Gomberville verteidigt sich gegen den Einwand, er habe in seinen Widmungsvorreden
zum sog. 6. Teil der
Astrée durch die Trennung der Damen von den Herren (s.
260000)
einen Fauxpas begangen, da der Gott der Liebe beide Geschlechter vereinige. Wie habe
er anders vermeiden können, die Damen Gesprächen über Kriegswesen und Staatsgeschäfte
auszusetzen? Als Schriftsteller sei es ihm nicht gestattet, wie ein seine Herrin
über alles Liebender zu schreiben und die Anforderungen der Beredsamkeit und des
gemeinen Menschenverstands zu verletzen. Er werde sich einstmals damit trösten, daß
er so wenigstens den Hirten keine Gewalt angetan habe, die sich zur Verteidigung ihrer
Herden und in anderen Geschäften auch hundertmal am Tage von den Hirtinnen des
neuen Lignon trennen müssen. Und lobt nicht der Ausgang der Tat die Verstellung
Celadons ähnlich wie in der Widmung die Trennung der Schäferinnen von den Schäfern?
So könnten die Damen nämlich erkennen, wie sehr sie in ihrer Vortrefflichkeit von den
vollkommenen Liebenden ersehnt werden. Dieselben aber könnten der Liebe dafür danken,
daß die sie wegen ihres Muts, ihrer Tugend und ihres Ansehens zum Liebesdienst
erwählt habe.
Gomberville bittet daher die Damen der Akademie, die selbst ihrer Zeit
ein Muster des schäferlichen Lebens böten, der vollkommenen Hirtin Astrée die Gelegenheit
zu geben, sie von ihren weiteren Abenteuern zu unterrichten. Astrée klage in
der Fortsetzung des Romans nicht wie gewohnt über den Verlust ihres Hirten, da sie
nun ihre Ehre und Tugend vielleicht allzu gewissenhaft auch gegen Celadon hervorkehre.
Möchten die Hirtinnen Astrée doch gut zureden, daß sie ihren Eifer zügle und
Celadon nicht ohne Anhörung richte! Sie sollen ihr
Gombervilles Versprechen mitteilen,
daß er ihr den Verbrecher von allen Zauberkünsten entblößt vor Augen führen werde.
Er bittet die Damen der PA um ihre Zustimmung, damit er ihnen (mit einer solchen
Fortsetzung) dienen könne.
Text
AUX PRINCESSES ET
a Aux Dames de l'Academie des parfaits Amants.
1
DIÉV
b vueille que je sois trompé, belles & illustres Bergeres, & que vous soyez
un peu moins delicates que je ne vous estime. La faute que j'ay faite ne me sera
pas si difficilement pardonnee. Ce n'est pas qu'à considerer les choses à la
|| [
470]
rigueur, & peser les interests de vos incomparables Bergers avec Iustice: je ne
me sois rendu indigne de toutes les excuses qui peuvent me justifier. Ie devois
sçavoir qu'il est defendu à tout homme de separer [{(.".) 7}v] ceux que la
toute-puissance d'un Dieu, & d'un Dieu redoutable co
mme l'Amour avoit resolu
de tenir eternellement unis. Il falloit que je me proposasse ses loix si glorieusement
establies, & si generalement receuës, comme des necessitez qui ne so
nt
pas moins immuables, que l'ordre de la nature & la constance de vos serviteurs.
Mais à quoy me pouvois-je resoudre, puis que entre ces deux precipices il
m'estoit impossible de marcher si droit, que je ne tombasse en l'un ou en l'autre.
La bien-seance du discours vouloit imperieuseme
nt que i'evitasse toutes les
occasio
ns où vous pouviez estre meslees parmy les armes & les affaires: & la
bien-seance d'Amour me defendoit sur peine d'estre declaré parricide, de vous
arracher à la moitié de vous mesme. Qu'eust fait en un destroit où perso
nne ne
s'estoit encore hazardé, la justesse du plus adroit ho
mme qui vive? Et quel art
plus fort que les te
mpestes [{(.".) 8}r] & les vents pouvoit me conduire entre
ces deux rochers, sans que je fisse naufrage? I'avouë que s'il m'eust esté permis
de quitter la qualité d'un ho
mme qui escrit avec soin, pour m'attacher à celle
d' un amant qui ne croit rien si beau sur terre, ny plus puissant au Ciel que sa
maistresse: I'aurois mesprisé toute l'eloquence, & violé tout le sens commun,
plustost que de faire reprocher à mon Amour le commencement d'une si importante
revolte. Ie ne laisse pas, belles Bergeres du nouveau Lignon,
2 d'avoir
un extreme regret de n'estre pas demeuré aux termes de vous plaire en toutes
choses: mais ce qui me consolera quelque jour, est que je n'ay fait aucune
violence à vos Bergers, que ce
nt fois le jour la defe
nce de leurs troupeaux, la
priere de leurs amis, ou quelque autre nouveautè ne leur fasse faire à eux-mesmes.
Ie les ay separez de vous, il est vray: mais je ne les en ay point esloignez:
& pour peu que vous [{(.'.) 8}v] me soyez favorables, vous jugerez que comme
la faute que fit Celadon quand il osa se desguiser pour veoir Astree toute nuë
dans le temple de Venus, a esté loüee par l'evenement:
3 Ainsi la hardiesse que
j'ay prise de relascher des liens ausquels il n'est pas mesme permis de toucher,
aura par le succez, sa gloire & sa recompence. En vous donnant à chacun une
place separee, j'ay mis vos charmes, vos graces, & le reste de vos inestimables
perfections d'un costé: & de l'autre le courage, la vertu & la reputatio
n de vos
Bergers. Ainsi vous verrez combien vous doivent estre enviez par les autres
merveilles du siecle, ces rares & parfaits Amants: Et à leur tour ils cognoistront
à quel excez de bonne fortune leur merite les a eslevez, & quelles actio
ns de
graces ils doivent à l'Amour, apres qu'il les a luy-mesme choisis pour servir les
plus belles choses du monde. Cela estant, ne vous arrestez point, s'il [() (.'.)r]
vous plaist, à une faute qui diminuë à mesure qu'elle est bien consideree, &
sans m'obliger pour ma justification à parler d'un secret que vous n'avez pas
voulu tenir moins caché que vos noms,
4 ayez agreable que la plus parfaite
Bergere de son siecle appre
nne aux plus accomplies de celuy-cy ses dernieres
adve
ntures. Vous l'avrez desia veuë avec plaisir, & pour luy tesmoigner l'estime
que vous en faisiez, avez aussi bien que les Nymphes de son païs, daigné
prendre ses habits & sa houlette. Elle
5 est un peu differente de ce qu'elle estoit
|| [
471]
la derniere fois qu'elle eut l'honneur de vous entretenir. Depuis qu'elle est
cognuë de vous, elle n'a presque faict que souspirer la perte d'un Berger que
beaucoup de raisons luy rendoient cher; mais aujourd'huy, par un changement
sans exemple, elle commence à se plaindre de ce que ce Berger n'est point perdu.
Ie sçay qu'elle peut s'excuser sur cette ri-[(.\) (.\)v]goureuse loy de l'honneur,
& sur cette extraordinaire inclination qu'elle a pour une Vertu plus scrupuleuse
que la Chasteté ne l'est elle-mesme. Toutes-fois cognoissant Celadon respectueux
& obeïssant, comme il a tousiours esté, elle ne devroit pas s'arrester à une
dispence, qui de soy estant tres-petite, est encore diminuee par la necessité de
la prendre, où la reduit le commandement mesme de son Dieu. Ie vous supplie
tres-humblement d'employer une partie de vos belles paroles pour la retirer de
l'erreur où l'a mise la superstition. Remonstrez-luy qu'elle se doit rendre capable
d'estre satis-faite: Qu'elle ne peut, qu'avec injustice, condemner un innoce
nt
sans l'ouïr: Qu'on ne desire pas qu'elle retranche quelque chose de son ordinaire
severité; mais qu'elle soit le Iuge de sa propre cause, & en cette qualité se donne
la peine d'ouïr ce que celuy qu'elle accuse peut dire pour sa descharge. [(.'.)
2r] Que je m'oblige devant vous, cest à dire, devant ce qui est de plus
inviolable & de plus sainct hors des Temples, de luy faire veoir ce criminel
despouïllé de tous les charmes ausquels possible elle craint de ne pouvoir resister.
6
S'il m'est permis d'attendre ceste bonne œuvre de la vertu dont sans penser
à ce que vous estes, vous daignez secourir les plus miserables, mon contentement
sera à un point si haut que pour en trouver un au dessus; il faudra que
vous preniez la peine de m'asseurer que vous avez eu agreable le desire que j'ay
eu de vous plaire.
7