſtomacales, & tiennent le corps en bon eſtat. Elles purifient le ſang, ouvrent l’appetit, excitent les ſueurs, diſſipent la bile, en beuvant un verre une fois ou deux la ſemaine.Leurs teintures priſes le poids de deux drachmes, laſchent le ventre doucemét.

Fleurs de Peſcher.
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L’Eav diſtillée des fleurs de Peſ- cher, purge autant que ſon ſyrop; mais il en faut prendre en plus grande quantité.La doſe eſt de trois à quatre onces. Vne drachme de ſa teinture, en conſi- ſtence d’extraict, purge la bile & les ſeroſitez: ſi l’on bruſle ſon bois & ſes fueilles pour en faire le Sel, pour rani- mer ſon eau, ſur une pinte demie once dudit Sel, elle en ſera plus purgative.

Fleurs de Pavot Rheas rouge.
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VOvs émonderez les fueilles de vos Pavots, que vous pillerez & diſtillerez au Bain, comme les prece- dentes. Cette eau appaiſe les douleurs, [ID00138] & fait dormir, priſe le poids d’une on- ce: appliquée ſur les inflammations, elle les amortit, & rafraichit les par- ties. Elle appaiſe la douleur de teſte, provenant de fiévre chaude.Sa teinture fait dormir, priſe le poids d’une drachme.

Fleurs de Camomille.
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VOvs oſterez ſeulement les queües de vos fleurs, que vous pillerez & diſtillerez comme les autres. Les ver- tus de cette eau ſont admirables pour les ulceres, apoſthemes, & douleurs interieures, büe le matin & le ſoir un verre. Elle mondifie les ulceres exte- rieures, appaiſe les douleurs des mem- bres, aſſouplit les nerfs tendus, l’appli- quant deſſus un peu chaude, & enve- loppant les parties malades d’un linge trempé dedans, le plus chaud que l’on pourra ſouffrir: & lors qu’il refroidira, il faut le renouveller.Sa reinture, en conſiſtence d’extrait, priſe par la bouche le poids d’une drachme, a le meſme effet; & appliquée par le dehors en cataplaſme, appaiſe les [ID00139] douleurs des nerfs & des jointures: délayée dans les lavemens avec de la teinture de Mille pertuis, guerit les ulceres des boyaux.Son huile ſe fait par infuſion, com- me celle des roſes.

Fleurs de Sureau.
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CEtte eau a la vertu de faire vuider les eaux des hydropiques, en beu- vant matin & ſoir le poids de quatre onces un mois entier. Elle excite les ſueurs en prenant trois onces, en ſe mettant au lict; & purifie le ſang.Sa teinture, en conſiſtence de pillu- les, le poids de deux drachmes, dans lequel on incorporera trente grains de Ialap, purge les hydropiques, & leur fait vuider les eaux. Ils doivent ſe pur- ger ſouvent.

Fleurs de Soucy.
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CEtte eau eſt excellente pour for- tifier, éclaircir, & oſter la rougeur des yeux, appliquant une compreſſe trempée dedans le ſoir, & luy laiſſant toute la nuit. Il faut continuer neuf [ID00140] jours. Elle appaiſe la douleur des mam- melles par fomentation.Sa teinture, meſlée avec huile d’oli- ves & beurre-frais, partie égale, miſe dans une phiole de verre, expoſée par quarante jours au ſoleil, eſt un baume pour toutes les douleurs de membres, de nerfs, & de jointures. Elle s’appli- que tiede.

Fleurs de Bouillon-blanc.
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IL faut piller les fleurs de Boüillon- blanc, & les imbiber de vin blanc, qui les ſurnage de trois doigts, & les mettre fermenter à la cave trois ſemai- nes, puis il les faut exprimer, filtrer, & diſtiller au Bain. Cette eau appaiſe les douleurs de la goute, & de la poda- gre. Il en faut boire le matin un verre, & en baſſiner la partie malade, le plus chaud que l’on pourra. De la meſme eau, miſe un peu chaude dans la bou- che, appaiſe la douleur des dents.Sa teinture eſt aſtringente: elle ar- reſte le dévoiment; & délayée dans des lavemens, reſerre.
|| [ID00141]

Fleurs d’Orange.
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VOvs mettrez vos fleurs d’Orange, ſans autre preparation, dans une Courge de verre, & les preſſerez un peu, afin qu’elles ne tiennent pas tant de place. Luttez bien le Chapiteau & le Recipient, de peur que les eſprits ne ſe perdent: diſtillez au Bain boüillant, juſques à ce qu’il ne monte plus rien. Tirez le Sel de la maſſe, & ranimez vo- ſtre eau, & l’expoſez au ſoleil, bouchée d’un parchèmin percé, comme il a eſté dit.Cette eau arreſte les ſuffocations qui proviennent de la matrice. L’on en peut prendre une once juſques à trois, dans le commencement de l’accés. De plus, elle provoque les vomiſſemens ſans effort.

Huile de fleurs d’Orange.
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VOvs ferez infuſer des fleurs d’O- range dans de l’huile de Ben, d’a- mandes douces, ou des quatre ſemen- ces froides, tirée ſans feu dans un vaiſ- ſeau de verre; que l’huile ſurnage de [ID00142] quatre doigts leſdites fleurs. Bouchez voſtre vaiſſeau, & faites voſtre infuſion au ſoleil, ou au Bain tiede trois ou qua- tre jours: apres leſquels vous paſſerez, & exprimerez voſtre huile du marc de vos fleurs, & en remettrez de nouvelles, & ferez comme au precedent. Reïterez trois ou quatre fois, juſques à ce que voſtre huile ſoit tres-odoriferante. Vous l’expoſerez au ſoleil, comme il a eſté dit de l’huile de Roſes.

Fleurs de Iaſmin.
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L’Eav & l’huile de fleurs de Iaſmin ſe fait comme celle de fleurs d’O- ranges.

Fleurs de Mille-pertuis.
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CEtte eau ſe tire comme les deux precedentes. L’huile ſe fait auſſi de meſme, à la reſerve qu’il faut à celle- cy de l’huile d’olive. Ses vertus ſont eſcrites au Chapitre des Simples ten- dres.

Fleurs de Febves.
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L’Eav des fleurs de Febves ſe fait comme il a eſté dit de la fleur d’O- ranges.
|| [ID00143]

Chapitre VI.
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Des Eaux de fruits; & la maniere de les diſtiller.
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Pommes de Reinette.
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IL eſt juſte de commencer ce Chapi- tre par la Reine des fruits. Ce n’eſt pas ſans raiſon que nos Anciens luy ont donné le nom de Renette. Elle a des vertus tres-particulieres pour l’entre- tien de noſtre ſanté, elle contribuë à la rétablir. Vous coupperez vos pommes par tranches tres-minces, & en oſterez les pepins, & les mettrez lict ſur lict dans une Cucurbite de verre, que vous remplirez pour le plus des deux tiers. Luttez la Cape & le Recipient, & di- ſtillez au Bain boüillant, & continucz juſqu’à ce qu’il ne monte plus rien. Cet- te eau eſt agreable: elle rafraichit, & humecte: elle eſt amie du poulmon: elle conſerve l’embon-point; fait dor- mir, deſaltere, & tient le corps en bon [ID00144] eſtat. L’on y peut adjouſter du ſucre, & en faire une Limonade. La doſe n’eſt point limitée; car elle n’eſt point nuiſi- ble. Elle oſte les inflammations des yeux ſi on les en lave.Les feces, reſtantes apres la diſtilla- tion, cuites en conſiſtence d’extraict, & meſlées avec partie égale de miel, font avancer les bubons, & apoſtemes.

Syrop de pommes de Renette cruës, tirées ſans feu.
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PRenez des pommes de Reinet- te, pelez-les, & les couppez par tranches tres minces, & les rangez dans un plat-baſſin. Couvrez-les de ſucre pillé, & les arroſez d’un peu d’eau- roſe. Mettez le plat en lieu humide, & le placez de façon qu il ſoit en pan- chant. Mettez un vaiſſeau deſſous pour recevoir la liqueur qui en dégoutera: en douze heurestout le ſyrop ſera tom- bé. Il eſt excellent pour les maux de gorge, & pour les maladies du poul- mon. Il humecte & rafraichit les cha- leurs de la bouche, provenantes des ardeurs de la fiévre.
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Fraiſes.
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LEs Fraiſes ſe diſtillent en deux ma- nieres, au Soleil, & au Bain. Pour les deux operations, il faut piler le fruit, & le mettre fermenter à la cave. Celles que vous voudrez diſtiller au Soleil, vous les mettrez dans des vaiſſeaux, comme il eſt dit à l’Article du Syrop violat tiré ſans feu.Cette eau eſt bonne pour conſerver le teint, & pour oſter les taches du viſage. L’autre maniere de diſtiller eſt au Bain. Cette eau eſt bonne contre toutes ſortes de venins. Elle provoque les purga- tions, fortifie l’eſtomac, ſi l’on en boit un demy verre au matin. Si on lave les yeux larmoyeux de cette eau, apres avoir eſté purgé, elle les deſſeche, & arreſte la fluxion.

Des poires & pommes de Coin.
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CEtte eau ſe tire comme celle des pommes de Reinette. Elle eſt aſtrin- gente: elle arreſte la dyſenterie, & la diarrhée. Elle conforte l’eſtomac, aide à la digeſtion. L’on peut faire marme [ID00146] lade de ce qui reſte au fond du vaiſſeau. Apres la diſtillation, il y faut mettre du ſucre, & luy faire faire un ou deux boüillons. Elle eſt bonne pour les maux d’eſtomac.

Groiſeilles rouges.
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L’Eav de Groiſelles ſe fait comme celle de Fraiſes. Il faut fermenter, exprimer, filtrer, & diſtiller au Bain boüillant. Si vous mettez quatre pin- tes de ſuc dans la Cucurbite, vous en tirerez deux par la diſtillation: & dans les deux autres reſtantes, vous mettrez du ſucre cuit, & vous aurez une belle & excellente gelée. La vertu de l’eau eſt de rafraichir, & de deſalterer. Elle excite le ſommeil, & humecte le poul- mon. Elle eſt bonne aux fiévres ardan- tes, & fort utiles dans les grandes cha- leurs.

Noix vertes.
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COvppez les Noix vertes par tran- ches, & les mettez lict ſur lict dans voſtre Cucurbite, que vous remplirez pour le plus des trois parts. Diſtillez au [ID00147] Bain boüillant, juſqu’à ce qu’il ne mon- te plus rien. Mettez l’eau au Soleil, bou- chée d’un parchemin troüé d’épingles, pour diſſiper le flegme. Le temps de faire cette eau eſt dix ou douze jours apres la Saint Iean. Cette eau eſt un ſouverain remede contre la peſte, & contre les maux d’eſtomac, & de cœur. Elle provoque les ſueurs: elle diminuë l’ardeur des fiévres chaudes: elle gue- rit le mal caduc, les vertiges, ou tour- noyements de teſte, la paralyſie. Elle rafraichit le foye, chaſſe les eaux des hydropiques, büe avec le vin blanc, & un peu de creſme de Tartre. Si on con- tinuë ſon uſage durant trente jours, elle détache les phlegmes, & humeurs viſ- queuſes des inteſtins, & chaſſe les ven- toſitez. Elle tuë les vers, en gargariſme. Elle oſte la corruption des genſives, & la pourriture des dents; & rend l’halei- ne bonne exterieurement. En frottant les tempes, elle provoque le ſommeil. Elle eſt un ſouverain remede pour les playes, ulceres, contuſions, & contri- buë à embellir le viſage, & oſte les ta- ches du cuir: & l’on tient meſme qu’elle [ID00148] eſt admirable pour les abcés, apoſthe- mes, & fiſtules du dedans du corps. Sa doſe, pour l’ordinaire, eſt de deux à trois cuillerées.

Fruicts Dalchichange.
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VOvs prendrez les fruicts d’Alchi- change qui ſont enfermez dans une petite cloche; vous les pillerez, fermenterez, exprimerez, filtrerez, & diſtillerez au Bain, juſques à ce qu’il ne diſtille plus rien. C’eſt un aſſeuré reme- de pour faire ſortir l’urine ſupprimée. Elle fait vuider le ſable des reins, & de la veſſie. Sa doſe eſt de deux onces juſ- ques à trois, dans un verre de vin blanc.Sa teinture, en conſiſtence d’extraict, priſe le poids de deux drachmes, fait les meſmes effects de l’eau.

Noiſettes rouges.
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VOvs caſſerez vos Noiſettes, & en prendrez les fruicts, que vous pillerez, & mettrez diſtiller ſeules, ſi elles ſont vertes. Si elles ſont ſeches, vous leur donnerez pour menſtruë de [ID00149] l’eau de Noix vertes diſtillées, & les ferez infuſer vingt-quatre heures au Bain. Apres, diſtillez juſques à ſiccité. Exprimez les feces qui reſteront au fond ſous la preſſe, pour en extraire l’huile.Cette eau eſt un aſſeuré remede contre la courte-haleine, en prenant matin & ſoir deux cuillerées avec un peu de ſucre Roſat.L’huile empeſche les cheveux de blanchir, & les teint en blond, ſi on les en frotte pluſieurs fois.

Melons, Citroüilles, Courges, & Concombres.
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LEs eaux qui ſe tirent de ces quatre fruits, ont les meſmes qualitez & vertus. Elles ſe diſtillent d’une meſme maniere. Vous les coupperez par tran- ches, & en oſterez les ſemenc es, & di- ſtillerez comme les pommes. Ces eaux ſont rafraichiſſantes. Elles arreſtent toutes ſortes de flux, font dormir. El- les ſont bonnes pour tremper le vin dans les grandes chaleurs, & ne ſont pas ſi nuiſiblesque la glace. Elles ſervent [ID00150] à laver & purifier les gans, pour tenir les mains fraiches.

Meures.
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VOvs procederez à la diſtillation des Meures, comme à celle des Fraiſes. Cette eau eſt pour les maux de gorge, & pour laver les ulceres de la bouche. Elle affermit les dents, & reſ- ſerre les genſives.Sa teinture, avec du ſucre, arreſte le dévoyement. La doſe eſt de trois ou quatre cuillerées.

Chapitre VII.
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Des Teintures & extraicts.
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Teinture de Reubarbe.
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PRenez de bonne Reubarbe, & la couppez par petites tranches, & les mettez dans un uaiſſeau de verre. Ver- ſez deſſus de l’eau de Cichorée, ou d’Endive, qu’elle ſurnage de quatre doigts. Bouchez voſtre vaiſſeau, & le [ID00151] mettez en digeſtion au Bain, juſqu’à ce que voſtre cau ſoit teinte. Verſez par inclination voſtreteinture, & mettez de nouvelle eau deſſus ce qui reſte dans voſter vaiſſeau. Faites infuſer comme au precedent, & continuez juſqu’à ce que voſtre eau ne ſe teigne plus. Prenez toutes vos Teintures, & les filtrez, & les mettez dans une Cucurbite: retirez l’eau par diſtillation au Bain; la Tein- ture demeurera au fond, que vous gar- derez pour vous en ſervir. Si vous en voulez former pillules, vous la ferez evaporer en conſiſtence d’extraict. Quoy que les Teintures ſoient plus pu- res que les choſes d’où elles ſont extrai- tes, elles doivent neantmoins eſtre pri- ſes le meſme poids que devant leur pu- rification; dautant que plus les reme- des ſont puriſiez, & moins ils ſont vio- lents.Les vertus de cette Teinture ſont de purger la bile, & la pituite tartarée & viſqueuſe du ventricule, & des par- ties voiſines. C’eſt un ſpecifique pour le foye. Il guerit la jauniſſe, & fortifie apres avoir purgé, c’eſt pourquoy l’on [ID00152] s’en ſert avec heureux ſuccés dans les dyſenteries, diarrhées, & autres flux où il faut de l’aſtriction.

Teinture de Senné.
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TOvtes les Teintures s’extrayent d’une meſme façon par infuſions & digeſtions; mais les menſtruës ſont differe̅t es pour extraire celles du Senné. Prenez de l’eau de Fenoüil, Anis, Bu- gloſſe, Bourrache, ou Cichorée, com- me il vous plaira. Il n’eſt que trop con- nu que le Senné eſt le plus uſité de tous les remedes purgatifs; mais il eſt plus ſingulier de ſ avoir qu’il purge les hu- meurs bruſlées & careuſes, la bile & la pituite, ſoit dans le cerveau, ou dans le foye, ou la ratte, & meſme par un uſage continu, les parties les plus eſloi- gnées. Il excite quelquefois des tran- chées: il eſt à propos de le corriger avec de la Canelle, ou du Zingenvre.

Teinture, ou Fecule d’Agaric.
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CEtte operation ſe doit plutoſt ap- peller Fecule que Teinture, dau- tant qu’il ne rend aucune Teintu???e, & [ID00153] a fort peu de liaiſon. Elle s’extraict com- me celle de Reubarbe, avec eſprit de vin. Ses vertus ſont de purger la pitui- te ſubtile, & les humeurs viſqueuſes de tout le corps; mais principalement des poulmons, du cerveau, & du mezen- te re.

Teinture de Safran.
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VOvs extrairez cette Teinture comme la precedente, avec eſprit de vin. Elle eſt amie du cœur, & du poulmon. Elle a une grande familiarité avec tous les autres viſceres, & particu- lierement avec la matrice. Elle ouvre, digere, & ramolit: appaiſe les dou- leurs, excite le ſommeil, provoque les mois, & aide à faire ſortir l’enfant. L’uſage de cette Teinture eſt tres-fre- quent dans l’apoplexie, les vapeurs de la matrice, la jauniſſe, l’aſthme, & dans toutes les maladies veneneuſes, & ma- lignes. La doſe eſt de cinq à ſix gouttes dans quelque eau convenable.
|| [ID00154]

Teinture d’Elebore noir.
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L’On ſe ſert d’eſprit de vin pour ex- traire les Teintures des Mixtes diffi- ciles à penetrer. L’Elebore a beſoin d’un menſtruë penetrant, c’eſt pourquoy il faut que l’eſprit ſoit bon. Vous coup- perez le bois par petites pieces, & pra- tiquerez comme vous avez fait cy-deſ- ſus. Ses vertus ſont de purger toutes les humeurs melancholiques, & par con- ſequent toutes les maladies qui en pro- viennent, comme ſont la manie, la fo- lie, les paſſions hypochondriaques, les vertiges, les cancers, la fiévre quarte, l’apoplexie, l’epileptie, les galles & gratelles noires, & autres maladies de meſme genre: Mais il faut conſiderer la force des malades auant que de s’en ſervir. Il eſt à propos de conſulter un prudent Medecin, dautant que le re- mede eſt violent.

Teinture de Coloquinte.
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VOvs coupperez les pommes de de Coloquinte, & vous vous ſer- virez pour menſtruë d’eau de Roſma [ID00155] rin. Faites digerer au Bain comme aux operations precedentes, juſques à ce que vos pommes ſoient diſſoultes; que vous exprimerez, & retirerez au Bain voſtre eau de Roſmarin, la Teinture reſtera au fond du vaiſſeau. Elle a la vertu de tirer la pituite groſſiere & viſ- queuſe des parties les plus profondes & eſloignées du corps, comme du cer- veau, des nerfs, & des jointures. Et pour cet effect elle eſt ordonnée aux verti- ges, aux migraines, à l’apoplexie, & à l’epilepſie. La doſe eſt de ſix grains juſ- ques à douze. Son uſage n’eſt que pour les perſonnes fortes & robuſtes, par- ce qu’elle eſt ennemie du ventricule, & des inteſtins.

Teinture d’Aloës.
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MEttez voſtre Aloës dans un vaiſ- ſeau de verre: verſez deſſus quel- que eau aromatique, ou eſprit de vin, & procederez comme aux autres Tein- tures. Sa vertu eſt de purger & deſſe- cher. Elle eſt chaude, à cauſe dequoy elle provoque les mois, & les hemor- roïdes: elle fortifie le ventricule, tuë [ID00156] les vers, & les chaſſe dehors; empeſ- che la pourriture & corruption. Elle nettoye, conſolide, & fortifie. Elle eſt un inſigne remede pour les playes.

Teinture de Gomme-gutte.
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VOvs extrairez cette Teinture comme deſſus, avec eſprit de vin. Elle a la vertu de chaſſer les ſeroſitez par haut & par bas, qu’elle tire de tout le corps, & les humeurs viſqueuſes & pourries C’eſt pourquoy l’on s’en ſert dans les hydropiſies, & aux fiévres lon- gues, aux galles & gratelles. La doſe eſt depuis ſix grains juſques à quinze.

Chapitre VIII.
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Maniere d’extraire Eaux, Eſſences, Teintures, & Sels des Eſpiceries.
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Du Cloud de Giroffle.
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LEs eaux & eſſences du Cloud de Gi- roffle, & de Canelle, ſe tirent d’u- ne meſme façon. Voicy la maniere de [ID00157] les extraire. Vous prendrez lequel il vous plaira, & le concaſſerez groſſiere- ment, & le mettrez dans une Cornuë. Verſez de l’eau commune deſſus, qu’el- le ſurnage de quatre doigts, & que le tiers de voſtre vaiſſeau demeure vuide; lequel vous boucherez, & mettrez en infuſion au Bain trois jours: apres le- quel vous joindrez un Recipient à voſtre Cornuë, de telle ſorte que voſtre vaiſſeau qui diſtille entre librement de- dans, & donne au milieu. Luttez bien le tout; & lors que le lut ſera ſec, diſtil- lez au feu de ſable, & gardez les de- grez du feu: lors que les trois parts de l’eau que vous aurez miſe deſſus ſeront diſtillées, ceſſez voſtre operation, & laiſſez refroidir vos vaiſſeaux. Puis ſe- parez l’huile d’avec l’eau par l’enton- noir. Laquelle huile eſt au contraire de celle de Sauge & de Roſmarin. Elle demeure au fond par ſa peſanteur: elle vient la premiere par le vaiſſeau ſepa- ratoire. Vous la mettrez dans une phio- le, que vous boucherez. Pour l’eau vous la rectifierez au Bain, dautant qu’elle ne vient pas claire, à cauſe que [ID00158] la diſtillation par la Cornuë eſt toû- jours plus violente; parce que les eſ- prits n’ont pas eu le temps de circuler.

Vertus de l’Eſſence du Cloud de Giroffle.
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L’Eſſence de Giroffle fortifie la nature affoiblie, ſoit pour l’avoir trop ſurchargée par les excés du boi- re ou du manger, ou pour l’avoir fait pâtir, en ne luy donnant point d’ali- ment. Elle travaille par la digeſtion de l’un, & reſtaure les forces & chaleur naturelle, & donne de la vigueur qui ſeroit affoiblie par le manque de l’autre. De toutes ſortes d’âges l’on peut tom- ber dans ces deux extremitez: c’eſt pourquoy elle eſt bonne aux vieux, & aux jeunes, lors qu’ils manquent de chaleur naturelle, & a toutes les mala- dies froides. La doſe eſt de trois à qua- tre gouttes dans du vin, ou en eau de Bugloſſe, Bourrache, Meliſſe, Char- don-benit, ou en ſon eau propre. Elle fortifie les membres refroidis, & les ranime. Elle aſſouplit les nerfs: elle ſert à faire de l’Hypocras, en mettant une [ID00159] goutte ſur une pinte de vin, & autant d’eſſence de canelle, & du ſucre à diſ- cretion. D’une livre de cloud, quand il eſt bon, & qu’il n’a point eſté alteré, l’on en peut tirer deux onces d’eſſence.L’eau de Giroffle a les meſmes effects que l’Eſſence. Elle ſe prend en plus grande quantité, dautant qu’elle n’a pas tant de force. Sa doſe eſt d’une de- mie cuillerée juſques à une cuillerée.Sa Teinture, qui eſt reſtée au fond de voſtre vaiſſeau, a pluſieurs vertus. Elle peut ranimer les parties dénüées de chaleur naturelle, l’appliquant deſſus. Elle eſt bonne pour les gouttes froides & ſciatiques, & pour toutes les dou- leurs qui proviennent de froideur. Il s’en fait un baume avec de l’extraict de Mille-pertuis, & therebentine de Ve- niſe; le tout mis dans une phiole de ver- re double, bien bouchée, le quart de vuide, expoſé quarante jours au So- leil. Ce baume guerit toutes les ulceres; guerit la gangrene. Pour l’appliquer il le faut chauffer.Vous tirerez du Sel de voſtre Cloud, comme celuy des autres Simples. Son [ID00160] uſage eſt bon pour les vieilles perſon- nes, pris le poids de trois à quatre grains deux fois la ſemaine, dans quel- que vehicule, comme boüillon, vin, ou ſyrop.

De la Canelle.
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L’Essence de Canelle eſt ſouveraine pour le cœur: elle le réjoüit, & chaſſe la melancholie, priſe deux gout- tes dans deux cuillerées d’eau de Me- liſſe, une fois tous les mois. Elle facilite les accouchemens, & provoque les pur- gations des femmes, priſe en eau d’Hy- ſope. Conforte le cerveau, rend l’halei- ne douce & ſuaue en eau de Roſes; cuit le phlegmegroſſier, & le fait jetter de- hors: guerit les toües provenantes de froidure: fait revenir de ſyncope, priſe dans demy cuillerée de ſon eau.L’eau de Canelle a les meſmes vertus que l’Eſſence. Comme elle eſt plus com- mune, & qu’il ſe tire peu d’Eſſence, elle ſuppléra au defaut.La teinture, le ſel, l’eau & l’eſſen- ce reünis enſemble, avec un peu de the- rebentine; le tout mis dans une phiole, [ID00161] & expoſé un mois au ſoleil, eſt un bau- me qui conſolide toutes ſortes de playes, appliqué ſur l’eſtomac le forti- fie. D’une livre de Canelle, l’on ne peut tirer que ſix gros d’eſſence tout au plus.

De la Muſcade.
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LA Muſcade ne ſe diſtille point, ſes eſprits ſont condenſez enſemble, & n’ont point de facilité pour s’élever. Ce que l’on appelle eſſence de Muſca- de, eſt plutoſt une teinture qu’une eſ- ſence. Elle s’extraict en cette ſorte. Couppez par tranche voſtre Muſcade, & la mettez dans une Cucurbite de verre, & verſez de l’eſprit de vin deſſus: puis mettez un Chapiteau aveugle, & faites digerer au Bain à feu tiede, juſ- ques à ce que voſtre eſprit ſoit coloré. Alors verſez-le par inclination, & re- mettez d’autre eſprit ſur les feces re- ſtantes au fond du vaiſſeau. Reïterez juſques à ce que voſtre eſprit ne tire plus de teinture. Prenez toutes vos teintures, & retirez voſtres eſprit par la diſtillation du Bain; l’eſſence, ou plu- toſt la teinture demeurera au fond. [ID00162] L’on fait extraction d’huile de Muſca- de par l’expreſſion, comme l’on fait celle des Noix; mais il s’en tire ſi peu, que je ne conſeille à perſonne de faire cette operation. Pour la teinture ſuſdi- te, elle a quantité de vertus: une gout- te priſe dans une cuillerée d’eau ſu- crée, fortifie la veüe & l’eſtomac; priſe avec eau de Saulge ou de Fenoüil, elle chaſſe les vents; en eau de Capres elle diſſipe l’enflure de la ratte; en eau de Roſes, ou Meliſſe elle corrige les puan- teurs de l’haleine; en eau d’Alchecha̅ge elle fait uriner; appliquée par dehors elle eſt ſinguliere aux douleurs des nerfs & jointures; elle diſſipe les dure- tez qui proviennent de froidures.

Du Poivre & Zinzembre.
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LE Poivre eſt un fruict, & le Zin- zembre une racine, deſquels il ne ſe tire que fort peu d’huile par la diſti- lation, non plus que par expreſſion; mais bien par impregnation. Vous pil- lerez voſtre Poivre groſſierement, & coupperez voſtre Zinzembre, & met- trez lequel il vous plaira infuſer dans [ID00163] de l’huile d’amandes douces, ou huile d’olives, dans une phiole de verre au ſoleil, ou au Bain, & l’y laiſſerez juſ- ques à ce que voſtre huile ait attiré le gouſt, & l’odeur de la choſe que vous y aurez miſe. Si la premiere fois ne ſuf- fit, vous en remettrez d’autre, & con- tinuërez juſqu’à ce que vous ſoyez ſa- tisfait. Vous prendrez voſtre Poivre, ou Zinzembre imbibé d’huile, & le diſtil- lerez par la Retorte; il en ſortira une huile qui aſſeurément aura le gouſt de la choſe ſur laquelle elle aura eſté miſe: Vous expoſerez cette huile au ſoleil. Si elle eſt tirée du Zinzembre, elle eſt chaude à l’eſtomach, & le fortifie, & ſa chaleur n’eſt point violente. Son uſage eſt meilleur que celuy du Poivre. Il faut uſer de l’un & de l’autre mode- rément. Ils ne ſervent que de correctifs pour les remedes internes; & par le dehors, ils échauffent les membres re- froidis, & font meurir les bubons & apoſthemes.
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Chapitre IX.
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Des Gommes & Raiſines.
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Therebentine.
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TOvtes les Gommes & Raiſines ſe diſtillent per Deſcenſum, comme il eſt dit en ſon lieu. De quelques-unes l’on en extraict la teinture en la manie- re que j’ay dit en l’extraction des Tein- tures. De toutes les Gommes raiſineu- ſes, il n’y a que la ſeule Therebentine qui ſe diſtille par la Cornuë en cette maniere. Prenez de la Therebentine de Veniſe; la plus blanche eſt la meilleure, & la mettez dans une Cornuë; verſez de l’eau par deſſus, qu’elle ſurnage de deux doigts; que voſtre vaiſſeau, pour le plus, ne ſoit remply qu’à moitié. Adaptez une autre Cornuë, & luttez bien les jointures: diſtillez à feu doux, de peur que la matiere ne gonfle: con- tinuez voſtre operation juſques à ce que vous voyez monter une huile rou [ID00165] ge. Alors changez de Recipient, & augmentez voſtre feu, juſques à ce qu’il ne monte plus rien dans voſtre premier Recipient; vous aurez une eau, & une eſſence que vous ſeparerez par un en- to̅noir; l’eſſence demeurera deſſus. Tou- tes les deux ont meſme faculté, mais les doſes ſont differentes. L’eſſence ſe prend juſques à vingt gouttes; & l’eau d’une demy cuillerée à une cuillerée. Elles laſchent l’urine ſupprimée, deſ- chargent les reins; & elles ſont bonnes pour les indiſpoſitions de poitrine. El- les appaiſent la colique, aident à la di- geſtion, priſes dans un vehicule conve- nable, comme vin blanc, & eau d’Hy- ſope.Pour l’huile rouge, qui eſt venuë la derniere, c’eſt un baume pour les playes nouvelles: il les conſolide, il fait aſſou- plir & ralonger les nerfs racourcis, & retirez par froideur. Il aide à la dige- ſtion mis ſur l’eſtomac.

Fleurs de Benjoüin.
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PRenez la quantité de Benjoüin qu’il vous plaira, & le mettez dans [ID00166] un Creuſet qui ſoit de grandeur con- venable: accommodez un cornet de papier gris deſſus, de façon que le Creuſet ſoit entouré par le haut dudit cornet. Poſez voſtre Creuſet ſur un re- chaut, & faites un feu doux. Et lors que voſtre papier jaunira par bas, ceſſez voſtre operation, & oſtez voſtre cor- net, vous trouverez les fleurs ſubli- mées au haut: abbattez-les avec une plume.Ses fleurs ſont bonnes pour les touxs inveterées: il en faut former tablettes en cette ſorte. Prenez une demie livre de ſucre, faites-la cuire en conſiſtence de tablettes, & y mettez une once de fleurs; puis jettez ſur le marbre, & avec un couteau coupez vos tablettes en forme de loſenge.

Autres Tablettes pour le poulmon.
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FAites cuire du ſucre co̅me il a eſté dit, & y adjouſtez les choſes ſuivan- tes reduites en poudre ſubtile; fleurs de Roſes de Provins demie once, muſcade, Iris de Florence, & Regliſſe, de chacune une drachme: demie drachme de fleurs [ID00167] de Benjoüin, & trois drachmes de fleurs de Soufre. Vſez de toutes ces choſes, & en prenez ſoir & matin.

De la Myrrhe & Encens.
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L’On peut tirer de ces deux Gom- mes une liqueur à laquelle on don- ne le nom d’huile. Vous prendrez des œufs frais, que vous ferez durcir, puis les couperez par la moitié, & en oſte- rez le jaune, & remplirez leurs places de Myrrhe, ou d’Encens pillé, & ré- joindrez les deux moitiez enſemble, & mettrez vos œufs ainſi remplis dans un vaiſſeau de verre, que vous mettrez quarante jours dans du fumier de che- val: à la fin de ſquels vous deffairez vo- ſtre vaiſſeau, & oſterez tous les œufs, & prendrez la liqueur qui ſera au fond, que vous filtrerez. Cette liqueur a la vertu de conſeruer de putrefaction, & eſt ſouveraine pour les douleurs. L’on en peut former paſtille qui rend une odeur fort agreable.
|| [ID00168]

Chapitre X.
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Maniere de preparer, & d’extraire les huiles des Bois, Eſcorces & Racines.
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Huile de Gaïac.
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COvpez le bois de Gaïac par pe- tits morceaux, que vous mettrez dans une Cornuë: verſez deſſus de l’eau commune, qu’elle ſurnage de deux doigts le bois; que la Cornuë pour le plus ne ſoit remplie qu’à moitié: met- tez en digeſtion au Bain par trois jours, puis diſtillez à feu de roüe, & gardez les degrez du feu; l’eau & l’huile diſtil- leront enſemble: vous ſeparerez l’huile d’avec l’eau par le vaiſſeau ſeparatoire. Toutes les huiles des Bois, Eſcorces, & Racines s’extrayent en cette maniere; quand on les diſtille verds il n’eſt point neceſſaire de leur donner de menſtruë. Les vertus de cette huile ſont d’exciter [ID00169] les ſueurs, priſes par la bouche; & au dehors il eſt ſouverain aux vieilles ul- ceres eſtimées incurables.

Vertus de l’huile & eſcorce de Freſne.
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L’Hvile d’eſcorce de Freſne atte- nuë, conſomme & ramolit les du- retez de la ratte: elle eſt diuretique & chaſſe le ſable des reins, priſe dans un vehicule approprié au mal. La doſe eſt de dix à douze gouttes.

Vertus de l’huile de Buis.
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CEtte huile eſt narcotique, ou aſſoupiſſante: pour cet effet l’on s’en ſert aux douleurs violentes des dents, en appliquant une goutte à la racine de la dent malade avec un cure- dent; ſoit qu’elle ſoit gaſtée par corro- ſion, ou par des vers. Il y en a qui s’en ſervent auſſi contre l’epilepſie.
|| [ID00170]

Chapitre XI.
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Maniere de preparer les Fecules.
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Fecules de Brione.
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PRenez des racines de Brione, & les coupez, puis les pillez dans un mortier de marbre, & les exprimez ſous la preſſe; il en ſortira une eau eſpoiſſe & blanche, que vous mettrez dans une terrine douze heures à la cave; toute la blancheur deſcendra au fond de la terrine. Verſez l’eau de deſſus par inclination, & faites ſeicher la matiere blanche à douce chaleur. Si vos Racines font ſeiches quand vous les pillerez, vous les imbiberez d’eau commune, & ferez comme deſſus. Toutes les fecules ſe preparent de cette ſorte. Les vertus de celle cy ſont de purger les humeurs ſereuſes & pituiteuſes; elle degage les obſtructions du foye, & de la ratte; fait vuider les eaux des hydropiques par haut & par bas; provoque les mois, [ID00171] empeſche les ſuffocations de matrice, ſoulage les aſthmatiques, & ſert à la goutte, employée dedans & dehors. La doſe eſt de dix grains juſqu’à vingt, dans un boüillon, œuf, ou conſerve.

Fecule d’Aaron, & de ſes vertus.
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ELle purge la pituite viſqueuſe & gluante, & l’une & l’autre bile par le vomiſſement, & quelquefois par bas, mais avec quelque ſorte de violence. Elle ouvre les obſtructions de la ratte, du foye, & de la veſſie du fiel, & les chaſſe par les urines. La doſe eſt de ſix juſqu’à douze grainſ.

Fecule d’Iris, & de ſes vertus.
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L’On ſe ſert principalement de l’Iris de Florence, qui eſt chaude & ſeche au ſecond degré, pour faire Fecule. Elle inciſe & attenuë les humeurs; digere, deterge & amolit; aide à dégager la poitrine par les crachats; fait ſortir les humeurs viſqueuſes & gluantes des poulmons: c’eſt pourquoy l’on s’en ſert [ID00172] à l’aſthme, à la toux, aux mois arreſtez, aux tranchées de ventre des enfans: elle nettoye & oſte les taches & lentilles de la peau, meſlée avec Elebore & miel: il corrige la puanteur de l’haleine. La doſe eſt de dix juſques à quinze grains.
|| [ID00173]

TROISIES ME PARTIE.
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Des Animaux.
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Avant-propos.
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LES Animaux auſſi-bien que les Simples contri- buent à l’entretien de la vie de l’homme, & à la conſer- vation de ſa ſanté; & meſme aident à la rétablir quand elle eſt affoiblie. L’ex- perience nous le fait connoiſtre, puis qu’ils nous fourniſſent des remedes pour cet effect: S’ils nous cauſent des infirmitez par noſtre mauvaiſe condui- te, ils nous ſervent d’antidote pour les détruire. Dieu par une prevoyance ad- mirable a voulu que le remede fuſt proche du mal. Si la Viue picque, & fait une playe dangereuſe; ſon foye eſt [ID00174] un remede aſſeuré au mal qu’elle a fait eſtant appliqué deſſus. Celuy qui eſt offenſé de la Vipere, s’il en mange, il eſt vengé & guery. Si le Scorpion, la Fourmis, & la Mouche à miel ſont écra- ſées ſur les picqueures qu’elles ont fai- tes, elles gueriſſent auſſi-toſt. Les Ani- maux fourniſſent non ſeulement des remedes aux maux qu’ils ont cauſé, mais auſſi à quantité de maladies auſ- quelles ils n’ont en rien contribué. N’eſt-il pas vray qu’vn Poulet couppé tout vif par la moitié, & appliqué ſur la teſte, fortifie le cerveau, & arreſte les extravagances qui proviennent d’une fiévre violente? Le ſang de Pi- geon, picqué ſous l’aiſle, empeſche les marques de la petite verolle, ſi l’on en applique trois ou quatre fois le jour ſur la verolle avec une plume, quand elle commence à ſortir, & que l’on conti- nuë juſques à ce que les petites peaux tombent. Les petits Chiens vivans ap- pliquez ſur l’eſtomac, aident à la dige- ſtion, fortifient, & appa ſent la dou- leur de la colique. L’Archange Raphaël ſe ſervit du fiel d’un poiſſon pour réta [ID00175] blir la veüe du vieil Tobie: & du foye du meſme animal il chaſſa le demon homicide, qui faiſoit mourir les maris de Sara. Les Animaux nous fourniſſent non ſeulement des remedes topiques, mais auſſi des medicaments tres-neceſ- ſaires, tant pour nourrir, fortifier, & reſtaurer les forces abbatuës, que pour purger les humeurs corrompuës. Il ſemble, comme nous ſommes d’un meſme genre, qu’ils ont plus de ſym- pathie avec noſtre temperament. Ie laiſſe ce jugement à faire aux experi- mentez, & me contente d’eſcrire la maniere de preparer les remedes qui s’en tirent.

Chapitre premier.
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Du Sang humain.
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PLvsievrs ont eſcrit la maniere de diſtiller le Sang humain, & ont fait cette operation fort laborieuſe: ce qui a dégouſté beaucoup de perſonnes, & les a empeſché de l’entreprendre. [ID00176] Voicy une methode tres-facile, laquel- le eſt experimentée. Prenez le fang d’un jeune homme, âgé depuis dix- huit juſqu’à vingt-quatre ans, qui ſoit bien temperé, le reint frais & vermeil, ny trop gras, ny trop maigre. Laiſſez refroidir le ſang, & repoſer douze heures; puis vous oſterez toute l’eau qui ſera deſſus, & ne prendrez que la maſſe, que vous coupperez par petits morceaux, & mettrez dans une Cucur- bite de verre, & les diſtillerez au Bain à feu doux juſqu’à ſiccité. Faites ſecher à petit feu ce qui ſera au fond de voſtre vaiſſeau, en ſorte qu’il devienne en poudre, & conſervez cette poudre dans une phiole de verre bien bouchéc, pour vous en ſervir comme il ſera dit cy- apres. Mettez de nouveau ſang comme le premier dans voſtre Cucurbite; ver- ſez l’eau que vous avez diſtillée deſſus, & diſtillez comme au precedent: reïte- rez cette operation cinq fois, & à cha- que fois oſtez voſtre poudre; mettez voſtre eau diſtillée circuler au Bain, ou au fumier quinze jours; puis diſtillez pour la derniere fois au Bain à feu [ID00177] doux, & ne tirez que les deux parts de l’eau que vous aurez miſe circuler; la partie reſtante n’eſt que phlegme, qui n’eſt propre à rien. Cette eau ſe doit appeller eſprit des Eſprits, à cauſe de ſa grande ſubtilité, & du ſujet d’où elle eſt extraicte. Ses vertus ſurpaſſent cel- les que l’on attribuë à l’or potable. Elle combat nos inſirmitez; elle rafraichit, & modere les bilieux & coleres; elle échauffe les froids, & ranime la cha- leur naturelle; elle remet la comple- xion ruinée à ſon temperament; elle corrige le vice des parties qui ſervent à la reſpiration: elle fortifie le cœur, de- ſopile le foye & la ratte: elle diſſipe le phlegme craſſe & époix; elle affermit le cerveau, & purifie les organes d’ice- luy, de telle ſorte que les facultez de l’eſprit font librement & ſans peine leurs fonctions: elle augmente le ſang, & le purifie: bref, elle purge toutes ſortes de mauvaiſes humeurs, & les pouſ- ſe au dehors par les voyes naturelles. La doſe eſt d’une cuillerée iuſques à deux, dans quelque eau cordiale, ou appro- priée au mal.
|| [ID00178]
La poudre que vous avézcy-devant gardée a les meſmes vertus. Elle purge par les ſelles, urines & ſueurs, priſe dans un boüillon, ou dans un verre de vin blanc, le poids d’une demie drach- me juſques à une drachme.

Chapitre II.
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Du magiſtere du Crane humain.
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DIev par une providence admira- ble a voulu que l’homme trouvaſt dans ſon eſpece dequoy le guerir, & le ſoulager dans ſes maladies. Nous avons veu dans les vertus du Sang humain preparé, combien il y contribuë; les effects du Crane humain ne ſont pas moins conſiderables. Prenez le Crane d’une teſte ſeche, s’il ne l’eſt pas vous le ferez ſecher au ſoleil, ou au feu, ou en le portant longtemps ſur vous: ra- pez-le, & le reduiſez en poudre, & le mettez dans un vaſe de verre: Verſez deſſus du ſuc de citron, ou du fort vi- naigre diſtillé, qu’il ſurnage de trois ou [ID00179] quatre doigts; bouchez voſtre vaiſſeau, & le mettez en digeſtion au Bain cinq ou ſix heures; verſez par inclination voſtre ſuc, ou vinaigre, & en mettez d’autre, & faites digerer comme vous avez fait: continuez juſques à ce que tout voſtre Crane ſoit diſſout; prenez toutes vos diſſolutions, & les filtrez par le papier gris, & les mettez dans une Cucurbite de verre: verſez deſſus goutte à goutte de l’huile de Tartre, ti- rée par défaillance; toute la diſſolution ſe precipitera au fond: verſez par incli- nation le ſuc, ou vinaigre: lavez & dulcorez la poudre dans quelque eau cordiale, comme de Roſes, Canelle, Bugloſſe, Bourrache, Chardon benit, ou Meliſſe: puis vous deſſecherez ladi- te poudre dans un vaiſſeau de verre, & la metrrez dans une phiole bien bou- chée.Cette poudre eſt pour toutes les ma- ladies du cerveau; particulierement pour les epileptiques, & pour ceux qui ont des vertiges. Elle ſe prend dans quelque liqueur, comme eau de Sauge, ou Marjolaine, ou dans la conſerve de [ID00180] Roſes, le poids d’un Scrupule. Si c’eſt par precaution que l’on la prend, il faut diminuer la doſe de moitié, & conti- nuer neuf matins.

Chapitre III.
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De l’hùile admirable des Os d’hommes.
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PRenez les Os d’un homme, les plus gros que vous pourrez avoir; caſſez- les, & les faites rougir dans le feu: & quand ils ſeront rouges, vous les met- trez dans un pot de terre verniſſé, dans lequel vous aurez mis une ſuffiſante quantité de ſain, ou graiſſe d’homme: couvrez le pot, & les laiſſez imbiber, puis les oſtez de dedans, & les pillez & mettez dans une Cornuë, avec la graiſſe qui ſera reſtée dans le pot: diſtil- lez au feu de ſable, & continuez vo- ſtre diſtillation juſques à ce qu’il ne monte plus rien, expoſez cette liqueur au ſoleil. C’eſt un ſpecifique pour toutes douleurs de nerfs & de jointures, & pour les ſciatiques.
|| [ID00181]

Chapitre IV.
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Des eaux de Chair.
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De l’eau de Chapon.
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SI vous voulez diſtiller vn Chapon, ou Poulet, vous l’écorcherez tout vif, & luy oſterez les pieds, la teſte, & toutes les entrailles. Vous caſſerez ſes os dans un mortier de pierre, avec un pilon de bois, & le mettrez par pieces dans une Cucurbite de verre, avec une poignée d’orge mondé. Verſez deſſus une pinte d’eau de Bugloſſe, ou Bour- rache, diſtillez au Bain boüillant, aſin que les eſprits du Chapon montent avec l’eau; tirez une pinte de liqueur, puis ceſſez voſtre operation.Cette eau eſt reſtaurative & pectora- le. Elle renouvelle les forces des per- ſonnes debilitées par maladie, en pre- nant quatre ou cinq cuillerées, cinq ou ſix fois le jour de cette façon. L’on peut diſtiller toutes ſortes de chairs, & y [ID00182] augmenter & diminuer, ſelon qu’il ſera neceſſaire.

Autre maniere de diſtiller les Chairs.
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VOvs mettrez la chair que vous voudrez diſtiller, ſoit Bœuf, Veau, Mouton, ou Volailles, boüillir dans un pot neuf verniſſé, & bien bouché: & lors que tout ſera bien cuit, vous en exprimerez le ſuc ſous la preſſe, que vous ferez diſtiller au Bain, comme il eſt dit cy-deſſus. Vous pourrez y ad- jouſter des conſerves, & telles choſes qu’il vous plaira.Apres les diſtillations de Chair, il de- meure au fond une teinture, laquelle coulée & cuite en conſiſtence d’ex- traict, meſlée avec partie égale de the- rebentine, & de cire, eſt un emplaſtre pour les douleurs des nerfs, & gouttes froides.

Reſtauratif de Chair excellent.
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PRenez un vieil Coq, un jaret de Veau, & un bout-ſeigneux de Mou- ton; couppez le tout par morceaux, & [ID00183] les mettez dans un pot neuf, de gran- deur ſuſſiſante: bouchez bien le pot avec un couvercle, & le luttez avec des blancs d’œufs, & de la chaux vive: met- tez-le boüillir dans le Bain-Marie. Il ne faut pas oublier de mettre le petit cer- cle ſous le cul du pot, que le Bain ſoit boüillant l’eſpace de deux heures; puis exprimez ſous la preſſe ce qui ſera dans le pot, & le laiſſez refroidir pour en oſter la graiſſe, que vous leverez avec une cuilliere. Il faut donner au malade une cuillerée ou deux de ce Reſtauratif, cinq ou ſix fois le jour. Il eſt fort nour- riſſant.

Chapitre V.
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De la Teinture ou extraict de foye de Veau, & de ratte de Bœuf.
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LEs Teintures ou extraicts de foye de Veau, & de ratte de Bœuf, ſe font en cette ſorte. Pillez le foye & la ratte dans un mortier de marbre, puis le mettez dans un vaiſſeau de verre: [ID00184] verſez de bon eſprit de vin deſſus, qu’il ſurnage de trois ou quatre doigts; bou- chez voſtre vaiſſeau, & le mettez infu- ſer au Bain tiede, juſques à ce que vo- ſtre eſprit ſoit teint. Verſez-le par incli- nation, & remettez de nouvel eſprit, & continuez juſques à ce qu’il ne vien- ne plus de teinture. Prenez l’eſprit teint, & le mettez dans la Cucurbite, & le retirez par la diſtillation du Bain, juſques à ce qu’il ne monte plus rien; la teinture demeurera au fond, à laquelle vous meſlerez du ſucre à diſcretion. Vne cuillerée de teinture de foye de Veau, juſques à deux, priſe matin & ſoir, guerit la poulmonie; elle réjoüit le cœur; elle chaſſe la melancholie; elle deſopile le foye. L’on peut mettre cet- te teinture en conſiſtence d’extraict, pour en former pillules, qui auront le meſme effect priſes le poids d’un Scru- pule juſques à deux, dans la conſerve de Roſes.La teinture ou extraict de ratte de Bœuf deſopile la ratte, & en fait ſortir toutes les impuretez. Elle empeſche qu’elle ne gonfle; elle eſt utile contre [ID00185] toutes les maladies qui peuvent atta- quer cette partie.

Chapitre VI.
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De l’huile d’Oeuf.
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PRenez telle quantité d’Oeufs qu’il vous plaira, & les faites durcir. Pre- nez tous les jaunes, & les mettez dans une Cornuë, & diſtillez à feu de roüe. Cette huile eſt bonne contre l’apople- xie, ſi ceux qui ſont menacez de ce mal s’en frottent la cime de la teſte une fois la ſemaine. Elle guerit les dartres, & deſſeche les ulceres: elle guerit les brû- lures, & particulierement celles de la teſte, & leve les cicatrices qui en ſont provenus. Elle fait revenir le poil ſi on en frotte le lieu: elle oſte la maille des yeux, y en mettant une goutre dedans tous les jours; elle deſſeche la teigne, il faut raſer les cheveux devant que de l’appliquer; elle appaiſe la douleur de la goutte qui prend aux pieds. Vne goutte miſe dans l’oreille, diſſipe le bruit d’icelle.
|| [ID00186]

Chapitre VII.
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De l’Eſprit, Huile & Teinture de Miel.
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MEslez une livre de ſable blen net avec deux livres de miel eſcu- mé, & les mettez dans une Cornuë, & diſtillez au feu de ſable: il ſortira une eau blanche la premiere; & lors qu’il montera une liqueur rouge, changez de Recipient: c’eſt l’eſprit du Miel, qu’il ne faut pas meſler. Quand vous verrez qu’il ne diſtillera plus rien, augmentez voſtre feu, il ſortira une huile époiſſe, qu’il ne faut pas meſler non plus, avec l’eſprit. Rectifiez l’eſprit au Bain, la teinture demeurera au fond, & l’eſprit diſtillera comme de l’eau.Les vertus de l’eſprit de Miel ſont tres-grandes: ſi elles eſtoient connuës, ſon uſage ſeroit plus frequent qu’il n’eſt pas. Il defend le corps de toute pourri- ture, & conſerve la ſanté un tres-long- temps. Pline eſcrit qu’un ſoldat âgé [ID00187] d’un grand nombre d’années, fort & en bonne ſanté, fut interrogé par Octa- ve Auguſte de ce qu’il faiſoit pour ſe conſerver la ſanté, & vivre ſi long- temps, il fit réponſe qu’il mettoit de l’huile par dehors, & qu’il prenoit du miel au dedans. Ce teſmoignage eſt conſiderable, & ſans doute le Miel a des qualitez excellentes; ſi l’on conſi- dere de quelle maniere il eſt produit, & de quelles choſes il eſt compoſé, on auoüera, ſans doute, qu’eſtant preparé il ne peut produire que de bons effects. Cinq ou ſix gouttes d’eſprit pris dans une cuillerée d’eau de Canelle, appaiſe les douleurs de la colique. Il tuë les vers, & les fait ſortir, & empeſche qu’il ne s’en forme dans le corps, pris en eau de Roſmarin: il guerit la paralyſie en eau de Sauge; il faut continuer quaran- te jours. La doſe eſt de dix gouttes juſ- ques à quinze. L’huile & la teinture ſont bonnes pour faire revenir les che- veux, s’en frottant la teſte ſept ou huit fois. La teinture meſlée avec de la fari- ne d’orge en forme de cataplaſme, reſout les duretez, & fait meurir [ID00188] les bubons & apoſthemes.

Chapitre VIII.
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De l’huile de Cire.
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PRenez de la Cire jaune, & de bon- ne odeur, à diſcretion; faites-la fondre, & meſlez avec une quatrieſme partie de brique pillée, ou de ſable bien net, & en faites de petites pelottes qui puiſſent entrer dans la Cornuë, que vous remplirez pour le plus qu’à moi- tié. Donnez-vous de garde de faire gonfler voſtre Cire: vous diſtillerez au feu de cendres, & garderez les degrez du feu. Lors qu’il ne ſortira plus de fu- mée voſtre operation ſera faite. Sepa- rez l’eau d’avec l’huile par le vaiſſeau ſeparatoire, & remettez l’huile ſur les feces, & cohobez deux fois, & vous aurez une huile claire & nette. Ses ver- tus ſont de reſoudre les duretez; elle penetre & diſſipe les cicatrices, ſi l’on continuë d’en mettre long-temps: elle guerit les playes qui ſont faites par [ID00189] coups de feu; elle appaiſe les douleurs de la goutte, & guerit les ulceres; ra- longe les nerfs, & conſolide les fiſſures des mammelles, & des lévres.

Chapitre IX.
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De l’huile de Beure.
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PRenez du Beure frais qui ſoit nou- vellement fait, vous en ferez de pe- tites pelottes comme vous avez fait de la cire, avec des cendres, ou du ſable, & les mettez dans la Cornüe, & diſtil- lerez à feu de cendres. Separez l’eau d’avec l’huile, & cohobez comme cy- deſſus.Cette huile eſt excellente pour tou- tes ſortes de toux, & rheumes. La doſe eſt de cinq ou ſix gouttes dans de l’eau ſucrée, ou d’Hyſope, büe ſoir & matin. Elle appaiſe les douleurs de coſté, ſi l’on en fait cataplaſme avec de la farine de Cumin. Il en faut mettre trois fois le jour.
|| [ID00190]

Chapitre X.
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De l’huile de Cheveux.
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PRenez des Cheveux, & en faites des petites pelottes, & les mettez dans une Cornüe, que vous emplirez pour le plus des trois parts, & adapte- rez un Recipient à la Cornüe, que vous lutterez: puis diſtillez au feu de roüe juſques à ce qu’il ne ſorte plus de fumée.Cette huile a l’odeur fort penetran- te. Elle eſt bonne contre les ſuffoca- tions de la matrice: il en faut frotter les tempes, & les narines. Elle fait auſſi venir les cheveux, ſi l’on en met huit ou dix jours de ſuite ſur le lieu où l’on les veut faire venir. Devant que de l’ap- pliquer, il faut bien frotter la teſte avec un linge un peu chaud.
|| [ID00191]

Chapitre XI.
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De l’eſprit de Laict.
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FAites boüillir du laict un boüillon; verſez dedans une cuillerée de vi- naigre, puis filtrez ledit laict, & le met- tez dans une Cucurbite de verre, & diſtillez au Bain boüillant, & conti- nuez juſques à ce qu’il ne monte rien. Oſtez les feces qui ſont dans la Cucur- bite, & rectifiez voſtre eſprit. Dimi- nuez voſtre feu d’un degré, & de quatre pintes que vous aurez vous n’en retirez que trois pintes & choppine: oſtez les feces, & rectifiez encore une fois, & diſtillez à feu tiede, & ne diſtillez que trois pintes. L’uſage de cet eſprit eſt plus ſain & plus rafraichiſſant que le petit-laict commun; ſa froideur eſt corrigée par le feu, & les mauvaiſes qualitez ſeparées. Il n’eſt point nuiſible à l’eſtomac: l’on y peut adjouſter du ſucre roſat, ou violat, ſelon le ſujet [ID00192] pour lequel on le prendra. L’on peut diſtiller toutes ſortes de laicts de cette maniere. Le laict d’aſneſſe preparé de cette ſorte, eſt facile à digerer, & n’eſt point nuiſible à l’eſtomac.
|| [ID00193]

QVATRIESME PARTIE.
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Des Mineraux & Metaux.
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Avant-propos.
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BIen que les Metaux, & Mineraux ſemblent eſtre eſloignez de l’homme, & que l’Eſcriture Sainte ne faſſe aucune mention de leur creation, neantmoins ils ne laiſſent pas de nous fournir des remedes tres-ſalutaires. Au- jourd’huy la Medecine s’en ſert avec d’heureux ſuccés. Il eſt neceſſaire que leurs preparations ſoient exactement faites, dautant que ce ſont remedes violens; bien que l’on ne les prenne qu’en petite quantité, & dans des ma- ladies rebelles, & inveterées. Quand j’ay commencé ce Livre, je me ſuis [ID00194] propoſée de ne point paſſer mes expe- riences. C’eſt pourquoy je ſupprime en cette Partie les operations ſur l’or, & ſur l’argent, ne connoiſſant point leurs preparations, ny leurs utilitez en la Medecine. I’ay veu pluſieurs opera- tions auſquelles on a donné le nom d’Or potable, de teinture d’or, d’hui- le d’argent, que je n’ay pû compren- dre; ne me pouvant perſuader que des corps ſi parfaits & condenſez, fuſſent liquefiables. Ce n’eſt pas que je con- damne ces operations pour ne les pou- voir pas concevoir; je ſerois auſſi teme- raire que les aveugles, qui aſſeure- roient qu’il ne ſeroit point de Solcil, parce qu’ils ne le verroient pas. Pour les operations qui ſuivent, j’aſſeure qu’elles ſont veritables, & experimen- tées.
|| [ID00195]

Chapitre premier.
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Des Eſprits.
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Du Vitriol.
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PRenez cinq ou ſix livres de Vi- triol Romain, autrement dit Cou- peroſe, & les mettez dans un pot de terre qui ne ſoit point verniſſé, & le poſez ſur le feu, & l’entourez de char- bon, & le laiſſez juſqu’à ce que le Vi- triol devienne rouge: vous le remuerez de temps en temps avec une Eſpatule de fer. Le Vitriol calciné juſqu’à rou- geur eſt appellé par les Chymiques Col- cotar: prenez-le, & le pillez, & le mettez dans une Cornuë de terre de Beauvais: cette terre reſiſte au feu. Qu’elle ne foit remplie pour le plus que de deux tiers; adaptez un grand Reci- pient appellé Balon, & les luttez avec blanc d’œufs, chaux vive, & blanc d’Eſpagne: poſez voſtre Cornuë ſur le fourneau, ou au coin d’une cheminée, [ID00196] & la faites porter ſur un tuillot, ou maſ- ſe de terre, pour l’élever à proportion de voſtre Recipient. Faites feu par de- grez, & l’entretenez douze heures au feu du premier degré: & lors que vous verrez entrer des nuages dans voſtre Recipient, augmentez voſtre feu d’un degré, & le continuez pendant autres douze heures; apres leſquelles vous augmenterez, & couvrirez voſtre vaiſ- ſeau de feu, & continuerez juſqu’à ce que vous ne voyez plus aucune fumée entrer dans voſtre Recipient. Alors laiſſez refroidir vos vaiſſeaux un jour entier, moüillez le lut des vaiſſeaux pour les deffaire, & prenez l’eſprit di- ſtillé, & le rectifiez dans une Cornuë de verre au feu de ſable. La premiere liqueur qui viendra n’eſt que phlegme: lors qu’il montera de l’aigreur changez de Recipient, & angmentez le feu, & continuez juſqu’à ce qu’il ne diſtille plus rien. Laiſſez refroidir vos vaiſ- ſeaux, & prenez l’eſprit, & le mettez dans une phiole pour vous en ſervir à ſes uſages. Vous trouverez au fond de voſtre Cornuë une huile noire qui a [ID00197] ſes facultez, comme il ſera dit cy-apres. Les feces reſtées de voſtre premiere di- ſtillation, ſeront bruſlées pour en tirer le ſel, avec le phlegme que vous avez cy-devant diſtillé, ou avec de l’eau com- mune un peu chaude. Ce ſel s’extraict comme celuy des Vegetaux.Les vertus de l’eſprit de Vitriol ſont grandes. Il eſt à remarquer qu’il ne ſe prend jamais ſeul, & que ſa doſe n’ex- cede point trois à quatre gouttes, priſes dans quelque vehicule convenable au mal. Il tempere les ardeurs des fiévres malignes & violentes, & conſomme la pourriture des humeurs dont elles ſont cauſées. Il purifie le ſang, & penetre juſques dans les veines: Il eſt diureti- que; il tuë les vers; appliqué avec un plumaſſeau il leve les chancres, & guerit les ulceres de la bouche. Il faut prendre garde qu’il ne touche autre partie que le mal, dautant qu’il corro- de la chair: il blanchit les dents ſi on les en frotte avec un petit drapeau: il aide à extraire les teintures de toutes ſortes de fleurs.L’huile de Vitriol, reſtée cy-devant [ID00198] au fond de la Cornuë, entre en la com- poſition des emplaſtres pour les ulce- res, chancres putrides & inveterez. Il eſt cauſtique, & leve les chairs mortes. L’on s’en ſert pour faire les cauteres potentiels.Le ſel eſt vomitif; ſon effect eſt vio- lent: on ne s’en doit ſervir que dans l’extremité. Il y a d’autres vomitifs qui operent avec plus de douceur. La doſe eſt depuis dix juſqu’à vingt grains, ſe- lon les forces du malade.

Chapitre II.
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Du Nitre.
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De l’eſprit de Nitre.
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PRenez du Nitre, ou Salpetre de- puré & blanc, deux livres, & les mettez dans une Cornu???, & diſtillez au feu par degrez, comme vous avez fait cy-devant. De chaque livre vous tire- rez douze onces d’eſprit; ſerrez-le dans une phiole de verre double, que les [ID00199] deux tiers ſoient vuides, & la bouchez d’un bouchon de verre. Cet eſprit eſt difficile à garder.Les vertus de cet eſprit ſont d’inciſer, diſcuter, & reſoudre les vapeurs, & humeurs malignes crües & tartarées, qui ſe trouvent dans le corps; il dégage les obſtructions des viſceres, & dimi- nuë la chaleur contre nature; excite les ſueurs. Son uſage principal eſt dans la colique, & les fiévres chaudes & mali- gnes. La doſe eſt d’un demy ſcrupule juſqu’à un ſcrupule, dans quelque eau convenable.

Criſtal mineral.
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LE Criſtal mineral eſt fort utile à la medecine, & la maniere de le faire fort facile. Prenez un Creuſet d’Alle- magne, mettez dedans une livre de Sal- petre, & le mettez fondre deſſus les charbons ſous la cheminée, à chaleur mediocre. Lors que la fuſion ſera faite, jettez dedans, en trois ou quatre di- verſes fois deux onces de fleurs de Soufre, ou à leur defaut du Soufre pilé bien menu. Laiſſez boüillir un quart [ID00200] d’heure, & oſtez avec une Eſpatule l’é- cume, ou craſſe qui ſera deſſus. Il faut avoir un poëlon, ou baſſine bien nette, & bien chaude, toute preſte, dans la- quelle vous verſerez ce qui ſera dans voſtre Creuſet, & pancherez de coſté & d’autre voſtre baſſine, pour étendre voſtre Criſtal, & le rendre tranſpa- rant. Lors qu’il ſera froid, rompez-le par morceaux, & le ſerrez dans une boëte.Ses vertus ſont de laſcher le ventre doucement. Il eſt diuretique; il rafrai- chit; il ſert aux inflammations internes; il eſt propre aux fluxions chaudes. On Ie fait diſſoudre dans les ptiſannes pur- gatives, & rafraichiſſantes. La doſe eſt d’une drachme juſqu’à deux. L’on le peut prendre en poudre, incorporé avec de la conſerve de Roſe.
|| [ID00201]

Chapitre III.
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Du Sel marin.
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De l’eſprit de Sel marin.
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CEt eſprit ſe tire de deux manieres; l’une par diſtillation, l’autre par diſſolution, & defaillance. Pour tou- tes les deux il faut decrepiter le ſel, comme il a eſté dit au Chapitre des Operations. Prenez voſtre ſel decrepi- té, & le pilez bien menu: ſi vous le voulez diſtiller meſlez deux livres de ſel avec une livre de poudre de brique, ou des fragmens du pot dans lequel vous l’aurez decrepité: mettez le tout dans une Cornuë, & y adaptez un Reci- pient, dans lequel vous mettrez une livre d’eau. Luttez & diſtillez comme vous avez fait l’eſprit de Vitriol. Voſtre operation eſtant faite, deluttez vos vaiſſeaux, & mettez ce qui ſera dans le Recipient dans une Cucurbite de verre, & retirez l’eau que vous avez miſe cy [ID00202] devant par la diſtillation du Bain: & lors qu’il n’en montera plus rien, ceſſez, l’eſprit demeurera au fond de la Cucur- bite, que vous mettrez dans une phio- le de verre. Si vous voulez avoir de l’eſprit de ſel par reſolution, vous met- trez voſtre ſel decrepité dans un ſachet de toile, que vous ſuſpendrez dans la cave, & mettrez deſſous un vaiſſeau pour recevoir la liqueur qui tombera par defaillance, que vous rectifierez dans la Cornuë au feu de ſable, & le dephlegmerez.Les facultez de cet eſprit ſont incom- parables; il ſurpaſſe en vertu tous les eſprits que l’on peut extraire du Mine- ral. Il diſſipe toutes les impuretez qui ſont dans le corps; il preſerve de cor- ruption; il fortifie l’eſtomac, & purifie le ſang: il eſt fort utile aux vieilles per- ſonnes; il renouvelle la chaleur natu- relle. Il le faut prendre dans quelque eau cordiale. Sa doſe eſt de trois à qua- tre gouttes: appliqué ſur les ulceres, il les guerit; il blanchit les dents, & fortifie les gencives. Pluſieurs Philoſophes aſ- ſeurent que ſon uſage eſt capable de re- generer l’homme.
|| [ID00203]

Chapitre IV.
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Du Soufre.
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De l’eſprit de Soufre.
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PRenez une Campane de verre, deſquelles on ſe ſert pour couvrir les Melons; ſuſpendez là par ſon bou- ton ſous une cheminée: mettez deſſous une petite terrine, dans laquelle vous mettrez des os de Bœuf ſpongieux bruſlez & emondez de leur couverture; ils s’appellent Meche perpetuelle: ran- gez deſſus une livre de Soufre en Ca- non, auquel vous mettrez le feu avec un fer rouge, ou une chandelle allu- mée. Panchez la Campane d’un coſté pour donner cours à la liqueur qui ſe formera dedans, afin qu’elle tombe fa- cilement dans un vaſe que vous met- trez deſſous. Cette operation ſefait ſans que l’Artiſte ſoit obligé d’y eſtre: il faut laiſſer bruſler tout le Soufre auant que d’en remettre d’autre. Le temps [ID00204] humide eſt le plus propre à cette opera- tion. D’une livre de Soufre, quand le temps eſt favorable, l’on peut tirer deux onces d’eſprit.Cet eſprit a un nombre infini de fa- cultez: Pris en eau de Cerfueil purifie le ſang. Il fait ſuer en eau de Chardon- benit: il mondifie le poulmon en eau d’Hyſope; il guerit la fiévre quotidie̅ne en eau de Roſmarin; la fiévre tierce en eau de Centaurée; la fiévre quarte en eau de Bugloſſe. Il appaiſe la colique en eau de Camomille; il deſopile la ratte en eau de Capres; il fait vuider les eaux des hydropiques, & les urines ſupprimées en eau de Perſil, ou de Ra- ve; incorporé avec Mithridat il diſſipe la peſte. Sa doſe eſt de cinq gouttes juſ- ques à ſix. Il eſt propre aux ulceres de la bouche; il blanchit les dents; il ſert à extraire les teintures des Roſes & Violettes, comme l’eſprit de Vitriol.

Fleurs de Soufre.
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PRenez une livre de Soufre, & le rompez par morceaux, & le mettez dans un pot de terre, que vous poſerez [ID00205] couché ſur le coſté, ſur un fourneau, de ſorte qu’il puiſſe entrer dans l’embou- cheure d’un pot à beure; auquel vous ferez un petit trou au cul. Luttez vos deux pots enſemble avec des blancs d’œufs, & du blanc d’Eſpagne: faites feu ſous voſtre pot du premier degré, & continuez juſques à ce qu’il ne ſorte plus de fumée par le petit trou que vous avez fait au pot de beure: laiſſez re- froidir, & deluttez, vous trouverez vos fleurs ſublimées au haut du pot, que vous abattrez avec une plume, & les ſerrerez dans un vaſe de verre.Ces fleurs ſont amies du poulmon, & le garantiſſent de toutes les maladies qui proviennent de froid, & d’humidi- té. Elles ſont bonnes contre la courte- haleine. La doſe eſt d’un demy Scrupule juſqu’à un Scrupule, avec ſucre cuit. L’on en peut faire tablettes, qui auront le meſme effect.

Syrop de fleurs de Soufre.
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PRenez demy ſeptier d’eau de vie rectifiée une fois, du ſucre en pou- dre une demie livre, de fleurs de Sou [ID00206] fre une once: mettez le tout dans une terrine, & y mettez le feu avec une al- lumette, & remuez l’eau, le ſucre & les fleurs avec une cuillere d’argent, que vous ferez tenir au bout d’un bâ- ton de peur de vous bruſler, juſqu’à ce que l’eau de vie ne flambe plus. Fil- trez ce ſyrop, & le mettez dans une phiole. Il en faut prendre ſoir & matin une cuillerée: il eſt excellent pour le poulmon, pour les maux de gorge, & toux inveterée. Son uſage n’eſt point nuiſible à quelque maladie que ce ſoit.

Chapitre V.
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De l’huile des Philoſophes.
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LEs Philoſophes s’attribuent, com- me unavantage, la compoſition de cette huile. Elle ſe fait en cette ſorte. Prenez des tuilles, ou briques fraiche- ment faites, comme elles ſortent du fourneau; reduiſez-les en petits mor- ceaux, gros comme des poix, & les [ID00207] faites rougir dans un Creuſet: & lors qu’ils ſeront embraſez, jettez-les dans vun pot à demy plein d’huile d’olive vierge, lequel vous couvrirez auſſi-toſt: Vous continuerez de faire comme deſ- ſus, juſques à ce que vous en ayez ſuffi- ſante quantité, & que l’huile les ſurna- ge. Laiſſez le tout imbiber huit jours, puis broyez & mettez dans une Cor- nuë, & diſtillez à feu de degrez, juſqu’à ce qu’il ne ſorte plus de fumée. Si voſtre huile n’eſt aſſez claire, vous la rectifie- rez dans la Cornuë au feu de ſable.L’on attribuë à cette huile quarante- quatre vertus fort conſiderables; & par veneration elle eſt appellée des Philoſophes Huile benite. Elle confor- te les nerfs, arreſte le tremblement de teſte, & des mains; appaiſe la douleur des gouttes, & des jointures. Elle eſt ſouveraine aux affections des orcilles, provenantes de cauſe froide, comme ſurdité, oreilles coulantes, & bruit d’icelles. Elle guerit les playes, crevaſ- ſes, & fiſſures. Elle échauſſe les mem- bres refroidis par accident; elle appaiſe les douleurs de la matrice, & de la [ID00208] goutte ſciatique; elle échauffe & con- forte la teſte, & le cerveau froid; elle eſt ſouveraine contre la morſure des beſtes veneneuſes; elle fortifie l’eſto- mac; elle arreſte les larmes des yeux pleurans, & oſte la rougeur d’iceux, ſi l’on en applique ſur toutes leſdites par- ties: Si l’on en prend cinq ou ſix gout- tes par la bouche dans de l’eau d’Hyſo- pe, elle fait revenir les mois retardez. Enfin il ſemble que cette huile ſoit univerſelle contre toutes ſortes de ma- ladies.

Chapitre VI.
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De l’Eſſence de Carabé, ou d’Ambre.
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I’Ay eſté en peine en quel regne je devois mettre cette operation, quoy que l’Ambre ſoit aſſez connu, dautant que les Auteurs en parlent diverſement. Les uns le mettent au rang des Gom- mes, les autres au nombre des Mine- raux, dautant qu’il ſe trouve meſlé avec l’or. Pour moy je ſuis de l’opinion de [ID00209] ceux qui le tiennent pour un Bitume, à cauſe de l’odeur forte qu’il rend quand on le bruſle. C’eſt ce qui m’o- blige de le mettre au rang des Mine- raux. Prenez de l’Ambre blanc, ou jau- ne, & le mettez dans une Cornuë, rem- plie pour le plus à moitié: diſtillez à feu de ſable; & lors qu’il ne ſortira plus de fumée de la Cornuë, ceſſez voſtre operation. S’il ſe trouve quelque cau avec l’eſſence, vous la ſeparerez par le vaiſſeau ſeparatoire.Cette huile, ou eſſence, eſt fort utile. Elle guerit l’apoplexie, trois gouttes priſes dans une cuillerée de vin, ou d’eau ſucrée. Elle provoque l’urine, & fait vuider le ſable en eau de Perſil, ou de Fenoüil. Elle eſt bonne pour le mal caduc, & pour les ſuffocations de ma- trice, & convulſions, en eau de Sauge: appliquée au dehors, elle guerit les pa- ralytiques, les playes & ulceres, & fait ſortir les eſquilles. Elle conforte l’eſto- mac, & arreſte le dévoyement, ſi l’on enfrotte leſdites parties.
|| [ID00210]

Chapitre VII.
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Du Corail.
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De la Teinture de Corail.
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PRenez du Corail du plus rouge, & le reduiſez en petites parties, & les mettez en un Matras: verſez deſſus du jus de Citron filtré, qu’il ſurnage de quatre doigts: bouchez voſtre vaiſ- ſeau, & le mettez en digeſtion au Bain, & l’y laiſſez juſques à ce que vous voyez voſtre liqueur devenir rouge. Alors vous la ſeparerez par inclination, & remettrez d’autre ſuc de Citron deſſus voſtre Corail reſté, & mettrez en di- geſtion comme vous avez fait, & con- tinuerez juſqu’à ce que voſtre ſuc ne tire plus de teinture. Prenez tout es les teintures; ſur chaque livre d’icelle vous mettrez deux livres de ſucre, & ferez cuire juſques à conſiſtence de ſyrop.Cette teinture eſt excellente pour [ID00211] arreſter toutes ſortes d’hemorrhogie, tant par haut que par bas. Elle fortifie l’eſtomac, purifie le ſang, arreſte la dy- ſenterie, & le vomiſſement. Elle em- peſche la profuſion des mois. Elle eſt ſalutaire, & ne peut faire que bien à quelque maladie que ce ſoit. Elle exci- te doucement le dormir. Elle doit eſtre gardée curieuſement dans une phiole bien bouchée. La doſe eſt d’une demie once juſqu’à une once. L’on y peut donner un vehicule convenable au mal pour lequel on la prend.

Magiſtere de Corail.
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REdvisez du Corail en poudre ſubtile, & le mettez dans une phiole de verre, verſez deſſus du vi- naigre diſtillé, qui ſurnage la poudre de trois doigts: mettez en digeſtion au Bain cinq ou ſix heures à petite cha- leur. La digeſtion eſtant faite, verſez par inclination voſtre vinaigre, & en remettez d’autre, & faites digerer, & continuez cette operation juſques à ce que le Corail ſoit tout diſſout. Prenez toutes ces diſſolutions, & les filtrez, & [ID00212] en reſervez une part pour vous en ſer- vir comme il ſera dit cy-apres: dans l’autre vous verſerez goutte à goutte ſuffiſante quantité d’huile de Tartre faite par defaillance, le Corail ſe pre- cipitera au fond, à maniere de chaux blanche. Laiſſez repoſer le tout demie heure, puis verſez par inclination le vinaigre, & l’huile de Tartre qui ſera deſſus, lavez & dulcorez cette chaux avec quelque eau cordiale, & la faites ſecher doucement. De cette meſme ma- niere ſe fait le magiſtere des Perles.Les vertus de ce magiſtere ſont de conforter, & provoquer les ſueurs; & il a les meſmes facultez que la teinture. La doſe eſt depuis dix grains juſques à vingt, dans quelque liqueur, ou dans de la conſerve de Roſe.

Sel de Corail.
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FAites evaporer la liqueur que vous avez cy-devant gardée juſques à ſic- cité, & le ſel ſe trouvera au fond; le- quel vous ferez diſſoudre & deſſecher pluſieurs fois dans quelque eau cordia- le, pour oſter l’acrimonie du vinaigre.
|| [ID00213]
Ce ſel a les meſmes facultez que la teinture & magiſtere. La doſe eſt de quinze à vingt grains dans un boüillon, ou autre vehicule.

Chapitre VIII.
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De l’Antimoine.
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Du Crocus d’Antimoine.
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LEs Philoſophes ont tourné l’Anti- moine en tant de façons, que l’on pourrroit eſcrire pluſieurs volumes de leurs operations: je me retrancheray à trois ou quatre, dont les effects ſont aſſeurez, & experimentez. Prenez de l’Antimoine, & du Salpetre, partie égale; pulveriſez-les chacun à part, puis les meſlez enſemble, & en mettez une cuillerée dans un mortier de fonte ſur les charbons ardans. Vous y mettrez le feu avec un charbon, puis vous cou- vrirez le mortier avec la pelle du feu: Et lors que l’ebulition ſera paſſée, re- muez avec une verge de fer, & remet [ID00214] tez une autre cuillerée, & recouvrez comme deſſus, & continuez juſqu’à ce que vous ayez mis toutes vos poudres. Et lors que la matiere ſera rougeaſtre vous oſterez le mortier de deſſus le feu, & la laverez & dulcorerez cinq ou ſix fois avec de l’eau commune: à la der- niere fois vous y mettrez deux cuille- rées d’eau de Canelle. Vous filtrerez par le papier gris, & ferez ſecher la poudre dans un vaiſſeau de verre à cha- leur douce.Cette poudre eſt appellée Saffran à cauſe de ſa couleur. Elle a la vertu de faire vomir doucement: elle guerit les fiévres longues, & rebelles; elle purge par les urines, & ſueurs; quelquefois par les ſelles. La doſe eſt de huit à quinze grains, infuſez du ſoir au matin dans un verre de vin blanc. Il faut prendre ſeulement le vin, & laiſſer la poudre. C’eſt ce qui s’appelle Vin Eme- tique. Il ſe fait une poudre Emetique avec l’Antimoine, le Mercure ſublimé, & le Vitriol; laquelle eſt plus violente que celle-cy.
|| [ID00215]

Antimoine Diaphoretique.
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PRenez Antimoine & Salpetre, partie égale; reduiſez-les en pou- dre, & les mettez dans un Creuſet, que vous couvrirez d’un autre Creuſet percé par le cul. Luttez-les enſemble, & quand le lut ſera ſec mettez-les au mi- lieu des charbons ardans; il ſe fera un combat qui fera bruit comme à l’opera- tion precedente. Au bout de trois heu- res tirez vos Creuſets, & prenez voſtre matiere, & la reduiſez en poudre, & la meſlez avec autant de Salpetre comme vous y en avez mis au precedent; met- tez le tout dans les Creuſets luttez, & mettez au feu ardant dix-huit ou vingt heures, & juſques à ce que la matiere ſoit tres-blanche. Alors vous la pilerez, laverez, filtrerez trois ou quatre fois, pour oſter l’acrimonie du Salpetre. Il faut que la derniere eau dans laquelle vous la laverez ſoit quelque eau cor- diale, comme Roſe, Canelle, Anis, ou Fenoüil.Cette poudre eſt ſudorifique; elle purge par les urines, & par les ſueurs. [ID00216] La doſe eſt de dix à quinze grains dans de la conſerve de Roſe, ou moële de pommes cuites.

Huile, ou Syrop d’Antimoine.
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PRenez de l’Antimoine pulveriſé à diſcretion; mettez-le dans un Creuſet ſur le feu, & l’y laiſſez cinq ou ſix heures, & le remuez touſiours avec une verge de fer, juſqu’à ce que l’Anti- moine ait acquis une couleur griſaſtre. Oſtez le Creuſet, & le laiſſez refroidir: prenez la maſſe que vous reduirez en poudre, & meſlerez avec partie égale de ſucre fin. Mettez le tout dans une Cornuë, & diſtillez au feu de roue juſ- qu’à ce qu’il ne monte plus rien. Cet- te huile purge doucement par les ſel- les, & ſans violence: douze gouttes juſques à vingt miſes dans l’infuſion d’un gros de Senné, guerit les fiévres quartes & tierces. Il en faut prendre trois fois quand les fiévres ſont rebel- les, & laiſſer un jour ou deux d’inter- valle, ſelon la force du malade, & l’ef- fect qu’aura fait le remede precedent.
|| [ID00217]

Teinture d’Antimoine.
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PIllez de l’Antimoine en poudre impalpable, & la mettez dans un grand vaiſſeau de terre, qui ne ſoit point verniſſé, & qui puiſſe ſouffrir le feu: mettez-le ſur un fourneau, ou re- chaut, & faites un feu moderé. Re- muez ſans ceſſe la poudre avec une ver- gette de fer, juſqu’à ce que le ſoufre d’Antimoine ſoit entierement conſom- mé: ce que vous connoiſtrez lors qu’il ne rendra plus de fumée, & de flamme bleüe. Il faut pour faire cette operation pour le moins deux fois vingt-quatre heures, & ſe donner de garde de la fumée, parce qu’elle eſt fort nuiſible. Lors que la poudre ſera deſſechée de la ſorte, mettez-là dans un Matras, & verſez de l’eſprit de vin deſſus, qu’il ſurnage de quatre doigts; bouchez bien le vaiſſeau, & le mettez en digeſtion au Bain-Marie, juſques à ce qu’il devien- ne rouge: Verſez l’eſprit teint par in- clination, & en remettez d’autre, & faites digerer comme au precedent, & continuez juſqu’à ce que l’eſprit ne ſe [ID00218] colore plus. Prenez toutes les teintures, & les mettez dans une Cucurbite, & retirez voſtre eſprit par la diſtillation du Bain, & la teinture demeurera au fond; ſur laquelle vous mettrez de l’eau de Canelle, que vous meſlerez avec ladite teinture: puis retirez ladite eau par la diſtillation du Bain, juſqu’à ce que ladite teinture demeure en conſi- ſtence de miel. Vous la mettrez dans une phiole bien bouchée: elle merite d’eſtre conſervée.Cette teinture eſt un remede univer- ſel. Elle eſt pour toutes ſortes de mala- dies. Elle purifie le ſang, renouvelle les forces, reſtaure la nature, entretient l’humidité radicale, conſerve la ſanté, guerit toutes ſortes de fiévres, appaiſe les douleurs de la goutte, & purge doucement par les ſelles, ſueurs, & urines. La doſe eſt depuis ſix gouttes juſqu’à douze, dans un vehicule appro- prié au mal. Il eſt bon d’en prendre par precaution deux fois l’année, au Prin- temps, & à l’Automne.
|| [ID00219]

Chapitre IX.
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Du Fer, ou Mars.
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Du Crocus de Mars.
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IL eſt un nombre infini de manieres d’extraire le ſel, ou ſaffran de Mars, dont la pluſpart ſont longues & peni- bles. En voicy une fort facile. Prenez de la limaille d’acier bien nette, & la mettez dans un grand plat de fayance: ſi vous le voulez faire aſtringent, ver- ſez du vinaigre diſtillé deſſus: ſi c’eſt de l’aperitif, vous ne mettrez que de l’eau commune. Expoſez voſtre vaiſſeau au ſoleil, & le remuez cinq ou ſix fois le jour. Et lors que voſtre liqueur ſera rouge, verſez-la par inclination dans un vaiſſeau toute trouble, & remettez d’autre vinaigre, ou eau, deſſus la li- maille, & remettez au ſoleil comme deſſus, & continuez juſques à ce que vous ayez ce que vous ſouhaitez de teinture. Prenez toutes vos teintures, [ID00220] & les mettez dans un vaiſſeau, & les laiſſez repoſer une nuict, le ſaffran de- meurera au fond. Verſez par inclina- tion ce qui ſera deſſus: ſi c’eſt de l’a- ſtringent que vous voulez faire, faites- le reverberer au fourneau entre deux Creuſets cinq ou ſix heures. Pour l’a- peritif, il ſuffit de le ſecher douce- ment.Les vertus du Crocus aſtringent ſont de reſſerrer, & de ſecher; c’eſt pour- quoy l’on s’en ſert à la dyſenterie, & lienterie, & autres maladies ſemblables. Les vertus de l’aperitif ſont d’attenuer, & d’ouvrir les obſtructions. L’on en fait prendre pour les paſles couleurs, & pour faire venir les purgations.

Autre Crocus de Mars aperitif.
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PRenez de la limaille d’acier, & Soufre pilé, partie égale, mettez-le dans un Creuſet ſur les charbons ar- dans, & remuez ſans ceſſe avec une Eſpatule de fer juſqu’à ce que tout le Soufre ſoit bruſlé, & qu’il ne rende plus de flamme. Alors mettez de nou- veau Soufre, & remuez comme vous [ID00221] avez fait; & reïterez deux, trois, ou quatre fois cette operation, juſqu’à ce que voſtre limaille devienne en pou- dre, & ſe froiſſe ſous les doigts. Ce qui eſtant fait, vous la pilerez, & ſerrerez dans une phiole de verre.Ce Crocus eſt aperitif: il eſt bon pour les maladies epatiques, & eſt du nom- bre des remedes diuretiques.

Vitriol de Mars.
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MEttez de la limaille d’acier dans un Matras, verſez deſſus de l’eau aguiſée d’eſprit de Soufre, ou de Vi- triol, tant qu’elle ſoit aigrette: mettez voſtre Matras en digeſtion ſur les cen- dres chaudes vingt-quatre heures; ſe- parez par inclination l’eau, & en re- mettez d’autre, & faites comme deſſus, & continuez juſqu’à ce que l’eau que vous mettrez ſoit auſſi aigre comme quand vous l’y avez miſe. Prenez toutes vos eaux impregnées, & en faites eva- porer les trois parts ſur le feu dans une terrine, & mettez la partie reſtante à la cave: il ſe formera des criſtaux de cou- leur de Vitriol, que vous leverez avec [ID00222] une cuilliere d’argent, & les ſerrerez dans une phiole de verre. Faites evapo- rer les trois parts de l’eau reſtante, mettez à la cave, & continuez juſqu’à ce qu’il ne ſe forme plus de criſtaux.Ce Vitriol eſt un ſpecifique pour tou- tes obſtructions, tant epatiques que pleniques. Il guerit la jauniſſe. Sa doſe eſt d’une drachme juſqu’à deux dans un boüillon, ou dans de la conſerve de Roſes.

Chapitre X.
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Du Cuivre ou Venus.
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Du Vitriol de Venus.
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PRenez du cuivre calciné; il s’en trouve chez les Eſpiciers; il s’appel- le æs uſtum: reduiſez le on poudre, & le mettez dans un Matras: verſez deſ- ſus de l’eau, qu’elle ſurnage de trois doigts: mettez le vaiſſeau en digeſtion au feu de cendre, & l’y laiſſez juſques à ce que l’eau devienne bleüe, & [ID00223] qu’elle ait acquis un petit gouſt acide & vitriolé. Verſez la liqueur par incli- nation, & remettez de l’eau ſur les fe- ces, & continuez juſques à ce que vo- ſtre matiere ne teigne plus. Prenez toutes vos eaux teintes, & les filtrez, & les mettez dans une terrine ſur le feu, & faites evaporer l’eau juſqu’à ce qu’il ſe forme une petite pelicule au deſſus. Alors mettez le vaiſſeau à la ca- ve, les criſtaux tomberont au fond, que vous ſeparerez d’avec l’eau, & les mettrez dans un verre un peu large, & les laiſſerez ſecher à l’ombre; puis vous les garderez dans une phiole de verre bien bouchée.Ce Vitriol eſt ſingulier pour le mal des yeux où il n’y a point d’inflamma- tion. Il le faut diſſoudre dans de l’eau de Roſe, ou de Plantain.
|| [ID00224]

Chapitre XI.
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Du Plomb, ou Saturne.
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Du Sel, ou Sucre de Saturne.
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SAns ſe donner la peine de calciner le Plomb, qui eſt une operation lon- gue & penible, l’on en trouve facile- ment chez les Eſpiciers, & s’appelle Minium. Vous en prendrez à diſcre- tion, & le mettrez dans un Matras. Verſez par-deſſus du vinaigre diſtillé, qu’il ſurnage de trois ou quatre doigts: mettez le vaiſſeau en digeſtion au Bain à douce chaleur, & l’y laiſſez juſqu’à ce que le vinaigre ait acquis une dou- ceur. Alors verſez-le par inclination, & remettez d’autre vinaigre, & faites digerer, & continuez juſques à ce que le vinaigre ne tire aucune douceur: prenez tout voſtre vinaigre adoucy, & le filtrez. Si vous voulez faire le magi- ſtere de Saturne, vous reſerverez une part dudit vinaigre, & ferez evaporer [ID00225] l’autre juſques à ſiccité, à chaleur dou- ce, ou ferez diſſoudre ce qui reſtera dans le vaiſſeau dans de l’eau commu- ne; puis filtrerez & deſſecherez com- me au precedent, & reïtererez cette operation cinq ou ſix fois, & vous au- rez un ſel, ou ſucre fort doux.Il a la vertu de rafraichir; il eſt bon pour les inflammations, tant interieu- res qu’exterieures, pris le poids de cinq ou ſix gouttes dans de l’eau-Roſe, ou de l’eau de Plantain. Il eſt bon appliqué ſur les bruſlures, pour les rafraichir, meſlé avec huile de Tartre, fait par de- faillance; il guerit les ulceres, & oſte les taches rouges qui viennent au viſa- ge diſſout dans de l’eau de fraiſe; il oſte les inflammations & rougeurs des yeux, ſi on les en lave ſoir & matin; il guerit les dartres diſſout dans du vinai- gre, & appliqué deſſus.

Magiſtere de Saturne.
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POvr faire le magiſtere de Saturne vous prendrez l’autre part de la li- queur que vous avez cy-devant reſer- vée: verſez deſſus goutte à goutte de [ID00226] l’huile de Tartre faite par defaillance, autant qu’il en ſuffira; la matiere blan- che ſe precipitera au fond, que vous laiſſerez repoſer une heure ou deux: Vous verſerez par inclination le vinai- gre, & l’huile de Tartre qui ſeront deſ- ſus; lavez, filtrez, dulcorez, & deſſechez la maſſe à chaleur temperée, & ſerrez ce magiſtere dans un vaſe de verre.Ce magiſtere a les meſmes vertus que le ſel de Saturne: il eſt convenable aux inflammations internes & externes; il entre en la compoſition de quelques emplaſtres. La doſe eſt d’un demy ſcru- pule à un ſcrupule, diſſout dans quel- que eau convenable.

Huile de Saturne.
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SI vous voulez avoir de l’huile de Sa- turne, eſtendez du ſucre preparé comme deſſus ſur une aſſiete de fayen- ce, & la mettez à la cave un peu pan- chante, un vaiſſeau deſſous. Ce ſucre ſe diſſoudra en forme d’huile, & tombera par defaillance. Son uſage eſt ſingulier aux eryſipeles, inflammations & ulceres: il mondifie les playes, & les adoucit.
|| [ID00227]

CINQIESME PARTIE.
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Avant-propos.
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IE ne pretends point tirer avantage des remedes que je mets en lumiere, comme eſtant de ma compoſition: j’avoüe que la plus grande partie eſt des ordonnances de Medecins tres- conſiderables de la Faculté de Paris, qui les ont ordonnées charitablement à des pauvres malades, que j’ay miſes en pratique; leſquelles ont tres-heu- reuſement reuſſi. Vne autre partie m’a eſté donnée par mes amis. Ie ne puis nier auſſi qu’il n’y en ait quelques-uns de ma compoſition, dont l’experience eſt tres-certaine. Ie le puis aſſeurer, les ayant tous experimentez. Dans les Traitez precedens j’ay enſeigné la ma [ID00228] niere d’operer, & de quelle façon il falloit preparer les remedes; & j’ay donné les vertus & les facultez de plu- ſieurs Mixtes. Il nous reſte maintenant de les mettre en pratique. C’eſt ce que je pretends enſeigner dans cette Partie. Ie prie toutes les perſonnes qui ſeront ſoulagées par ces petits remedes, de ſe ſouvenir de moy dans les prieres qu’el- les feront à Dieu. C’eſt la ſeule grace que je leur demande.

Chapitre premier.
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Des Eaux composées.
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Eau contre les douleurs de la teſte.
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PRenez fleurs & fueilles de Sauge, de Betoine, de Roſes paſles, & de Muguet, de chacune deux poignées; pilez les dans un mortier de pierre, & les mettez dans une Courge de verre. Verſez deſſus trois livres de ſuc de lai- ctuë, & de pourpier: puis diſtillez au Bain-Marie à l’eau boüillante, juſques [ID00229] ques à ce que les feces ſoient ſeiches. Il faut boire par neuf matins de cette eau à jeun le poids de deux onces: Il faut auſſi en étuver les tempes, les narines, & la partie douloureuſe de la teſte. Elle appaiſe auſſi les douleurs de la mi- graine.

Eau pour les yeux troubles & chargez.
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PRenez Plantain, Ruë, Fenoüil, Chelidoine, Marjolaine, parties éga- les, que vous pilerez, & en exprime- rez les ſucs. Sur deux livres deſdits ſucs mettez une livre de miel blanc, Anti- moine crud, reduit en poudre, une once: puis diſtillez au Bain, à feu doux de peur que le miel ne gonfle, juſqu’à ce qu’il ne monte plus rien. Il faut ſe laver les yeux de cette eau ſoir & ma- tin, & mettre une compreſſe trempée dedans ſur les yeux durant la nuit.

Eau contre l’inflammation des yeux.
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PRenez Morelle, Plantain, & Ro- ſes, de chacune deux poignées; pi- lez-les dans un mortier de pierre, & [ID00230] les mettez dans un vaiſſeau pour diſtil- ler, avec une pinte de vin blanc. Fai- tes-les digerer une nuit au bain, puis diſtillez à feu doux: dans une livre de cette eau mettez diſſoudre ſur cendres chaudes deux drachmes de ſel de Sa- turne. On mettra trois ou quatre fois de cette eau ſur l’inflammation.

Autre eau contre l’inflammation des yeux, & qui les fortifie.
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PRenez Euphraiſe, Fenoüil, Plan- tain, & Cerfueil, de chacune deux poignées; pilez-les, & les mettez avec deux livres d’Eau-roſe dans une Cu- curbite: plus deux drachmes d’Aloës, demie once de Couperoſe blanche, une drachme de Camphre; puis diſtillez le tout au Bain boüillant, & en mettez le plus ſouvent que vous pourrez dans les yeux avec une plume.

Eau qui guerit les fiſtules lacrymales.
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PRenez therebentine de Veniſe, Tartre blanc, de chacun quatre on- ces; Maſtic, & gomme Arabic de cha [ID00231] cune deux onces, Couperoſe blanche une once: pilez ce qui ſe peut piler, & mettez le tout dans une Cornuë, & diſtillez au feu de ſable, gardant les de- grez du feu juſques à ce qu’il ne ſorte plus de fumée. Avant que de ſe ſervir de cette eau il eſt à propos de ſe purger deux ou trois fois, par des remedes qui tirent du cerveau; comme il ſera dit au Chapitre des purgations. Il faut auſſi tous les matins faire friction ſur les épaules, & la nucque du col, avec un linge neuf un peu chauffé, pour dé- tourner les humeurs. On mettra cinq ou ſix fois de cette eau ſur le mal, avec un plumaceau. Il faut auſſi eſtuver ſoir & matin le tour de la fiſtule avec l’eſ- prit de vin.

Eau facile à faire pour le mal des yeux.
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PRenez des œufs frais, & les faites durcir dans la braiſe: vous en oſte- rez les jaunes, & mettrez en leur place de la Couperoſe blanche, & du ſucre Candi reduits en poudre, parties éga- les. Expoſez-les devant le feu ſur une [ID00232] aſſiete: il en ſortira une liqueur laquel- le on appliquera ſur les yeux, pourveu qu’il n’y ait point d’inflammation.

Eau pour la ſurdité.
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PRenez eſprit de vin, & du ſuc de Betoine, de chacun demie livre; un gros oignon blanc coupé par tranches, fleurs de Roſmarin une poignée, aman- des ameres quatre onces, une groſſe anguille dépoüillée de ſa peau, & cou- pée par morceaux: faites diſtiller le tout par la Cornuë au feu de ſable. Il faut mettre tous les ſoirs de cette eau dans l’oreille, trois ou quatre gouttes un peu tiedes, puis tremper du coton de- dans, & le mettre dans l’oreille. Il faut continuer quarante jours.

Autre eau pour la ſurdité.
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PRenez douze oignons blancs, ſix oignons d’ail, Betoine & Morelle, de chacune quatre poignées: pilez le tout enſemble, puis l’exprimez, & di- ſtillez au Bain. Meſlez avec l’eau qui díſtillera de l’huile d’amandes ameres, & de l’huile roſat, de chacune une [ID00233] once. Prenez un peu de ladite compo- ſition, & la faites chauffer dans une cuilliere d’argent, & en mettre dans les oreilles, comme cy-deſſus.

Eau contre la douleur des oreilles.
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PRenez trois livres de therebentine de Veniſe bien lavée, Maſtic, En- cens, Myrrhe, Ladanun, de chacun une once: diſtillez par la Cornuë à feu de ſable. Mettez de cette liqueur un peu chaude ſur la partie douloureuſe: Si l’on en met dans l’oreille, elle a la vertu d’apaiſer les bruits, & ſifflemens qui s’y forment.

Eau contre les palpitations de cœur, & contre les affections de la ratte.
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PRenez fleurs de Bourrache, Bu- gloſe, Sauge, & Roſmarin, de cha- cune quatre onces; Cloud de Girofle, Canelle, & Safran, de chacun une drachme: mettez le tout dans une Cu- curbite; verſez deſſus quatre livres d’excellent vin blanc; faites digerer [ID00234] trois jours, puis diſtillez au Bain boüil- lant. On prendra tous les matins de cet- te eau pendant huit jours, depuis une once juſques à deux.

Eau contre la melancholie.
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PRenez Chardon benit, Hyſope, Meliſſe, Bourrache, Bugloſe, par- tie égale; pilez le tout, & en exprimez le ſuc: prenez quatre livres dudit ſuc, deux pintes de vin blanc, & les mettez dans une Cucurbite, avec ſix onces de fleurs de Roſmarin ſeiches, une drachme de Canelle coupée par mor- ceaux, un ſcrupule de Safran; puis di- ſtillez le tout au Bain. Il faut prendre deux fois la ſemaine de cette eau le poids d’une once. Il eſt à propos deuant que de s’en ſervir, de ſe purger avec ſix grains de teinture d’Elebore noir, de- layée dans un verre d’eau de Meliſſe.

Eau qui fortifie l’eſtomac.
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PRenez des écorces de Citron, & d’Oranges ſeiches, de chacune deux onces; fueilles de Marjolaine une once, Canelle & Girofle, de chacun deux [ID00235] gros: fait es infuſer le tout vingt-quatre heures au Bain dans trois livres d’eſprit de vin; puis diſtillez à l’eau boüillante. Il faut prendre deux fois la ſemaine une cuillerée de cette eau dans un boüillon, ou dans quelque eau cordiale, comme Chardon-benit, Bourrache, ou Bugloſe.

Eau qui provoque l’urine ſupprimée, & fait vuider le ſable des reins.
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PRenez douze Citrons, & douze Grenades, & les coupez par tran- ches, & les mettez dans un Alembic de cuivre, avec les herbes qui ſuivent; ſçavoir, Perſil, Meliſſe, Hyſope, Saxi- frage, Pimpinnelle, Philanthropos, ou Gratteron, de chacune deux livres: Verſez deſſus douze pintes d’eau com- mune; diſtillez par le Refrigeratoire à feu de flamme au commencement, le- quel vous diminuerez lors que l’eau commencera à diſtiller. Quand vous aurez quatre pintes d’eau ceſſez. Il faut avant que d’uſer de cette eau, ſe purger des humeurs choleriques & phlegma [ID00236] tiques. Il eſt auſſi neceſſaire d’obſerver un regime de vivre: pour cer effect on prendra l’advis d’un prudent Medecin; apres lequel, on boira tous les matins un grand verre de cette eau dans le de- clin de la lune: s’il ſe peut on fera exer- cice apres, ſinon on ſe tiendra au lict chaudement.

Eau qui diſſout la pierre, & la fait vuider par les urines.
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PRenez therebentine de Veniſe une livre, fruict d’Alchechange de- mie livre, ſuc de Perſil une livre, Vi- triol Romain demie livre: pilez les fruits & le Vitriol, mettez le tout dans une Cucurbite, avec quatre livres de vin blanc; puis diſtillez au Bain boüil- lant juſques à ce que les feces demeu- rent ſeches. Il faut prendre ſoir & ma- tin deux onces de cette eau dans un ver- re de vin blanc, & continuer quarante jours.

Eau qui guerit la gravelle.
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PRenez des amandes de noyaux de Peſches une livre; poix chiches [ID00237] deux livres, fueilles de menüe Sauge une livre: pilez tout, & mettez dans une Cucurbite, avec ſix livres de vin blanc: faites digerer une nuit au Bain, puis diſtillez à feu fort. Il faut boire tous les matins une once de cette eau: une heure apres on prendra un boüil- lon fait de volaille, & de veau; dans lequel on fera diſſoudre vingt grains de creſme de Tartre. Il eſt neceſſaire de continuer un mois entier, ou environ.

Eau contre la peſte.
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PRenez ſuc de Scabieuſe une livre, de Roſes de Provins une once, écorces de Citrons & d’Ora̅ges ſeiches rappées, de chacune deux onces, Theriaque de Veniſe une once, Canelle, & Cloud de Girofle, de chacun deux drachmes: faites infuſer le tout vingt-quatre heu- res dans une pinte d’eau de noix; puis diſtillez à feu doux. L’on en peut pren- dre depuis une once juſques à deux, le matin à jeun en temps de peſte. De plus elle fortifie les eſtomacs froids & de- biles.
|| [ID00238]

Eau ſpecifique contre la peſte.
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PRenez écorces de noix, quand elles ſe dépoüillent facilement de deſſus la noix; fueilles & cimes de Rüe, par- ties égales: pilez les dans un mortier de pierre, & les mettez fermenter trois jours à la cave; puis diſtillez au Bain. L’on en prendra tous les matins deux cuillerées en temps de peſte. C’eſt un ſouverain preſervatif.

Eau qui guerit les paſles couleurs.
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PRenez Sauge, Hyſope, Roſmarin, & Sabine, de chacune une livre; pilez les dans un mortier de pierre, & les mettez fermenter huit jours à la cave dans une Cucurbite de verre, avec quatre livres de vin blanc; puis vous diſtillerez au Bain boüillant juſques à ce que le marc ſoit ſec. Prenez une li- vre de cette eau, & mettez dedans une demie once de Crocus Martis dans un petit ſachet de toile. L’on prendra tous les matins une once de cette eau, juſ- ques à deux. Il faut continuer quarante jours; le Crocus Martis ſervira toûjours: [ID00239] on n’aura qu’à remettre de nouvelle eau deſſus. Apres avoir beu ladite eau on fera le plus d’exercice que faire ſe pourra.

Eau qui fait venir les purgations.
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PRenez Armoiſe & Hyſope, de cha- cune deux poignées; Safran, Canelle & Girofle, de chacun une drachme: met- tez le tout dans une Courge, avec qua- tre livres de vin d’Eſpagne: au defaut vous prendrez d’excellent vin blanc. Laiſſez infuſer une nuit au Bain, puis diſtillez. Il faut prendre tous les matins un demy verre de cette eau huit jours devant le temps qu’on a accouſtumé d’avoir ſes purgations, & huit jours apres.

Eau qui arreſte les purgations immo- derées, & les pertes de ſang.
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PRenez Plantain, Morelle, Endive, laictuë, parties égales, & les pilez, & en exprimez les ſucs; puis les diſtil- lez au Bain. Il faut boire de cette eau trois jours de ſuite, ſoir & matin, deux onces à chaque fois.
|| [ID00240]

Autre eau qui arreſte les pertes de ſang.
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PRenez le dedans de douze Citrons, & de douze Grenades, quatre on- ces de Roſes de Provins, deux livres de bon vin rouge de trois ou quatre fueil- les; puis diſtillez le tout au Bain. Pre- nez deux onces de cette eau, faites diſſoudre dedans dix grains de ſel de Corail. Il la faut prendre le matin à jeun, & le ſoir deux heures apres le re- pas, & continuer quatre jours.

Eau qui facilite les accouchements.
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PRenez Sauge, Tanaiſie, Hyſope, de chacune deux poignées: pilez les dans un mortier, & les mettez dans une Cucurbite, avec une livre de miel de Narbonne, Canelle & Girofle de chacun une drachme, Rheubarbe cou- pée par morceaux une once, thereben- tine de Veniſe deux onces, d’Epithy- me une drachme, vin blanc deux li- vres. Faites infuſer le tout au Bain dou- ze heures, puis diſtillez. Il faut pren- dre tous les matins deux cuillerées de [ID00241] cette eau l’eſpace de quinze, ou ſeize jours devant le temps de l’accouche- ment, & ſe promener une bonne heure apres l’avoir priſe. Cette eau eſt auſſi excellente contre la colique venteuſe; ſi l’on y adjouſte huit ou dix gouttes d’eſſence de Sauge, ou de Tanaſie, dans une cuillerée de ladite eau, la donnant à boire à une femme de qui l’enfant ſeroit mort dedans le ventre, ou de qui l’arriere-faix ſeroit demeuré, elle fera ſortir l’un & l’autre: ſi la pre- miere fois ne ſuffit, il faut reïterer une demie heure apres.

Eau qui puri fie la matrice, & qui ar- reſte les ſuffocations.
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PRenez racines & fueilles de Vio- lette bien nettes, quatre poignées; fueilles de Perſil, deux poignées; ſei- gle, avoine & orge, de chacun une poi- gnée: mettez toutes ces choſes dans une Cucurbite; verſez deſſus quatre livres de vin blanc; faites-les fermenter huit jours à la cave, puis les diſtillez au Bain boüillant. Il faut prendre trois ou quatre fois la ſemaine de cette eau, le [ID00242] matin à jeun. La doſe eſt d’une once juſques à deux.

Eau contre l’hydropiſie.
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PRenez racines d’Iris, & d’Hye- ble, de chacune deux onces; Per- ſil, Fenoüil, Ache, Berle, de chacune deux poignées; Cubebes une once, Safran demie once, therebentine de Veniſe quatre onces, Canelle & Gi- rofle de chacun demie once. Faites in- fuſer le tout vingt-quatre heures au Bain boüillant; cohobez deux fois l’eau diſtillée ſur les feces. L’on boira demy verre de cette eau le matin, & le ſoir. Il faut que le malade ſe promene le plus long-temps qu’il pourra, ſinon il demeurera au lict chaudement.

Eau contre les tremblements de la teſte, & des mains.
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PRenez fueilles de Perſil une poi- gnée, fueilles & ſemences d’Ache, de chacune deux poignées; graine de Pavot blanc une once: pilez le tout dans un mortier de pierre; mettez-les infuſer dans ſix livres d’eau de Sauge [ID00243] dedans une Cucurbite; adjouſtez de- mie once de Girofle, une once de Ca- nelle, quatre onces de ſucre; diſtillez au Bain boüillant: vous ferez diſſoudre dans une livre de l’eau diſtillée une once de Caſtoreum. il en faut boire une once tous les matins, durant un mois. Il faut auſſi s’en laver la teſte, le col, les bras, & les mains, ſi elles tremblent.

Eau qui fait venir le laict aux Nourrices.
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PRenez racines, fueilles, & ſemences de Fenoüil, ſix poignées; orge mon- dé une livre, pois chiches deux livres: mettez le tout dans l’Alembic de cui- vre; verſez deſſus vingt livres d’eau, mettez en digeſtion ſur cendres chau- des vingt-quatre heures, puis diſtillez par le Refrigeratoire: lors que vous aurez dix livres d’eau, ceſſez. La nourri- ce boira de cette eau à ſes repas: elle pourra mettre dans chaque verre deux ou trois cuilleré???s de vin.
|| [ID00244]

Chapitre II.
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Des Syrops.
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Syrop de Mercuriale.
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FAvt prendre ſuc de Mercuriale huit livres, ſucs de Bugloſe & Bour- rache, de chacun deux livres: mettez- les dans une baſſine de cuivre rouge, avec douze livres de miel de Narbon- ne: faites boüillir une demie heure à feu doux, & écumez le miel; puis fil- trez par la chauſſe d’hypocras. Prenez quatre onces de racines de Gentiane, une demie livre de racines de Flambe; coupez-les par tranches, & les mettez infuſer vingt-quatre heures ſur les cen- dres chaudes dans trois livres de vin blanc; filtrez ladite infuſion ſans l’ex- primer, & la mettez avec les choſes cy- deſſus; puis les faire cuire en conſiſten- ce de ſyrop, lequel ſe puiſſe garder un an, dautant qu’il en faut prendre toute l’année tous les matins une cuillerée à [ID00245] jeun. Toute la compoſition cy deſſus n’eſt que pour une perſonne. Ce ſyrop fortifie, purge, purifie le ſang, & rafrai- chit: il conſerve la jeuneſſe: il n’y a preſque point de maladies contre leſ- quelles il ne ſerve de remede. Il eſt ne- ceſſaire avant que d’en uſer d’eſtre pur- gé. Il peut eſtre nuiſible aux ratteleux, à cauſe de la quantité de miel dont il eſt compoſé.

Syrop pour faire dormir.
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PRenez ſuc de pourpier, & de lai- ctuë, de chacun deux livres; fleurs de Nenuphar, & fleurs de Pavot cha̅peſtre, autrement dit Rheas, ou Coquelicos, de chacune demie livre: faites boüillir les ſucs & les fleurs enſemble environ un quart d’heure; puis filtrerez par la chauſſe, & mettrez du ſucre livre pour livre, & ferez cuire en conſiſtence de ſyrop. Il faut écumer tous les ſyrops ſur la fin de leur cuiſſon. On en prendra le ſoir en ſe mettant au lict une once dans un verre d’eau d’orge: il rafraichit, il fait dormir, & eſt tres-excellent contre les inflammations du poulmon.
|| [ID00246]

Syrop pour le poulmon.
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IL faut prendre ſuc d’Hyſope deux livres, ſucs de Bourrache, de Bugloſe, de Meliſſe, & choux rouge, de chacu- ne une livre; fleurs de Soufre deux on- ces: faites boüillir le tout enſemble un quart d’heure, puis paſſez-le ſans ex- primer, & mettez du ſucre à diſcretion, & en faites ſyrop. Il en faut prendre le matin, à midy, & le ſoir avant le repas deux cuillerées dans un verre d’cau d’Hyſope. Il empeſche & corrige les indiſpoſitions du poulmon.

Syrop contre l’hydropiſie.
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IL faut prendre ſuc de Raves, de Per- ſil, de Mercuriale, de Cerfueil, de Chardon-benit, de chacun demie livre; graine d’Hyeble, & de Genievre, de chacune une livre; le dedans de douze Citrons: faites boüillir le tout enſem- ble juſques à ce que les graines ſoient cuites; puis filtrez, & mettez deſdits ſucs & ſucre, livre pour livre, & faites ſytop. Le malade prendra une once de ce ſyrop dans deux onces d’eau de [ID00247] Chardon-benit quand il ſe mettra de- dans le lict, & il ſe couchera chaude- ment; ce remede le purgera par les uri- nes, ou par les ſueurs. Ce ſyrop eſt auſſi tres-bon pour les graveleux, & pour ceux qui ont peine à uriner.

Syrop contre la douleur de la teſte, & purgatif.
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IL faut prendre ſuc de Sauge, & de Betoine, de chacun une livre; Roſes paſles deux livres, Agaric coupé par tranches une once; Canelle & Giroflo de chacun une drachme: faites infuſer le tout une nuict ſur cendres chaudes, puis faites boüillir un quart d’heure, apres, paſſez & mettez livre pour livre de ſucre pour en faire ſyrop; duquel on peut prendre depuis une once juſ- ques à deux dans un verre d’eau de Be- toine; & deux heures apres un boüil- lon. Il purge doucement la pituite du cerveau.
|| [ID00248]

Syrop violat purgatif.
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PRenez fleurs de Violette entieres, ſans en rien ofter que les queües, une livre; faites-les infuſer douze heures dans deux livres d’eau, puis les paſſez & exprimez, & remettez de nouvelles fleurs une livre dans ladite expreſſion, & faites infuſer comme au precedent, avec une once de Rheubarbe coupée par tranches; puis exprimez, & faites ſyrop, mettant livre pour livre de ſu- cre. Quand on voudra ſe purger, on en prendra depuis une once juſques à deux dans un verre de ptiſane laxative, com- poſée de Chiendent, Cichorée, Pim- pinnelle, & Senné; comme il ſera dit au Chapitre des ptiſanes laxatives. Il purge la bile, tempere & rafraichit la- crimonie des humeurs; mais il ne ſe garde pas plus de quatre mois.

Syrop de Roſes muſcades.
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PRenez une livre de Roſes muſcades, faites-les infuſer une nuict da̅s deux livres de decoction faite de racines & fueilles de Bourrache & Cichorée; puis [ID00249] coulez & mettez du ſucre à diſcretion, & faites ſyrop. Vne once de ce ſyrop, priſe le matin, purge doucement & benignement les ſeroſitez, & n’oblige point de garder la chambre,

Syrop qui arreſte la diarrhée, la dyſen- terie, & flux de ſang.
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IL faut prendre ſuc de Limon, & de Grenade, de chacun une livre; fruits de Coing deux livres: faites infuſer le tout douze heures avec une drachme de Canelle; puis paſſez & mettez trois quarterons de ſucre pour chaque li- vre de ſuc. L’on prendra deux ou trois fois par jour de ce ſyrop, une once à chaque fois dans un verre d’eau ferrée. Il faut continuer trois ou quatre jours de ſuite.

Syrop pour fortifier l’eſtomac.
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FAvt prendre Abſinthe, Mente & Bayes, ou graines de Genievre, de chacune deux poignées, & en faire de- coction: mettez infuſer une nuict de- dans Canelle, Girofle, Zinzembre & Muſcade, de chacune un ſcrupule; [ID00250] puis coulez & mettez ſucre à diſcre- tion pour en faire ſyrop. Vne cuillerée de ce ſyrop, priſe devant le repas, for- tifie, aide à la digeſtion, & réjoüit le cœur.

Syrop pour faire venir les purgations, & guerir les paſles couleurs.
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PRenez Abſinthe, Lavande, & Hy- ſope, de chacune deux poignées; faites-les boüillir dans ſix livres d’eau juſques à reduction de moitié: puis ex- primez, & mettez infuſer vingt-quatre heures dedans du Safran, Canelle, & Girofle, de chacun une drachme: paſſez & faites ſyrop avec partie égale de ſucre. Il faut prendre matin & ſoir de ce ſyrop le poids d’une once. Il faut meſler ſon vin avec de l’eau dans la- quelle on aura mis tremper du Crocus Martis, & continuer un mois.

Syrop de pommes purgatif.
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PRenez douze pommes de Reinette, & les coupez par tranches, une de- mie livre de pruneaux de Damas noir; faites les boüillir dans ſix livres d’eau, [ID00251] juſques à ce que les pommes & les pru- neaux ſoient bien cuits: puis vous les exprimerez, & mettrez infuſer dans l’expreſſion deux onces de Senné l’eſ- pace de douze heures ſur les cendres chaudes, avec une drachme de Canelle & de Zinzembre; puis vous coulerez comme au precedent, & mettrez livre pour livre de ſucre, pour en faire ſyrop. Pour ſe purger il en faut prendre de- puis une once & demie juſques à deux. Ce ſyrop n’eſt point dégouſtant, & purge doucement l’humeur bilieuſe, & pituiteuſe.

Autre Syrop purgatif.
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VOvs prendrez racines & fueilles de Cichorée, Bourrache, Buglo- ſe & Meliſſe, de chacune demie livre: coupez les racines, & pilez les fueilles, & les mettez dans ſix livres d’eau com- mune, avec quatre onces d’orge mon- dé: fait es boüillir le tout enſemble juſ- ques à diminution de la moitié; puis coulez ſans exprimer, & mettez dans ladite coularure infuſer ſur cendres chaudes vingt-quatre heures, deux [ID00252] onces de Rheubarbe coupée par tran- ches, avec une once de Senné, & de- mie drachme de Zinzembre: puis cou- lez & exprimez, & mettez trois quar- terons de ſucre pour livre de coulature, faites cuire en conſiſtence de ſyrop. Ce ſyrop purge la pituite tartareuſe du ventricule, & des parties voiſines: il guerit la jauniſſe. On en peut prendre depuis deux onces juſques à trois. Lors que l’on voudra ſe purger le cerveau, il faut prendre une once & demie de ce ſyrop, & le mettre avec une once de ſyrop de Roſes paſles.

Chapitre III.
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Des Ptiſanes.
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Ptiſane purgative.
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PRenez racines de Chiendent, d’Oſeille, Piſſe-en-lict, Cichorée, Endive, & Scorſonaire, de chacune demie poignée: herbes de Bugloſe, Bourrache, Endive, Cichorée, Pour- pier, & des quatre Capillaires, de cha [ID00253] cun une poignée: faites cuire le tout dans quatre livres d’eau, à diminution d’une livre: adjouſtez ſur la fin un peu d’Anis, & de Coriandre, une once de Sennè, deux drachmes de Criſtal mi- neral; faites infuſer douze heures ſur les cendres chaudes. Il en faut boire le matin à jeun; & apres midy, trois heu- res apres le repas; & le ſoir ſi l’on veut en ſe couchant un verre à chaque fois. Cette ptiſane purge doucement l’hu- meur melancholique, & la pituite, & deſopile la ratte.

Autre ptiſane purgative.
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VOvs prendrez racines d’Enule Campane, de Guimauve, de Ci- chorée ſauvage, de chacune une poi- gnée: faites les cuire dans deux pintes d’eau, à diminution du tiers: vous ad- jouſterez ſur la fin un peu de Scolopan- dre, avec une poignée de Roſes, une pincée d’Anis; puis coulez & faites in- fuſer dans la coulature une once de Rheubarbe coupée par petites tran- ches, une drachme d’Agaric trochiſqué, demie once de Senné, le temps de [ID00254] douze heures. Il faut boire de cette ptiſane deux ou trois fois la ſemaine eſtant à jeun un grand verre; principa- lement au Printemps, & à l’Automne dans le decours de la lune. Elle purge la bile noire & bruſlée, avec les hu- meurs pituiteuſes, tant des parties hau- tes, que des baſſes.

Ptiſane rafraichiſſante, & aperitive.
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PRenez racines de Mauve, de Guimauve, Nenuphar, & d’Iris, chacune une poignée: Violette, Mo- relle, Reine des prés, pimpinnelle, laictuë, de chacune une poignée; San- tal Citrin deux drachmes: faites boüil- lir le tout dans ſix livres d’eau, à dimi- nution du tiers; puis coulez & faites infuſer douze heures dans la coulature une once de Criſtal mineral, Caſſe mondée deux onces; Manne de Calabre une once, le ſuc de trois Citrons. Cet- te ptiſane, outre qu’elle rafraichit, elle purge les humeurs bruſlées, & donne de l’appetit.
|| [ID00255]

Ptiſane qui purifie le ſang.
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VOvs prendrez racines & fueilles de Cichorée, Chardon benit, Cerfueil, Perſil, de chacune une poi- gnée: oſtez les cordes des racines; une poignée de graines de Genievre con- caſſée: faites boüillir le tout dans qua- tre livres d’eau, à diminution de moi- tié: filtrez & mettez dans ce qui paſſe- ra une once de Criſtal mineral. Il faut boire tous les matins à jeun durant huit jours, un grand verre de cette pti- ſane au decours de la lune.

Ptiſane qui dißipe les enflures du ven- tre & des iambes, qui reſtent apres la fiévre.
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PRenez Aigremoine, Pimpinnelle, Betoine, Chiendent, Cichorée ra- cines & fueilles, à la reſerve de la Be- toine; de laquelle les racines ſont vo- mitives, de chacune une poignée: fai- tes-les boüillir dans qua re livres d’eau, à diminution du tiers; puis fil- trez, & mettez infuſer dans ladite de [ID00256] coction une once de Senné, avec une drachme de Canelle coupée par mor- ceaux. Il faut boire à jeun un grand verre de cette ptiſane, & autant apres diſner, trois ou quatre heures apres le repas.

Ptiſane rafraichiſſante.
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VOvs prendrez racines de Nenu- phar, fueilles & racines de Ci- chorée, & de Cerfueil, de chacune une poignée: quatre pommes de Reinet- te coupées par morceaux, une poi- gnée d’orge: faites le tout boüillir en- viron une demie heure dans quatre livres d’eau; puis oſtez le vaiſſeau de deſſus le feu, & mettez un petit baſton de Regliſſe raticé, & coupé par pe- tits morceaux, & couvrez le vaiſſeau, & laiſſez refroidir. Cette ptiſane eſt rafraichiſſante & humectante. Ceux qui ſont échauffez au dedans en peu- vent boire à leurs repas: comme auſſi c???ux qui ſont travaillez de la fiévre.
|| [ID00257]

Ptiſane pour le poulmon.
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PRenez Hyſope, Chou-rouge, Chiendent, piſſe-en-lict, de cha- cune une poignée; ſix figues, raiſins de de Damas, & Iujubes, de chacun une once; oſtez les pepins des raiſins: une once de fleur de Soufre, que vous mettrez dans un ſachet de to???le, une poignée d’orge: adjouſtez avcc tout ce que deſſus demie livre de miel de Nar- bonne: faites boüillir le tout dans ſix livres d’eau, à diminution du tiers. L’uſage de cette ptiſane eſt excellente pour ceux qui ſont malades du poul- mon; & meſme elle ſoulage ceux qui ont la pleureſie. Il en faut boire trois ou quatre verres par jour Elle aide auſſi à faire ſortir le phlegme craſſe, & gue- rit les inflammations de la gorge.

Ptiſane qui deſopile la ratte.
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VOvs prendrez fucilles de Meliſſe, Bugloſe, Bourrache, de chacune une poignée: Capres demie livre, Po- lipode de cheſne fendu par la moitié, deux onces: faites boüillir le tout dans [ID00258] ſix livres d’eau, à reduction des trois quarts; puis coulez, & adjouſtez à la coulature une drachme de Canelle par morceaux. Il faut prendre de cette pti- ſane trois ou quatre verres par jour: elle deſopile la ratte, fait uriner, & purge doucement.

Ptiſane qui fortifie, & qui arreſte la diarrhée & la dyſenterie.
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PRenez de la Sauge une poignée, racines de Nenuphar deux onces, rapures de corne de Cerf & d’yvoire, de chacune demie once, Crocus Mar- tis aſtringent, une once: faites boüillir le tout dans quatre livres d’eau, à di- minution du quart; puis coulez, & mettez infuſer une once de Rheubarbe coupée par morceaux, une drachme de ſel de Corail: lors que la ptiſane ſera froide il en faudra donner au malade le matin, à midy & au ſoir, à chaque fois un grand verre. Il faut continuer cinq ou ſix jours de ſuite.
|| [ID00259]

Ptiſane qui guerit les galles.
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VOvs prendrez Pimpinnelle, Chiendent, Cerfueil, des quatre Capillaires, de chacun une poignée; une once d’orge, deux onces de Senné, Caſſe mondée une once, Tamarins deux onces, un baſton de Regliſſe ra- ticé, & coupé par morceaux. Il faut faire boüillir le tout dans ſix livres d’eau à reduction de moitié, puis paſ- ſer par l’étamine. On boira le matin un verre de cette ptiſane, & autant apres diſner. Il faut continuer huict jours.

Chapitre IV.
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Des Pillules.
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Pillules pour purger le cerveau.
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PRenez extraicts de Sauge, Be- toine, de chacun une drachme, Agaric trochiſqué, teinture d’Elebore noir, de chacun un demy ſcrupule; teinture de Rheubarbe deux drachmes: [ID00260] malaxez le tout dans unc petite terrine ſur des cendres chaudes avec une Eſpa- tule, juſques à ce que le tout ſoit en conſiſtence de pouvoir former pillules. Ce que vous connoiſtrez en mettant une goutte refroidir ſur une aſſiete: ſi elle ne prend point à l’aſſiete, ny aux doigts, elles ſont comme il faut. Vous formerez neuf pillules de cette maſſe, pour en prendre neuf matins de ſuitte, une à chaque priſe. Deux heures apres il faut prendre un boüillon. Elles pur- gent le cerveau, la colere jaune & noi- re, la pituite, & fait mourir les vers.

Autres pillules qui purgent le cerveau.
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VOvs prendrez teintures d’Aloës, & de Rheubarbe, de chacune une once; Agaric trochiſqué trois drach- mes, ſuc de Roſes une once, Maſtic deux drachmes: pilez l’Agaric & Ma- ſtic, & incorporez les poudres avec les teintures & ſuc cy-deſſus, & faites maſſe, que vous garderez dans un mor- ceau de cuir frotté d’huile. Elles pur [ID00261] gent le cerveau, les yeux, les oreilles, le ventricule, & la matrice, de leurs humeurs putrides, & les corroborent. La doſe eſt d’une drachme juſques à drachme & demie. Il les faut prendre le matin à jeun.

Pillules qui purgent la melancholie.
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PRenez extraict de Meliſſe une once, teinture de Senné une demie once, teinture d’Aloës deux drachmes, extraict d’Elebore noir une drachme, teinture de Safran un ſcrupule, Epi- thyme, & Maſtic en poudre deux drachmes: incorporcz le tout enſem- ble, & faites maſſe, & la ſerrez comme deſſus. Elles purgent l’eſtomac beni- gnement; elles empeſchent la putrefa- ction des humeurs, & garantiſſent des douleurs de la teſte, de l’eſtomac, du ventre, & de la matrice. Elles chaſſent la melancholie, & la triſteſſe. La doſe eſt d’une demie drachme juſques à une drachme.
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Pillules aperitives.
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VOvs prendrez extraict d’Abſin- the une once, Mirabolans citrins deux onces, teinture d’Aloës, & de Rheubarbe, de chacune une once; Crocus Martis, & Turbit, de chacun deux drachmes; teinture de Safran de- mie drachme, & pilez ce qui ſe peut piler, & malaxez le tout, & en faites maſſe. Elles purgent les humeurs bi- lieuſes & pituiteuſes, & principale- ment celles qui attaquent la teſte, le foye, & le ventricule: elles fortifient l’eſtomac, facilitent la coction des vian- des, excitent l’appetit. La doſe eſt d’une drachme.

Pillules contre la peſte.
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PRenez extraict de Ruë, & teintu- re d’Aloës, de chacune une once; Theriaque de Veniſe une once, Myr- rhe demie once, écorces de Citrons, & d’Oranges en poudre, de chacune deux drachmes: incorporez le tout en- ſemble, & y adjouſtez ſur la fin une drachme d’eſprit de Vitriol. Elles pre [ID00263] ſervent de tout air infecté, & de cor- ruption: elles purgent l’eſtomac des humeurs corrompuës; c’eſt pourquoy elles ſont excellentes contre la peſte. Il en faut prendre le matin quand l’air eſt infecté, avant que de ſortir, une demie drachme.

Pillules contre l’aſthme, & toux inveterée.
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VOvs prendrez extraict de Sauge & d’Hyſope de chacune une on- ce; Agaric trochiſqué trois drachmes, extraict de Coloquinte deux drachmes, Turbit quatre drachmes, Myrrhe & racines d’Iris, de chacune une drachme; fleurs de Soufre demie once Pilez ce qui ſe pourra piler, & malaxez le tout: adjouſtez ſur la fin une cuillerée d’eſ- prit de vin, & en formez pillules. Elles purgent la poitrine, le thorax de la pituite, craſſe, & putride; facilite le cracher, & appaiſe la toux. La doſe eſt d’un ſcrupule.
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Pillules qui purgent les eaux des hydropiques.
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PRenez extraict d’Hyebles, de Sureau, & de Fenoüil, de chacun une once; Ialap en poudre demic once, teinture de Gomme-gutte deux drach- mes, Baye, ou graine de Genievre une once; eſprit de Vitriol une drachme: incorporez le tout comme il a eſté dit, & faites pillules. Elles purgent les caux des hydropiques, & font ſortir les vents. Il en faut prendre tous les matins un mois de temps, d’une drachme juſ- ques à drachme & demie.

Pillules contre les ſuffocations de matrice.
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VOvs prendrez extraict de Matri- caire, de Sauge, & de Ruë, de chacune une once; de fecule de Brione une once, Epithyme deux drachmes, Rheubarbe en poudre demie once, Caſtoreum deux drachmes, Crocus Martis une drachme: incorporez tou- tes ceschoſes enſemble, & mettez ſur la fin douze gouttes d’eſſence d’Hyſo [ID00265] pe, quatre de Canelle, & deux de cloud de Girofle; puis formez pillules. Elles arreſtent les vapeurs de la matrice, & les fait ſortir par les voyes ordinai- res: elles font venir les purgations, & dégagent les obſtructions. Il en faut prendre deux ou trois fois la ſemaine le poid??? d’une drachme, le matin à jeun, contre les vapeurs de la matrice: & pour faire venir les purgations, il en faut prendre un mois entier matin & ſoir, une demie drachme à la fois.

Pillules qui arreſtent les dyſenteries, & fortifient.
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PRenez extraict de Boüillon-blanc, Morelle & Sauge, de chacun une once, teinture de Rheubarbe une on- ce, ſel de Corail, & de Perles, de cha- cun deux drachmes; Crocus Martis, raclure d’yvoire, & de corne de Cerf, de chacune une drachme: faites maſſe de tout, & mettez ſur la fin deux gout- tes d’eſſence de Canelle, & autant de cloud de Girofle. Elles arreſtent toutes ſortes de dyſenterie, purgent & forti [ID00266] fient. Il en faut prendre matin & ſoir une drachme.

Pillules contre la gravelle.
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VOvs prendrez deux onces de therebentine de Veniſe, que vous ferez boüillir dans ſuffiſante quantité d’eau, juſques à ce qu’elle n’adhere point aux doigts: incorporez avec ſel de Perſicaire, & de Perſil, de chacun une drachme, & Criſtal mineral demie once, puis faites pillules. Elles font ſor- tir le ſable des reins, & de la veſſie, & provoque l’urine ſupprimée. Il en faut prendre quinze jours de ſuite le matin, le poids d’une drachme.

Pillules purgatives.
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PRenez teinture de Bourrache, Bugloſe, & Aloës, de chacun une once; ſuc de Roſes demie once: incor- porez le tout enſemble dans une petite terrine ſur les cendres chaudes, juſques à ce que le tout ſoit en conſiſtence de pillules. Elles purgent doucement le cerveau, l’eſtomac, & les inteſtins. Il [ID00267] en faut prendre le poids d’un ſcrupule le ſoir, demie heure devant que de ſouper. Elles n’opereront que le jour ſuivant.

Autres pillules purgatives.
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VOvs prendrez extraict de Fenoüil une once, Senné & Criſtal mineral en poudres une once: incorporez les poudres avec ledit extraict, & en faites pillules. Elles purgent la premiere & ſeconde region du corps, le foye, l’e- ſtomac, la ratte, & déchargent les reins. La priſe eſt d’une drachme.

Pillules univerſelles.
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PRenez teinture d’Aloës, de Sen- né, & de Rheubarbe, de chacune une once; Agaric trochiſqué demie on- ce, Spica nardy, & Maſtic, de chacun une drachme; graines de Violette en poudre une once: incorporez le tout enſemble, & faites maſſe. Elles purgent univerſellement & doucement toutes les humeurs. La doſe eſt depuis quinze juſques à vingt grains.
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Pillules pour faire dormir.
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PRenez extraict de Laictuë & Mo- relle, de chacun deux drachmes; Opion torrifié un ſcrupule, graine de Iuſquiame, & Pavot blanc, de chacune une drachme: reduiſez l’Opion & graines en poudres, & les incorporez avec les extraicts, & faites pillules. Elle provoquent doucement le ſom- meil: elles appaiſent toutes ſortes de douleurs. La doſe eſt depuis ſix juſques à dix grains. Il les faut prendre le ſoir enſe mettant au lict.
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Chapitre V.
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Des Baumes.
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PRenez cinq onces de Savigny verd, cinq onces de noix de Cy- prés, quinze livres de grand Cocq, Sauge, Lierre, Mille-fueille, Armoiſe, Campanelle, Fenugrec, graine de lin, de chacune cinq onces. Il faut que les herbes ſoient vertes, & les coupez, & pilez les graines; puis mettez le tout infuſer dans vingt-deux livres de vin odoriferant trois jours ſur cendres chaudes; puis vous y adjouſterez cinq livres d’huile d’olives vieille, bien pur- gée: faites boüillir le tout dans un [ID00270] vaiſſeau de terre verniſſé, juſques à la conſommation du vin: puis exprimez ſous la preſſe, & mettez dans ladite ex- preſſion de la gomme de lierre, de la poix d’Eſpagne, Raiſine, Oliban, Maſtic, Colophone de Therebentine, Galbanum, Cire neufve, de chacune cinq onces; Storax Calamite, Macis, Spicnard, de chacun quatre onces; mine d’or, & Baume noir, de chacun trois onces: remettez ſur le feu, & fai- tes boüillir doucement, en remuant touſiours avec une Eſpatule, juſques à ce que les gommes ſoient tout-à-fait diſſoutes: puis vous paſſerez par l’éta- mine, & mettrez le Baume dans des boëtes.L’on ne doit attendre de ce Baume precieux que des effects admirables, puis qu’il a ſervy au ſacré Myſtere de noſtre redemption. Il eſt univerſel contre toutes ſortes de maladies, & de douleurs; particulierement il guerit les fiévres reglées où ſe froid precede le chaud: il en faut prendre durant le froid un demy ſcrupule da̅s deux onces d’eau de Chardon-benit. Si la premiere [ID00271] fois ne ſuffit, l’on en prendra une ſe- conde fois le jour de l’accés, & l’on continuera juſques à trois fois. La meſ- me doſe, priſe en eau de Matricaire, appaiſe & guerit les ſuffocations de matrice. En eau de Mille-pertuis, il guerit les abcés, & ulceres interieures; & exterieures, ſi l’on en applique deſ- ſus. Pris en eau de Perſil, il fait ſortir le ſable des reins, & de la veſſie: il rompt la pierre, & fait uriner facile- ment, ſi l’on continuë d’en prendre huict jours le matin à jeun. Pris en eau de Meliſſe, il chaſſe la melancholie, & deſopile la ratte: en eau d’Anis, ou de Fenoüil, il appaiſe toutes ſortes de co- liques: il eſt auſſi à propos d’en frotter le petit ventre. Il arreſte le vomiſſe- ment appliqué ſur l’eſtomac, & le for- tifie: il conſolide toutes ſortes de playes; il appaiſe les douleurs de la teſte: il en faut frotter les tempes, le haut de la teſte, & la nuque du col. Il guerit toutes ſortes de rheumatiſmes. Enfin c’eſt un antidote univerſel.
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Baume contre les douleurs de la teſte, provenantes de bleſſure.
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VOvs prendrez fueilles & fleurs de Sauge, & de Betoine, de chacune une livre; huile des Philoſophes deux livres: mettez leſdites fueilles & fleurs dans une phiole de verre double avec ladite huile, quarante jours au ſoleil; puis vous exprimerez ſous la preſſe, & remettrez l’expreſſion au ſoleil: il s’en fera un baume qui ſera bon pour toutes les douleurs & cicatrices de la teſte. Il s’applique ſeul, ou ſur des étouppes, ou filaſſes rouſſes.

Baume qui arreſte le tremblement de la teste, des bras, & des mains.
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PRenez fueilles & fleurs de Ruë, de Sauge, & Camomille, de chacu- ne deux onces; Bayes, ou graines noi- res de laurier quatre onces, Roſes paſles ſeches trois onces: pilez le tout, & le mettez dans une phiole de verre avec deux livres d’eau de vie, & l’expoſez [ID00273] au ſoleil un mois, puis vous exprime- rez. Il faut frotter de ce baume un peu tiede, la teſte, la gorge, les bras, & les mains, deux ou trois fois la ſemaine. Avant que de l’appliquer il faut frotter les parties un quart d’heure, avec un linge neuf un peu chauffé.

Baume contre la paralyſie.
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VOvs prendrez fleurs de Roſmarin, Sauge, Betoine, Camomille, Mille-pertuis, & Lavande, de chacune deux onces; Therebentine de Veniſe bien lavée quatre onces, huile de lau- rièr, & de lin, de chacune une once; Girofle entier une once, Canelle cou- pée par morceaux demie once: mettez le tout dans une Cornuë avec deux livres d’eſprit de vin; bouchez la Cor- nuë, & laiſſez infuſer les drogues neuf jours, & les remuez tous les jours deux ou trois fois: puis vous diſtillerez au feu de roüe; il ſortira premierement une eau blanche, avec un baume blanc. Lors qu’il commencera de monter une eau rouſſe, vous changerez de Reci- pient, & augmenterez le feu, & con [ID00274] tinuerez juſques à ce qu’il ne diſtille plus rien: il paſſera un baume rouge avecque l’eau. L’eau & le baume blanc ſe prennent par la bouche: l’on peut ſe- parer le baume par l’entonnoir: une cuillerée de l’eau fortifie l’eſtomac, aide à la digeſtion, laſche l’urine ſupprimée, arreſte le vomiſſement, garantit de la peſte, facilite les accouchements, gue- rit la colique. Le baume blanc a les meſmes vertus. La doſe eſt de cinq à ſix gouttes dans deux cuillerées de vin blanc, ou quelque autre vehicule ap- proprié au mal. Pour l’eau & baume rouge, c’eſt pour les douleurs qui pro- viennent de cauſe froide. Il guerit les paralyſies: il le faut faire un peu chauf- fer avant que de l’appliquer, & bien frotter les parties avec la main un quart d’heure de temps, & tremper un pa- pier dedans, & l’appliquer ſur le mal, & le faire tenir avec une bande. Il en faut mettre matin & ſoir, & continuer juſques à gueriſon.
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Baume contre les douleurs de la ſcyatique.
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PRenez une groſſe Oye bien graſſe, de laquelle vous oſterez les entrail- les, & mettrez dedans une poignée de menué Sauge coupée, une livre de poix de Bourgogne, quatre onces de therebentine, deux petits chiens, & deux petits chats: puis couſez les ouvertures, & l’embrochez, & la fai- tes roſtir doucement juſques à ce qu’il ne tombe plus rien. Serrez le baume dans un pot. Il faut frotter la partie ma- lade avec la main avant que de l’appli- quer. Il en faut mettre deux fois le jour, & continuer juſques à gue- riſon.

Autre baume pour la ſcyatique.
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PRenez gros vin rouge deux livres, huile de noix une livre, gomme de Cyprés demie livre: faites boüillir le tout dans un pot neuf juſques à la con- ſommation du vin, puis exprimez. Ce baume s’applique le plus chaud que l’on le peut ſouffrir, le ſoir en ſe met [ID00276] tant au lict. Il faut mettre un linge chaud par deſſus.

Baume ou Pommade contre les bruſlu- res, & contre les marques de la petite verolle.
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VOvs prendrez unc douzaine de jaune d’œufs durs, une livre de ſain-doux, la fiante d’un cheval frai- chement faite: fricaſſez le tout dans une poille environ une demie heure, puis exprimez par la preſſe. L’on met- tra de ce baume ſur les bleſſures, ſans charpie, une fueille de noyer cuitte dans de l’eau par deſſus. Il ſuffit d’en mettre une fois le jour; & à chaque fois l’on mettra une nouvelle fueille. Pour les marques de la petire verolle, il en faut mettre quatre ou cinq fois le jour deſſus, comme de la pommade, & con- tinuer un mois.

Baume qui fait reprendre les playes.
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PRenez therebentine une livre, huile de Mille-pertuis quatre onces, [ID00277] graiſſe de porc demie livre, le jaune de trente œufs durs, eſprit de ſel deux drachmes, cire neufve deux onces: faites fondre le tout dans un pot neuf verniſſé, & le faites boüillir un quart d’heure à petit feu, puis exprimez. L’on mettra de ce baume dedans les playes, & deſſus, apres les avoir lavées de vin, & deſſechées avec un linge blanc. Il faut mettre une compreſſe ſur ladite playe trempée dedans, & l’y laiſ- ſer douze heures avant que de la lever. Il n’y a point de playes qu’il ne gue- riſſe en huict jours. Il eſt auſſi excellent contre les ulceres.

Baume contre les douleurs de la goutt???, ſoit de cauſe chaude, ou froide.
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PRenez écorcc de Sureau demie livre, vers de terre, & limaſſons rouges, de chacun quatre onces: vous les laverez premierement avec du vi- naigre & du ſel, & apres avec de l’eau: & lors qu’ils ſeront bien nets, vous les couperez, & mettrez par morceaux, [ID00278] & les mettrez dans un pot neuf avec deux livres d’huile d’olives. Vous ferez boüillir le tout à petit feu, juſques à conſiſtence de ſyrop, puis paſſerez par l’étamine. Mettez diſſoudre dans la coulature une once de ſel armoniac en poudre. Il faut mettre de ce baume ſoir & matin ſur les parties affligées, le plus chaud que l’on le pourra ſouffrir.

Baume contre les douleurs de la goutte froide.
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PRenez racines & fueilles d’Hy- ſope, & de Perſil, de chacune deux livres; oſtez les cordes des racines, & les coupez par morceaux, & les mettez dans un pot de terre verniſſé, avec une livre de grains de Genievre concaſſé, deux livres de vin blanc, & une livre de graiſſe de porc. Vous ferez boüillir le tout juſques à ce que le vin ſoit con- ſommé, puis exprimerez. Ce baume s’applique comme il a eſté dit cy-deſſus. Il eſt bon contre toutes les douleurs qui proviennent du froid.
|| [ID00279]

Baume qui arreſte la diarrhée, & flux de ſang.
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VOvs prendrez Roſes de Provins ſeches demie livre, theriaque de Veniſe une once, gros vin rouge deux livres: faites boüillir le tout juſques à diminution de moitié, puis exprimez. Il faut tremper un linge dans ledit bau- me, & l’appliquer tout chaud ſur le ventre, & renouveller deux ou trois fois le jour. Il arreſte auſſi le vomiſſe- ment appliqué ſur l’eſtomac.

Baume ou pommade qui guerit les hemorrhoïdes externes.
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PRenez cinq ou ſix gros porreaux, deux poignées de Cicuë; hachez- les bien menuës, & les fait es cuire dans quatre livres de bon vinaigre, juſques à diminution de moitié, puis expri- mez, & mettez dans l’expreſſion ſuſdite deux livres de beure frais: remettez ſur le feu, & faites boüillir juſques à ce que l’humidité du vinaigre ſoit toute conſommée. Vous écumerez ſur la fin, & le mettrez dans un pot. Il le faut [ID00280] faire chauffer dans une cuilliere, & en mettre avec une plume ſur les hemor- rhoïdes cinq ou ſix fois le jour.

Baume contre la ſurdité.
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PRenez cimes & fleurs de Lavande, Thim, Rüe, Marjolaine, Menthe, Camomille, Pacquettes, Melilot, graine de Laurier meure, de chacune une once: contuſez-les dans un mor- tier, & mettez-les dans une Cornuë de grandeur convenable: verſez deſſus deux livres d’eſprit de vin; bouchez la Cornuë, & laiſſez le tout infuſer quin- ze jours, puis diſtillez à feu de rouë, juſques à ce qu’il ne monte plus rien. Il paſſera une eau & un baume enſemble, que vous ſeparerez par l’entonnoir. Vous mettrez de ce baume trois ou quatre gouttes dans l’oreille le ſoir en vous couchant, & un petit morceau de cotton deſſus. L’eau ſert pour frotter les oreilles, la nucque du col, & le long du dos, pour faciliter la deſcente des humeurs, & continuez quarante jours. Il eſt à propos que la purgation precede ce remede. L’on ſe pourra [ID00281] ſervir des ptiſanes purgatives cy-de- vant écrites.

Baume ſouverain pour guerir toutes ſortes de playes.
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PRenez ſuc de Betoine, & de Mille- pertuis, de chacun demie livre; hui- le de Petrolle une once, therebentine lavée deux onces, huile d’olives ſix onces, Maſtic & Miel, de chacun une drachme: faites boüillir le tout à petit feu dans un pot verniſſé, juſques à la conſomption des ſucs; puis exprimez, & mettez l’expreſſion dans une phiole quinze jours au ſoleil. Pour appliquer ce baume il le faut faire un peu chauf- fer, & le mettre dans la playe, & un petit linge par deſſus, trempé dudit baume, en vingt-quatre heures il fait reprendre les playes. Il fait auſſi partir les noirceurs & meurtriſſures.

Baume contre la douleur des dents.
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VOvs prendrez racines de Hanne- banne, & Pyretre, de chacune une once; Ruë, Marjolaine, Lavande, & menuë Sauge, de chacune une poignée: [ID00282] coupez le tout bien menu, & les met- tez dans une Cornuë; verſez deſſus deux livres d’eau de vie, deux drach- mes de cloud de Girofle, une drachme de Poivre long; laiſſez le tout infuſer une nuict, puis diſtiliez au feu de ſable; l’eau & le baume diſtilleront enſemble, que vous ſeparerez par l’entonnoir. Vne goutte du baume appliquée dans la dent creuſe avec un petit de cotton, appaiſe la douleur: une demie cuille- rée de l’eau dans la bouche fait le meſ- me effect. Il faut en frotter les tempes, & le derriere des oreilles.

Chapitre VI.
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Des Emplaſtres.
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Emplaſtre de Savon.
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PRenez huile d’olives deux livres, Minium une livre, Ceruſe en pou- dre impalpable demie livre: faites chauffer l’huile dans une poille, ou baſſine. Lors que l’huile commencera [ID00283] à boüillir, mettez peu à peu le Minium & Ceruſe, & remuez touſiours avec l’Eſpatule de bois, juſques à ce qu’ils ſoient bien incorporez avec l’huile: puis vous adjouſterez peu-à-peu dix onces de Savon de Gennes coupé par tranches bien menues, & remuerez touſiours juſques à ce qu’il ait acquis une couleur griſaſtre. Alors vous en mettrez une goutte ſur une aſſiette d’é- tain; s’il n’adhere point à l’aſſiette, c’eſt un teſmoignage qu’il eſt cuit. Alors vous y meſlerez deux onces d’huile de therebentine, & remuerez ???uſques à ce qu’il ſoit froid, & en ferez des rou- leaux, ou magdaleons ſur une table, ou marbre, pour vous en ſervir à ce qui s’enſuit. Il s’applique ſur un cuir ſans charpie: vn emplaſtre ſert trois jours. Il guerit les ulceres, & les eryſipeles, les playes & bruſlures: il diſſout & re- ſout les enflures: il diſſipe les duretez & louppes, ſi l’on continuë d’en met- tre deſſus. De plus, il eſt propre à tou- tes ſortes de playes.
|| [ID00284]

Emplaſtre de Minium.
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PRenez huile d’olives livre & de- mie, Minium une livre: incorpo- rez le Minium & l’huile comme vous avez fait cy-deſſus, & operez en la meſme maniere, juſques à ce qu’il de- vienne d’un rouge brun, puis en faites magdaleons. Bien que cet emplaſtre ne ſoit compoſé que de deux drogues, il ne laiſſe pas d’avoir des facultez tres- grandes. Il rafraichit & deſſeiche: il eſt bon contre les inflammations, & les enflures des membres; il diſſipe les humeurs; il appaiſe les douleurs de la goutte provenante de cauſes chau- des: il deſſeche les playes, & les con- ſolide.

Emplaſtre contre les dartres vives.
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VOvs prendrez huile de noix quatre onces, gomme de Ceriſier en poudre deux onces, ſel Armoniac une once, Savon de Gennes raſpé deux onces: Faites premierement chauffer l’huile dans une terrine plombée; & lors qu’elle commencera à boüillir, [ID00285] mettez peu-à-peu les drogues ſuſdites dedans, & remuez touſiours avec une Eſpatule de bois; vous laiſſerez boüil- lir le tout environ une demie heure: vous en mettrez ſur une aſſiette pour voir s’il eſt cuit, comme il a eſté dit, puis en faites rouleaux. Pour ſe ſervir de cet emplaſtre il faut l’étendre ſur du cuir, de la grandeur de la dartre, puis le chauffer un peu, & l’appliquer ſur le mal, & le laiſſer douze heures, puis l’arracher tout d’un coup avecque for- ce; il emporte avecque luy la racine des dartres. L’on mettra apres deſſus un emplaſtre de Minium pour deſſeicher, & rafraichir, ou quelque pommade. Il guerit les dartres dés la premiere fois.

Emplaſtre qui fait ſortir le fer, le bois, & les eſquilles des os de dedans les playes.
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PRenez Betoine, Fougere, Fe- noüil, Plantain, racines & fueilles, de chacune une poignée; faites les cui- re dans de l’eau commune juſques à ce qu’elles ſoient molles, & qu’il ne reſte [ID00286] que fort peu d’eau; puis vous les expri- merez ſous la preſſe, & mettrez l’ex- preſſion ſur le feu dans une terrine, avec égale partie de miel rouge, le quart d’huile d’olives: laiſſez boüillir douce- ment une heure, & mettez dans cha- que livre de ladite compoſition une once de cire jaune neufve. Lors qu’elle ſera fonduë, vous adjouſterez une once d’huile de therebentine, & y ferez jet- ter un boüillon ou deux: puis vous oſterez de deſſus le feu, & remuerez touſiours juſques à ce qu’il ſoit fait, & en ferez magdaleons, ou rouleaux. Il s’applique ſur du cuir: il le faut laiſſer vingt-quatre heures ſur les playes avant que de le lever: s’il ne fait point d’effect la premiere fois; il faut en remettre une ſeconde fois, il fera ſortir aſſeurément ce qui ſera dans la playe.

Emplaſtre qui fait meurir toutes ſortes de bubons??? charbons, & apoſtemes.
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PRenez Ozeille, Aigremoine, Eſ- purge, Herbe-Robert, de chacune [ID00287] une poignée: pilez-les dans un mortier de pierre, & les faites boüillir dans un pot neuf de terre verniſſé, avec une livre de ſain-doux l’eſpace d’une demie heure; puis exprimez, & remettez l’ex- preſſion ſur le feu, avec cire vierge, ſuif de mouton, poix-raiſine, miel rouge, de chacun quatre onces; farine d’orge tres-fine deux onces: incorpo- rez le tout enſemble, & remuez toû- jours juſques à ce qu’il ſoit cuit. Ce que vous connoiſtrez en mettant une gout- te refroidir, comme il a eſté dit cy- devant. Cet emplaſtre fait ſon effect en vingt-quatre heures: il faut le changer de douze heures en douze heures, deux fois ſuffiſent. Il s’applique ſur du cuir.

Emplaſtre contre la douleur des dents.
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PRenez extraict de Sauge une on- ce, Pyretre, Poivre long, Mouches cantarides, le tout en poudre, de cha- cun vingt grains; Euphorbe douze grains, Therebentine de Veniſe deux drachmes, Poix navale une drachme, [ID00288] Cire neufve deux drachmes. Prenez premierement l’extraict de Sauge, & le mettez dans un petit vaſe de terre ſur des cendres chaudes, puis y adjouſtez peu-à-peu la therebentine, poix, cire & poudre, & remuez touſiours juſ- ques à ce que le tout ſoit bien fondu & incorporé. Apres vous l’oſterez de deſ- ſus le feu, & en ferez rouleaux. Il faut en faire emplaſtres ſur du cuir, & les appliquer ſur les tempes, derriere les oreilles, & ſur la nucque du col. Ils feront eſlever de petites cloches, ou empoulles, remplies d’eaux acres & pic- quantes, leſquelles il faudra percer, & faire ſuppurer le plus long-temps que l’on pourra. Pour cet effect, apres les avoir percées, l’on ſe ſervira de l’em- plaſtre de Savon, lequel attirera, & deſſeichera.

Emplaſtre qui guerit les playes de la teſte.
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VOvs prendrez extraict de Plan- tain, Sauge, & Betoine, de cha- cun une once; Poix navale, Raiſine, Therebentine de Veniſe, de chacun [ID00289] deux onces: faites fondre le tout ſur des cendres chaudes, & l’incorporez avec une Eſpatule, & remuez touſiours juſques à ce qu’il ſoit froid. Si les playes ſont profondes, vous en ferez fondre dans une cuilliere, & y tremperez de la eharpie, que vous mettrez dans les playes, & mettrez par deſſus une em- plaſtre du meſme. Il faut diminuer tous les jours la charpie: neuf jours ſuffiſent pour cet effect.

Emplaſtre contre les duretez de la ratte.
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PRenez Cire jaune, Poix navale, Therebentine, de chacune deux onces; gomme Armoniac, Aloës He- patique, Myrrhe, Opoponax, Galba- num, de chacun une once; Maſtic de- mie once, Safran une drachme, huile de Laurier une once: faites fondre la cire & poix enſemble dans une baſſi- ne; reduiſez les gommes en poudre, & les mettez diſſoudre dans du gros vin rouge l’eſpace de douze heures, puis les meſlez avec la cire & poix fonduë, [ID00290] & les faites boüillir à petit feu juſques à ce que le vin ſoit conſommé, & re- muez touſiours avec l’Eſpatule. Alors vous oſterez la baſſine de deſſus le feu, & y mettrez la Therebentine, l’huile de Laurier, la Myrrhe, le Maſtic, l’A- loës, & le Safran pulveriſez: incorpo- rez bien le tout, & le remuez juſques à ce qu’il ſoit froid, & en faites magda- leons, ou rouleaux. Il faut frotter les mains & la table d huile de laurier, de peur que l’emplaſtre ne s’y attache. Il diſſipe les duretez de la ratte; il fait vuider les eaux des hydropiques, & ap- paiſe les douleurs de la matrice. Il faut l’étendre ſur un grand morceau de cuir, & l’appliquer ſur le mal. Il appaiſe auſſi les douleurs de la poitrine, & des épau- les, mis comme deſſus.

Emplaſtre qui leve les chairs mortes, & arreſte la gangrene.
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PRenez huile d’olives deux livres, extraict de Mille-pertuis, & There- bentine de Veniſe, de chacune quatre onces, Minium, C???ruſe, & Chaux vive; [ID00291] le tout en poudre, de chacun demie livre, faites chauffer l’huile dans un pot de terre verniſſé; quand elle commen- cera à boüillir mettez la Therebentine, & remuez avec une Eſpatule, juſques à ce qu’elle ſoit bien fonduë; puis incor- porcz peu-à-peu les poudres, & laiſſez boüillir juſques à ce que le tout ſoit en conſiſtence d’emplaſtre. Il faut remuer touſiours juſques à ce qu’il ſoit froid, & puis ferez rouleaux. Pour lever la chair morte, ſi la playe eſt profonde, il faut tremper un plumaceau dans l’emplaſtre fondu, & le mettre dans la playe, & mettre un autre emplaſtre par deſſus. Pour arreſter la gangrene, il faut ſcarifier, ou dechiqueter la playe juſques au vif, & mettre des pluma- ceaux comme il a eſté dit, avec un grand emplaſtre. Il faut continuer juſques à ce que toute la chair morte ſoit levée, & que la chair vive revienne.
|| [ID00292]

Emplastre contre les coupures, gerſu- res, & fiſſures.
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PRenez huile roſat deux livres, Ceruſe en poudre impalpable livre & demie, Cire blanche quatre onces: incorporez le tout enſemble dans un vaiſſeau d’eſtain ſur un petit feu, juſ- ques à ce qu’il ſoit en conſiſtence d’em- plaſtre. Il faut remuer touſiours juſques à ce qu’il ſoit fait: il guerit les écor- chures, & fiſſures qui viennent aux mammelles, aux mains, & aux talons: il guerit toutes ſortes de couppures & écorchures.
|| [ID00293]

SIXIESME PARTIE.
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Avant-propos.
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I’Ay adjouſté cette Partie à mon Livre en faveur des Dames, pour les garantir d’un nombre infini d’acci- dens qui arrivent en ſe mettant des choſes au viſage, dont elles ne ſçavent point les compoſitions. Ie facilite les operations, & m’explique le plus intel- ligiblement qu’il ſe peut, pour leur apprendre à faire elles-meſmes les cho- ſes dont elles auront beſoin: Elles choiſiront les Eaux & les Pommades leſquelles leurs ſeront propres; car ce qui eſt bon pour un teint ne l’eſt pas pour l’autre. Il faut nourrir les teins delicats, & les maigres, & les humecter: c’eſt pourquoy il leur faut des Eaux de [ID00294] chair, & de laict, ou des pommades. Pour les perſonnes graſſes, qui ont un teint huileux, il les faut deſſecher; pour cet effect les eaux où il entre quelques acides, comme vinaigre diſtillé, ſuc de Citron, eau de la Reine de Hongrie, leurs ſont bonnes; & meſme pour les teins groſſiers, qu’il faut deterger & corroder, pour rendre la peau plus deli- cate, elles en appliqueront ſouvent ſur leurs viſages dans le commence- ment pour ſe faire le teint; puis elles l’entretiendront, & le nourriront par quelque eau, ou pommade, ſelon qu’elles jugeront à propos. Sur tout je donne advis aux Dames de mettre dans les compoſitions pour le viſage, le moins de Camphre que l’on pourra; car il gaſte & fait perdre les dents, & cauſe quantité de fluxions. Pour le Mercure, le Sublimé, & l’Eſtain de gſace, je conſeille de ne s’en ſervir en aucune façon; outre qu’ils effacent la beauté du viſage par le long uſage, ils produiſent des maladies tres-faſcheu- ſes, & quelquefois incurables: C’eſt à quoy les Dames doivent prendre gar [ID00295] de. Ie donne encore quantité de ſecrets & d’operations pour l’embelliſſement tant pour les cheveux, les dents & les mains, que pour accommoder des gands, des mouchoirs, & des cornet- tes de jour & de nuict, & faire les dou- blures de maſque. Ie donne meſme la methode de faire des ptiſanes pour engraiſſer, dormir, & conſerver l’em- bonpoint. Dans ma Preface je me ſuis offerte à montrer à faire les operations que j’enſeigne; je le reïtere encore, & feray moy-meſme les choſes dont on aura beſoin. Ie me ſuis reſervée quelques ſecrets, que je promets de de mettre au jour, ſi les Dames reçoi- vent d’auſſi bon cœur mon petit tra- vail, que je leur communique.
|| [ID00296]

Chapitre pre mier.
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Des Eaux ſimples diſtillées pour l’em- beliſſement du viſage.
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LEs Simples deſquels on tire des eaux pour le viſage ſont Plantain, Argentine, Nenuphar, grande Ortie, Couleuvrée; les fueilles deſquels doi- vent eſtre pilées, fermentées, expri- mées, & diſtillées au Bain-Marie. Il faut expoſer leſdites eaux au ſoleil pour les garder.Pour les fleurs, il les faut mettre toutes fraiches cueillies dans une Cu- curbite, puis les diſtiller au Bain-Ma- rie, ſans leur donner de menſtruë: il ſuffit de les preſſer un peu. L’on prend pour l’ordinaire des fleurs de Roſma- rin, d’Amandier, de Peſcher, de Febves, de Sureau, de Muguet, de Tillet, de Lis, & Guimauves.Les eaux que l’on diſtille des fruicts pour le viſage, ſont Noix vertes, Frai- ſes, Citrons, Melons, Concombres, [ID00297] Citroüilles, & Courges. Il faut piler les Fraiſes, & couper les autres par tranches, puis les diſtiller au Bain. Chacune de ces eaux a ſes proprietez: L’on s’en ſervira comme l’on jugera à propos.

Chapitre II.
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Eau de la Reine de Hongrie.
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CEtte eau porte le nom d’vne ve- nerable Princeſſe, laquelle s’en eſt ſervie heureuſement, comme elle le teſmoigne par ſes eſcrits, qui ont eſté trouvez apres ſa mort, dont voicy la veritable copie.En la Cité de Budes au Royaume de Hongrie, du douzieſme d’Octobre mil ſix cens cinquante deux, ſe trouva eſcrite la preſente recepte dans le Bre- viaire de la Sereniſſime Iſabelle Reine dudit Royaume.Nous Dona Iſabelle Reine de Hon- grie, eſtant âgée de ſoixante & douze ans, fort infirme & gouteuſe, ayant uſé [ID00298] un an entier de la ſuivante recepte, la- quelle j obtins d’un Hermite que je n’avois jamais veu, & n’ay pû voir on- ques depuis; qui fit tant d’effect en mon endroit, qu’en meſme temps je gueris, & recouvré mesforces; en ſor- te que paroiſſant belle à un chacun, le Roy de Pologne voulut m’eſpouſer: ce que je refuſay pour l’amour de mon Seigneur Iesvs-Christ, & de l’Ange duquel je croy que j’obtins cette rece- pte, qui eſt de l’eau de vie diſtillée qua- tre fois, deux livres; des cimes & fleurs de Roſmarin vingt-deux onces, que l’on mettra dans un vaſe bien bouché l’eſpace de cinquante heures; & puis mettre le tout dans un Alembic pour diſtiller au Bain-Marie. On en prendra le matin une fois la ſemaine le poids d’une drachme, dans un boüillon fait de viande: on s’en lavera la face tous les matins; & on s’en frottera le mal, ou les membres infirmes.Ce remede renouvelle les forces, & fait bon eſprit, nettoye toutes les macu- les du cuir, fortifie les eſprits vitaux en leur naturel, reſtituë la veuë, & la con [ID00299] ſerve, alonge la vie: il eſt excellent pour l’eſtomac, & pour la poitrine, en s’en frottant par deſſus. Tout ce que deſſus je l’ay tiré d’un livre tout eſcrit de la main de ſa Maieſté l’Imperatrice Dona Maria, fille de l’Empereur Char- les Quint; lequel apres ſa mort me fut repreſenté par une de ſes Demoiſelles qui l’avoit en ſon pouvoir, & l’ay copié de ma main dautant qu’il y avoit d’au- tres ſecrets. L’Original porte ce que deſſus. Quand on ſe ſervira du preſent remede il ne le faut pas faire chauffer, parceque les eſprits les plus ſubtils s’e- vaporeroient.

Chapitre III.
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Des Eaux compoſées pour conſerver & embellir le viſage.
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Eau de Chair.
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PRenez quatre pieds de veau, deſ- quels vous oſterez les os, & les met- trez tremper neuf jours dans de l’eau de [ID00300] fontaine, que vous changerez deux fois le jour: puis vous les mettrez dans une Cucurbite de verre, avec le blanc & les cocques de deux douzaines d’œufs frais, la mie d’un petit pain de chapi- tre mis en poudre, une roüelle de veau bien lavée, dégraiſſée, deſoſſée, & coupée par morceaux, un poulet écor- ché tout vif, duquel vous oſterez la teſte, les pieds, & les entrailles: un Citron coupé par tranches, trois cho- pines de laict de chevre, quatre petits chiens nais d’un jour ou deux: diſtillez le tout au Bain boüillant, juſques à ce qu’il ne monte plus rien. Il faut pour le moins trois jours & trois nuicts ſans diſcontinuer le feu pour faire cette ope- ration. Vous mettrez l’eau diſtillée au ſoleil, autrement elle ne ſe garderoit pas.Cette eau eſt parfaitement bonne pour nourrir & conſerver les teins deli- cats: il en faut mettre trois ou quatre fois la ſemaine, le ſoir en ſe mettant au lict, & s’eſſuyer le matin avec un linge blanc de leſſive.
|| [ID00301]

Eau pour conſerver le teint.
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PRenez deux livres de fleur de feb- ves, une livre de fleur de Iaſmin, deux onces de Borax: mettez le tout dans une Cucurbite; verſez deſſus une chopine d’eſprit de vin; laiſſez-le infu- ſer une nuict, puis diſtillez juſques à ce qu’il ne reſte plus d’humidité au fond du vaiſſeau: expoſez l’eau diſtillée qua- rante jours au ſoleil. Elle empeſche les rouſſeurs de venir: elle tient le teint frais, le nourrit, & le conſerve.

Autre eau pour conſerver le teint.
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PRenez quatre livres d’orge mon- dé, & bien lavé; faites-les cuire dans ſuffiſante quantité de laict de chevre, juſques à ce qu’il ſoit comme de la boüillie: alors mettez encore une pinte dudit laict de chevre, deux onces de ſucre blanc, deux onces de ſucre rouge; puis diſtillez le tout au Bain-Marie à feu boüillant. Cette diſtillation eſt un peu longue pour le peu que l’on tire d’eau. Il faut touſiours continuer ſon feu, & remettre de l’eau chaude au [ID00302] Bain. Il faut ſe laver ſouvent le viſage de cette eau: elle eſt excellente pour les teins fins, delicats, & pour les perſon- nes maigres.

Eau pour conſerver & blanchir le teint.
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PRenez un Chapon bien gias, du- quel vous oſterez la peau, la teſte, les pieds, & tout ce qui ſera dans ſon corps: coupez-le par morceaux, & le mettez dans une Cucurbite, avec un fromage de creſme douce, le blanc & cocques de ſix œufs frais, deux drach- mes de Ceruſe, une once de Borax, & un demy ſeptier d’eſprit de vin; puis diſtillez au Bain-Marie. Il faut mettre ſouvent de cette eau pour embellir, & nourrir la peau, & ſe donner de garde du grand air.

Eau pour embellir le teint.
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VOvs prendrez un Melon à demy meur, & le couperez par roüelles, & en ferez un lict dans une Cucurbite, & mettrez deſſus un lict de ſucre, & un [ID00303] de baume noir, & ferez lict ſur lict de ces trois choſes: apres vous diſtillerez au Bain boüillant. Cette eau eſt admira- ble pour blanchir, & nourrir le teint. Il faut en mettre ſouvent dans le com- mencement: apres une fois ou deux la ſemaine ſuffiſent.

Eau de lard.
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IL faut prendre du lard de la gorge d’un porc maſle, qui ſoit bien gras, deux livres; coupez-le par morceaux, & le mettez dans la Cucurbite, avec deux poignées d’avoine blanche bien nette, deux onces de ſemence de Ba- leine; apres diſtillez au Bain boüillant. Cette eau eſt excellente pour nourrir le teint des perſonnes maigres, & pour oſter les marques & rougeurs de la pe- tite verolle, & autres. Il en faut met- tre ſoir & matin, & ne point s’eſſuyer que deux ou trois heures apres l’avoir miſe, & continuer un mois.
|| [ID00304]

Eau pour rafraichir, & blanchir le viſage.
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PRenez trois chopines de laict de vache, trois chopines de vin blanc, le blanc & les cocques de deux douzai- nes d’œufs frais, la mie d’un petit pain de Chapitre, une poignée d’orge mon- dé, une roüelle de veau coupée par morceaux, trois ou quatre oignons de lys: diſtillez le tout au Bain boüillant, & vous en metttez tous les ſoirs ſu rle viſage, ſans l’eſſuyer que le matin, auec un linge de chanvre.

Eau contre les rougeurs du viſage, & qui nettoye le cuir.
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VOvs prendrez deux onces de fleurs de Soufre, & les ferez infuſer trois jours dans une chopine de vinaigre blanc: apres diſtillerez par la Cornuë au feu de cendres, & tremperez un linge dans cette eau, & le mettrez ſur le viſage. Il l’y faut laiſſer toute la nuict, & continuer juſques à ce que toutes les rougeurs ſoient parties.
|| [ID00305]

Eau pour les teins großiers.
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PRenez une douzaine de Citrons qui ayent les écorces fines, les blancs d’une douzaine d’œufs frais durcis’, deſquels l’on oſtera les jaunes: coupez les Citrons & blancs d’œufs par roüel- les, & les mettez dans une Cucurbite de verre, au fond de laquelle vous au- rez mis une livre de Therebentine de Veniſe bien lavée; puis diſtillez au Bain boüillant, & mettez l’eau qui viendra au ſoleil. Cette eau deterge & adoucit le cuir, & le blanchit. Il faut s’en laver ſoir & matin.

Autre eau ponr les teins großiers.
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IL faut prendre une livre de fleurs d’Amandiers ſeichées à l’ombre, de- mie livre de fleurs de Courge, une livre de fleurs de Lys, ſix Citrons coupez par tranches, les blancs & les cocques de deux douzaines d’œufs frais, une chopine de vin blanc: laiſſez infuſer le tout une nuict, puis diſtillez au Bain boüillant juſques à ce que les feces de- meurent ſeiches. Cette eau unit le teint, [ID00306] & rend la peau blanche, & delicate. Il la faut mettre le ſoir, & s’eſſuyer le viſage doucement le matin.

Autre eau pour les teins großiers.
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PRenez vinaigre blanc une livre, les blancs & les cocques de ſix œufs frais, Borax, Maſtic, Aloës, de chacun un once; un fiel de bœuf: puis diſtillez au Bain, & vous lavez un mois entier le viſage & la gorge de cette eau: apres n’en mettez plus que deux fois la ſemaine.

Eau qui leve le hâle, & oſte les rou- geurs du viſage.
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PRenez Plantain, Nenuphar, Pour- pier, Laictuë & Violiers, de chacun deux poignées; douze pommes de Cheſne, fleurs de Boüillon-blanc deux onces, plein un petit pannier de Frai- ſes, unc poignée de Roſes paſles, ſe- mence de Pavot ſix onces: pilez le tout enſemble, & le mettez dans une Cu- curbite, avec les blancs & les cocques de douze œufs frais, & une livre de verjus; diſtillez le tout au Bain. Il faut [ID00307] tremper un linge dans cette eau, & le mettre le ſoir ſur le viſage, & l’y laiſſer toute la nuict; puis s’eſſuyer le matin doucement, & continuer. Elle oſte le hâle, & diſſipe les rougeurs.

Eau contre les dartres farineuſes, & inegalité ou âpreté de la peau, & qui unit le teint.
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PRenez fleurs de Roſes & de Febves, de chacune deux poignées; vinaigre blanc une livre, urine d’une jeune per- ſonne qui ne boive que du vin une li- vre, ſuc de Plantain demie livre, Ma- ſtic, Borax, gomme Adragant, de cha- cun demie once: faites infuſer le tout trois jours, puis diſtill ez au Bain boüil- lant. Il faut mettre de cette eau ſoir & matin ſur les dartres, & s’en laver le viſage une fois la ſemaine.

Eau contre les tannes du viſage.
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PRenez Tartre blanc, Alun de ro- che reduis en poudre, de chacun demie livre; farines d’orge & de feb- ves demie livre; vinaigre blanc une [ID00308] livre: diſtillez par la Cornuë au feu de ſable; trempez un linge dans cette eau, & le mettez ſur le lieu où ſont les tan- nes, & l’y laiſſez toute la nuict, & con- tinuez juſques à ce qu’il ne paroiſſe plus de tannes.

E au contre les rouſſeurs & lentilles du viſage.
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PRenez fueilles & fruicts de Fi- guier, lors qu’ils ſont encore verds, vne livre, Amandes ameres demie li- vre, graine de Choux ſix onces: pilez le tout, & l’incorporez avec dix onces d’huile de Tartre faite par defaillance; puis diſtillez par la Cornuë au feu de ſable. Cette eau oſte les lentilles & rouſſeurs du viſage. Il faut continuer quinze jours de ſuite tous les ſoirs.

Eau contre les rides du viſage.
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PRenez ſuc de Prunelle une livre, racines de Coulevrée bien pilées demie livre, Myrrhe ſix onces, ſucre Candi quatre onces: diſtillez par la Cornuë au feu de cendres, & vous [ID00309] lavez de cetre eau. Elle tend la peau, nettoye le cuir, & oſte les rides. L’eau de pommes de Pin, diſtillées au Bain, fait le meſme effect.

Eau pour les teins jaunes & bilieux.
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PRenez deux livres de fleurs de Su- reau, & les mettez infuſer dans deux livres d’eſprit de vin vingt-quatre heu- res, puis diſtillez au Bain chaud: reï- terez deux fois la diſtillation ſur les feces, & vous lavez ſoir & matin de l’eau qui diſtillera.

Eau pour oster les rougeurs du viſage.
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PRenez deux douzaines d’œufs frais, & les faites durcir dans les cendres chaudes, deſquels vous prendrez les jaunes, que vous meſlerez avec une demie livre de Ceruſe reduite en pou- dre ſubtile, & les imbiberez d’une cho- pine de vin blanc; puis vous les expri- merez ſous la preſſe, & diſtillerez la liqueur qui ſortira au Bain-Marie. De [ID00310] l’eau qui diſtillera vous vous en laverez les rougeurs tous les ſoirs.

Eau pour faire paſlir le viſage.
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VOvs prendrez deux poignées d’Eſpargoute, une chopine de vin d’Orleans, deux douzaines de Citrons coupez par tranches, le blanc & les cocques de douze œufs frais, quatre onces de ſucre Candi, la mie d’un petit pain de Chapitre, trois poignées de fueilles de Plantain: diſtillez le tout au Bain boüillant juſques à ce que le tout ſoit diſtillé: & de cette eau vous vous laverez ſoir & matin le viſage.

Autre eau pour le meſme.
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PRenez Plantain, & fleurs de Mu- guet, de chacune deux poignées; verſez deſſus une chopine de vin blanc, & faites digerer vingt-quatre heures au Bain; apres diſtillez. De cet- te eau lavez-vous tous les ſoirs. Elle pâlit, & unit la peau.
|| [ID00311]

Eau contre les cicatrices, & marques de la petite verolle.
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PRenez racines de Concombres ſauvages, & de Flambe, de chacune demie livre; racines de Guimauves, & oignons de Lys blancs, de chacun une livre; Raiſins murs demie livre, fueil- les de Febves, & de Parietaire, de cha- cune une poignée; fleurs de Nenuphar & de Mauves, de chacune deux poi- gnées; mie de pain d’orge une livre: faites infuſer le tout dans une pinte de vin blanc, & une pinte de laict de Che- vre: vous adjouſterez à l’infuſion une Rave coupée par roüelles, des quatre ſemences froides, de chacune une de- mie once; urine d’une jeune fille de neuf à dix ans, demie livre: diſtillez le tout au Bain boüillant. Cette eau eſt excellente contre toutes ſortes de ta- ches qui viennent au viſage; elle leve les cicatrices, & efface les marques de la petite verolle, & de bruſlures.
|| [ID00312]

Eau qui blanchit le viſage.
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VOvs prendrez les cocques de douze œufs frais, eau de pleurs de vigne une livre, ſel commun une once, eau de fontaine demie livre: di- ſtillez le tout par la Cornuë au feu de ſable. Cette eau corrode la peau, & rend le teint blanc & delicat. Il en faut met- tre pendant huit jours ſoir & matin; puis l’on n’en mettra plus qu’une fois la ſemaine.

Eau contre les rouſſeurs, & rougeurs du viſage.
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PRenez vinaigre blanc, eau-roſe, & ſuc de limon, de chacun une li- mon, Soufre vif en poudre quatre on- ces: diſtillez le tout par la Cornuë à feu de rouë. Il faut laver ſouvent les rouſ- ſeurs & rougeurs de certe eau, & met- tre un liuge trempé dedans ſur le viſa- ge pendant la nuict.
|| [ID00313]

Eau contre les dartres du viſage.
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VOvs prendrez eaux de Roſes, de Morelle, de Plantain, & vinai- gre blanc, de chacun demie livre: fai- tes diſſoudre dedans ſel commun pre- paré, & ſel Armoniac, de chacun de- mie once; puis diſtillez par la Cornuë au feu de ſable, & cohobez deux fois: ſur la fin faites un feu fort, pour faire monter les eſprits des ſels, & du vinai- gre. Il faut appliquer cette eau avec une plume ſur les dartres, & en mettre trois ou quatre fois le jour.

Eau contre les rouſſeurs du viſage.
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PRenez ſnc de Limon trois onces, vinaigre blanc, quatre onces, Alun en poudre une livre, fiel de beuf de- mie livre: diſtillez le tout au Bain boüillant, & appliquez l’eau qui di- ſtillera avec une plume ſur les rouf- ſeurs.
|| [ID00314]

Fau qui leve toutes ſortes de cicatrices.
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PRenez ſucs de Morelle, & Cou- levrée, de chacun demie livre; di- ſtillez les au Bain boüillant: faites diſ- ſoudre dans l’eau diſtillée une drachme de Camphre, puis en mettez ſur les ci- catricesavec une plume trois ou quatre fois le jour.

Eau pour fortifier, & embellir tout le corps.
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PRenez fleurs de Sureau, & d’Eſ- pine blanche, de chacune deux li- vres, fleurs de Febves de haricot une livre, moüelle de Citroüille livre & de- mie, Borax trois onces, Therebentine de Veniſe une livre, quatre Pigeon- neaux écorchez, & coupez par mor- ceaux, Miel de Narbonne livre & de- mie, laict de Chevre trois livres, les blancs & les cocques de vingt œufs frais, quatre Citrons coupez par roüel- les, ſucre Candi demie livre, Canelle & cloud de Girofle, de chacun demie once: pilez ce qui ſe pourra piler, & [ID00315] mettez le tout dans une Cucurbite de verre, & diſtillez au Bain à l’eau chau- de du commencement, puis ſur la fin de la diſtillation faites boüillir le Bain. Cette eau fortifie & embellit le corps, & le preſerve de pluſieurs maladies: Il eſt bon de s’en laver tout le corps dans le commencement du Printemps, & ſur la fin de l’Automne. Pour le viſage il faut s’en frottet une fois la ſemaine le ſoir en ſe couchant, & le matin en ſe levant s’eſſuyer avec un linge blanc de leſſive.

Eau pour les teins großiers, & contre les tannes.
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VOvs prendrez eau de vie vne livre, fleurs de Soufre deux onces, fruicts de Meurier ſauvage, autrement appellé fruicts de Ronce, une livre: fai- tes infuſer le tout vingt-quatre heures ſur des cendres chaudes dans une Cor- nuë de verre; puis diſtillez au feu de limaille de fer juſques à ce qu’il ne ſorte plus de fumée. Il faut metrre ſoir & matin de cette eau ſur le viſage, & ſur les tannes, & continuer juſques à ce [ID00316] que le teint ſoit blanc & uni, & que les tannes ſoient toutes diſſipées.

Eau pour laver & nourrir les teins qui auront eſté corodez par l’eau precedente.
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PRenez oignons de Lys, racines de Nenuphar, Concombres & Me- lons, le tout coupé par tranches, de chacun demie livre, ſix Pigeonneaux tuez ſans les ſeigner, deſquels vous oſte- rez la peau, & les entrailles, & les couperez par morceaux; ſucre fin qua- tre onces, Borax & Camphre, de cha- cun une drachme; la mie d’vn petit pain de Chapitre: faites infuſer le tout vingt-quatre heures au Bain dans deux livres de vin blanc, puis diſtillez au Bain boüillant juſques à ce qu’il ne monte plus rien. Quand on veut rendte les eaux de bonne odeur, il faut met- tre dans le canal de l’Alembic quelques grains de muſc, ou d’ambre gris, dans un petit ſachet de toile, avec un peu de ſucre; autrement l’ambre & le muſc ne ſe diſſoudroient p???s. Il faut mettre [ID00317] de cette eau ſur le viſage deux ou trois fois la ſemaine, le ſoir en ſe mettant au lict, ſans s’eſſuyer que le lendemain au matin.

Chapitre IV.
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De l’huile, & eau de Talc.
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Huile de Talc.
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PLvsievrs aſſeurent qu’ils ſça- vent extraire l’huile du Talc ſans addition; cette operation n’eſt pas ſi commune, ny ſi facile comme ils le di- ſent: Ie croy que peu de perſonnes ſçavent ce ſecret, & qu’il eſt fort rare. Voicy quelques methodes de preparer le Talc, qui ſont bonnes pour le teint, & ſont faciles à faire, & je puis aſſeurer que leur effect eſt tres-bon.Prenez ttois ou quatre douzaines d’œufs frais, que vous ferez durcir, & en oſterez les cocques, & les couperez par la moitié, tirerez les jaunes, & mettrez en leur plaee du Talc de Veniſe pulve [ID00318] riſé, & tamiſé; puis vous rejoindrez les deux moitiez enſemble, & les lierez avec du fil blanc, & mettrez quelque peu de cire d’Eſpagne deſſus le fil, vis- à-vis des jointures pour les faire tenir: vous rangerez tous les œufs, ainſi ac- commodez, dans une Cucurbite de ver- re, & la couvrirez d’une autre petite Cucurbite: vous les lutterez enſemble avec de la chaux vive, & du blanc d’œuf; puis les mettrez dans du fumier de cheval, de façon qu’elles ſoient en- tourées de toutes parts de l’époiſſeur d’un pied dudit fumier. Lors que le fu- mier commencera à ſe refroidir, il fau- dra le renouveller: & pour l’exciter il faut l’arrouſer quelquefois avec un peu d’eau chaude. Vous laiſſerez vos vaiſ- ſeaux quarante jours dans le fumier, au bout deſquels l’on trouvera dans le fond une liqueur onctueuſe comme de de l’huile; de laquelle on mettra le ſoir ſur le viſage ſans l’eſſuyer que le matin avec un linge jaune qui aura eſté à la leſſive. Ie n’oſe aſſeurer que ce ſoit ve- ritablement huile de Talc, mais je puis dire certainement qu’elle eſt tres-bon [ID00319] ne, & tres-excellente pour le teint, & que l’on s’en peut ſervir avec aſſeuran- ce. Si l’on la veut rendre claire, il fau- dra la filtrer par le papier gris.

Autre huile de Talc.
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VOvs prendrez du Talc de Veniſe pulveriſé quatre onces, une livre de paſte de farine de froment, de la- quelle vous ferez trente-deux mor- ceaux, & mettrez au milieu de chaque motceau un gros dudit Talc en poudre, & l’entourerez de ladite paſte en for- me d’un petit pain. Vous mettrez tous les petits pains au four à cuire avec du grand pain. Quand ils ſeront cuits vous les ouvrirez, & prendrez le Talc qui ſera au milieu, que vous pulveriſerez; puis vous prendrez des racines de Cou- levrées, auſquelles vous ferez des creux de la profondeur de quatre do gts, que vous remplirez d’un tiers du Talc que vous avez pulveriſé. Apres vous met- trez toutes vos racines ainſi remplies à la cave, & les y laiſſerez vingt-quatre heures; au bout deſquelles vous les trouverez rempli???s d’une liqueur que [ID00320] vous oſterez par inclination, & laiſſe- rez autres vingt-quatre heures, & con- tinuerez juſques à ce qu’elles ne ren- dent plus d’humidité. Il faut que les ra- cines ſoient fraichement cueillies. Cet- te huile a les meſmes vertus que la pre- cedente.

Autre huile de Talc.
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PRenez quatre onces de Talc pul- veriſé, & les mettez avec partie égale de ſalpetre dans un Creuſet au milieu des charbons ardans. Lors que le ſalpe- tre ſera conſommé, vous en remettrez d’autre, & reïtererez cinq ou ſix fois, puis laiſſez refroidir. Prenez la maſſe qui ſera dans le Creuſet, & la reduiſez en poudre, & la mettez dans un petit ſachet de toile, que vous ſuſpendrez à la cave, & mettrez un vaiſſeau deſſous pour recevoir la liqueur qui tombera par defaillance. Il faut en mettre tou- tes les ſemaines une fois en ſe mettant au lict. Elle blanchit & nettoye le cuir de to utes ſortes de taches.
|| [ID00321]

Eau de Talc.
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PRenez dans le mois de May telle quantité de limaſſons avec leurs coc- ques qu’il vous plaira, & les mettez dans un pot de terre avec une poignée de ſel, & du vinaigre tant, qu’il ſur- paſſe les limaſſons d’vn doigt: agitez le tout enſemble pour les faire dégor- ger, & jetter leurs mouſſes: puis oſtez- les, & les lavez trois ou quatre fois de ſuite dans du vin blanc; puis les eſſuyez avec un linge blanc, & les mettez dans un pot de terre verniſſé. Donnez- leur tous les jours, durant trois mois, une cuillerée de poudre de Talc tami- ſée, & les remuer quelquefois, & fai- tes deſcendre ceux qui monteront, & couvrez le pot. S’il ſe fait quelque pe- tite pelicule à l’ouverture de leurs coc- ques, il n’imporre. Apres trois mois prenez les limaſſons, & tout ce qui ſera dans le pot; pilez le tout, & auſſi les cocques, & les mettez dans une Cu- curbite de verre, & diſtillez au Bain boüillant juſques à ce que toutes les fe- ces ſoient tout-à-fait ſeiches: oſtez les [ID00322] feces, & rectifiez l’eau deux fois au Bain: à la derniere fois, mettez dans le canal du Chapiteau du muſc, ou de l’ambre gris dans un petit ſachet, avec du ſucre, comme il a eſté dit cy-devant, pour corriger la mauvaiſe odeur de cet- te eau. Elle eſt admirable pour blan- chir, unir, & tendre la peau. Il faut la mettre apres s’eſtre decraſſée avec quel- que bonne eau, & un petit linge fin, & la laiſſer ſeicher, puis s’eſſuyer dou- cement.

Chapitre V.
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Des Pommades.
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Pommade de Chevreau.
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PRenez coeffes de Chevreau une livre, & les lavez dans de l’eau de fontaine vingt ou trente fois de ſuite, & les y laiſſez tremper cinq ou ſix jours, & changez d’eau deux fois le jour, juſ- ques à ce qu’elles rendent l’eau claire, & qu’elles ſoient bien nettes: égoutez [ID00323] les dans un linge blanc, & les coupez par petits morceaux, & les mettez dans une terrine neufve verniſſée, avec une chopine d’Eau-roſe, un Citron coupé par tranches, deux cuillerées d’eau de cloud de Girofle; Storax, & Benjoüin, de chacun une once: faites boüillir le tout enſemble à petit feu, juſques à ce que la graiſſe ſoit toute fonduë. Alors paſſez par un linge bien net, un peu épois, ce qui ſera dans la terrine dans une autre terrine, dans laquelle il y aura une chopine d’Eau- roſe. Il ne faut point exprimer: quand la coulature ſera froide vous leverez la graiſſe avec une cuilliere d’argent, & la mettrez dans un mortier de marbre, & la laverez encore une fois ou deux, avec de l’Eau-roſe, ou eau de fleurs d’Oranges; puis vous la pilerez juſques à ce qu’elle ſoit parfaitement blanche: apres quoy vous la ſerrerez dans un pot de fayence bien net, & mettrez par deſſus l’époiſſeur d’un demy doigt de ſucre fin en poudre, pour la conſerver. Toutes les pommades où il n’entre point d’huile ſe peuvent conſerver de [ID00324] la ſorte. Elle nourrit le teint; elle oſte les rides du viſage; elle guerit les éle- vures, & les lévres fenduës & ger- ſées.

Pommade pour tenir le teint frais & uny.
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VOvs prendrez beure de May, & ſuif de Taureau, de chacun demie livre: faites les fondre enſemble dans un pot neuf, avec un demy ſeptier d’Eau- roſe, puis les paſſez dans un linge dans un autre pot où il y aura demy ſeptier d’Eau-roſe. Quand le tout ſera froid, vous le leverez avec une cuilliere, & le mettrez dans un mortier de marbre, & incorporerez avecque ſix onces de Ceruſebien lavée pluſieurs fois dans de l’Eau-roſe, & ſeichée au ſoleil, & re- duite en poudre impalpable; puis la ſerrez dans un pot bien net, & met- tez du ſucre par-deſſus, comme il a eſté dit. Vous mettrez ſoir & matin de cette pommade, & vous eſſuyerez une heure apres l’avoir miſe.
|| [ID00325]

Pommade pour nourrir le teint, & contre les marques de la petite verolle.
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PRenez deux livres de lard bien gras de la gorge d’un porc maſle, ratiſſez-le avec un couteau de bois, & en oſtez tous les petites fibres & mem- branes: prenez demie livre de graiſſe de porc, de laquelle vous oſterez tou- tes les petites peaux, & la couperez par morceaux. Mettez-les tremper neuf jours dans de l’eau de riviere, qu’il faut changer deux fois le jour, & les bien manier avec les mains quand l’on changera l’eau; puis faites les fondre dans une terrine avec Eau-roſe, & eau de Plantain, de chacune demie livre, deux cuillerées d’eau de Girofle, un Citron, & une Orange coupée par tranches; ſix pommes de Capendu pelées & pilées dans un mortier de mar- bre, deſquelles on aura oſté le cœur; Iris de Florence coupée par tranches deux onces: couvrez le pot, & le met- tez infuſer vingt quatre heures au Bain [ID00326] tiede; puis faites boüillir l’eau au Bain??? de ſorte que ce qui ſera dans le pot boüille auſſi. Il faut remuer de temps en temps les drogues avec une Eſpatule de bois; & lors que vous jugerez que l’Eau-roſe, & eau de Plantain ſeront conſommées, oſtez le vaiſſeau du feu, & paſſez par un linge blanc un peu épois dans une terrine où il y aura demy ſeptier d’Eau-roſe; laiſſez refroidir, puis levez avec une cuilliere ce qui ſera ſur l’eau, & le mettez dans une terrine ſur petit feu, avec ſix onces d’huile d’Amandes douces tirée ſans feu: mé- lez bien le tout enſemble juſques à ce que la pommade ſoit fouduë, oſtez-la de deſſus le feu, & remuez juſques à ce que le tout ſoit froid: puis vous la pile- rez dans un mortier de marbre, juſques à ce qu’elle ſoit bien blanche; puis vous la mettrez dans un pot en lieu temperé, & vetſerez de l’eau de riviere par deſ- ſus, que vous changerez pour le plus tard de deux jours en deux jours. Il eſt à remarquer que toutes les pommades ſe veulent faire tres-proprement & net- tement quand on les veut garder, & [ID00327] qu’il n’y a point d’huile dans la compo- ſition. Il faut mettre du ſucre comme j’ay dit; & dans celle où il entre de l’huile, il faut la faire tremper dans quelque bonne eau, comme de Roſe, Plantain, Argentine, ou Fraiſe. Cette pommade nourrit le teint, & le blan- chit: elle eſt bonne pour les perſonnes maigres; elle efface les rougeurs de la petite verolle, & diſſipe les éleveures qui viennent au viſage. Il en faut mettre ſoir & matin.

Pommade excellente qui ſe fait dans le mois de May.
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PRenez une livre de beure frais du mois de May, du plus gras que vous pourrez trouver; mettez-le dans un vaiſſeau de fayence un peu large, & l’expoſez au ſoleil en lieu où il donne preſque tout le jour, & d’où il ne puiſſe point tomber d’ordures: quand le beu- re ſera fondu, verſez deſſus de l’eau de Plantain, & la meſlez bien avec une Eſpatule de bois: Et lors que le ſoleil anra diſſipé l’eau, vous en remettrez [ID00328] d’autre, & remuerez cinq ou ſix fois jour, & continuerez à faire ce que deſ- ſus, juſques à ce que le beure ſoit deve- nu blanc comme de la neige. Si le ſoleil n’eſtoit pas aſſez chaud dans le mois de May, il faut continuer dans le mois de Iuin juſques à perfection. Sur les der- niers jours vous mettrez de l’eau de fleurs d’Orange, ou de Roſe, pour donner bonne odeur à la pommade. Elle ſe conſerve pluſieurs années ſans ſe gaſter: elle eſt excellente pour blan- chir, nourrir, & conſerver le teint. Il la faut mettre le ſoir, & s’eſſuyer le matin avec un linge de chanvre neuf.

Pommade de pieds de mouton.
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VOvs prendrez cinq ou ſix dou- zaines de pieds de mouton, deux ou trois jours devant la pleine lune; vous en oſterez toute la chair, & caſſe- rez les os, que vous mettrez boüillir dans de l’Eau-roſe, ou du vin blanc; au defaut de l’eau de riviere, environ un quart d’heure dans un pot neuf ver- niſſé: puis vous paſſerez par un linge dans un pot où il y aura une demie livre [ID00329] d’Eau-roſe: laiſſez refroidir la coulatu- re, & lors qu’elle ſera froide vous leve- rez la graiſſe de deſſus l’eau avec une cuilliere; puis vous la laverez cinq ou ſix fois avec de l’Eau-roſe, & la pilerez dans un mortier de marbre juſques à ce qu’elle ſoit parfaitement blanche: alors vous l’incorporerez avec une troi- ſieſme partie de ſon poids d’huile des quatre ſemences froides tirée ſans feu; le tout eſtant bien meſlé enſemble vous mettrez cette pommade dans un vaſe bien propre & net, & verſerez deſſus quelque eau odoriferante, ou au defaut de l’eau commune: il faut la changer ſouvent comme il a eſté dit. Il faut met- tre de cette pommade deux ou trois fois la ſemaine. Son uſage & ſes vettus ſont aſſez connuës, c’eſt pourquoy je n’en diray pas dauantage. Pour la chair que vous avez oſtée des os, vous la fe- rez boüillir comme vous avez fait les os; il s’y trouvera peu de graiſſe, elle ne laiſſe pas d’eſtre auſſi bonne que la premiere.
|| [ID00330]

Autre pommade excellente.
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PRenez une once de perles fines bien blanches, & concaſſez les dans un mortier, & les mettez dans un vaiſ- ſeau de verre; verſez deſſus du vinaigre blanc diſtillé, qu’il ſurnage de deux doigts: mettez le vaiſſeau ſur des cen- dres chaudes pour aider la diſſolution deſdites perles. Lors qu’elles ſeront diſſoutes vous verſerez le vinaigre par inclination, & laverez la diſſolution deux ou trois fois avec de l’eau de fleurs d’Orange, ou de Roſe; puis vous l’in- corporerez avec deux parts de la pom- made de pieds de mouton cy-deſſus. Au defaut de la diſſolution de perles, l’on pourra meſler avec ladite pomma- de du Talc de Veniſe reduit en poudre impalpable. Cette pommade s’appli- que ſoir & matin, & eſt fort excel- lente.

Autre pommade excellente.
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VOvs prendrez une douzaine de pommes de Reinette, & les pele- rez, & en oſterez toutes les pepinieres, [ID00331] & les ferez boüillir avec de l’Eau-roſe dans un pot de terre neuf verniſſé: vous y adjouſterez de l’eau de cloud de Girofle, & de Canelle, de chacun de- mie once, une poignée de cimes & fleurs de Lavande, quatre livres de panne de porc bien blanche, coupée par morceaux, deſquelles vous oſterez les peaux & fibres: faites boüillir le tout à petit feu l’eſpace de quatre heu- res; mettez ſur la fin une demie livre de cire blanche grenée, remuez le tout ſur le feu un quart d’heure, jettez-en une petite goutte ſur le feu, ſi elle ne fait point de bruit la pommade eſt cuit- te; ſinon il faut continuer le feu juſ- ques à ce que l’eau ſoit tout-à-fait con- ſommée: puis vous paſſerez par l’éta- mine dans une terrine dans laquelle il y aura deux livres d’Eau-roſe: quand elle ſera fioide, vous leverez la pom- made avec une cuilliere, & la pilerez & laverez comme il a eſté dit des au- tres pommades. Elle eſt excellente pour toutes ſortes de teins, & s’applique ſoir & matin.
|| [ID00332]

Autre pommade.
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PRenez une douzaine de pommes d’Api, que vous pelerez, oſterez le cœur, & couperez par tranches, & les mettrez infuſer un jour entier dans de l’Eau-roſe avec une once d’eau de Canelle, de telle ſorte que l’eau cou- vre les pommes de la hauteur d’un doigt: prenez ſix onces de pannes de porc, oſtez-en les fibres & peaux, com- me il a eſté dit, & les coupez par mor- ceaux, & mettez le tout dans un pot verniſſé, & faites fondre à petit feu, puis boüillir à feu doux juſques à ce que les pommes ſoient bien cuittes; puis paſſez par la chauſſe, une terrine deſſous où il y aura une chopine d’Eau- roſe, laiſſez refroidir, puis levez la pommade avec une cuilliere, & la la- vez, dulcorez, & pilez juſques à ce qu’el- le ſoit bien blanche; incorporez avec quelques grains de muſc, d’ambre, ou de civette, & la ſerrez dans un pot bien net & couvert. Cette pommade eſt bonne pour le viſage, pour les mains, & les cheveux: Elle s’applique le ſoir.
|| [ID00333]

Pommade contre les dartres vives.
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PRenez une once de mouches Cantarides, & les pulveriſez, & les mettez diſſoudre dans un peu de vin: prenez quatre onces de ſuif de mou- ton bien lavé & purifié dans de l’Eau- roſe: faites-le fondre, & incorporez la poudre des Cantarides avec, & oſtez de deſſus le feu, & remuez touſiours juſques à ce que la pommade ſoit froi- de. Il en faut mettre ſoir & matin ſur les dartres; trois jours de ſuite ſuffiſent; puis il ſe faut frotter apres, huit jours de temps de la pommade de Chevreau.

Pommade contre les dartres farineuſes.
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PRenez ſix oignons de Lys, & les faites cuire dans de l’eau commune juſques à ce qu’ils ſoient comme de la boüillie: faites-les égouter dans un lin- ge, puis les pilez dans un mortier avec deux cuillerées de miel de Narbonne, & une cuillerée de vinaigre blanc di- ſtillé; puis vous y adjouſterez deux on- ces des quatre ſemences froides, mon [ID00334] dées & bien pilées: incorporez le tout enſemble, & en faites pommades. Il faut s’en mettre un mois de ſuite tous les ſoirs en ſe couchant.

Pommade pour emhellir le viſage, & qui oſte les aſpretez de la peau provenantes du ſoleil.
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VOvs prendrez quatre onces de graiſſe de Chapon, & la mettrez tremper dans de l’eau de fontaine trois jours: changez-la deux ou trois fois le jour d’eau, & la maniez auec les mains pour la rendre plus blanche: mettez-la dans une terrine verniſſée, avec deux onces de pommade de pieds de mou- ton, une once de cire blanche, eau de lys quatre onces: remuez bien le tout avec une Eſpatule en fondant, & fai- tes boüillir environ un quart d’heure à petit feu: apres paſſez par un linge dans une terrine où il y aura de l’Eau-roſe; laiſſez refroidir, puis lavez la pomma- de avec la cuilliere, & la pilez dans un mortier juſques à ce qu’elle ſoit bien blanche, & la ſerrez dans un pot en [ID00335] lieu ſec. Il en faut mettre le ſoir en ſe couchant, & le matin au ſortir du lict, & s’eſſuyer le plus tard que l’on pourra.

Autre pommade pour le meſme.
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PRenez beure de May, graiſſe de Chevreau, ſuif de Bouc, pommade de pieds de mouton, de chacune trois onces: faites fondre le tout dans une terrine verniſſée, avec de l’eau de Courge & de Morelle, de chacune de- mie livre; faites boüillir une heure, & adjouſtez ſur la fin deux cuillerées d’eau de Girofle, & une cuillerée d’??? de Canelle; puis paſſez & pilez comme vous avez fait cy-deſſus. Il en faut met- tre le matin ſur le viſage devant le feu, & eſtre demie heure ſans s’eſſuyer.

Pommade contre le hâle.
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PRenez deux onces d’huile de noix, lavez-la deux fois dans de l’Eau-ro- ſe; oſtez l’eau, & mettez l’huile dans une terrine ſur le feu avec une once de cire blanche coupée par morceaux: quand elle ſera fonduë remuez juſques [ID00336] à ce qu’elle ſoit froide; mettez-la dans de l’eau: il faut changer l’eau tous les jours. L’on mettra de cette pommade quand on ira au ſoleil.

Pommade contre les rides du viſage.
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VOvs prendrez ſuc d’oignons de Lys blancs, & miel de Narbon- ne, de chacun deux onces; cire blan- che fonduë une once: incorporez le tout enſemble, & faites pommades Il en faut mettre tous les ſoits, & ne s’eſ- ſuyer que le matin avec un linge.

Autre pommade contre les rides du viſage.
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PRenez ſix œufs frais, & les faites durcir; oſtez en les jaunes, & met- tez en leur place de la Myrrhe, & du ſucre candy en poudre, partie égale: rejoignez les œufs, & les expoſez ſur une aſſiete devant le feu: il en ſortira une liqueur que vous incorporerez avec une once de graiſſe de porc. Il faut s’en mettre le matin, & la laiſſer ſei- cher, & puis s’eſſuyer.
|| [ID00337]

Autre pommade contre les rides.
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PRenez huile de cire, eſprit de Therebentine, ſemence de baleine, de chacun une once: faites fondre une livre de ſuif de Cerf dans un pot neuf verniſſé avec quatre onces d’Eau-roſe; puis incorporez les drogues ſuſdites, & les paſſez par un linge dans une terrine où il y aura de l’Eau-roſe, ou quelque autre bonne eau; laiſſez refroidir, puis levez, & pilez la pommade comme il eſt dit. Elle s’applique ſoir & matin.

Pommade contre les lentilles & rouſſeurs.
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PRenez fiel de beuf, eſprit de Soufre, éponge bruſlée, ſuif de mouton, partie égale, de chacun une drachme: incorporez le tout enſem- ble, & en faites pommade. Il en faut mettre le ſoir en ſe couchant ſur les len- tilles & rouſſeurs, & ſe laver le matin avec de l’eau de Fraiſe.
|| [ID00338]

Autre pommade contre les lentilles & rouſſeurs.
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VOvs prendrez deux pommes de Capendu, Celeri, Fenoüil, de chacune une poignée; farine d’orge deux drachmes: faites boüillir le tout enſemble un quart d’heure dans quatre onces d’Eau-roſe; puis adjouſtez une once de fine farine d’orge, le blanc de quatre œufs frais, & une once de graiſſe de Cerf; paſſez le tout par l’étamine dans une terrine où il y aura un peu d’Eau roſe, lavez, dulcorez, & pilez comme aux autres pommades. Il faut mettre le plus ſouvent que l’on pour- ra de cette pommade pour oſter les lentilles & rouſſeurs, & continuer juſ- ques à ce qu’elles ſoient tout-à-fait effacées. Il faudra apres ſe garder du ſoleil, du grand air, & du hâle.
|| [ID00339]

Pommade contre les fentes ou crevaſ- ſes qui viennent aux lévres, & aux mains.
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VOvs prendrez graiſſe de Cerf, ou de Chevreau ſix onces, graiſſe de porc frais quatre onces: coupez leſ- dites graiſſes par petits morceaux, & les lavez cinq ou ſix fois de ſuite dans du vin blanc; puis exprimez ſi long- temps & ſi fort, que tout le vin ſoit écoulé: mettez-les fondre dans un vaiſſeau de terre neuf, & plombé, & y adjouſtez des racines d’Iris coupées par tranches demie once, une noix Muſcade, deux ou trois pommes de Reinettes pelées & coupées par tran- ches, une livre d’Eau-roſe, une once de Cire, une demie once d’eau de Gi- rofle: faites fondre le tout à petit feu, puis boüillir environ une demie heure: apres paſſez dans un linge, une terrine deſſous, dans laquelle il y aura quel??? que bonne eau: laiſſez refroidir, & le- vez la pommade comme il a eſté dit cy- deſſus, & la pilez dans vn mortier de [ID00340] marbre, & l’incorporez avec deux on- ces d’huile de cire. Il en faut mettre rous les ſoirs un peu ſur les lévres en ſe mettant au lict. Pour les mains, on ſe les en frottera ſoir & matin. Il faut s’abſtenir de mettre ſes mains dans l’eau, juſques à ce que l’on ſoit parfai- tement gueri.

Pommade contre le hâle du ſoleil, & contre le hâle du froid.
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PRenez racine de Coulevrée, oſtez-luy l’écorce, pilez-la, & la faites cuire avec de l’huile d’Amandes douces: quand elle ſera bien cuite in- corporezavec, ſur le feu, partie égale de Cire neufve blanche, vn peu de ſucre candy; & ſur chaque once de ladite compoſition il faut y meſler vingt grains de Camphre: coulez-la & l’enfermez dans un vaiſſeau de verre pour la garder. Quand on voudra ſe ſervir de cette pommade, il la faudra delayer dans la paume de la main avec un peu de ſalive, & l’appliquer ſur le viſage. Elle leve le hâle, & empeſche [ID00341] qu’il ne vienne ſi on s’en met par pre- caution.

Pommade contre les taches noires, blanches, rouſſes & verdaſtres qui viennent au viſage.
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PRenez ſuc de Limons, & blanc d’œufs, égale partie; battez-les bien fort enſemble, mettez-les dans une tertine ſur le feu, avec un peu de graiſſe de poulle, & remuez touſiours juſques à ce que le tout ſoit en conſi- ſtence de pommade. Il s’en faut mettre tous les ſoirs, & continuer juſques à ce que leſdites taches ſoient parties.

Chapitre VI.
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Des Rouges pour le viſage.
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Pour faire le Carmin.
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PRenez demy gros de Choüan en poudre, & le mettez dans une ter- rine verniſſée avec une livre d’eau de [ID00342] fontaine: faites le boüillir ſur le feu à gros boüillons, puis coulez par un lin- ge dans une terrine, & le remettez ſur le feu, & y adjouſtez deux gros de Cochenille en poudre, & faites boüillir à petits boüillons auta̅t comme deſſus; puis mettez un demy gros d’Autour en poudre, & le laiſſez boüillir un de- my quart d’heure, puis paſſez dans un linge comme deſſus, & mettez dans la coulature une pincée d’Alun en pou- dre pendant qu’elle eſt chaude; vous la laiſſerez repoſer dans une terrine quinze jours; ſi elle moiſit il n’im porte: oſtez l’eau par inclination, & laiſſez ſeicher au ſoleil la poudre qui reſtera au fond: prenez de la gomme Adra- gant à diſcretion, & la faites diſſoudre dans de l’Eau-roſe: prenez un peu de cette diſſolution, & delayez de la pou- dre ſuſdite avec, & la ſerrez dans une boëte. Pour s’en ſervir il faut prendre un pinceau, & le tremper dedans, & l’appliquer ſur les joües, & lévres, apres l’étendre avec le doigt.
|| [ID00343]

Autre rouge pour le viſage.
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VOvs prendrez bois de Breſil en poudre une once, & le mettrez infuſer vingt-quatre heures ſur des cendres chaudes dans de fort vinaigre diſtillé, de ſorte que le vinaigre ſurpaſ- ſe ladite poudre de deux doigts: apres quoy vous y adjouſterez deux livres d’eau, & ferez boüillir le tout juſqu’à dimnutio̅ des trois parties: ce qu’eſtant fait vous y adjouſterez demy quarteron d’Alun en poudre, & demie once de colle de poiſſon coupée par morceaux: quand elle ſera diſſoute, paſſez & met- tez dans des boëtes. Il s’applique com- me deſſus.

Autre rouge.
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PRenez Sandal rouge bien pilé une once, verſez deſſus une livre de vi- naigre diſtillé: faites boüillir juſques à diminution des trois parts, puis y ad- jouſtez une pincée d’Alun en poudre, & deux cuillerées d’Eau-roſe, dans la- quelle aura diſſout de la gomme Adra- gant; paſſez & mettez dans une boëte, [ID00344] & vous en ſervez comme il a eſté dit.

Autre rouge.
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PRenez Orcanette, & gomme Lac- que, de chacune un gros; verſez deſ- ſus ſuffiſante quantité de jus de Citron dans un petit pot de terre verniſſé: faites infuſer une nuict ſur des cendres chaudes, puis y adjouſtez une demie livre d’Eau roſe, faites boüillir juſques à diminution des trois parts, & paſſez, & vous en ſervez comme il eſt dit.

Chapitre VII.
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Mouchoirs pour le viſage.
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PRenez deux livres d’Alun, une livre de Borax, gommes Adragant & Arabique, de chacun une livre: fai- tes infuſer le tout dans une pinte de vin d’Eſpagne, ou d’excellent vin blanc dans un vaiſſeau de verre bien bouché au Bain-Marie, & l’y laiſſez trois jours entiers: prenez une livre de Ce [ID00345] ruſe, & la mettez dans un ſachet de linge, & la faites boüillir dans un pot neuf avec cinq livres d’eau de fontaine, juſques à diminution de moitié: Pre- nez cette eau, & une pinte de laict de Chevre, & les mettez avec l’infuſion cy-deſſus: prenez deux livres de Miel blanc, trois livres de Therebentine de Veniſe bien lavée, trois chopines de vinaigre blanc diſtillé, & les faites boüillir enſemble à reduction de moi- tié; puis les mettez avec les choſes ſuſ- dites. Prenez un gros Chapon plumé, & le coupez par morceaux, & caſſez les os, le blanc & les cocques de douze œufs frais, quatre Citrons coupez par tranches, demie once de cloud de Gi- rofle: metrez tout ce que deſſus enſem- ble, & diſtillez au Bain boüillant juſ- ques à ce qu’il ne monte plus rien. Pour ſe ſervir de cette eau il faut prendre des mouchoirs de toile qui ne ſoit ny groſſe, ny déliée; vous les ferez trem- per une nuict dans cette eau, & les laiſſerez ſecher doucement à l’ombre, puis vous les reïtererez juſques à trois fois. Lors que l’on voudra ſe ſervir de [ID00346] ces mouchoirs, il faut ſe decraſſer le ſoir avec quelque bonne eau, & le ma- tin ſe frotter avec un de ces mouchoirs, qu’il faudra enveloper de papier blanc, & le mettre en la poche pour s’en ſer- vir lors que l’on ira en compagnie. Pour les autres mouchoirs on les enve- lopera avec du papier, & on les met- tra dans une boëte bien bouchée. S’il reſte de l’eau elle ſe garde long temps: il la faut mettre au ſoleil dans une phio- le de verre bien bouchée, pour s’en ſervir quand on reblanchira les mou- choirs. Vn mouchoir peut ſervir trois mois: quand on voudra le racommo- der il fa???dra le mettre à la leſſive, & faire comme deſſus. Ces mouchoirs blanchiſſent, nourriſſent, & tendent la peau. L’on peut s’en frotter tant & ſi peu que l’on voudra. Celles qui s’en ſerviront doivent éviter le ſoleil, & le grand air.
|| [ID00347]

Chapitre VIII.
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Fiel de bœuf.
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Comme on le prepare à Montpellier.
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PRenez quatre ou cinq fiels de bœufs, & les vuidez dans une gran- de terrine; mettez avec alun & ſel de verre reduits en poudre, de chacun une once: foüettez le tout avec une poi- gnée de verge l’eſpace de deux ou trois heures, que le tout ſera comme de la mouſſe; puis vous le filtrerez par un morceau de drap, & le laiſſerez paſſer à loiſir: vous prendrez ce qui ſera paſſé, & le mettrez dans une phiole de verre double, avec deux onces de Borax, deux gros de Camphre, & un gros de Sublimé; expoſez la phiole au ſoleil quinze jours, & l’agitez trois ou quatre fois par jour; puis vous mettrez ladite phiole dans une foſſe en la cave, de fa- çon qu’elle ſoit toute couverte de tetre, & l’y laiſſerez quarante jours; puis [ID00348] vous l’oſterez, & filtrerez. Quelques- unes ſe ſervent de ce fiel preparé com- me je viens de dire, les autres le font diſtiller au Bain: pour moy je le trouve meilleur ſans diſtiller que diſtillé. Il corrode la peau; il eſt bon pour les teins groſſiers; il leve le hâle, & garan- tit du hâle: on le met le ſoir en ſe cou- chant: il faut le lever le matin avec quelque bonne eau, co̅me eau de Fraiſe, ou eau de la Reine de Hongrie. Pour la mouſſe qui eſt reſtée ſur le filtre n’eſt propre à rien. I’ay donné advis de ne point mettre de Sublimé dans les com- poſitions, & il en entre dans celle-cy: j’ay eſté obligée de l’eſcrire pour faire un fidelle rapport de la compoſition & preparation du fiel de bœuf de Montpellier.

Chapitre IX.
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Preparation de Verjus.
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VOvs prendrez de petits grains de Verjus blanc, quand il n’eſt pas plus [ID00349] gros que de petits pois; fleurs de Lys blancs, & fleurs de Sureau, de chacune une livre; deux fiels de bœuf, une once de Camphre, demie once de Borax: diſtillez le tout au Bain boüillant juſ- ques à ce qu’il ne monte plus rien: puis expoſez ce qui ſera diſtillé dans une bouteille quarante jours au ſoleil, & ſerain. Il faut l’appliquer le ſoir: il de- terge & corrode: il eſt bon contre les tannes, & rouſſeurs. L’on peut faire encore de cette façon quand les grains ſont preſque meurs, qui corrode enco- re plus que le precedent.

Chapitre X.
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Des doubleures de Maſque, & des Cornettes de jour, & de nuict.
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Doubleures de Maſque.
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PRenez de la toile de chanvre jau- ne, & la lavez cinq ou ſix fois dans [ID00350] de l’Eau-roſe, la laiſſant ſecher douce- ment à chaque fois: puis vous latrem- perez dans des jaunes d’œufs, que vous delayrez premierement avec un peu d’Eau-roſe, dans la quelle vous aurez fait diſſoudre de la gomme Adragant ce queladite eau aura pû diſſoudre; faites ſecher la toile ſur un carré de bois bien tenduë, puis en taillez vos doubleures de Maſque.

Autre doubleure.
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LAvez la toile comme deſſus, puis l’imbibez avec des jaunes d’œufs, & de l’huile des quatre ſemences froi- des tirée ſans feu, de ſorte que les œufs & l’huile penetrent ladite toile, & fai- tes ſecher comme deſſus. L’on peut auſſi faire des doubleures de Maſques avec de la cire blanche, & de l’huile d’Amandes douces, apres avoir eſté abreuvée de jaunes d’œufs.
|| [ID00351]

Cornettes iaunes de iour.
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PRenez un jaune d’œuf, & quatre cuillerées d’eſprit de vin; battez-les bien enſemble avec une cuilliere, & trempez voſtre Cornette dedans, que vous aurez premierement purgée trois ou quatre fois avec de l’Eau-roſe; & puis laiſſez-les ſecher à l’ombre.

Autre façon de iaunir les Cornettes.
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PRenez la ſeconde écorce du bois de Berberis, ou Eſpine-vinette; mettez-la tremper dans de l’eau de ri- viere vingt-quatre heures: quand vous verrez l’eau jaune trempez vos Cor- nettes dedans, & les mettez ſecher ſans les preſſer.

Autre.
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VOvs prendrez dix grains de Sa- fran, & verſerez une once d’eſprit de vin deſſus; & lors que l’eſprit de vin ſera bien coloré, vous le verſerez par inclination, & en remettrez d’autre, & continurez juſques à ce que voſtre Safran ne rende plus de teinture: mélez [ID00352] avec l’eſprit teint ſuffiſante quantité de vin blanc, de ſorte que la liqueur ſoit d’une couleur jaune un peu enfoncée; puis trempez vos Cornettes dedans, que vous laiſſerez ſeicher comme deſſus.

Pour faire Cornettes de nuict.
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PRenez de la toile jaune de Chan- vre, qui ne ſoit ny trop fine, ny trop groſſe, & en faites Cornettes, que vous laverez deux ou trois fois dans de l’Eau-roſe, puis vous les laiſſerez ſe- cher; puis vous les frotterez avec des jaunes d’œufs frais, de ſorte que les jaunes d’œufs les penetrent de part en part: apres faites fondre de la cire, & meſlez avec de l’huile d’Amandes dou- ces, on des quatre ſemences froides; puis trempez les Cornettes dedans, & les étendez ſur un morceau de papier, & paſſez un rouleau deſſus, & les ſer- rez entre deux papiers, & les mettez en lieu temperé, de peur qu’elles ne ſe gaſtent. Il eſt à obſerver de faire fondre la cire tres-doucement; & lors que l’on trempera les Cornettes dedans, [ID00353] que la compoſition ne ſoit que tiede, de peur de cuire les œufs deſquels l’on a frotté les Cornettes au precedent.

Autre maniere d’accommoder les Cor- nettes de nuict.
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VOvs prendrez pommade de pieds de mouton une once, graiſſe de Chevreau, & de porc frais, de chacune une demie once; Cire grenée une on- ce: faites fondre le tout enſemble à petit feu dans une terrine verniſſée, puis y adjouſtez une once d’huile de Courge: Vous tremperez vos Cornet- tes dedans, que vous aurez au prece- dent purifiées avec de l’Eau-roſe, & frottées dans des jaunes d’œufs; vous les étendrez ſur du papier, & ferez comme deſſus.
|| [ID00354]

Chapitre XI.
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Des paſtes, eaux, & pommades pour les mains.
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Paſte pour les mains.
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PRenez des quatre ſemences froi- des mondées, de chacune quatre onces, Pignon deux onces, Amandes douces pelées demie livre; pilez pre- mierement les quatre ſemences froides: quand elles ſeront en paſte, mettez le Pignon, que vous incorporerez avec; puis vous mettrez peu-à-peu les Aman- des. Il faut pour le moins quatre heu- res pour bien piler le tout: vous met- trez deux jaunes d’œufs frais; incorpo- rez bien le tout enſemble, puis la paſte ſera faite, que vous mettrez dans un pot, & un peu de ſucre par deſſus: elle ſe garde long-temps. Il en faut frotter les mains tous les matins, puis les eſſuyer avec un linge blanc.
|| [ID00355]

Autre paſte pour les mains.
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PRenez Amandes douces pelées une livre, poudre d’Iris une once, Pignon quatre onces, ſemence de Ba- leine vne once: pilez bien le tout en- ſernble juſques à ce qu’il ſoit en conſi- ſtence de paſte: incorporez avec deux onces d’huile des quatre ſemences froi- des, & les jaunes de deux œufs frais; faites boüillir dans un poilon avec un demy ſeptier d’Eau-roſe, en remuant touſiours avec vne Eſpatule, juſques à ce que la paſte n’adhere plus au poilon. Il en faut frotter les mains ſoir & matin.

Autre paſte pour les mains.
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VOvs prendrez Amandes ameres pelées une livre, que vous pilerez, puis y adjouſterez une once de Ceruſe, une demie once d’amidon, les jaunes de quatre œufs frais: faites boüillir le tout dans un poilon avec ſix onces d’eſ- prit de vin, & faites comme deſſus. Pour s’en ſervir il en faut prendre gros comme une noix, & en frotter les [ID00356] mains, & emplir ſa bouche d’eau, ou de vin, que l’on verſera ſur les mains; puis il les faut eſſuyer avec un linge blanc.

Autre paſte.
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PRenez Amandes pelées une liure, & les pilez, puis y adjouſtez blanc d’Eſpagne, & poudre d’Iris, de cha- cun une once; laict de Chevre quatre onces, mie de pain de Chapitre une once, huile d’Amandes douces deux onces, les jaunes de deux œufs frais: incorporez le tout enſemble, & faites cuire comme il a eſté dit, & vous en frottez les mains ſoir & matin.

Pommade qui blanchit les mains.
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PRenez des pommes de Capendu à diſcretion, deſquelles vous oſte- rez les pelures, & pepinieres, & les coupez par tranches, puis les pilez dans un mortier de marbre juſques à ce qu’elles ſoient comme de la paſte: in- corporez avec la mie d’un petit pain de Chapitre reduit en poudre bien déliée; imbibez le tout avec Eau-roſe, & vin [ID00357] blanc, partie égale; puis pilez une de- mie livre d’Amandes ameres, que vous meſlerez avec, & y ad ouſterez quatre onces de Savon de Gennes rappé: in- corporez bien le tout, & mettez dans un poilon ſur le feu, en remuant toû- jours avec une Eſpatule, juſques à ce que l’Eau-roſe, & le vin ſoient evapo- rez, & que la pommade n’adhere point au poilon. Il en faut frotter les mains ſoir & matin: elle ſe garde long- temps, & meſme l’on en peut faire ſa- vonnettes.

Pommade pour le viſage, & pour les mains.
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PRenez beure frais du mois de May, Therebentine de Veniſe bien lavée, de chacune une livre; le ſuc de ſix Ci- trons: mettez le tout ſur le feu dans un pot neuf verniſſé, avec quatre onces d’Eau-roſe; faites boüillir à petit feu juſques à ce que la Therebentine ſoit cuite, & que l’Eau-roſe ſoit evaporée: ce que vous connoiſtrez en mettant une goutte refroidir: ſi elle ne s’attache [ID00358] point aux doigts elle eſt cuite. Il ne faut oublier de remuer avec l’Eſpatule juſ- ques à ce qu’elle ſoit froide. Pour luy donner de l’odeur on pourra y adjoû- ter de l’eau de fleurs d’Orange, & de Girofle. Il s’en faut frotter le viſage, & les mains ſoir & matin.

Autre pommade pour les mains.
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PRenez Borax, ſel commun prepa- ré, Alun de roche, de chacun une drachme; vous les pulveriſerez & ren- drez impalpables: prenez les blancs de ſix œufs frais, & trempez un morceau d’éponge dedans, puis la preſſez, & l’y faites rendre ce qu’elle aura pris. Fai- tes cela tant de fois que les blancs d’œufs ne rendent plus aucune écume: mettez les poudres cy-deſſus avec dans une petite terrine, & y adjouſtez le ſuc de deux Citrons, puis mettez la ter- rine ſur des cendres chaudes, & remuez touſiours avec une Eſpatule, juſques à ce que tout ſoit en conſiſtence de pom- made. Elle eſt bonne pour les mains, & pour le viſage: elle oſte les tannes, & adoucit le cuir.
|| [ID00359]

Autre pommade pour les mains.
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IL faut prendre les blancs de ſix œufs, & les purifier comme deſſus, puis in- corporer avec Amidon, & Ceruſe en poudre, de chacun une once; huile des quatre ſemences froides deux onces: mettez le tout dans une petite terrine ſur le feu, & remuez avec une Eſpatule juſques à ce qu’il ſoit en conſiſtence de pommade. Il faut en frotter les mains tous les matins. Elle eſt auſſi excellente contre le hâle quand on va au ſoleil. Il en faut mettre ſur le viſage ſans l’eſ- ſuyer, puis on l’oſtera le ſoir avec de l’eau de Fraiſes.

Pommade contre les fentes, & crevaſ- ſes qui viennent aux mains.
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PRenez du froment, & le mettez ſur une aſſiete: faites rougir au feu une pelle de fer, puis la mettez ſur le froment, ſans qu’elle le touche: il en ſortira de l’huile; prenez deux onces de cette huile, ſix onces de graiſſe de pou [ID00360] le, une once d’huile de noix; mettez le tout dans une petite terrine ſur le feu; incorporez le tout enſemble, puis paſ- ſez par l’étamine dans un vaiſſeau où il y aura un peu d’Eau-roſe; laiſſez refroi- dir, puis levez la pommade, & la pi- lez, & y adjouſtez deux ou trois gout- tes d’eſſence de Cloud. Il faut mettre de cette pommade ſoir & matin; apres mettre des gans frottez de ladite pom- made.

Savon pour blanchir les mains.
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PRenez deux livres de Savon de Gennes, rapez-le bien délié, & le mettez ſecher au ſoleil juſques à ce qu’il ſe puiſſe reduire en poudre tres- fine: prenez écorces d’Oranges, & de Citrons reduits en poudre, de chacune une once; Iris de Florence en poudre demie once: incorporez le tout avec eſprit de vin, & huile de Tartre, par- tie égale, autant qu’il en faudra pour faire paſte. Pour donner de l’odeur vous mettrez deux ou trois gouttes d’huile de fleurs d’Orange, de Iaſmin, & de Girofle, avec un peu de Muſc, [ID00361] ou d’Ambre gris, puis en formez des ſavonnettes. Pour s’en ſervir il faut ar- rouſer les mains d’un peu d’eau tiede, puis les frotter d’une ſavonnette, & les eſſuyer d’un linge blanc: ſi elles ne ſont pas nettes de la premiere fois, il fau- dra recommencer, & continuer tous les matins.

Eau pour blanchir les mains.
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PRenez une livre de la graine de Iuſquiame, & la concaſſez; mettez- la dans une Cucurbite; verſez deſſus le ſuc de douze Citrons, & une livre d’eſprit de vin; puis diſtillez au Bain boüillant. Il faut laver les mains de cet- te eau tous les matins, puis mettre des gans cirez.
|| [ID00362]

Chapitre XII.
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Des Ptiſanes.
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Ptiſane pour engraiſſer.
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PRenez raclure d’yvoire, & de corne de Cerf, de chacune une once; Ambre jaune demie once, quatre on- ces de raiſins de Damas, deſquels vous oſterez les pepins; une poignée de grains de froment: faites boüillir le tout dans quatre pintes d’eau, à dimi- nution d’une pinte; apres filtrez. Il faut boire de cette ptiſane trois ou quatre verres tous les jours, & continuer qua- rante jours. Avant que de s’en ſervir il eſt neceſſaire d’eſtre purgé.

Autre ptiſane qui engraiſſe, & fait dormir.
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PRenez gruau d’avoine, & farine d’orge, de chacune une livre; ſix pommes de Reinettes coupées par tran- ches; mettez le tout dans un vaiſſeau [ID00363] neuf de terre verniſſé, avec dix pintes d’eau; faites boüillir juſques à diminu- tion de moitié: apres paſſez par un lin- ge, & mettez du ſucre à diſcretion. Il en faut boire le matin, & trois heures apres diſner, & le ſoir en ſe couchant, un grand verre à chaque fois. Cette ptiſane, outre qu’elle fait dormir, & engraiſſe, elle humecte & rafraichit. Elle eſt bonne pour les vieilles perſon- nes, & pour les jeunes.

Autre ptiſane pour le meſme.
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IL faut prendre froment, avoine & orge, de chacun une poignée; raci- nes de Nenuphar, & de Cichorée bien nettes, de chacune deux onces; miel de Narbonne demie livre: faites boüillir le tout dans ſix pintes d’eau à reduction de moitié; écumez & paſſez par un lin- ge, & en prenez comme il eſt dit cy- deſſus.
|| [ID00364]

Chapitre XIII.
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Maniere de purifier & cirer des gans.
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PRenez des gans de cuir minces & pateux; lavez-les dans de l’eau de fontaine quinze ou vingt fois de ſuite, juſques à ce qu’ils rendent l’eau bien claire: à la derniere fois vous les lave- rez dans de l’Eau-roſe, & les laiſſerez ſecher doucement à l’ombre: puis pre- nez des jaunes d’œufs frais, & trempez les gans dedans, & les frottez de telle ſorte que les jaunes d’œufs penetrent les gans de part en part, apres trem- pez-les dans de l’huile de fleurs d’O- range, ou de Iaſmin, au defaut de l’hui- le d’Amandes douces, ou de l’huile des quatre ſemences froides: étendez les gans ſur un papier, & les laiſſez ſecher doucement entre deux papiers, & les mettez une ou deux fois à l’air, de peur qu’ils ne ſe gaſtent, & les ſer- rez dans un lieu ſec.
|| [ID00365]

Autre maniere pour les gans.
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PVrifiez vos gans comme il a eſté dit cy-deſſus, & les frottez dans des jaunes d’œufs frais: apres prenez de la pommade de Chevreau deux onces, cire jaune, ou blanche, une once, hui- le d’Amandes douces une once: faites fondre le tout enſemble, & trempez les gans dedans, & les frottez, & in- corporez ſi bien leſdites drogues qu’el- les penetrent les gans: apres les éten- dez ſur du papier blanc, & les tirez de la façon que vous voulez qu’ils demeu- rent: paſſez un rouleau de bois par deſſus pour les unir, & les ſerrez en lieu ſec. Si vous les voulez parfumer vous adjouſterez à la compoſition quel- que huile odoriferante, comme de fleurs d’Orange, ou de Iaſmin.

Autre pour les gans.
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APres avoir lavé les gans, & pu- rifié comme deſſus, il ſuffit de les laver dans de l’huile d’Amandes dou- ces, ou de Courge, ou bien des quatre ſemences froides; cela dépend de la [ID00366] volonté. Il eſt neceſſaire que le jaune d’œuf ſoit employé aux gans avant que de ſe ſervir deſdites huiles, dautant que c’eſt la baſe, & que luy ſeul ſuffit: je donne advis de ne ſe point ſervir d’hui- le ſeule pour laver les gans, dautant qu’elle a beſoin de quelque choſe qui l’arreſte; c’eſt pourquoy il y faut meſler de la cire. Les gans qui ne ſeront ſeule- ment lavez que d’huile, il faut mettre d’autres gans par deſſus pour empeſ- cher qu’ils ne gaſtent les habits.

Chapitre XIV.
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Pour les dents.
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Eau pour blanchir les dents, & pour fortifier les gencives.
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PRenez Sel gemmes, Alun de ro- che, Soufre en canon, de chacun deux onces; Borax une once, perles & Corail concaſſez, de chacun une de- mie once; vinaigre blanc diſtillé quatre onces: mettez le tout dans une Cornuë, [ID00367] & faites digerer une nuit ſur cendres chaudes, puis diſtillez au feu de ſable pouſſez le feu ſur la fin. Il faut laver les dents de cette eau avec un petit linge: elle blanchit & fortifie les gencives, & guerit les ulceres qui viennent à la bouche.

Eau pour les dents gaſtées.
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PRenez du ſuc de Courge ſauvage deux livres, écorce de Meurier de- mie livre, Piretre & Iuſquiame, de cha- cune ſix onces; Alun de roche, Sel gemme, Borax, de chacun une once: mettez dans la Cornuë, & diſtillez au feu de ſable juſques à ce qu’il ne monte plus rien. Il faut prendre une part de cette eau, & autant de vin, & les faire chauffer, & s’en laver la bouche. Elle oſte toutes ſortes de pourritures, & mange les chairs mortes.

Baſtons pour blanchir les dents.
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PRenez gomme Adragant une once, pierre de Ponce deux gros, gomme Arabic demie once, & Criſtal en pou- dre tres ſubtile une once: faites diſſou [ID00368] dre les gommes dans de l’Eau-roſe, & incorporez les poudres avec, & en for- mez baſtons, que vous laiſſerez ſecher doucement à l’ombre: quand il ſeront ſecs vous vous en frotterez les d’ents.

Opiat pour blanchir & conſerver les dents.
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PRenez Sang de dragon, Alun de roche calciné, Encens maſle, Sel preparé & Sel de roſes, de chacun deux gros, bourre d’écarlate dix grains: in- corporez le tout dans de l’huile roſat, & en frottez les dents.

Autre Opiat.
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VOvs prendrez fueilles d’Hyſope, d’Origan, & de Mente ſeches, de chacune demie once; Alun de ro- che, corne de Cerf, ſel commun, de chacun une drachme: mettez toutes ces choſes bruſler dans un pot ſur les char- bons ardans: quand elles ſeront brû- lées vous y adjouſterez Poivre & Ma- ſtic, de chacun demie drachme, Myr- rhe un ſcrupule: redu ſez toutes ces choſes en poudre ſubtiles, & les incor [ID00369] porez avec Storax liquefié en Eau-roſe en conſiſtence d’Opiat. Il faut en frot- ter les dents le matin, & apres laver la bouche avec du vin tiede.

Poudres pour les dents.
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L’On peut faire poudre de toutes les choſes qui ſuivent, leſquelles blan- chiſſent & fortifient les dents; ſçavoir Sandal rouge, ſang de Dragon, noix de Galle, Carabé blanc & jaune, Ma- ſtic, Perles, farine d’orge, Canelle, raclure d’yvoire, & de corne de Cerf, Corail, bois d’Aloës, les fueilles de Tamaric, racines d’Ozeille, & Tartre de vin blanc: toutes ces choſes redui- tes en poudre, chacun en particulier, blanchiſſent les dents: comme auſſi la croûte de pain bruſlée, la pierre de Ponce, & Alun calciné, la poudre faite de pots de grais, de tuilles, & de bri- ques. Il faut ſe laver la bouche apres s’eſtre ſervy de ces poudres, d’eau de Sauge, ou de Mente, laquelle eſt ex- cellente pour cet effect.
|| [ID00370]

Eſprits ou Eſſences propres pour les dents.
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L’Esprit de Soufre, de Vitriol, de Sel-marin, de Salpetre & d’A- lun, blanchiſſent les dents & les cor- rodent, & levent les chancres, & les rendent claires & blanches. Il faut les frotter legerement avec un petit baſton, ou racines, comme il ſera dit cy-apres, dautant qu’ils corroderoient & bruſle- roient la chair: il faut ſe laver la bouche apres avec du vin tiede.

Pour preparer les racines & bois pour frotter les dents.
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PRenez petits baſtons de Lierre, & racines de Guimauves, & les faites boüillir dans du vinaigre avec un peu de Sel & d’Alun: & lors que les racines commenceront à s’atendrir, & que le bois ſe pellera, oſtez-les de deſſus le feu, & les faites ſecher doucement; puis vous en ſervez à frotter les dents apres les repas.
|| [ID00371]

Chapitre XV.
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Des teintures pour les cheveux.
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Teinture pour faire le poil blond.
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PRenez limaille de Cuivre, Sel gemme, de chacun demie livre; racines de Coulevrée une livre: coupez les racines, & les pilez, & les mettez dans une Cornuë, & le ſel & limaille: faites les infuſer une nuict, puis diſtil- lez au feu de rouë juſques à ce qu’il ne ſorte plus de fumée. Pour ſe ſervir de cette eau il faut faire diſſoudre de la gomme Adragant dans de l’Eau-roſe ce qu’elle en pourra diſſoudre: prenez une part de cette eau, & une part de l’eau diſtillée, & les faites un peu chauf- fer, & moüillez les cheveux avec des broſſes, ou un petit pinceau, & laiſſez ſecher avant que de ſe peigner.

Autre maniere de teindre les cheveux en blond.
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PRenez Eſtain de glace, Alun de roche, Vitriol Romain, Soufre jau [ID00372] ne, de chacun une livre; Aloës epatique quatre onces, Safran une once, Cu- curma deux onces: reduiſez le tout en poudre, & le mettez dans une Cornuë, & diſtillez au feu de rouë. Prenez une livre de ladite eau, deux livres de vin blanc, miel blanc une livre; mettez le tout dans une phiole de verre, & l’ex- poſez au ſoleil par quarante jours, & l’agitez deux ou trois fois par jour. Pour ſe ſervir de cette eau il faut l’appliquer nn peu chaude avec un pinceau.

Teinture pour faire le poil noir.
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PRenez noix de Galle une livre, coupez les par morceaux, & les fai- tes boüillir dans de l’huile d’olives juſ- ques à ce qu’elles ſoient tendres: faites- les ſecher, & les pilez tres-bien, & en faites poudre: meſlez avec partie égale de poudre de charbon de Sault une poi- gnée, de ſel commun preparé & pilé une poignée; un peu d’écorces de Citrons & d’Oranges ſeichées & en poudre: Il faut faire boüillir le tout dans douze livres d’eau, juſques à ce que les dro- gues demeurent en conſiſtence d’on [ID00373] guent; duquel onguent on frottera les cheveux, puis on les mettra ſous le bonnet pour les faire ſecher: quand ils ſeront ſecs il faut ſe peigner. Cette tein- ture eſt excellente, & fortifie le cer- veau; les cheveux ne rougiſſent ja- mais: il faut en mettre une fois le mois.

Paſte pour teindre le poil en noir.
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PRenez de la Chaux vive deux on- ces, éteignez-là dans de l’eau ce ce qu’il en faudra pour la reduire en poudre: incorporez avec ladite pou- dre de Chaux une once de Litarge d’ar- gent bien lavée deux ou trois fois dans de l’Eau-roſe, & ſechée: incorporez le tout, & en faites paſte. Il faut s’en frot- ter les cheveux le ſoir, & ſe peigner le matin.

Leßive pour faire croiſtre & revenir les cheveux.
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VOvs prendrez racines de vigne blanche, racines de chanvre, & trognons de choux tendres, de chacun deux poignées: faites-les ſecher, puis [ID00374] bruſler, & des cendres faites-en leſſive. Avant que de ſe laver la teſte de cette leſſive, il faut la frotter avec du miel, & continuer l’un & l’autre trois jours de ſuite.

Pommade pour faire venir les cheveux.
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PRenez graiſſe de poule, huile de chennevié, & miel, de chacune quatre onces: faites fondre le tout dans une terrine, & les incorporez enſemble juſques à ce qu’ils ſoient en conſiſten- ce de pommade. Il ſe faut frotter la teſte huit jours de ſuite de cette pom- made.

Eau pour faire tomber le poil.
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VOvs prendrez; du polipode de Cheſne, que vous fendrez & cou- perez par morceaux, & le mettrez dans une Cucurbite: verſez deſſus du vin blanc qu’il ſurpaſſe d’un doigt; faites digerer vingt-quatre heures au Bain, puis diſtillez à l’eau boüillante juſques à ce qu’il ne monte plus rien. Il faut tremper un linge dans cette eau, & [ID00375] l’appliquer ſur le lieu d’où l’on voudra faire tomber le poil, & l’y laiſſer toute la nuit. Il faudra continuer juſques à ce qu’il ſoit tombé. L’eau de fueilles & racines de Celidoine diſtillée, & ap- pliquée comme deſſus, fait le meſme effect.

Eau de Chaux pour le meſme effect.
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L’Eav de Chaux vive diſtillée ope- re plus promptement que les pre- cedentes; une ſeule fois ſuffit, mais auſſi elle eſt plus violente. Prenez de la Chaux vive comme elle ſort du four- neau, reduiſez-la en poudre, & la met- tez dans une Cornüe, que vous rem- plirez des trois parts, puis diſtille- rez au feu de rouë. On tire peu d’eau de cette operation. Il la faut appliquer avec une plume ſur le lieu d’où l’on veut faire tomber le poil, & ſe donner de garde d’en mettre ailleurs. Apres l’avoir miſe il faut frotter le lieu avec de la pommade, ou avec de l’huile des quatre ſemences froides; une ſeule fois ſuffit.
|| [ID00376]

Pommade pour oſter la farine qu??? vient à la racine des cheveux.
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PRenez graiſſe de porc demie li- vre, faites-la fondre dans une petite terrine: incorporez avec fleurs de Sou- fre, & Alun calciné, de chacun une once: faites jetter un boüillon, puis paſſez & exprimez. Il faut ſe frotter la teſte de cette pommade deux ou trois fois, & laiſſer deux ou trois jours entre- deux.

Eau pour faire friſer les cheveux.
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PRenez de la gomme Elemy une once, & la mettez tremper dans une livre d’Eau-roſe, laquelle vous fere??? boüillir un demy quart d’heure: quand elle ſera froide il en faut humecter les cheveux, puis les mettre dans des pa- pillottes, ou ſous le bonnet. FIN.
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