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MonSieur
J’aÿ entendu à mon tresgrand regret qu’il a pleu au Souverain d’affliger de nouveau
la tresIllustre maison d’Anhalt par le trespas de la tresvertueuse Princesse
Louÿse
a Amelie
etc.1 dont ie vous asseure avoir une singuliere compassion. Mais
puis que ny la mer des nos larmes, ny le vent des nos souspirs, nÿ aultre chose
mondaine ne nous peult guarentir de ceste loÿ de nature, il serà le meilleur
qu’embrassions le rame de raison et le timon de la constance, pour arriver au
port de la patience, où touts les navires apres avoir soustenus l’orage des infortunes
et malheurs sont accoustumez de moüiller leur anchre. Vous aurez aussi
sans doubte reçeu à vostre Court les tristes nouvelles, de la mort du feu Comte
Jost Harmen de Schawenburg
etc.2 Et puis que selon toute apparence le Comte || [
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Otto
etc.3 serà le vraÿ et unique heritier des toutes ses belles Seigneuries et
Comtez, Je n’ay voulu faillir pour l’obligation que ie luy aÿ, de vous advertir
que sur l’advis de S. A. vostre Prince et Maistre le dict Comte Otto
etc. a tirè en
son service par une pension annuelle le Docteur Jean Christoffer Meurer
4 Sÿndique
de ceste ville, et pour le present Ambassadeur à Vienne, lequel luy a desja
faict des bons services à la Court de l’Empereur, en contrequarrant et empeschant
les pretensions du Roÿ de Dennemarque
5 et du Duc d’Holstein
6 , lequels
ont fort instamment recerché depuis quelque temps Sa Maj.
tè Imperiale d’avoir
l’investiture du Comté de Pinnenberg, en cas que le Comte Jost Harmen, venoit
à mourir sans enfants [119v] masles. Ce Docteur doncques estant encores
b
maintenant à Vienne pour negotier les affaires de ceste ville, il me semble que
pour espargner les grands fraix et despends, on luy pourroit donner commission
et ordre pour prendre l’investiture de la part et au nom de Mon S
r. le Comte Otto
etc. pour les Comtez et Seigneuries resortants du S. Empire. Si vous le trouve[z]
bon
c
il vous plairà d’en faire ouverture et mention à MonSeigneur vostre
Prince, à fin que S. A. en dispose comme elle jugerà convenable.
7 Mais le dict
Docteur ne devant plus demeurer à Vienne que trois quattre où cinq sepmaines
au plus long selon nos conjectures, il serà nécessaire en cas qu’on le veuille employer
en cest affaire de l’en advertir au plustost qu’il serà possible. Je ne vous
racconte
d point des nouvelles pource que l’apprendrez plus amplement par le
rapport de MonS. le Colonnel Werder,
8 lequel nous privant de l’honneur de sa
tresagreable presence et conversation s’en retourne vers vous; Dieu le veuille
conduire au voyage et assister des ses Anges, Et vous priant de me vouloir donner
cognoissance de la volonté de S. A. touchant la matiere susdicte, Je m’advouë en eternité,
MonSieur
Vostre treshumble et obligé valet. EWmp.
D’Hambourg ce 12. Nov. 1635.
J’envoye icÿ joinct les armoiries
9 de Frantz Ico Freitag,
10 Seign
r de Gödens, et
Drossard de Lierort
11 . Celles de l’Ambassadeur Anstreuter etc., sont de mesme
icÿ encloses.
e