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Monsieur, ie recognois ma faute de ne vous avoir visité avec mes lettres, il y a un
grand espace de temps, mais mes excuses consistent en cela, que
a la plus part de noz
lettres qui venoyent d’icy, et retournoyent de vous, ont éste interceptes a
Magdebourg par le commandeur de ce lieula
1 , et on ne les a sçau
b avoir, encores qu’il
n’y eut rien, qui luy pourroit donner de l’ombrage. Pour moy i’ay faict un
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voyage
avec ma femme
2 a Willunguen usant les eaux aspres et d’autre costé vous avez esté
absent de Hambourg.
Voicy tous les empeschemens: Par ce messager expres ie vous mande un exemplaire de la
vie du Tamerlanes
3 , traduicte en nostre langue maternelle, esperant que la traduction
soit asséz coulante: Vous me pardonneréz aussi, que ie demande de vous une
minutieu[se] copie
c des noms de noz Accademiques fructifians
4 ; qui ont este mis en
François: J’en ay bien le projet, mais non pas si juste, a cause
d de quelques noms,
qui ont este mis en diverses sortes, et ne conuoitent rien, comme ils vous ont este
envoyez.
Quant i’auray eu ceste copie. ie vous envoyeray l’accroissement ulterieur, tant en
Allemand, que les noms en François sauf le meilleurissement.
Nous esperons icy la neutralité de
e l’Archevesché de Magdebourg, la mort du Duc
Bernard
5 est deplorable,
f veu la tres bonne intention que ce Prince avoit, pour
procurer une paix generale. A la court Imperiale on y
g encline forte maintenant, mais
de
h la Diete Electorale
i de Francfort
6 ne se parle plus.
Vous sçaurez
j la maladie du Roy de Dennemarc
7 , et a quels traictéz
k on est
affectionné de ce costé: En Italie ou Piedmont les choses vont fort mal pour Madame
la Duchesse de Savoye
8 .
Ma femme salue vostre compagne
9 , depuis son retour elle se trouve un peu en
inquiétude. Dieu la veuille remettre mais il n’en faut pas, faire semblant de vostre
costé.
J’aymerois bien sçavoir, si ce pacquet, qui fut envoye a Opiz,
l 10 luy eut
m esté
livré, et ou il se trouve: Il vous plaira prendre cet jeu
de
mots
11 en bonne fait, et ie suis a iamais
Monsieur
Vostre tres affectionné amy
le Nourrissant
De Cöten ce 14 d’Aoust 1639.